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Depuis la nuit des temps, leur rôle a été primordial. En plus de celui d'épouses, de mères pleinement assumé par leur labeur acharné, elles se déterminaient et le font encore davantage en tant qu'agents de production. Campagnardes, elles fournissaient des efforts méritoires dans les durs travaux champêtres depuis les semences jusqu'aux moissons.
Moudre le grain, préparer le pain, filer, tisser, étaient des tâches communes aux citadines et aux campagnardes. Toutes produisaient aussi des articles de l'artisanat et certaines le font encore. Il fallait, en plus de l'entretien quotidien, de l'éducation de nombreux enfants, se soumettre à l'autorité dominatrice d'une belle-mère, parfois acariâtre, et à celle souvent incommode de l'époux. Evoluer avec toutes ces contraintes nécessite de nos jours encore patience et endurance.
Quels que soient leurs mérites, elles ne furent ni ne sont toujours à l'abri de brimades, de brutalités. Heureusement pour elles, elles trouvent une forme de récompense dans le succès de leurs enfants. En quelque sorte, ceux-ci, dans leur jeune âge, assistent au « Règne du Père ». Devenus adultes, ils sont témoins du « Règne de la mère ».
C'est ainsi que les mères s'affirmaient plus encore vis-à-vis de leurs maris lesquels, l'âge aidant, concèdent une bonne partie d'une autorité qui fut sans partage.
Telle est l'étape qui consacre les efforts soutenus, la patience exemplaire des femmes algériennes. Puis, devenue grand-mère, de blanc toujours vêtue après un pèlerinage aux lieux saints, elle se consacre à ses devoirs religieux, à tous les siens, plus encore à ses petits-enfants.
Respectée, considérée, elle vit intensément en son for intérieur chaque événement familial à l'occasion duquel elle est entourée et choyée. Lorsqu'on regarde nos chères mères, elles respirent la pureté, la noblesse.
On lit sur leurs beaux visages comme sur un livre ouvert ce que nous appelons « ENNOUR ». Lorsqu'on regarde d'autres vieilles, d'autres continents, qui se fardent, se maquillent et s'habillent à leur façon comme si elles voulaient rester toujours jeunes, coquetterie oblige, la comparaison est largement en faveur de nos bonnes et braves mamans parce que naturelles.
Piliers irremplaçables de nos foyers et dans nos vies, leurs places dans nos âmes, nos coeurs et nos esprits sont toujours essentielles.
L'histoire de notre beau et malheureux pays témoigne du rôle décisif qu'elles ont joué au fil des siècles. Dans sa vie combattante, l'Emir Abdelkader, pour ne prendre que cet exemple, consacrait de longs moments pour dialoguer avec sa mère qui le fortifiait dans sa détermination à se battre pour la liberté et l'honneur de l'Algérie.
Nos femmes ont toujours été partie prenante décisive dans les grands moments de notre histoire. Les femmes algériennes ont participé héroïquement de mille et une manières à la lutte de libération. Dans les évènements tragiques que des criminels assoiffés de sang infligèrent à l'Algérie plus de dix ans, elles ont payé et payent encore un très lourd tribut à tous ces assassins pétris de lâcheté.
On ne peut éprouver qu'émotions profondes à l'égard de celles traumatisées par les exactions subies sur leurs propres personnes ou à travers la disparition d'un être cher, telle la disparition de toutes ces jeunes filles jamais retrouvées, sinon parfois exécutées par des bêtes immondes. Nos pensées émues doivent aller vers toutes nos soeurs algériennes qui ont tellement souffert et qui souffrent encore de cette forme de barbarie unique en son genre.
La soldatesque coloniale, prétendument originaire d'un pays dit civilisé ou encore « patrie des droits de l'homme », est identique aux violeurs intégristes terroristes. Leurs points communs: un degré de lâcheté et une dose de crapulerie sans mesure.
Lorsqu'on prétend être un combattant, on se bat loyalement contre un autre combattant, on ne viole pas des femmes innocentes. Mais le réflexe des lâches a toujours consisté à écraser le plus faible et ramper devant le plus fort.
