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L'orsqu'on fait allusion à ce que fut, pour Albert Camus, la découverte de la beauté, on pense spontanément, avec raison, au site de Tipaza, situé à 70 km à l'ouest d'Alger, sur lequel il aimait, dans sa jeunesse, se rendre avec des amis. Il le décrit avec lyrisme dans un texte intitulé : Noces à Tipasa - rédigé à 24 ans, en 1937, publié en 1939 -. Camus y évoque le bobheur qui l'envahit au fur et à mesure qu'il avance sur les collines bordant la mer, là ou se dressent les ruines d'une antique cité romaine.
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Il note que dans ces lieux tous les sens sont éveillés : l'odorat par les plantes aromatiques, l'absinthe, les lentisques, le romarin. L'oreille est saisie par le chant des oiseaux et en bordure de mer par le fond sonore des vagues qui s'écrasent sur les rochers " avec un bruit de baisers " (II, 55). Enfin la vue est attirée par tout un jeu de couleurs : le sable et les ruines sur fond de ciel et de mer, constituent " un monde jaune et bleu " ( II, 55).
Le bonheur évoqué par Camus à Tipaza est avant tout un bonheur sensuel, un appel à admirer et à aimer sans contrainte. Cependant la beauté et l'harmonie du ciel et de la mer avec les ruines romaines et la végétation qui les entourent suscitent une admiration et un amour qui vont au-delà du sensuel : " Non ce n'était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l'accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l'amour " (II, 60).
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C'est dans des lieux comme Tipaza, qu'Albert Camus acquit la certitude que " tout ce que la vie a de bon, de mystèrieux [...] ne s'achètera jamais " (PH, 255). Certes, il sait par expérience qu'un minimum de biens est ne cessaire pour être heureux. " C'est par une sorte de snobisme spirituel, ecrit-il, qu'on peut être heureux sans argent " (CI, 96). Mais le bonheur ressenti à Tipaza est d'un autre ordre que la sécurité et la satisfaction parfois égoiste que donne la possession des biens matériels.
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Crépuscule sur le Chenoua
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N.B. :
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Les citations des écrits d'Albert Camus, sont extraites de deux volumes de la "Bibliothèque de la Pléiade". Ces citations sont notées des chiffres romains I ou II, suivis de la numérotation de la page (ou des pages) :
I - Thêatre; Récits, nouvelles, 1962 (réédition du 4èmetrimestre 1974)
II - Essais, 1965 (réédition du 1er trimestre 1981)
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Les réflexions de Camus sont extaites de ses Carnets :
C1 - Carnets I - Réflexionx de mai 1935 à février 1942 (Gallimard, 1962)
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PH - Le Premier Homme (Gallimard, 1994)
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