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Alain Gresh : ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, fondateur des journaux en ligne Orient XXI et Afrique XXI, spécialiste du Proche-Orient. Rony Brauman : ancien président de Médecins Sans Frontières, enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI), chroniqueur à Alternatives Economiques.
Rédigé le 17/05/2024 à 16:08 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 28/12/2023 à 06:10 dans Israël, ouïghoure », Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Depuis 1949, les commandos d'élite du Mossad traquent les ennemis d'Israël, c’est l’un des services secrets les plus redoutés de la planète.
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Rédigé le 26/12/2023 à 20:23 dans Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
ÉCRITS DE GUERRE (1 /4). «
Il pleut sur Gaza ». Depuis l’attaque terroriste du Hamas et l’assassinat de 1 200 Israéliens le 7 octobre, le conflit israélo-palestinien s’est de nouveau embrasé. Vingt mille Gazaouis ont perdu la vie dans la riposte de l’armée israélienne. Parmi les populations condamnées à subir le retour de la guerre, la jeunesse, majoritaire dans la région. 50 % des Israéliens et 70 % des Gazaouis ont moins de 30 ans. « L’Obs » donne la plume à cette jeune génération prisonnière d’un conflit tragique et inextricable.
Tala Albanna est une jeune palestinienne de 20 ans. Elle est née et a grandi à Gaza. Etudiante en droit, Tala est également activiste pour les droits humains et écrivaine. Elle rêve de pouvoir un jour gagner les bancs de l’université d’Oxford au Royaume-Uni. En attendant, elle survit au sud de Gaza, séparée d’une partie de sa famille, au rythme des bombes.
Désormais, la pluie est devenue mon cauchemar. Elle transforme nos maisons en tas de ruines, fait s’effondrer le reste des toits et des murs qui nous servent d’abri. Elle nous contraint à porter des couches supplémentaires d’habits, des vêtements chauds pour braver l’air froid de l’hiver. L’air imprégné de pétrichor n’est plus. A Gaza, on ne sent plus que le sang, la poussière, le baroud (poudre à canon), le moisi. Le bruit des gouttes de pluie est lui étouffé par les bombardements, les cris et les ambulances.
Le 14 octobre, comme des millions de Palestiniens, j’ai reçu l’ordre d’évacuer ma maison, dans Gaza City, au nord de l’enclave. Faute de trouver un abri permettant d’héberger toute ma famille, nous avons dû nous séparer en deux groupes. Le premier, composé de trois de mes frères et sœurs et moi-même, a trouvé refuge dans une maison d’accueil d’un ami de la famille vers Deir al-Balah [à mi-distance entre Gaza City et Rafah, NDLR]. Le second groupe, composé de mon père, de ma belle-mère et de mes deux petites sœurs, est resté dans notre maison, dans l’espoir d’y garantir notre retour après la guerre.
Les deux petites soeurs de Tala, Taleen, 5 ans, et Talia 2 ans, restées dans le nord de Gaza . (TALA ALBANNA )
Depuis que les tours de transmission et de télécommunications ont été bombardées, les conversations et les messages téléphoniques entre les deux groupes de notre famille, séparée par la guerre, sont devenus rares. C’est la première fois que je ressens la peur de mourir ou de vivre seule sans une partie de ma famille et de mes amis.
En attendant de les revoir, de lire une histoire à mes petites sœurs avant qu’elles ne s’endorment, de les voir grandir et aller à l’école, je prie. Une nouvelle routine, archaïque, rappelant parfois les traditions de nos ancêtres, s’est établie.
Le matin, les femmes de la maison pétrissent la farine tandis que les hommes allument le feu pour cuire le pain. Privés d’électricité et de gaz, nous utilisons un four en argile pour chauffer de l’eau, cuisiner nos repas et préparer nos boissons quotidiennes. Nous mangeons rarement des légumes, très chers ou inexistants. Nous ne trouvons que des conserves pour ne pas mourir de faim. Manger un œuf à la coque au petit-déjeuner est devenu un rêve pour n’importe quel enfant gazaoui.
La fumée dégagée par le four en argile se propage si rapidement qu’elle s’est incrustée dans tous nos vêtements. L’odeur de la fumée est devenue notre parfum quotidien.
Un four en argile. (TALA ALBANNA )
Le mois dernier, lorsque nous avons appris qu’une pause humanitaire allait entrer en vigueur [une trêve du 23 novembre au 1er décembre a permis la libération de 80 otages israéliens, une vingtaine d’étrangers, majoritairement thaïlandais, et 240 prisonniers palestiniens], j’ai pensé qu’une partie de nos souffrances allaient s’atténuer. Je me suis imaginé rentrer à la maison, puis m’asseoir dans mon café préféré, le Baba Roti, là où j’habitais dans le Nord, y réviser mes leçons de droit ou y lire mon roman préféré, « les Matins de Jénine », écrit par [l’écrivaine palestino-américaine] Susan Abulhawa.
Mais lorsque les bombardements se sont temporairement tus, je me suis soudain trouvée plongée dans l’horreur de cette guerre. Dès les premières heures de la trêve, des centaines d’enfants, de femmes et d’hommes se sont précipités sur la plage pour prendre un bain, faute d’avoir eu accès à de l’eau depuis les premiers bombardements [et l’état de siège mis en place par l’armée israélienne].
Je n’aime pas l’admettre, mais nous avons effectivement perdu toute forme de vie sensée. Nous vivons dans l’absurde. Nous marchons dans des rues pleines de déchets, devenues insalubres. Nous dépendons d’une charrette tirée par un âne comme moyen de transport. Nous faisons la queue pour obtenir de l’eau sale et semi-salée.
