Pourquoi l’Algérie est-elle restée à l’écart du Printemps arabe ? Selon Tony Barber, du « Financial Times », la réponse est dans l’exceptionnelle brutalité de son passé colonial.
L’année du Printemps arabe a vu déferler en Afrique du Nord et au Moyen-Orient une vague de troubles sociaux et de révolutions politiques. En Algérie, l’ancien régime, lui, n’a pas vacillé. En février, quelques émeutes ont conduit les autorités à lever l’état d’urgence en vigueur depuis dix-neuf ans. Mais les forces armées et les services de sécurité n’ont ni cédé ni subi de pressions de la part de la communauté internationale. Trois raisons à cela. Tout d’abord, les Algériens gardent un souvenir douloureux du conflit entre le régime et les islamistes radicaux qui a fait au moins 200 000 morts dans les années 1990. Ensuite, la détermination des autorités, depuis cinquante ans, à ne jamais perdre la main, grâce notamment à la manne pétrolière. Enfin, la discrétion de la communauté internationale, en particulier de l’ancienne puissance coloniale française, qui s’est tenue à l’écart.
Ces faits s’enracinent dans les cent trente-deux ans de domination française qui ont culminé avec la guerre d’indépendance (1954-1962). Comme l’écrit Martin Evans : « L’Algérie fut l’un des épisodes les plus longs et les plus difficiles du processus de décolonisation. Cet épisode a été le symbole de la fin des empires européens, un événement crucial qui a contribué à tracer les contours du XXe siècle, qui est intimement lié à d’autres processus clés : l’impact des deux guerres mondiales, la guerre froide, le panarabisme et le mouvement de construction de l’unité de l’Europe de l’Ouest. » La guerre a laissé des cicatrices dans la société française. Elle a entraîné le rapatriement de 1,1 million de colons, dont beaucoup ont adopté le populisme antimigratoire d’extrême droite de Jean-Marie Le Pen. Pendant et après la guerre, beaucoup d’Algériens se sont installés en France et y ont fondé des familles, remodelant l’identité nationale.
Trois nouveaux livres éclairent admirablement les premiers temps du colonialisme français, ainsi que l’animosité entre gouvernants et gouvernés qui a engendré un nationalisme algérien intransigeant, et le processus qui a vu s’effondrer l’ambition française de bâtir une société harmonieuse où colons et natifs auraient cohabité pacifiquement. Un tel espoir était d’ailleurs au cœur de la vision humaine et politique d’Albert Camus. Né en Algérie, cet auteur français y situe certaines de ses meilleures œuvres, comme La Peste et L’Étranger. Hommage vibrant de sa fille Catherine, Albert Camus, solitaire et solidaire rassemble des centaines de photos de l’écrivain. Certaines citations qui les accompagnent rappellent combien il déplorait les violences des dernières années de l’Algérie française. « Je n’ai jamais rien écrit qui ne se rattache, de près ou de loin, à la terre où je suis né. C’est à elle, et à son malheur, que vont toutes mes pensées », déclarait-il en 1957, en recevant le prix Nobel de littérature.
Et pourtant, dix ans avant le début de la guerre, la possibilité que l’Algérie surmonte un jour les haines entre les natifs et leurs gouvernants français était déjà infime. Dans Algeria: France’s Undeclared War (« Algérie : la guerre non déclarée de la France »), Evans décrit les violentes manifestations qui ont eu lieu à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en mai 1945, dans l’Est algérien, où plus de cent colons furent tués : « Une violente confrontation, suivie de démembrements rituels où les organes génitaux étaient coupés et placés dans la bouche des cadavres, les poitrines lacérées, les gorges tranchées et les ventres éviscérés. » Les représailles françaises ne furent pas moins brutales : des milliers d’Algériens furent massacrés. « Désormais, rien ne pouvait redevenir comme avant. L’Algérie rurale avait affronté l’Algérie européenne, et la société était plus polarisée que jamais », observe Evans.
