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Malgré les graves différends et la profonde antipathie qui existaient entre le duc de Rovigo et le baron Pichon, ces deux chefs prirent de concert plusieurs mesures utiles à la colonie; on les vit tour à tour s’occuper de l’assainissement et de l’agrandissement des rues d’Alger, de la police sanitaire de la province, des services civils et administratifs de Bône, de la réorganisation des pêcheries de corail, enfin de la création du Moniteur Algérien, destiné à publier en français et en arabe les actes de l’administration.
De son autorité privée, le duc de Rovigo fit aussi consacrer une des plus belles mosquées d’Alger au culte catholique, ce qui lui valut l’approbation presque unanime des musulmans. « Enfin, voilà les Français qui se mettent à prier Dieu ! » Disaient-ils; et ils avaient raison, car depuis le départ des aumôniers attachés à l’expédition de 1830, l’armée n’avait fait en public aucun acte religieux. M. le baron Pichon désapprouva seul cette mesure de haute convenance; il trouva encore moyen de critiquer une résolution que prit M. de Rovigo, et qui aurait dû lui faire pardonner bien des fautes. Une magnifique maison de campagne, aux environs d’Alger, avait été mise à la disposition des généraux en chef; le duc la convertit en un hôpital militaire pour la troupe. Enfin l’inexorable censeur fut rappelé (juin 1832) ; l’ordonnance qui avait créé l’intendant civil indépendant du général en chef fut rapportée, et M. Genty de Bussy, appelé à remplir ces fonctions, fut placé sous l’autorité immédiate du duc de Rovigo.
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Doué de plus de souplesse, de plus d’habileté que son prédécesseur, le nouvel intendant, malgré sa dépendance, acquit un ascendant réel sur, l’esprit du général en chef, et sembla bientôt marcher son égal. M. Genty de Bussy déploya dans ses fonctions une grande activité bureaucratique il rendit des arrêtés sans nombre sur toutes les matières: domaines, douanes, hypothèques, garde nationale, grande et petite voirie, contributions directes et indirectes tout fut admirablement réglementé et coordonné par cet infatigable administrateur. A ne consulter que la nomenclature de ses arrêtés, il n’y avait pas de pays au monde mieux administré qu’Alger ; mais, hélas ! Toutes ces belles créations n’existaient que sur le papier; aucun effort ne fut tenté pour les mettre en pratique. C’est sous l’administration de M. Genty de Bussy qu’eurent lieu les premières ébauches de colonisation, la création de deux villages agricoles : Kouba et Dely-Ibrahim, où les malheureux émigrants alsaciens et suisses que nous avons vus abandonnés par ceux qui les avaient fait venir, trouvèrent un funeste refuge, car ils ne tardèrent pas à y être décimés par les fièvres.
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