L’autre jour, je cherchais à me procurer un paquet de mouchoirs. En me baladant rue al-Balad, à Deir al-Balah, j’ai été saisie par l’ampleur de la catastrophe qui s’est abattue sur l’enclave. J’ai croisé le regard de ces mendiants aux carrefours, entre les marchés, et de cette jeune femme sans abri, enceinte, qui ne savait pas où elle allait accoucher faute d’établissements de santé encore fonctionnels pour l’accueillir. J’ai également observé la colère de cet homme, probablement malade, tentant désespérément de se procurer des médicaments pour son cœur, j’ai regardé ces hommes couper des arbres en espérant vendre quelques branches utiles pour se chauffer et ceux qui proposent à même le sol des conserves, des cigarettes, des produits d’hygiène. Je n’ai pas trouvé mes mouchoirs.
La pause humanitaire n’aura duré qu’une semaine… Suffisant pour se rendre compte de ce que Gaza était devenue.
Depuis, la pluie a repris. Les morts. Mes nuits d’insomnie. Mes amis perdus, mes rêves tombés à l’eau. Les bombardements aussi. Les drones au-dessus de nos toits se confondent toujours avec les étoiles.
Au cours des trois dernières années de ma vie, j’ai grandi, gagné en maturité. J’ai commencé à étudier plus sérieusement, à lire des livres, beaucoup de livres. A la fac, on me surnomme même l’intello. Sûrement parce que je passe de nombreuses heures à la bibliothèque du campus. Je rêve de pouvoir un jour étudier à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni.
En attendant, j’écris, je parle, je peins. Surtout pour prouver au monde que nous, Palestiniens, nous ne sommes pas que des nombres, et que nous aussi nous vivons, aimons, avons nos rêves à accomplir.
Publié le ·Mis à jour le
https://www.nouvelobs.com/monde/20231226.OBS82533/une-jeunesse-dans-la-guerre-nous-palestiniens-nous-ne-sommes-pas-que-des-nombres.html
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Rédigé le 26/12/2023 à 13:05 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Mes amis, mes frères de cœurs, depuis hier je ne fais que penser à vous. Toi qui as fui la Syrie, la Libye, l'Afghanistan, la Guinée, la Somalie, le Soudan car on y massacrait les tiens, souvent par ceux qui devaient vous protéger.
Mes amis, mes frères de cœurs, depuis hier je ne fais que penser à vous.
Toi Jamal, toi Ousman, Sileiman, Ibrahim, Omar, Alsadeg, Youssouf, Hassan.
Toi qui as fui la Syrie, la Libye, l'Afghanistan, la Guinée, la Somalie, le Soudan car on y massacrait les tiens, souvent par ceux qui devaient vous protéger.
Toi qui as fui Alep, Homs, Palmyre, Kandahar, Mogadiscio.
Toi qui m'as raconté tes trois années de souffrance pour rejoindre notre pays où tu étais certain de trouver accueil.
Toi qui m'a témoigné du naufrage de ton bateau en Méditerranée, la main de ton ami mort dans la tienne, de ta capture en Lybie, de ta vente en tant qu'esclave, de ton viol.
Vous que j'ai modestement aidé avec les associations Toulousaines car vous n'aviez ni toit, ni vêtements, ni nourriture.
Je pense à vous et j'ai mal. J'ai honte de ma France. Honte de ceux qui nous gouvernent, qui ont tant promis pour votre accueil, pour que vos bébés ne dorment plus dans la rue, pour que vos enfants ne dorment pas en centres de rétention. Honte de ceux qui nous ont toujours dit vouloir lutter contre l'extrémisme xénophobe du RN. Honte de ceux qui viennent par simple calcul politicien, de s'emparer des plus abjectes demandent du RN et des Républicains. Honte de ceux qui viennent de pactiser avec un parti qui tente de maquiller ses pires aspirations fascisantes, ceci pour flatter des politiciens racistes et xénophobes et leur électorat, en bafouant les principes fondamentaux de la république.
Honte de ceux qui veulent criminaliser ceux dont le seul tord est d'avoir fuit la mort et la famine, d'être venu demander aide et secours, mais qui n'ont que pour seul délit de ne pas avoir les bons papiers.
Non Madame Born, non Monsieur Macron, ce n'est pas dans mon « attente » (comme vous le proclamez à tout va !) ni dans celle de très nombreux amis, de vouloir désigner l'étranger comme bouc émissaire des problèmes de la France. Je serai toujours à côté de celui qui attend une aide et non une vile dénonciation.
Enfants à la rue © C.Puech
Kiki PUECH
21 DÉCEMBRE 2023
https://blogs.mediapart.fr/kiki-puech/blog/211223/jai-honte-de-mon-pays
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Rédigé le 25/12/2023 à 18:40 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a été chahuté lundi lors d’un discours au Parlement par des familles d’otages, retenus dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas il y a 80 jours.
« Maintenant, maintenant ! », ont scandé des parents d’otages à plusieurs moments du discours alors que le premier ministre déclarait que les forces israéliennes avaient besoin de « plus de temps » pour obtenir leur libération en poursuivant leurs opérations dans le territoire palestinien, où 156 soldats israéliens ont été tués depuis le début de la phase terrestre de la guerre fin octobre.
Une trêve d’une semaine ayant pris fin le 1er décembre avait permis la libération de 105 otages, dont 80 en échange de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, mais 129 restent captifs à Gaza.
« Et si c’était ton fils ? », « 80 jours, chaque minute, c’est l’enfer », pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les familles au Parlement, qui a tenu une session spéciale consacrée à la question des otages.