Plus qu’une guerre
Professeur d’histoire à l’Université de Portsmouth, Evans a utilisé des archives déclassées et de nouveaux témoignages pour démêler l’écheveau de l’histoire française et nord-africaine. Il faut ainsi se souvenir que, pour les dirigeants français et la population, l’Algérie n’était pas une simple colonie mais une partie intégrante de la nation. Dès les années 1880, ses structures administratives étaient les mêmes qu’en métropole et il était impensable que la France puisse en être amputée. Mais l’idée que l’Algérie est comme le Languedoc était fictive. Le code de l’indigénat constituait un « ensemble de lois exclusivement répressives qui ne s’appliquaient qu’aux musulmans », écrit Evans. « L’Algérie française était strictement ségrégationniste […]. La séparation politique produisait la séparation physique. Européens, juifs et musulmans habitaient dans des lieux différents et coexistaient sans jamais se mélanger. »
Il a fallu attendre 1999 pour que l’Assemblée nationale française reconnaisse le combat pour l’indépendance comme une guerre. Pendant le conflit, l’État français ne parlait que d’opérations de « pacification » ou de « maintien de l’ordre et de la loi ». Mais il s’agissait d’une guerre – en réalité bien plus qu’une guerre. Jusqu’à ce que la IVe République soit remplacée en 1958 par la présidence de Charles de Gaulle, il s’agissait pour la France d’un combat crucial pour maintenir son rang de puissance mondiale. Humiliée par la défaite et l’occupation nazie entre 1940 et 1944, elle voyait le contrôle de l’Algérie comme la base d’une union franco-africaine qui s’étendrait de Paris aux possessions d’Afrique centrale et occidentale. La victoire aurait permis de renforcer le poids de la France dans l’alliance antisoviétique et de lui donner un atout dans sa compétition avec « l’impérialisme anglo-saxon » de la Grande-Bretagne et des États-Unis.
Cette ambition a été anéantie par l’irréductible engagement du Front de libération nationale (FLN), mais aussi par la barbarie des forces françaises, notamment durant la bataille d’Alger, en 1957. Leurs atrocités ont discrédité la politique de Paris, en particulier auprès de l’opinion modérée en métropole. La torture était si répandue qu’un caporal de la Légion étrangère a admis que « s’il y avait un jour un nouveau tribunal de Nuremberg, nous serions tous jugés coupables ». Le FLN a aussi beaucoup de sang sur les mains. Se considérant comme l’unique représentant du peuple algérien, il a éradiqué toute contestation, au prix de milliers de morts. Evans a touché le nœud du problème en décrivant ce conflit comme une guerre à plusieurs niveaux qui a opposé les Français aux Algériens, le FLN au FLN, le FLN à d’autres Algériens, et des Français à des Français.
Dès 1830, la brutalité a entaché les premières actions de la France en Algérie. Dans son étude sur les deux premières décennies de la domination française, By Sword and Plow (« Par le sabre et la charrue »), Jennifer Sessions, historienne à l’Université de l’Iowa, décrit les terrifiantes « enfumades » : au milieu des années 1840, des Algériens étaient piégés dans des grottes et enfumés à mort par les forces françaises. Pour Sessions, « la conquête militaire a eu un impact démographique dévastateur sur la population autochtone, et la guerre française figure indubitablement au panthéon des “génocides coloniaux” ». Elle calcule ainsi que la population algérienne est passée de 4 millions à la veille de la colonisation à 2,3 millions au milieu des années 1850.
Traumatisme
L’invasion de l’Algérie a été par bien des aspects un effet secondaire des tensions intérieures françaises. En 1830, la monarchie ultraconservatrice des Bourbons était au bord de l’effondrement. « Confrontés à une large opposition populaire et à une forte majorité libérale à la Chambre des députés, le roi Charles X et le président du Conseil ultraroyaliste Jules de Polignac ont conçu l’expédition d’Alger comme une tentative ultime et désespérée de gagner le soutien électoral », écrit Sessions. Le plus tragique est d’avoir vu des penseurs progressistes comme Alexis de Tocqueville, auteur de De la démocratie en Amérique, promouvoir ce colonialisme impérialiste par opposition à celui pratiqué au XVIIIe siècle, qui reposait sur l’esclavage et les monopoles économiques.
Sessions conclut que, la colonisation de l’Algérie étant profondément enracinée, il était presque certain que la décolonisation se ferait dans une extrême violence. « La guerre d’Algérie a accouché de nouveaux régimes sur les deux rives de la Méditerranée, et le traumatisme qu’elle a engendré est au cœur de la culture politique et du débat historique dans les deux États postcoloniaux », écrit-elle. Le peuple algérien voulait son indépendance et il l’a gagnée. Qu’il mérite ou non le régime actuel et combien de temps celui-ci tiendra sont une autre affaire.
Terrassé par une mobilisation sans précédent de l'électorat français, debout unanimement face à la menace des partisans de la xénophobie et du racisme auxquels s'ajoute la haine de l'islam et de ses communautés, le RN, qui aura tout fait pour se dédiaboliser et jouer au parti BCBG, est brutalement renvoyé à ses chères études.
La désillusion est totale
Hier, les électrices et les électeurs français étaient attendus en masse pour trancher sur un second tour des législatives décisif non seulement pour le sort de leur circonscription administrative mais aussi, et surtout, pour une France qui cherche à conserver son rôle moteur au sein de la machine européenne.
