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«La religion de l’avenir sera la religion de la science. Il n’y a qu’une qu'une seule vérité». «Il n'y a de foi inébranlable que celle qui peut regarder la raison face-à-face à tous les âges de l'humanité». Et Mohammed n'a jamais fait de la doctrine islamique un mystère. Chez lui tout est basé sur la logique. Loin d'avoir peur de se soumettre à l'examen de la critique, l'Islam invite, au contraire, les hommes compétents et de bonne foi, à procéder, en tout temps, à cette épreuve. Mohammed, en effet, ne «prétend parler qu’à la raison». Or, l’un des premiers résultats du règne de la raison n’est-il pas la tolérance ?
En
fait, I’Islam est la seule doctrine qui proclame et protège la liberté
de penser ; liberté que le Syllabus (1870) traite «d’impie et absurde».
Cependant, conséquent avec les textes chrétiens : «Compelle intrare :
forcez les gens d’entrer» prêche, en effet, l’Evangile de Luc ; «point
de contrainte en religion» proclame au contraire le Coran. «Car la
religion est, en réalité, la direction acquise (obtenue) par la lumière
intime, qui est nécessaire à la réflexion de l’homme et qui a pour
conséquence la foi certaine... L’IsIam, qui est l’expression de la
religion, est basé sur elle et c’est une chose où n’entre pas la
contrainte». Telle est la base même de la doctrine islamique. Mais une
pareille base ne pouvait être respectée et se développer qu’au sein
d’un peuple qui a fait ses preuves en matière de tolérance.
Et
l’histoire atteste que l’Arabie était traditionnellement le refuge des
persécutés de toutes les religions : «Je règne sur les corps et non sur
les opinions», proclamait le roi Heïmarite Morthadh. (330 ans de J.C).
J’exige de mes sujets qu’ils obéissent à mon gouvernement, quant à
leurs doctrines, c’est au Dieu Créateur de les juger».
Cette tolérance ne s’est pas exercée en Arabie seulement ; elle a aussi laissé des traces ineffaçables à Rome même. N’est-ce pas sous le règne des princes syriens que le Christianisme a pu prendre pied à Rome et devenir, par la suite, religion d’Etat ? «L’Histoire n’a pas encore relevé comme il conviendrait la puissante influence d’une famille sacerdotale, composée tout entière de femmes dans sa période de célébrité et qui, tout le temps que dura la dynastie des Sévère, exerça une action peu visible, très réelle pourtant et très forte, sur la marche des affaires et des idées, dans l’empire romain».
Les princes syriens, Julia Domma, Héliogabale, Alexandre, Philippe, s’étaient montrés presque chrétiens». Phillipe «régna avec douceur, réforma les mœurs à Rome et enleva, par une loi, aux poètes le privilège de parler et d’écrire impunément».
«L’attitude de l’Empereur arabe Phillipe, également impartial envers la vieille Rome, les païens et les chrétiens, dénote la largeur d’esprit avec laquelle l’Arabie sut concevoir l’idée religieuse». Aucun peuple n’a saisi le sens de la religion, quant au point de vue philosophique et social, notamment, comme le peuple arabe.
Au fond, qu’est-ce que la religion et quel est son but ? Pour nous, musulmans, la religion est le grand présent de la bonté divine. Par ce présent, le Créateur nous indique notre devoir envers Lui, les règles de notre conduite à l’égard de nous-mêmes et de nos semblables. Libre à l’homme de prendre en considération ces devoirs et ces règles et, partant de mériter la miséricorde perpétuelle ou de se voir privé : «Dis : (0 Mohammed) la vérité vient de Dieu, que celui qui veut croire, croie et celui qui veut être incrédule, le soit».
«Tous les essais des esprits superficiels en vue d’expliquer la vie psychique de l’homme, dans toute sa complexité, par ses causes purement matérielles, c’est-à-dire par l’influence de certaines conditions mécaniques, apparaissent, dans l’état actuel du développement de nos connaissances naturelles, comme fort illogiques. On se demande à présent si l’humanité peut parvenir, au moyen d’observations subjectives, à résoudre le problème de la vie, à comprendre sa propre raison d’être, c’est-à-dire à se comprendre soi-même. La réponse est bien difficile, mais en tout cas, nous pensons que Kant a eu raison de dire que la religion seule peut nous fournir une réponse à toutes les questions fondamentales de la vie».
En effet, quoique intelligent, quoique instruit, l’homme ne peut seul résoudre le problème de la vie, partant sans Ecritures. Les mathématiques ne servent qu’à mesurer le temps, l’espace et l’étendue. La thérapeutique n’aboutit qu’à rétablir l’économie animale. Les sciences physiques et naturelles, tout comme l’histoire et la géographie, n’aident qu’à découvrir les lois générales de la nature et leur utilité au point de vue strictement matériel.
Mais l’âme «dont la nature reste encore bien mystérieuse pour la science et la philosophie», créée pour vivre dans un monde autre que celui-ci et à qui la sagesse divine a imposé un stage d’alliance avec la matière terrestre, l’âme, disons-nous, même perdue dans ce monde, ne peut vivre hors de son cercle spirituel : «l’homme est religieux de nature» et la révélation est pour l’âme le point de contact avec le surnaturel.
Dire que l’Ecriture est superflue pour l’espèce humaine, c’est dénier toute existence spirituelle. Soutenir que l’intelligence suffit pour découvrir, à elle seule et sans le secours de l’Ecriture, l’existence du Créateur, les principes dela vraie morale, la connaissance de devoirs et de ses droits, c’est vouloir démontrer que l’homme par lui-même un principe éternel. Nier le droit, pour le Créateur d’édicter la religion, c’est nier l’évidence : «l’homme croit-il qu’on l’abandonnera en pure perte ?» Professer l’inutilité de la religion et méconnaître son rôle social, c’est vouloir intercepter la lumière du soleil par un rideau de gaze.
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(A suivre)
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