Assurant n’« épargner aucun effort » pour faire libérer les otages, M. Nétanyahou a affirmé que cela n’était possible qu’en maintenant « la pression militaire ».
« Nous ne devons pas arrêter la guerre tant que nous n’avons pas achevé la victoire sur ceux qui en veulent à nos vies, a-t-il déclaré. Nous n’arrêterons pas avant la victoire. »
Lundi 25 décembre, le premier ministre israélien a aussi annoncé s’être rendu à Gaza, et promis « une intensification » des combats en cours dans le territoire palestinien contre le Hamas.
« Je reviens maintenant de Gaza. Nous n’arrêtons pas, nous continuons de nous battre et nous intensifierons les combats dans les jours à venir, et ça sera une longue guerre qui n’est pas près de finir », a déclaré M. Nétanyahou devant les élus de son parti, le Likoud, selon un communiqué de ce dernier.
L’armée israélienne avait également annoncé dimanche intensifier ses opérations dans le sud de la bande de Gaza, où les frappes israéliennes se poursuivent et les civils sont toujours au bord de la famine. L’enclave palestinienne n’a connu aucun répit pour les fêtes de Noël.
Quelque 250 personnes ont été prises en otage lors de l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a fait environ 1 140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir des derniers chiffres officiels.
Au moins 20 057 personnes – majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents – on été tuées à Gaza depuis le début de l’offensive israélienne en représailles à l’attaque, selon les autorités du Hamas au pouvoir.
Agence France-Presse
25 décembre 2023 à 16h15
https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/251223/israel-netanyahou-chahute-par-des-familles-d-otages-lors-d-un-discours-au-parlement
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Rédigé le 25/12/2023 à 15:20 dans Israël, Paléstine | Lien permanent
Le premier ministre israélien a annoncé s’être rendu dans l’enclave palestinienne. Le ministère de la santé du Hamas a rapporté des bombardements pendant la nuit et lundi matin dans le centre et le sud de la bande de Gaza. Du côté israélien, plus d’une quinzaine de militaires sont morts au cours des trois derniers jours, selon l’armée.
Des soldats israéliens pendant des combats de rue à Khan Younès, le 24 décembre 2023. IDF / VIA REUTER
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé s’être rendu à Gaza lundi 25 décembre, et promis « une intensification » des combats en cours dans le territoire palestinien contre le Hamas.
« Je reviens maintenant de Gaza. Nous n’arrêtons pas, nous continuons de nous battre et nous intensifierons les combats dans les jours à venir et ça sera une longue guerre qui n’est pas près de finir », a déclaré M. Nétanyahou devant les élus de son parti, le Likoud, selon un communiqué de ce dernier.
L’armée israélienne avait également annoncé dimanche intensifier ses opérations dans le Sud de la bande de Gaza, où les frappes israéliennes se poursuivent et les civils sont toujours au bord de la famine. L’enclave palestinienne n’a connu aucun répit pour les fêtes de Noël.
Tôt lundi, un bombardement a fait douze morts près du petit village d’Al-Zawaida (Centre), selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas. Pendant la nuit, un bombardement à Khan Younès (Sud) a fait au moins dix-huit morts, a-t-il ajouté dans un communiqué. Le centre du territoire a, par ailleurs, subi une cinquantaine de frappes.
Le week-end a été particulièrement meurtrier dans cette langue de terre surpeuplée et contrôlée depuis 2007 par le Hamas, organisation considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Au moins soixante-dix personnes ont été tuées lors d’une frappe dimanche sur le camp de réfugiés d’Al-Maghazi, selon le gouvernement du Hamas. Un bilan qui n’a pas pu être confirmé de manière indépendante par l’Agence France-Presse (AFP). Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a dit « enquêter » sur cet « incident » et respecter le droit international.
Du côté israélien, plus d’une quinzaine de militaires sont morts lors des trois derniers jours. Lundi matin, l’armée a annoncé la mort de deux nouveaux soldats, portant à 156 le nombre de ses pertes depuis que ses troupes opèrent au sol dans Gaza. « Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à combattre », a martelé dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. « Nous sommes confrontés à des monstres », a-t-il insisté dans son message de Noël, adressé aux chrétiens du monde entier.
Le conflit a fait 20 674 morts dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan du ministère de la santé du Hamas. Il a aussi forcé 1,9 million d’habitants à fuir leur domicile, soit 85 % de la population selon l’Organisation des nations unies (ONU). Israël a juré de détruire le Hamas, à la suite de l’attaque d’une ampleur et d’une violence sans précédent menée par le mouvement islamiste le 7 octobre, qui a fait environ 1 140 morts, en majorité des civils, selon les derniers chiffres officiels israéliens.
Ce jour-là, les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël. « Nous devons arrêter ces hostilités et tourner la page », a plaidé dimanche le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, venu célébrer Noël à Bethléem, en Cisjordanie occupée, arborant un keffieh noir et blanc autour du cou. Dans cette ville qui a vu naître Jésus, selon la tradition chrétienne, les célébrations de Noël ont été largement annulées par la municipalité palestinienne, et la tristesse domine.
Dans la bande de Gaza, la situation humanitaire reste désastreuse : la plupart des hôpitaux sont hors service et dans les six prochaines semaines, l’ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d’insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu’à la famine, selon l’ONU. « La décimation du système de santé de Gaza est une tragédie », a déploré dimanche le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution réclamant l’acheminement « immédiat » et « à grande échelle » de l’aide humanitaire, celle-ci n’avait pas encore connu d’augmentation significative.
« La conduite de l’ONU depuis le 7 octobre est une honte pour l’organisation et la communauté internationale », a écrit sur X le ministre des affaires étrangères israélien, Eli Cohen, s’insurgeant contre les positions du secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, son personnel et ses institutions.