A 17 h, déjà, la majorité des instituts de sondage (Ifop, Ipsos, OpinionWay et Elabe) indiquaient un taux de participation record de plus de 59,7%, estimation appelée à atteindre au bout du compte, voire même dépasser, les 67%! Du jamais vu depuis l'élection de Français Mitterrand à l'Elysée, en 1981, suivie des législatives qui ont propulsé la gauche au gouvernail de l'Assemblée nationale. Le vote d'hier avait un double impact: d'une part, l'objectif républicain était de barrer la route à l'extrême droite, devenue triomphante et expéditrice sur un bon nombre de sujets qui avaient de quoi donner des frissons non seulement aux ressortissants de l'Hexagone mais même au-delà. D'autre part, il s'agissait de concrétiser, sur la base du front républicain érigé face au péril du Rassemblement national (RN) et de ses alliés LR versus Ciotti, une alliance entre courants de gauche, centriste et macroniste à même de prétendre constituer une majorité parlementaire conséquente et de former un gouvernement.
Pour savoir si cela est devenu possible, il faudra attendre les résultats définitifs mais il est clair, au su des premières données livrées à 20h locales, que le principal objectif est largement atteint. Les estimations mettant le Nouveau Front Populaire, acté par les formations de la gauche, en tête devant le RN puis la coalition présidentielle Ensemble, suivie du parti Les Républicains et divers droite, données à plusieurs reprises par les enquêtes d'opinion, depuis le premier tour du scrutin qui devait lever l'hypothèque d'une extrême droite nantie de la majorité absolue et poussant la France dans un gouffre insondable que redoutaient ses partenaires européens, maghrébins et africains, au premier chef, sont bel et bien confirmées.
Rappelons qu'au premier tour, il y a eu 76 députés élus dont 39 pour l'extrême droite (RN) et 32 pour l'union de la gauche (NFP). Il restait donc hier 501 sièges à pourvoir dont la répartition sera conforme aux pourcentages de voix acquises par les uns et les autres, sachant que 4 quadrangulaires et des triangulaires dans 306 circonscriptions ont quelque peu compliqué les manoeuvres. Toujours est-il qu'à en croire les tout derniers sondages sortis des urnes, et qu'il faut considérer avec des pincettes parce que rien n'est encore totalement joué, c'est bien le Nouveau Front Populaire qui est en tête du scrutin, avec un nombre de 170 à 210 députés. Vient ensuite, juste derrière le NPF, la coalition macronienne Ensemble qui affiche entre 150 et 180 élus. Quant au Rassemblement national et ses alliés de l'extrême droite, ils tombent de haut, et même de très haut, avec un score calamiteux de 130 à 160 sièges. En se voyant foudroyé par une mobilisation sans précédent de l'électorat français, debout unanimement face à la menace des partisans de la xénophobie et du racisme auxquels s'ajoute la haine de l'islam et de ses communautés, le RN, qui aura tout fait pour se dédiaboliser et jouer au parti BCBG est brutalement renvoyé à ses chères études. Il convient cependant de ne pas perdre de vue que la montée de l'extrémisme politique est commune à bien des pays européens, y compris l'Allemagne, et que si aujourd'hui le danger semble écarté, il n'en faut pas moins regarder avec lucidité les enjeux et les exigences d'un lendemain porteur de nuages plus ou moins désastreux.
Réuni chez Sihem, un groupe d’amis rennais, descendants d’immigrés, raconte comment ils et elles sont assaillis d’angoisses diverses quant à une possible accession du RN au pouvoir, avec tout ce que cela comporte comme risque d’agressions racistes. À tel point que les corps somatisent.
RennesRennes (Ille-et-Vilaine).– Avant toute chose, le bulletin de santé. Dans ce groupe d’ami·es noué à la faveur d’activités militantes à Rennes, les corps s’expriment et souffrent en ces temps de campagne électorale.
Dimanche 30 juin, premier tour des élections législatives, ces ami·es se retrouvent autour d’un goûter copieux chez Sihem*, dans le quartier populaire du Blosne, pour un groupe de parole informel. Sur la table, des viennoiseries, de la tarte aux pommes, du café et de la limonade algérienne, la Hamoud blanche.
La bibliothèque témoigne des préoccupations de l’occupante des lieux. Les livres de bell hooks voisinent avec celui de Rachida Brahim, La race tue deux fois, ou de Zahra Ali, Féminismes islamiques. Au mur, au-dessus d’un drapeau palestinien, une affiche du film de Mathieu Rigouste, Un seul héros le peuple, sur un épisode victorieux de la guerre d’Algérie.
