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Le massif du Mont Chenoua est le point culminant des collines du Sahel. Deux heures de marche, par différents itinéraires, suffisent pour accéder au sommet d’où l’on peut admirer un magnifique panorama. La corniche du Chenoua, qui s’étend jusqu’à Cherchell(Césarée) plus à l'ouest, abrite de petites plages pittoresques. Le Cap Chenoua offre une vue magnifique sur la baie et une promenade dans les grottes de la falaise.
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Le Chenoua qui s'articule principalement autour d'un Mont s'étend sur quelques kilomètres. D'après certaines sources, les villes ou villages apparentés au Chenoua ... sont les suivants:
Tipaza et ses "satellites" -j'entends par là des villes ou des villages moins importants qu'on ne cite presque jamais et dont les habitants sont aussi les véritables détenteurs de la langue de nos ancêtres: Bérard, Nador, Sidi Rached, vient ensuite Cherchell appelée anciennement Césarée, la plus grande ville des environs, d'aucuns vous diront que la ville est largement arabe dans sa composante, ce qui est vrai mais nombre de Chenouis y sont allés chercher du travail et s'y sont établis, quant à savoir s'ils parlent encore chenoui, je ne parierais pas ma chemise...à quelques kilomètres de là, on trouve Sidi Amar et Menaceur (des familles entières de Chenouis y vivent et parlent encore berbère) ... Un peu plus à l'est, on trouve Gouraya et à quelques kilomètres de là, Damous ... c'est à cet endroit que les ethnologues arrêtent le Chenoua. ..
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D'après un recensement de 1996, le nombre des Chenouis (on dit aussi Chnawas ou mieux en berbère "Ichenwiyin") s'élèverait à un chiffre compris entre 50 000 à 75 000 ... un chiffre bien vague pour une population éparpillée...
Les pouvoirs magiques de cette région magnifiquement dotée par la nature ne peuvent rien sur l’existence du village du Chenoua du même nom que le Mont. Une rue principale traverse l’agglomération hors du temps, la vie est comme arrêtée, malgré les quelques commerces en activité. Une atmosphère de fatalisme pèse sur les environs et les Chenouis, peu bavards, jettent un regard méfiant sur les intrus qui s'y aventurent.
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Le Chenoua est un mont célébré et magnifié par Assia Djebar dans son roman, «les femmes du mont Chenoua», jusqu’à le révéler à la littérature universelle. Le massif du Chenoua, ce sont déjà, lorsqu’on l’aperçoit, des notes musicales, une destinée mystérieuse, l’illumination de sites encore vierges, de sentiers muletiers aujourd’hui oubliés et d’un paysage grandiose soumis à une énigme millénaire.
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Vous vous en doutiez peut-être, je veux tranquillement vous emmener à la rencontre de Assia Djebar, cette femme illustre du Chenoua:
''Je crois, en outre, que ma langue de souche, celle de tout le Maghreb, je veux dire la langue berbère, celle d’Antinéa, la reine des Touaregs où le matriarcat fut longtemps de règle, celle de Jugurtha qui a porté au plus haut l’esprit de résistance contre l’impérialisme romain, cette langue donc que je ne peux oublier, dont la scansion m’est toujours présente et que pourtant je ne parle pas, est la forme même où, malgré moi et en moi, je dis « non » : comme femme, et surtout, me semble-t-il, dans mon effort durable d’écrivain.''
''Ce fut seulement à cette époque que j’ai pu travailler et créer, en osmose avec les miens : écriture de l’espace et de l’écoute, dans les paysages de l’enfance, l’oreille immergée dans l’arabe dialectal des dialogues, retour du berbère dans tel éclat de souffrance d’une femme «du Mont Chenoua», monologue en français enfin de celle qui déambule dans un territoire où passé et présent se répondent... chercher vraiment à connaître ses lieux de mémoire, cela devient se re-connaître, en somme se retrouver !''
Assia Djebar
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Ce blog va prendre un congé de quelques jours en attendant d'aller à la rencontre de Aissa Djebar récemment nommée à l'académie française...et sa Nouba des femmes du Mont Chenoua "
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Je vous laisse maintenant lire les lignes qui suivent. Albert Camus, exprime mieux que je ne le fais, ce que nous avons tous ressenti à Tipasa.
"A midi sur les pentes à demi sableuses et convertes d'héliotropes comme d'une écume qu'auraient laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, je regardais la mer qui, à cette heure, se soulevait à peine d'un mouvement épuisé et je rassasiais les deux soifs qu'on ne peut tromper longtemps sans que l'être se dessèche, je veux dire aimer et admirer. Car il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer. Nous tous, aujourd'hui, mourons de ce malheur. C'est que le sang, les haines décharnent le cœur lui-même; la longue revendication de la justice épuise l'amour qui pourtant lui a donné naissance. Dans la clameur où nous vivons, l'amour est impossible et la justice ne suffit pas. C'est pourquoi l'Europe hait le jour et ne sait qu'opposer l'injustice à elle-même.
Mais pour empêcher que la justice se racornisse, beau fruit orange qui ne contient qu'une pulpe amère et sèche, je redécouvrais à Tipasa qu'il fallait garder intactes en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l'injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise. Je retrouvais ici l'ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel m'avait empêché de désespérer. J'avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. O lumière! C'est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invincible.".
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