Samedi, une nouvelle mission dirigée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est rendue dans des hôpitaux de la ville de Gaza, permettant notamment la livraison de plus de 19 000 litres de fioul à l’hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire palestinien, qui avait été assiégé par l’armée israélienne en novembre, a annoncé dimanche soir son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ce que les membres de la mission du 23 décembre ont constaté, « c’est un désespoir croissant dû à la faim », a déclaré M. Tedros, qui a plaidé pour « une augmentation immédiate de [l’acheminement de] la nourriture et de l’eau pour garantir la santé et la stabilité de la population ». Selon le patron de l’OMS, « les combats incessants et un nombre massif de blessés ont mis les capacités [de l’hôpital Al-Shifa] à genoux ». L’établissement ne peut fournir en l’état « que des premiers soins les plus basiques ».
Le chef de l’OMS a d’ailleurs rapporté que des habitants désespérés s’étaient emparés d’aide alimentaire à bord d’un camion qui faisait route vers l’hôpital. « Dans ce contexte de graves pénuries alimentaires, la quête de nourriture (…) pousse certains – désespérés – à prendre de la nourriture des camions de livraison », écrit M. Tedros.
L’armée jordanienne a annoncé dimanche soir que ses forces aériennes avaient largué de l’aide à environ 800 personnes réfugiées dans l’église Saint-Porphyre, dans le nord de Gaza.
De leurs côtés, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après une pause dans les combats de sept jours à la fin de novembre, qui a permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’entrée à Gaza d’importants convois d’aide humanitaire. Selon une source au sein du Jihad islamique, le chef de ce mouvement armé palestinien allié du Hamas est arrivé à la tête d’une délégation au Caire.
Le Monde avec AFP
https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/25/guerre-israel-hamas-les-frappes-se-poursuivent-dans-la-bande-de-gaza_6207624_3210.html
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Rédigé le 25/12/2023 à 10:49 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour alléger la pression militaire israélienne sur le mouvement palestinien, Téhéran mise sur une coordination des attaques de ses auxiliaires et alliés sur différents fronts, tout en s’efforçant d’éviter un embrasement régional. Le régime iranien estime qu’Israël a d’ores et déjà été vaincu.
C’est une mission difficile que s’est donnée la République islamique d’Iran : sauver le Hamas en adoptant une stratégie d’attaques graduées contre Israël, mais sans s’engager pour autant dans une guerre directe ni provoquer un embrasement général de la région dans lequel elle aurait beaucoup à perdre.
À ce jour, le régime iranien n’a ainsi procédé à aucun tir de missile balistique ni menacé des navires dans le Golfe persique, une tactique à laquelle il avait auparavant largement recours. À la place, une multiplicité de fronts, ouverts par « l’axe de la résistance », principalement le Hezbollah libanais, les houthis du Yémen, les milices chiites irakiennes et celles engagées sur le plateau du Golan. Soit autant de cartes iraniennes dans le conflit, chaque organisation bénéficiant d’une large autonomie, sous le contrôle d’une « chambre des opérations conjointes » basée à Beyrouth.
Cette mystérieuse « chambre », le régime iranien en a reconnu pour la première fois l’existence le 10 septembre, soit un mois avant l’attaque du Hamas. Le général Abbas Nilforoushan, adjoint au commandant des opérations des Pasdarans (Gardiens de la révolution) avait alors évoqué, sur un site lié au régime, l’existence d’« un commandement intégré et d’un réseau de contrôle au sein du front de la résistance ».
Avant lui, le Guide suprême Ali Khamenei en personne, lors d’une réunion en juin 2023 avec de hauts représentants du Hamas, avait déjà fait savoir qu’une nouvelle stratégie était à l’œuvre. Il avait ainsi appelé à « une plus grande unité et une plus grande coordination entre les groupes de résistance » et souligné la centralité de Gaza dans « l’axe de la résistance ».
Aujourd’hui, la mission essentielle de cette structure est, sinon de défaire Israël, au moins de sauver à tout prix le Hamas, avec lequel l’Iran s’est réconcilié après la brouille historique née de la guerre civile syrienne pendant laquelle le mouvement sunnite palestinien s’était opposé à Bachar al-Assad, soutenu politiquement et militairement par Téhéran.
Si le régime iranien est redevenu pour le Hamas un grand pourvoyeur d’aide militaire et financière – de l’ordre de 100 millions de dollars par an, selon les services de renseignement israéliens –, il ne semble pas avoir été pour autant le donneur d’ordre de l’attaque sanglante du 7 octobre. À ce jour, ni les services de renseignement américains ni le Mossad israélien n’ont pu trouver de preuves significatives incriminant l’Iran. Washington évoque « une large complicité », mais pas d’implication directe.
Dès le 8 octobre, le régime avait démenti toute implication dans l’attaque, Ali Shamkhani, conseiller politique d’Ali Khamenei et ancien secrétaire général du Conseil supérieur de sécurité nationale, décrivant alors la « résistance palestinienne » comme un « mouvement indépendant ».