Même si j'exprime mon indignation devant tant d'horreurs et de lâchetés, j'interpelle tous ces fameux « défenseurs des droits de la personne humaine », surtout les étrangers: Où étiez-vous ? Qu'avez-vous fait à ce propos ? Que disiez-vous et que faisiez-vous durant la lutte de libération et durant la décennie noire ? Comment avez-vous défendu les grands principes universels et notamment les droits de la femme algérienne ?
Dernièrement, une actualité nauséabonde a fait ressurgir tous les viols commis durant la guerre de libération. Quelle ONG a réagi ? Quand ? Comment ?
Une telle attitude comparée avec la promptitude avec laquelle on a voulu enfermer, détruire l'Algérie, son Peuple et sa Démocratie est évidente.
Fort heureusement que l'endurance des vrais enfants, femmes et hommes de l'Algérie, notre bien-aimé pays, a été forgée au long des siècles.
Nous resterons toujours debout quoi qu'il arrive !
Cet aspect des choses ne doit pas occulter le fait que dans nos relations internes, les femmes algériennes n'occupent pas la place qui leur revient naturellement.
Le fait que pratiquement la moitié de la composante de la nation soit empêchée de jouer son rôle émancipateur, génère des conséquences négatives certaines.
La société algérienne peut évoluer plus vite si les femmes participent à l'initiative et à l'action sur tous les plans.
Pour ce faire, on doit d'abord cesser de les brimer par une partialité sexiste inadmissible.
Sous couvert de prescriptions religieuses et dont on fait une lecture souvent erronée, on veut les enfermer en toute « bonne conscience » dans un carcan moyenâgeux. Les femmes algériennes respectueuses des traditions ont affirmé leurs personnalités. Elles ont largement conquis par leurs luttes héroïques répétées une place à part entière. Alors, comment continuer à appliquer un code de la famille dans sa rigoureuse intégralité ?
Parler de sa suppression serait impossible mais envisager sérieusement, positivement et avec la participation des intéressées sa réforme s'impose au plus tôt. L'Algérie de 2007 - troisième millénaire oblige - n'est pas celle de la Djahilia.
Est-on enfin un Etat, une Nation, modernes ou rétrogrades, par le fait d'un conservatisme arbitraire?
Au moment où ailleurs on parle de parité hommes/femmes dans plusieurs gouvernements, on a à peine donné quelques petits strapontins à des femmes. Dans les derniers gouvernements, si peu de femmes ont été nommées ministres, pour quelles raisons ?
Peut-être une forme de « réalisme politique » suggère de ne pas choquer l'intégriste modéré (2 termes antagoniques lorsqu'on est intégriste, on ne peut pas être modéré).
Eh bien, non ! le vrai réalisme consiste à leur rendre justice, à les respecter. Bien des femmes sont dignes de confiance et aptes à gérer parfois mieux que beaucoup d'hommes. Bon nombre d'entre elles ont fait montre de leur courage en Algérie et ailleurs.
Lorsqu'elles pourront s'exprimer plus et mieux en participant à l'activité politique, ce sera un signe d'évolution générale et positive de notre système de valeurs. Ainsi, elles manifesteront pour une bonne part ce que le Peuple Algérien a réellement au fond de ses entrailles.
Messieurs les décideurs, donnez-leur la parole s'il vous plaît !
A défaut, elles ne manqueront pas de la prendre d'office. Elles en sont capables.
Appliquez donc cette maxime de Pascal disant « Ne pouvant faire que ce qui est juste fut fort, on a fait que ce qui est fort fut juste».
La
célébration du 8 mars, Journée internationale de la femme, constitue
l'occasion pour adresser un hommage respectueux et fraternel à toutes
les femmes en général et en particulier aux Femmes Algériennes, Femmes
Héroïques.
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par Louhibi Mohamed Bachir : Avocat
In "Le Quotidien d'Oran".
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