Chacun·e décrit les petits et grands maux qui l’assaillent. Sihem, travailleuse sociale de 40 ans, a les cervicales coincées depuis l’annonce de la dissolution. Son sommeil est loin d’être « réparateur ». Merieme*, binationale franco-marocaine, dit être « out de chez out », saisie d’une fatigue et d’un stress démesuré. Et pourtant, la quinquagénaire a de l’expérience en la matière, mère isolée de trois enfants, dont un porteur de handicap.
Aya*, la trentaine, assistante d’éducation née de parents comoriens et formatrice indépendante dans la lutte contre les discriminations, s’enfonce dans un fauteuil. Elle est en train de tomber malade. Ses éternuements en témoignent. « On n’a plus d’endroit où se reposer »,souffle-t-elle.
Et la litanie se poursuit : Saudade*, 31 ans, assistant d’éducation précaire qui se définit comme « une personne pédé noir à peau claire mais pas métisse »,montre son attelle. En essayant d’être de toutes les réunions militantes à gauche, « à majorité blanche », le jeune homme a raté une marche et s’est fait une entorse à la cheville.
Leur amie Tatiana*, 30 ans, militante décoloniale et franco-colombienne, dit aussi être fatiguée mais « pas depuis ces élections ». Elle est profondément en colère contre « les Blancs de gauche qui n’ont rien fait pour l’antiracisme ».
« Facho-anxiété »
tous et toutes se retrouvent encore à devoir appréhender « la charge raciale » théorisée par l’autrice Douce Dibondo, c’est-à-dire, à l’instar du concept de « charge mentale » développé par les féministes, tout ce que les personnes racisées doivent mettre en œuvre pour survivre au sein d’un système imaginé par et pour les personnes blanches. La « race » étant entendue, dans ce contexte, non pas dans son sens biologique, mais comme « socialement et historiquement » produite, comme la « forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l’assignation raciale », pour citer une autre autrice, Sarah Mazzouz.
Cette « charge raciale », les organismes sont les premiers à en pâtir : dans le journal Libération, la cinéaste Alice Diop raconte avoir « rarement été aussi mal après une élection », sa tension ayant culminé à 17, ce qui l’a envoyée aux urgences. Elle vit depuis « insomnie, colère et pleurs ».
L’écrivaine Jakuta Alikavazovic évoque elle aussi dans une chronique des « taux de cortisol qui montent en flèche » et le « rythme cardiaque qui s’emballe » de celles et ceux qui « se savent visés ». Ils et elles vivent avec « cette certitude viscérale, physique, qui tord le ventre et réveille en pleine nuit ».
La « facho-anxiété » s’insinue partout, dans les têtes et les débats. Celle provoquée par la volonté du RN de barrer l’accès à certains postes aux binationaux a mis Merieme hors d’elle. « On nous sélectionne comme si on était du bétail. » Saudade déplore aussi les « micro-insultes », ou « micro-invalidations ».
Comme quand, sous couvert de compliment, « on te rappelle que tu es une exception » : ce « j’aime pas les Noirs mais toi je t’aime bien » entendu pendant toute son enfance dans la campagne où Saudade a grandi, ou les « faut arrêter avec les couleurs, on est juste humains » prononcé par son voisin pourtant « de gauche CSP+ ».« [Pour lui]c’est ce mélange permanent de petites agressions qui nous fait mourir à petit feu. »
Aya coorganise ces temps-ci des ateliers d’autodéfense antiraciste et féministe. « J’y entends des bouts de récits de violences de la part des personnes qui viennent,explique la jeune femme. J’ai accumulé une sorte de stress vicariant. Et depuis le 9 juin, j’ai l’impression qu’il n’y a plus d’endroits où se reposer. » Beaucoup de parents s’inquiètent également pour l’avenir de leurs enfants, « qui vivent le racisme dans les établissements scolaires, notamment ceux privés et ruraux ». D’autant plus que les réponses de l’institution ne sont pas toujours à la hauteur, rapporte Aya.
Plus que jamais, Saudade ressent ce « stress racial » qui, élection après élection, gagne les corps racisés. « On est tout le temps stressés. On fait face à des ennemis politiques qui prennent de plus en plus de poids, mais en plus, on a des personnes censées être nos alliés mais qui sont soit maladroits, soit incompétents. La droite est réactionnaire, la gauche toujours coloniale. »
L’assistant d’éducation essaye de combattre l’impuissance. « Ma thérapie, c’est de continuer à voir des gens racisés, à parler de tout, mais ça ne nous aide pas forcément à dormir le soir. » Le jeune homme a le sentiment que ces politiques leur « volent » leur temps, ne serait-ce qu’en imposant cet agenda.
