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La province de Constantine, jouissait aussi de la plus grande tranquillité. Le gouverneur général crut devoir s’y rendre, pour régulariser les différentes branches de l’administration. Il s’occupa d’abord de déterminer le territoire à soumettre immédiatement, ou dans un temps prochain, à l’administration de la France; il l’indiqua, par une double ligne qui, s’abaissant de Constantine vers la mer, d’une part vers la frontière de Tunis, de l’autre vers la baie de Stora, enferme un espace facile à défendre. La province tout entière (la subdivision dont Bône devenait le chef-lieu exceptée) fut divisée en arrondissements inégaux, dans la formation desquels les traditions, les intérêts, les influences acquises étaient ménagés et consultés avec soin. Le gouverneur général conserva même les dignités consacrées par le respect des peuples, quoiqu’elles fussent encore en contradiction avec la hiérarchie du commandement. On s’attacha aussi à déduire les impôts qui sous l’ancien gouvernement avaient été considérablement multipliés. Grâces à toutes ces dispositions, le recouvrement n’éprouva plus de difficultés; les moindres déprédations furent réprimées, et les travailleurs français purent établir la route de Constantine à Stora sans être inquiétés.
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Le maréchal voulut profiter de cet état de calme pour jeter les fondements d’une ville nouvelle. Après les reconnaissances effectuées en janvier et avril précédents, le chemin de Stora fut ouvert à l’armée, et la tête de la route ne se trouvait plus qu’à neuf lieues de la mer. Le 6 octobre, quatre mille hommes étaient réunis au camp de l’Arrouch; ils en partirent le lendemain, et allèrent camper le même jour sur les ruines de Rusicada. Aucune résistance ne leur fut opposée seulement, dans la nuit, quelques coups de fusil, tirés sur les avant-postes, protestèrent contre une prise de possession à laquelle les Kabyles durent bientôt se résigner. L’armée travailla dès lors sans relâche à fortifier la position qu’elle venait d’occuper. Le sol, jonché de ruines romaines, lui fournit les premiers matériaux; des pierres, taillées depuis vingt siècles, revêtirent des murailles toutes neuves; et la ville, destinée à s’étendre sur le versant des collines dont les crêtes sont couronnées par les ouvrages de défense, reçut le nom de Philippeville.
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Avant de quitter la province de Constantine, le gouverneur général fit aussi occuper définitivement Mila, et commencer la route qui, de cette ville, se dirigeant sur Sétif par Djamila, ouvrait les plaines de la Medjanah, ou les français comptaient déjà d’utiles auxiliaires. On allait ainsi franchir une partie de la distance de Constantine à Djidjelli, et préparer l’occupation éventuelle de ce port.
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