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Peintre et poète
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Né le 18 mars 1954 à Merad, dans la région de Tipaza, la ville des Noces de Camus. Etudes primaires, moyennes, secondaires et universitaires dans mon pays natal.
Commence à dessiner dans mon enfance. Après l'école, je consacrais une grande partie de mon temps à dessiner, à la chaux, des personnages de bandes dessinées sur la chaussée comme le font aujourd'hui des artistes du Quartier Latin ou de Chicago. Des milliers d'heures passées genoux sur le goudron m'ont permis d'apprendre très tôt le dessin juste et même à composer, suivant l'inspiration vagabonde de l'enfant que j'étais, des personnages de toute sortes, indiens, musiciens, cow boys, footballeurs...
Inspiré par quelque lecture, La route au tabac de Caldwell ou Azyadé de Pierre Loti, j'ai également commencé à écrire très jeune, d'abord un roman qui s'est perdu dans les dédales de l'adolescence, puis de la poésie.
Etudes de Lettres anglaises, université d'Alger, de 1974 à 1978, licence en 1978. Débuts dans la presse en me spécialisant dans la critique d'art. Depuis j'ai écrit dans les plus grands journaux et magazines algériens. Membre de l'Institut International de Presse. Rédacteur en chef de Tassili, revue de bord d'Air Algérie de 2002 à 2003.
Ma carrière de peintre commence en 1980. Membre du Groupe des 35, créé en réaction à l'ostracisme qui frappait les artistes algériens non conformistes. Issiakhem, Khadda, Malek Salah, Larbi, Ziani, entre autres, faisaient partie de ce groupe. J'ai arrêté d'exposer en 1985 car les conditions d'expositions n'étaient pas réunies en Algérie.
Publications: Bettina, 1983, RFA, une monographie sur l'aquarelliste allemande.
Poèmes bleus, 1984, ENAL, Algérie: recueil de poèmes.
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A TON HONNEUR
C'est l'époque épique où ma femme dessine sur l'argile
Assise sur l'eau de la grande rivière tranquille
Qui vagabonde, précieuse, dans le creux de ma maison
De ses mains agiles, retenant le souffle,
L'enfant maquille mes rêves de son crayon
Et les lèvres des saintes vierges en errance sur des nefs.
De ses doigts pourpres elle rédige des signes
Sur mes mains d'où s'envole l'oiseau, un cygne
Ou un goéland qui sous ses ailes retient le vent
Sous son regard neuf, odorante, la plaine
Dénoue ses horizons et les feuilles des arbres
Sont emplies d'une verte calligraphie
Peut-être même Béjart n'en saurait tresser la chorégraphie
Sur une toile tendue à fond, en amont, en aval, ma femme,
Dame des dunes propage des nuages, des papillons,
Des graines d'eucalyptus, des planètes, des encyclopédies
Et l'univers pour elle allume des bougies
L'âme ardente, lourde de fruits, agile comme une gazelle,
Elle me dévisage sous les étoiles en écoutant mes prophéties
« Je viens pour toujours régner sur ta forêt », dit-elle
Après avoir déballé ses valises sur mon lit
Un ange bleu lit aux vagues la poésie
Et ma femme contourne mon attention comme une rosée
Puis je l'ai vue, elle marchait sous la pluie
De son rire ouvrir une perle
De sa voix, la mer retourner
De son souffle, éparpiller des étoiles, des quilles
Et diriger des montgolfières vers les régions de hautes cimes
C'était là le travail de la bergère
C'est l'époque encore vierge
Où elle domine comme un totem
L'époque des déléatures, des pierres précieuses
Des livres d'emblèmes, des métaphores et des grands signes
L'époque où je règne sur ton règne
Et où tu règnes sur mon présent
A ton honneur ces oiseaux bleus
Semblables à des frégates,
Ces astres clairvoyants
En leur espace parfumés
Bergère, bergère, ton sang est fou de tout
Rendez-vous sur cette lumière d'astre
Qui s'est posée contre tes joues
Je t'écrirai encore le long poème
Qui mène sur les eaux
Lorsque de tes yeux amoureux si proches de la lune
Tu me diras encore « Je t'aime »
Ma femme a appris à ouvrir ma poitrine
Dans la paume de ses mains,
A boire à même mon nombril la vague qui me retient
Nonchalamment, elle balance des reins
Promenant son miracle sur mon corps
Exhibant les seins, se cachant les fesses
Amoureuse des fleurs des champs
Déjà la plaine se couche dans ses cheveux
J'ouvre les yeux : l'enfant revendique
Des caresses de son rire sur mon balcon
Alors je vois venir, indolentes, paisibles
Des caravanes retenant leur violence par la bride
Amour, bonjour matin, je viens cueillir
Des roses sur tes joues
Ma femme a cent mille ans d'âge
Elle me vient des nébuleuses
Et joue à la marelle comme une poupée
Entre mes mains je l'ai prise, la flamme,
Et elle tourna contre mon front
Le grand manège a duré une éternité
Je l'entends toujours qui descend du ciel
Avec un bruit de lame de fond,
Une révélation, une comète, une menace.
Je l'entends de loin venue me dire « Bonjour »
Un matin trouvée dans mon lit
Avec ses yeux verts comme des épis
Épris de pais et où voguent les navires
Avec ses cheveux que les marchands de la soie
Allaient autrefois chercher en Chine
Avec ses lèvres où brûlent des cierges,
Et les rêves en leur lumière rassemblés
Je l'entends encore qui part sans jamais être venue
Comme elle partait chaque fois plus loin,
Se rapprochant un peu des vagues,
Des pêcheurs du Portugal,
Du blé de Hollande, du vin d'Algérie
En s'éloignant, légère comme une ombrelle
Elle se saisit des astres sur son chemin
La voilà partie encore et pourtant je la sais
Dans la force tranquille des nuages, là-bas,
Qui courent vers l'Orient et ceux de l'Ouest
Et encore dans ceux qu'on n'entend ni ne voie
Et qui pourtant existent
Je l'entends qui part sans jamais être venue
Pendant ce temps-là je la cherchais
De Londres à Caracas, dans un temple de Calcutta,
Au port de Baltimore, si près de son parfum
Lorsqu'elle était au Sénégal, frôlant mes rêves de ses mains
Viens, amour, voici venir le temps de nous faire un enfant
Avant la sieste sur les collines
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Je vous conseille de visiter son superbe site :
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http://www.geocities.com/alielhadjtahar/
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