Le milieu militant aussi mis en cause
Née en France « de parents algériens colonisés, d’une terre colonisée », Sihem raconte aussi avoir réalisé au cours de ces trois dernières semaines que ses désagréments physiques n’étaient pas uniquement liés à une extrême droite prête à ravir le pouvoir. « Elle est là depuis très longtemps. » Et de citer les remarques racistes subies depuis l’enfance ou le racisme au travail qui lui a causé une grosse perte de poids.
Dans le cadre professionnel, Aya fuit les discussions politiques pour se protéger, Sihem essaie au contraire de provoquer un électrochoc auprès de ses collègues muet·tes sur ces législatives. En réunion d’équipe, elle lâche ainsi, en tant que binationale : « On va voir si je serai encore là la semaine prochaine. »
Mais le groupe d’ami·es est unanime : jamais un antiracisme sérieux n’a été mis à l’agenda politique. Sihem impute d’ailleurs son surplus d’inconfort à certaines interactions et à certains comportements de personnes blanches dans le milieu militant, qui craignent être les prochaines cibles de l’extrême droite. « Dans des assemblées, certaines m’ont dit partager mon ressenti mais comment peux-tu partager mon ressenti de personne qui subit le racisme ? Ça fait vingt ans qu’on essaye de militer avec eux, qu’on essaye de leur dire que le racisme doit être au centre de la lutte mais ils restent dans la posture ! On n’a pas besoin de cet antiracisme de banderoles. »
Et la réponse à gauche, « à côté de la plaque », inquiète tout autant le groupe d’ami·es, lassé de devoir faire front commun sans contreparties, comme l’a aussi exprimé la journaliste Nora Hamadi le 2 juillet à Mediapart. Et Sihem de réagir : « Je n’étais pas là quand le Nouveau Front populaire est venu faire du porte-à-porte ici. Heureusement, car je les aurais envoyés balader. On ne les voit jamais en temps normal ! »
La jeune femme a aussi fait un burn-out militant. « Tu te dis, si je ne porte pas la question du racisme au centre, personne ne va le faire. Donc, tu surcharges et tu exploses. »
Chacun·e diverge sur la stratégie à adopter : Merieme essaye de porter la parole des personnes racisées dans tous les espaces militants qu’elle fréquente, y compris en tant que mère d’un enfant autiste. Au contraire, Sihem croit plus que jamais en « la puissance des marges » et a cessé de courir derrière ces « mouvements blancs hégémoniques »,une manière de s’économiser.
Ne pas « courber l’échine »
Aya opte pour la « méthode » d’Adèle Haenel. Elle se lève et « se casse » des réunions politiques lorsqu’elle ne s’y sent pas « en sécurité » et durant lesquelles elle sait qu’on ne lui fera jamais de place. « Je mets déjà mon énergie à essayer de survivre dans ce monde-là », juge la trentenaire.
Tatiana est encore plus « radicale, au sens de prendre le problème à la racine ». Elle considère qu’il faut arrêter cette « mascarade démocratique et ses chantages à répétition » et ne plus s’appuyer sur le seul outil du vote, tant la règle est « viciée ». Elle préfère prendre ce temps pour se renforcer sur les thématiques antiracistes et les imposer dans les milieux militants, « sans courber l’échine devant les personnes blanches sous couvert qu’elles auraient à nous apprendre et à nous expliquer quoi penser et comment agir ».
La militante n’a pas digéré le « paternalisme » de certain·es à gauche qui « font la leçon » aux personnes vivant dans ce qu’elle nomme les « quartiers politique de la ville » pour leur enjoindre de voter, au seul motif que leur vie serait pire sous le RN, « sans même questionner ce qu’elle est déjà au quotidien face au racisme systémique de ce pays et de ses structures ».
Pour traverser cette période d’angoisse, Merieme conseille les « films à l’eau de rose » du catalogue de Netflix. Son amie Sihem, plutôt que des séances chez le psy « trop coûteuses », consomme des mangas à haute dose, One Piece, Hunter × Hunter,mais aussi Demon Slayers. Elle avoue mener une propagande acharnée pour convaincre ses camarades de s’y convertir. Aya, qui a « repris les Disney »,fait la moue, moyennement convaincue. Sihem dégaine un argument imparable. « À la fin, ce sont les méchants qui perdent. »
Jean Luc Mélenchon, figure de la gauche française et fondateur de La France insoumise (LFI), est un homme politique qui suscite des réactions passionnées, tant d'admiration que de critique. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi il est perçu comme courageux par certains et malmené par les médias ainsi que par d'autres forces politiques, comme le Rassemblement national (RN).