« Au vu des éléments disponibles, souligne l’historien Jonathan Piron, spécialiste de la région et professeur de relations internationales à l’école HELMo de Liège (Belgique), l’attaque du 7 octobre semble avoir été décidée par certains cadres de l’organisation installés à Gaza, sans que les responsables politiques vivant au Qatar n’aient été informés, et menée sans coordination avec le Hezbollah ou la force Al-Qods [les unités d’élite des Gardiens de la révolution chargées des opérations extérieures – ndlr]. »
« Les dirigeants du Hamas à Gaza peuvent avoir mené cette attaque pour plusieurs raisons, notamment des problèmes internes à Gaza et au sein du Hamas, la volonté d’affaiblir l’Autorité palestinienne en place en Cisjordanie et celle de torpiller les efforts soutenus par les États-Unis pour forger une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, ajoute le chercheur. Il existe dès lors un sentiment de mécontentement iranien à l’égard des dirigeants militaires du Hamas basés à Gaza, en particulier de Mohammed Deif [commandant suprême des Brigades Ezzedine al-Qassam, branche militaire du Hamas – ndlr], pour avoir engagé une bataille sans coordination préalable. »
Mais quand bien même Téhéran serait mécontent de son allié, tout ce qui affaiblit et déstabilise Israël est une bénédiction pour l’Iran, en particulier la pause dans le rapprochement de l’État hébreu avec divers États du Golfe. D’où l’annonce au lendemain de l’attaque de son soutien total et inconditionnel à l’opération « Déluge d’al-Aqsa » en des termes des plus solennels. « Nous embrassons le front et les bras des audacieux et ingénieux planificateurs et le courage de la jeunesse palestinienne », déclarait ainsi le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, le 10 octobre.
« La chambre des opérations conjointes permet à l’Iran de coordonner des actions indépendantes entre ses alliés régionaux contre Israël, poursuit Jonathan Piron. Chacun des acteurs conserve son autonomie tout en agissant en accord avec une autorité centrale. Les risques sont ainsi minimisés et ces groupes peuvent naviguer plus activement et plus efficacement dans le paysage régional. » C’est ce que Téhéran appelle « l’unification des fronts ».
La structure a été créée après l’assassinat du général Qassem Soleimani, chef légendaire de la force Al-Qods, tué par une frappe américaine, le 3 janvier 2020, à Bagdad.
« Quand Soleimani était vivant, il exerçait un contrôle global sur l’axe de la résistance à travers une configuration hiérarchique évidente, explique Hamidreza Azizi, un chercheur iranien associé au German Institute for International and Security Affairs. Sa mort a conduit à une décentralisation au sein de cet axe. Pour assurer la continuation de cette coordination, la force Al-Qods, en collaboration avec le Hezbollah, a alors établi de façon graduelle une chambre des opérations communes. »
« D’autres événements ont mis en lumière le renforcement de la fonction du Hezbollah dans le recrutement, l’entraînement et le commandement des milices chiites pro-iraniennes opérant en Syrie, poursuit ce chercheur. De même que le rôle de premier plan joué par Hassan Nasrallah [secrétaire général du parti de Dieu – ndlr] dans la médiation entre différentes factions chiites en Irak. Son influence pourrait à présent dépasser celle du général Ismaël Qaani, commandant de la force Al-Qods. »
Toujours selon le chercheur, Hassan Nasrallah et Ismaël Qaani codirigent la structure de commandement. « Je pense qu’il n’y a pas d’endroit fixe pour les rencontres, indique Hamidreza Azizi. Cependant, la plupart des réunions ont lieu à Beyrouth, à l’exception de certaines à Damas. On peut donc raisonnablement penser que Beyrouth est le principal quartier général de cet axe. »
Avant même le 7 octobre, la chambre des opérations conjointes avait défini quatre fronts permettant d’encercler Israël : le front de Gaza, celui de Cisjordanie à proximité des villes israéliennes, celui du Sud-Liban, et celui du Golan, tous deux gérés par le Hezbollah. Avec la guerre, s’est rajouté celui, plus inattendu, de la mer Rouge, à l’initiative des houthis.
Un Israël affaibli et ne parvenant pas à prendre le dessus sur le Hamas est un objectif que les Iraniens peuvent considérer comme plus utile qu’un engagement direct.
« La chambre des opérations communes respecte des principes tels que la dissuasion, via des engagements limités, l’ambiguïté dans les représailles, des opérations collectives pendant les périodes critiques et la répartition des tâches en fonction des menaces, explique Hamidreza Azizi. Cette position stratégique permet, potentiellement, d’ouvrir de nouveaux fronts contre Israël, renforçant ainsi la capacité de dissuasion du réseau. »
Les factions palestiniennes, le Hamas et le Jihad islamique, sont évidemment en première ligne. Une faiblesse, cependant, dans la stratégie iranienne : la Cisjordanie occupée, qui fait partie des fronts, mais où Téhéran n’exerce qu’une influence limitée.
« L’Iran aurait tout à perdre d’un conflit généralisé, renchérit Jonathan Piron. Une intervention américaine deviendrait certaine, avec un risque important de frappes sur le sol iranien. Le régime a bien plus intérêt à laisser monter la pression internationale sur Israël et voir les Israéliens s’enliser à Gaza. Un Israël affaibli et ne parvenant pas à prendre le dessus sur le Hamas est un objectif que les Iraniens peuvent considérer comme plus utile qu’un engagement direct, qu’ils savent qu’ils n’ont pas les moyens de tenir. »
D’ores et déjà, les responsables iraniens ne sont pas loin de crier victoire. Sur son compte X, le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, s’est félicité il y a quelques jours de ce qu’Israël, après plus de 70 jours de combat, n’avait atteint aucun de ses objectifs : le Hamas n’est toujours pas défait, l’« axe de la résistance » n’est pas brisé et les otages ne sont pas libérés. Le chef des Pasdarans, le général Hossein Salami, a renchéri en assurant qu’Israël et les États-Unis seraient vaincus. Au-delà de la propagande, on devine que le régime iranien est convaincu d’une victoire possible.
