" Au printemps Tipaza est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres... A peine au fond du paysage puis-je voir la masse noire du Chenoua qui prend racine dans les collines autour du village et s'ébranle d'un rythme sûr et pesant pour aller s'accroupir dans la mer", Albert Camus, "Noces à Tipaza".
La visite des ruines de Tipaza est un pur moment de bonheur : les ruines qui se noient dans la mer, les vestiges de belles villas aux sols de marbre ou de mosaïques, des grands termes chauffés, du théâtre immense, des arènes quasiment intactes… On imagine quelle vie agréable les romains de Tipaza devaient avoir dans cette ville en bord de mer, avec un climat si clément… Tous les clichés remontent au galop : Les femmes à la démarche sensuelle et nonchalante, en tuniques légères, les hommes patriciens, nobles ou tribuns de la plèbe allongés dans la fraîcheur des villas à manger du raisin, les esclaves « tout imprégnés d’odeurs »… Aucun site archéologique ne donne tant cette impression baudelairienne que « Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté »… Les ruines qui tombent dans l’eau bleu turquoise, le petit port naturel, la rue pavée qui débouche sur la petite crique naturelle… et au loin, la montagne du Chenois qui se découpe sur l’horizon, semblable à un dos de dinosaure endormi… Le plaisir est d’autant plus grand que le site est à « l’état brut », pas dénaturé par des hordes de touristes qui débarquent en cars climatisés (le tourisme étant quasiment inexistant) …
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