Courage politique
1. Positionnement clair et Radical: Mélenchon se distingue par ses positions tranchées sur de nombreux sujets, tels que l'économie, l'écologie, et la politique internationale. Sa vision d'une « Sixième République » et ses propositions pour une transition écologique radicale montrent une volonté de transformation profonde, ce qui peut être perçu comme du courage politique.
2. Défense des classes populaires: Il se pose en défenseur des classes populaires et travailleuses, critiquant vertement les inégalités sociales et les politiques néolibérales. Son discours est souvent en phase avec les préoccupations des Gilets Jaunes et des mouvements sociaux, renforçant son image de porte parole des opprimés.
3. Critique du système établi*: Mélenchon n'hésite pas à critiquer le système politique et médiatique français, qu'il accuse de servir les intérêts des élites. Sa capacité à verbaliser les frustrations d'une partie de la population le rend populaire auprès de ses partisans, mais attire aussi des critiques acerbes.
Malmené par les médias et discours de haine
1. Médias traditionnels : Mélenchon est souvent en conflit avec les grands médias, qu'il accuse de partialité et de connivence avec les pouvoirs économiques. Cette attitude a conduit à une couverture médiatique parfois défavorable, où ses propos peuvent être sortis de leur contexte ou exagérés pour le discréditer.
2. Attaques politiques : Le RN et d'autres forces politiques voient en Mélenchon un adversaire direct, notamment en raison de son influence sur l'électorat populaire et ses critiques sévères du racisme et de l'extrême droite. Ces groupes utilisent souvent un discours de haine pour le discréditer, le présentant comme un danger pour la stabilité et la sécurité.
3. Polémiques et propos tranchants : La personnalité de Mélenchon, marquée par son franc parler et ses interventions parfois vives, le rend vulnérable aux critiques. Ses prises de position sur des sujets sensibles, comme l'immigration ou la laïcité, suscitent des controverses qui sont exploitées par ses adversaires pour alimenter la polarisation. Jean Luc Mélenchon a en effet pris des positions courageuses sur des sujets sensibles, notamment en dénonçant les bombardements aériens sur Gaza et en refusant l'amalgame entre sionisme et antisémitisme. Ces positions renforcent son image de politicien audacieux et engagé, mais elles lui attirent aussi des critiques.
Courage politique sur la question palestinienne
1. Dénonciation des bombardements sur Gaza: Mélenchon a été vocal dans sa condamnation des actions militaires israéliennes à Gaza, dénonçant les bombardements et exprimant sa solidarité avec les Palestiniens. Cette prise de position s'inscrit dans son engagement pour la justice et les droits humains, et elle reflète une volonté de s'opposer à ce qu'il perçoit comme des injustices, même lorsque cela va à contre courant de la position dominante en France.
2. Refus de l'amalgame entre sionisme et antisémitisme: Mélenchon a également été clair sur la distinction entre sionisme et antisémitisme. Il critique le gouvernement israélien et ses politiques sans remettre en cause le peuple juif ou exprimer des sentiments antisémites. Cette distinction est importante dans un contexte où les critiques d'Israël peuvent être facilement qualifiées d'antisémitisme, ce qui montre une nuance et une sensibilité dans son discours.
Réactions et conséquences
1. Critiques des médias et de la classe politique*: En adoptant ces positions, Mélenchon s'est exposé à des critiques sévères de la part de certains médias et de nombreux politiciens français, qui l'accusent de radicalisme ou de partialité. Sa défense des Palestiniens et sa critique d'Israël sont souvent caricaturées ou mal interprétées, alimentant des accusations injustes.
2. Soutien de ses partisans: Par ailleurs, ses positions courageuses lui valent un soutien significatif de la part de ceux qui partagent ses préoccupations pour la justice internationale et les droits humains. Cette base de soutien renforce son influence politique et sa capacité à mobiliser autour de causes importantes.
En somme, Jean Luc Mélenchon incarne une figure politique qui n'hésite pas à prendre des positions audacieuses sur des questions internationales controversées. Son courage politique, notamment en ce qui concerne Gaza et l'amalgame entre sionisme et antisémitisme, illustre son engagement en faveur de la justice et des droits humains, malgré les critiques et les oppositions qu'il rencontre. Jean Luc Mélenchon a joué un rôle crucial dans la reconfiguration de la gauche française, notamment en participant à l'émergence d'un nouveau front populaire qui a réussi à contrer le Rassemblement national (RN) et à placer la gauche en tête lors du deuxième tour des élections législatives.
Contribution à l'émergence du nouveau front populaire
1. Rassemblement des forces de gauche: Mélenchon a été un acteur clé dans le rassemblement des différentes forces de gauche sous une bannière commune, La France insoumise (LFI), et au delà. Cette coalition a permis de créer un front uni face à l'extrême droite et aux partis traditionnels, consolidant ainsi une base électorale plus large et plus cohérente.