C’est ce que souligne Raz Zimmt, un spécialiste israélien de l’Iran à l’Institute for National Security Studies (INSS) de Tel-Aviv : « Même dans les médias liés aux cercles les plus modérés de la République islamique, il n’y a aucune voix pour demander le réexamen de la politique iranienne, envisager une possible défaite du Hamas ou un changement dans l’équilibre régional du pouvoir. »
Jean-Pierre Perrin
24 décembre 2023 à 15h59
https://www.mediapart.fr/journal/international/241223/la-strategie-de-l-iran-pour-sauver-le-hamas-une-mysterieuse-chambre-des-operations-conjointes
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Rédigé le 24/12/2023 à 19:31 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Un poème inédit de Mahmoud Darwich. Ramallah, janvier 2002
Ici, aux pentes des collines, face au crépuscule et au canon du temps
Près des jardins aux ombres brisées,
Nous faisons ce que font les prisonniers,
Ce que font les chômeurs :
Nous cultivons l’espoir.
Un pays qui s’apprête à l’aube. Nous devenons moins intelligents
Car nous épions l’heure de la victoire :
Pas de nuit dans notre nuit illuminée par le pilonnage.
Nos ennemis veillent et nos ennemis allument pour nous la lumière
Dans l’obscurité des caves.
Ici, nul « moi ».
Ici, Adam se souvient de la poussière de son argile.
Au bord de la mort, il dit :
Il ne me reste plus de trace à perdre :
Libre je suis tout près de ma liberté. Mon futur est dans ma main.
Bientôt je pénètrerai ma vie,
Je naîtrai libre, sans parents,
Et je choisirai pour mon nom des lettres d’azur...
Ici, aux montées de la fumée, sur les marches de la maison,
Pas de temps pour le temps.
Nous faisons comme ceux qui s’élèvent vers Dieu :
Nous oublions la douleur.
Rien ici n’a d’écho homérique.
Les mythes frappent à nos portes, au besoin.
Rien n’a d’écho homérique. Ici, un général
Fouille à la recherche d’un Etat endormi
Sous les ruines d’une Troie à venir.
Vous qui vous dressez sur les seuils, entrez,
Buvez avec nous le café arabe
Vous ressentiriez que vous êtes hommes comme nous
Vous qui vous dressez sur les seuils des maisons
Sortez de nos matins,
Nous serons rassurés d’être
Des hommes comme vous !
Quand disparaissent les avions, s’envolent les colombes
Blanches blanches, elles lavent la joue du ciel
Avec des ailes libres, elles reprennent l’éclat et la possession
De l’éther et du jeu. Plus haut, plus haut s’envolent
Les colombes, blanches blanches. Ah si le ciel
Etait réel [m’a dit un homme passant entre deux bombes]
Les cyprès, derrière les soldats, des minarets protégeant
Le ciel de l’affaissement. Derrière la haie de fer
Des soldats pissent — sous la garde d’un char -
Et le jour automnal achève sa promenade d’or dans
Une rue vaste telle une église après la messe dominicale...
[A un tueur] Si tu avais contemplé le visage de la victime
Et réfléchi, tu te serais souvenu de ta mère dans la chambre
A gaz, tu te serais libéré de la raison du fusil
Et tu aurais changé d’avis : ce n’est pas ainsi qu’on retrouve une identité.
Le brouillard est ténèbres, ténèbres denses blanches
Epluchées par l’orange et la femme pleine de promesses.
Le siège est attente
Attente sur une échelle inclinée au milieu de la tempête.
Seuls, nous sommes seuls jusqu’à la lie
S’il n’y avait les visites des arcs en ciel.
Nous avons des frères derrière cette étendue.
Des frères bons. Ils nous aiment. Ils nous regardent et pleurent.
Puis ils se disent en secret :
« Ah ! si ce siège était déclaré... » Ils ne terminent pas leur phrase :
« Ne nous laissez pas seuls, ne nous laissez pas. »
Nos pertes : entre deux et huit martyrs chaque jour.
Et dix blessés.
Et vingt maisons.
Et cinquante oliviers...
S’y ajoute la faille structurelle qui
Atteindra le poème, la pièce de théâtre et la toile inachevée.
Une femme a dit au nuage : comme mon bien-aimé
Car mes vêtements sont trempés de son sang.
Si tu n’es pluie, mon amour
Sois arbre
Rassasié de fertilité, sois arbre
Si tu n’es arbre mon amour
Sois pierre
Saturée d’humidité, sois pierre
Si tu n’es pierre mon amour
Sois lune
Dans le songe de l’aimée, sois lune
[Ainsi parla une femme
à son fils lors de son enterrement]
Ô veilleurs ! N’êtes-vous pas lassés
De guetter la lumière dans notre sel
Et de l’incandescence de la rose dans notre blessure
N’êtes-vous pas lassés Ô veilleurs ?
Un peu de cet infini absolu bleu
Suffirait
A alléger le fardeau de ce temps-ci
Et à nettoyer la fange de ce lieu
A l’âme de descendre de sa monture
Et de marcher sur ses pieds de soie
A mes côtés, mais dans la main, tels deux amis
De longue date, qui se partagent le pain ancien
Et le verre de vin antique
Que nous traversions ensemble cette route
Ensuite nos jours emprunteront des directions différentes :
Moi, au-delà de la nature, quant à elle,
Elle choisira de s’accroupir sur un rocher élevé.
Nous nous sommes assis loin de nos destinées comme des oiseaux
Qui meublent leurs nids dans les creux des statues,
Ou dans les cheminées, ou dans les tentes qui
Furent dressées sur le chemin du prince vers la chasse.
Sur mes décombres pousse verte l’ombre,
Et le loup somnole sur la peau de ma chèvre
Il rêve comme moi, comme l’ange
Que la vie est ici... non là-bas.