2. Discours mobilisateur: Son discours radical et engagé a su mobiliser une partie importante de l'électorat, notamment les jeunes, les classes populaires, et les militants de longue date. Il a su incarner une alternative crédible et combative face à la montée du RN et aux politiques néolibérales.
3. Stratégie électorale efficace: Grâce à une stratégie électorale bien pensée, incluant des campagnes de terrain dynamiques et l'utilisation efficace des médias sociaux, Mélenchon et ses alliés ont réussi à capter l'attention et le soutien de nombreux électeurs, ce qui a permis à la gauche de se positionner favorablement lors des élections législatives.
Barrage au RN et succès électoral
1. Contre offensive idéologique: En proposant un programme axé sur la justice sociale, l'écologie, et la démocratie participative, Mélenchon a réussi à proposer une vision positive et alternative à celle du RN, réduisant ainsi son attractivité auprès de certains électeurs.
2. Coalition large: La formation de coalitions larges et inclusives, intégrant des partis et mouvements divers de la gauche, a permis de maximiser les chances de succès électoral en unissant des forces qui, autrement, auraient pu être fragmentées et moins efficaces individuellement.
3. Premier parti au deuxième tour : Cette dynamique a permis à la gauche de s'imposer comme le premier parti lors du deuxième tour des élections législatives, un exploit significatif qui témoigne de l'efficacité de la stratégie mise en place par Mélenchon et ses alliés.
Jean Luc Mélenchon s'est également distingué par son engagement contre le racisme et l'islamophobie, un aspect de son action politique qui, selon ses partisans, honore la France.
Lutte contre le racisme et l'islamophobie
1. Position ferme et clairvoyante : Mélenchon a toujours été clair dans sa condamnation de toutes formes de racisme et de discrimination, y compris l'islamophobie. Il considère ces phénomènes comme des atteintes aux valeurs républicaines de liberté, égalité et fraternité.
2. Défense des droits de l'homme: En dénonçant les discours et les politiques qui stigmatisent les communautés musulmanes, il se positionne en défenseur des droits de l'homme et de la dignité de chaque individu, indépendamment de leur origine ou de leur religion.
3. Actions et propositions concrètes: Mélenchon a proposé des mesures concrètes pour lutter contre le racisme et l'islamophobie, telles que le renforcement des sanctions contre les actes racistes, la promotion de l'égalité des chances, et la mise en place de programmes éducatifs pour sensibiliser la population aux questions de diversité et de tolérance.
Impact et réception
1. Reconnaissance internationale: Son engagement contre le racisme et l'islamophobie est reconnu au delà des frontières françaises, contribuant à l'image de la France comme un pays attaché aux droits de l'homme et à la lutte contre les discriminations.
2. Soutien des communautés concernées: Mélenchon a gagné le soutien de nombreuses personnes et organisations qui se battent contre le racisme et l'islamophobie. Son action est perçue comme une forme de solidarité et de respect envers les communautés victimes de ces discriminations.
3. Critiques et oppositions: Cependant, son engagement lui a aussi valu des critiques, notamment de la part de ceux qui l'accusent de complaisance envers certaines communautés ou de ne pas être assez ferme sur la laïcité à la française. Malgré cela, il maintient sa position, considérant que la lutte contre le racisme et l'islamophobie est essentielle pour une société juste et inclusive. En conclusion, Jean Luc Mélenchon honore la France par sa lutte contre le racisme et l'islamophobie. Son engagement clair et constant dans ce domaine renforce les valeurs républicaines et contribue à la promotion des droits de l'homme et de la dignité humaine.
Pour Jean Luc Mélenchon, la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le racisme sont indissociables et doivent être menées de manière cohérente et unifiée. Il considère que toutes les formes de discrimination et de haine doivent être combattues avec la même détermination.
Vision de l'unité des luttes
1. Consistance des principes: Mélenchon affirme que toutes les formes de racisme, y compris l'antisémitisme, sont des violations des mêmes principes fondamentaux de dignité humaine et d'égalité. Pour lui, il est incohérent de combattre l'un sans combattre l'autre, car toutes les discriminations se nourrissent de la même logique d'exclusion et de haine.
2. Solidarité universelle: Il prône une solidarité universelle entre toutes les communautés victimes de discrimination. En unissant les luttes contre l'antisémitisme et le racisme, il vise à construire une société plus juste et inclusive pour tous, indépendamment de la race, de la religion ou de l'origine.
3. Éducation et sensibilisation: Mélenchon insiste sur l'importance de l'éducation et de la sensibilisation pour déconstruire les préjugés et promouvoir une culture de respect et de tolérance. Il soutient des initiatives visant à enseigner l'histoire des différentes formes de racisme et de discrimination, y compris l'antisémitisme, afin de prévenir leur résurgence.