Dans l’état de siège, le temps devient espace
Pétrifié dans son éternité
Dans l’état de siège, l’espace devient temps
Qui a manqué son hier et son lendemain.
Ce martyr m’encercle chaque fois que je vis un nouveau jour
Et m’interroge : Où étais-tu ? Ramène aux dictionnaires
Toutes les paroles que tu m’as offertes
Et soulage les dormeurs du bourdonnement de l’écho.
Le martyr m’éclaire : je n’ai pas cherché au-delà de l’étendue
Les vierges de l’immortalité car j’aime la vie
Sur terre, parmi les pins et les figuiers,
Mais je ne peux y accéder, aussi y ai-je visé
Avec l’ultime chose qui m’appartienne : le sang dans le corps de l’azur.
Le martyr m’avertit : Ne crois pas leurs youyous
Crois-moi père quand il observe ma photo en pleurant
Comment as-tu échangé nos rôles, mon fils et m’as-tu précédé.
Moi d’abord, moi le premier !
Le martyr m’encercle : je n’ai changé que ma place et mes meubles frustes.
J’ai posé une gazelle sur mon lit,
Et un croissant lunaire sur mon doigt,
Pour apaiser ma peine.
Le siège durera afin de nous convaincre de choisir un asservissement qui ne nuit
pas, en toute liberté !!
Résister signifie : s’assurer de la santé
Du cœur et des testicules, et de ton mal tenace :
Le mal de l’espoir.
Et dans ce qui reste de l’aube, je marche vers mon extérieur
Et dans ce qui reste de la nuit, j’entends le bruit des pas en mon intention.
Salut à qui partage avec moi l’attention à
L’ivresse de la lumière, la lumière du papillon, dans
La noirceur de ce tunnel.
Salut à qui partage avec moi mon verre
Dans l’épaisseur d’une nuit débordant les deux places :
Salut à mon spectre.
Pour moi mes amis apprêtent toujours une fête
D’adieu, une sépulture apaisante à l’ombre de chênes
Une épitaphe en marbre du temps
Et toujours je les devance lors des funérailles :
Qui est mort...qui ?
L’écriture, un chiot qui mord le néant
L’écriture blesse sans trace de sang.
Nos tasses de café. Les oiseaux les arbres verts
A l’ombre bleue, le soleil gambade d’un mur
A l’autre telle une gazelle
L’eau dans les nuages à la forme illimitée dans ce qu’il nous reste
Du ciel. Et d’autres choses aux souvenirs suspendus
Révèlent que ce matin est puissant splendide,
Et que nous sommes les invités de l’éternité.
Mahmoud Darwich
https://www.monde-diplomatique.fr/2002/04/DARWICH/8722
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Rédigé le 24/12/2023 à 15:28 dans Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Photo : © UNICEF/Eyad El Baba. Des civils, dans la ville de Rafah, dans la bande de Gaza, fuient une attaque de missile.
Gaza est de loin l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant et les décès d’enfants dus à la maladie dépasseront probablement ceux causés par les bombardements en l’absence d’un cessez-le-feu, a averti mardi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Le manque de nourriture, d’eau, d’abris et d’installations sanitaires continue de mettre en danger la vie des enfants qui souffrent des frappes aériennes incessantes et n’ont aucun endroit sûr où aller, a déclaré le porte-parole de l’UNICEF, James Elder, qui est récemment rentré de l’enclave.
Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir pour se prononcer sur une résolution qui devrait appeler à une pause dans les combats pour faciliter l’accès de l’aide, M. Elder a déclaré aux journalistes à Genève que « chaque enfant subit ces dix semaines d’enfer et aucun d’entre eux ne peut s’échapper ».
« Comme me l’a dit un parent d’un enfant gravement malade, ‘notre situation est une pure misère... Je ne sais pas si nous allons nous en sortir’ », a-t-il raconté.
Selon les autorités sanitaires de Gaza, plus de 19.400 Palestiniens ont été tués dans l’enclave depuis le début des représailles israéliennes contre les attaques terroristes meurtrières du Hamas le 7 octobre dernier, dont environ 70 % sont des femmes et des enfants.
Plus de 52.000 Palestiniens ont été blessés et leur accès aux soins vitaux est extrêmement limité. L’agence des Nations Unies pour la santé, l’OMS, a déclaré mardi que seuls huit des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient au moins partiellement.
Les hôpitaux sont débordés par les enfants et leurs parents, qui portent tous « les horribles blessures de la guerre », a déclaré M. Elder. Il a souligné que lors de son séjour dans la bande de Gaza, il avait rencontré de nombreux jeunes amputés. Environ 1.000 enfants de Gaza ont perdu une jambe ou les deux, a-t-il précisé.
De son côté la porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, a ajouté que le personnel de l’OMS à Gaza a déclaré qu’il ne pouvait même pas marcher dans les salles d’urgence « de peur de marcher sur des personnes » allongées sur le sol « en proie à de graves douleurs » et demandant de la nourriture et de l’eau.
Elle a qualifié la situation d’« inadmissible » et a déclaré qu’il était « inconcevable que le monde permette que cela continue ».
Hôpital bombardé
Au cours des dernières 48 heures, le plus grand hôpital de Gaza, l’hôpital Al Nasser de Khan Younis, dans le sud, a été bombardé à deux reprises, a indiqué M. Elder.
Cet hôpital « abrite non seulement un grand nombre d’enfants qui ont déjà été gravement blessés lors des attaques contre leurs maisons, mais aussi des centaines de femmes et d’enfants en quête de sécurité », a souligné le porte-parole de l’UNICEF, faisant référence à ceux qui ont dû fuir en raison des hostilités et des ordres d’évacuation.
On estime à 1,9 million le nombre de personnes déplacées à Gaza, soit la grande majorité de la population de l’enclave.
Les enfants blessés qui doivent faire face à la perte d’un être cher ont été contraints de déménager encore et encore, a déclaré M. Elder.
« Où vont les enfants et leurs familles ? Ils ne sont pas en sécurité dans les hôpitaux. Ils ne sont pas en sécurité dans les refuges. Et ils ne sont certainement pas en sécurité dans les zones dites ’sûres’ », a-t-il insisté.
« Aucun endroit n’est sûr »
Le porte-parole de l’UNICEF a expliqué que lesdites « zones de sécurité » étaient « tout sauf sûres » parce qu’elles avaient été désignées unilatéralement par Israël seul et qu’elles ne disposaient pas des « ressources suffisantes pour survivre » : nourriture, eau, médicaments, protection.
« Dans les conditions de siège actuelles, il est impossible d’approvisionner ces zones de manière adéquate », a-t-il déclaré, ajoutant que lors de son récent séjour à Gaza, il avait fait l’expérience directe de cette réalité.
Diarrhée et malnutrition
Le porte-parole de l’UNICEF a mis l’accent sur le manque criant d’installations sanitaires adéquates, soulignant qu’à Gaza, il n’y a en moyenne qu’une toilette pour 700 personnes. Les cas de diarrhée chez les enfants sont supérieurs à 100.000 et, combinés à une malnutrition galopante, ils peuvent s’avérer de plus en plus mortels.
Aussi, plus de 130.000 enfants de moins de deux ans ne bénéficient pas d’un « allaitement maternel vital et d’une alimentation complémentaire adaptée à leur âge ».
Le cessez-le-feu est la seule solution
L’acheminement de l’aide est « une question de vie ou de mort » pour les enfants de Gaza, a déclaré M. Elder, et les conditions pour fournir cette aide « ne sont pas remplies ».
Le nombre de camions d’aide autorisés à entrer dans la bande de Gaza reste « bien inférieur à la moyenne quotidienne de 500 camions » qui entraient chaque jour ouvrable avant le 7 octobre, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Dimanche, OCHA a indiqué que 102 camions transportant des fournitures humanitaires et quatre camions-citernes de carburant étaient entrés à Gaza par le point de passage de Rafah, en provenance d’Égypte, et que 79 camions étaient entrés par le point de passage de Kerem Shalom, en provenance d’Israël, pour la première fois depuis le début de l’escalade.
Le Dr Harris, de l’OMS, a souligné qu’au-delà de l’acheminement des fournitures via la frontière de l’enclave, il était difficile d’acheminer l’aide là où elle était nécessaire, en raison des hostilités en cours, mais aussi des dégâts considérables causés aux routes.
« Un cessez-le-feu humanitaire immédiat et durable est le seul moyen de mettre fin aux meurtres et aux blessures d’enfants, ainsi qu’aux décès d’enfants dus à la maladie, et de permettre l’acheminement urgent d’une aide vitale dont on a désespérément besoin », a déclaré M. Elder.
La faim, l’autre ennemi des enfants de Ghaza
r micheldandelot1 dans Accueil le 24 Décembre 2023 à 14:44
http://www.micheldandelot1.com/apres-des-propos-sur-gaza-39-deputes-de-gauche-demandent-des-sanctions-a215162351
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Rédigé le 24/12/2023 à 10:09 dans Israël, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Elias Sanbar, traducteur du poète de Palestine Mahmoud Darwich, revient, textes à l’appui, sur le secours et la force de mobilisation d’un verbe arabe à nul autre pareil : espoir au creux de la désolation, amour au cœur des combats, terre natale et grand large…
22 décembre 2023 à 15h54
AucuneAucune trêve des confiseurs à Gaza, aucune « paix des braves » à l’horizon dans une guerre qui, depuis les massacres du 7 octobre, a vu Israël passer du droit de se défendre à la prérogative de se venger. L’objectif de détruire le Hamas semble être devenu, sous nos yeux, celui de réduire le peuple palestinien.
Face à une telle situation, qui réjouit les cyniques et désespère les autres, Mediapart a voulu, avant les « fêtes » ou prétendues telles, se hisser jusqu’à des sommets de lutte et de beauté : la poésie de Mahmoud Darwich (1941-2008). Né en Palestine alors mandataire, au nord-ouest de la baie de Haïfa, dans un village de la plaine d’Acre nommé Al-Birwa, Darwich n’aura cessé d’écrire sur les ravages de la dépossession – qui ne sauraient pour autant avoir le dernier mot : « Jamais nos exils ne furent vains, jamais en vain nous n’y fûmes envoyés. »
Nous avons eu le désir d’entendre son traducteur, Elias Sanbar, que Darwich appelait le « poète parallèle » tant fut féconde leur amitié littéraire et politique. Cet entretien donne idée de l’archipel spirituel et combatif que constitue l’œuvre d’un rhapsode palestinien cultivant des chants à même de restaurer le « moi » collectif d’un peuple outragé, d’un peuple brisé, d’un peuple martyrisé, mais d’un peuple un jour libéré : « Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. »
Conçue tel un viatique en des temps effroyables, notre conversation avec Elias Sanbar, sur l’art et la manière de Mahmoud Darwich, se voudrait torchère dans les ténèbres : « Toi l’éclair, éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu. »
https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/221223/la-poesie-de-mahmoud-darwich-ce-qui-reste-quand-la-palestine-trop-perdu
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Rédigé le 23/12/2023 à 14:15 dans Israël, Paléstine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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