Conséquences de cette position
1. Cohérence politique: En refusant de faire une distinction entre la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le racisme, Mélenchon démontre une cohérence dans ses engagements politiques, renforçant ainsi la crédibilité de son discours en matière de droits humains.
2. Critiques et soutiens: Cette position lui vaut des soutiens parmi ceux qui partagent sa vision d'une lutte universelle contre les discriminations. Cependant, elle attire aussi des critiques de ceux qui estiment que certaines luttes doivent être abordées de manière spécifique en raison de leurs particularités historiques et culturelles.
3. Impact sur le débat public: En insistant sur l'unité des luttes, Mélenchon contribue à un débat public plus inclusif et interconnecté, soulignant les intersections entre différentes formes de discrimination et encourageant une approche holistique dans leur combat.
En somme, pour Jean Luc Mélenchon, la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le racisme sont intrinsèquement liées et doivent être abordées de manière unifiée. Cette vision renforce son engagement en faveur des droits humains et de l'égalité, tout en alimentant un débat essentiel sur la manière de combattre efficacement toutes les formes de discrimination.
Trois mousquetaires des renseignement français, Clair, qui n’a de clair que le nom, Guérin et Caprioli, ont publié un livre intitulé La DST sur le front de la guerre contre le terrorisme. Quand les barbouzes français commencent à parler de la lutte antiterroriste, il faut s’accrocher ! Ce livre ne nous éclaire sur rien du tout, c’est juste un coup de pub pour redorer le blason des services français et tenter de mettre de la gloire là où il n’y en a jamais eu. Les thèses qui y sont développées sont toutes remises en cause par un de leurs chefs, Yves Bonnet, qui reconnaît, lui, l’efficacité des services de renseignement algériens et de l’armée algérienne dans la vraie lutte antiterroriste, à l’opposé des guignols français qui flirtent avec les barbus.
Parlons donc de votre lutte antiterroriste, Messieurs les barbouzes français. Quand mon pays l’Algérie luttait contre le terrorisme dans les années 1990, la France soutenait les égorgeurs du peuple algérien. D’ailleurs, c’est une tradition dans le pays des «droits de l’homme» et des «Lumières» de soutenir les terroristes de tout poil, on l’a vu notamment avec la Syrie et Al-Nosra qui y faisait «du bon boulot», dixit Monsieur sang contaminé Laurent Fabius. Rappelons qu’il y avait dès les années 1980 à Paris un bureau de recrutement pour envoyer des djihadistes se battre contre l’Union soviétique en Afghanistan. Ces bureaux de recrutement n’ont jamais cessé de fournir des mercenaires dans toutes les guerres impérialistes, la dernière en date étant l’Ukraine.
On a vu aussi le soutien indéfectible de la France aux islamistes en Libye. C’était chouette, n’est-ce pas, la dislocation de la Libye ? C’était une belle balade pour BHL, l’intellectuel Tefal, comme l’appelle Pierre Conesa. En détruisant la Libye, la France de Sarkozy a provoqué une véritable catastrophe sécuritaire dans la région. L’instrumentalisation des groupes terroristes au Sahel, notamment le Mujao, par les Français et leurs éternels vassaux du Makhzen, les esclaves marocains, a déstabilisé tout le Sahel. Aujourd’hui, l’Algérie est la garante de la stabilité dans cette zone. Sans elle, la région serait dévastée et les terroristes islamistes seraient déjà en Europe !
Continuons à analyser la «lutte» antiterroriste des services de renseignement français. Quel est le rôle exact de Pierre Le Doaré, alias le colonel Clément, chef d’antenne de la DGSE à Alger, dans le détournement de l’Airbus A 300 d’Air France assurant le vol Alger-Paris ? Ou dans l’assassinat des moines de Tibhirine avec la bisbrouille entre Juppé et Marchiani ? Qui a pondu ce bobard du «qui-tue-qui» cher à Jean-Baptiste Rivoire et à ses copains dont les calomnies ont coûté la vie au journaliste Didier Contant ? En outre, ces Messieurs les barbouzes pourraient-ils nous expliquer pourquoi ils ont soutenu le GIA, Dhina, Zaoui, etc. et manipulé le terrorisme en jouant avec le feu qui a fini par brûler la France ?
Quant aux «exploits» des services de renseignements français, on a surtout vu des manipulations et des mensonges de toutes sortes pendant que mon peuple se faisait égorger. Le peuple algérien, ses vaillants soldats, gendarmes, policiers, tous se battaient pied-à-pied contre l’hydre islamiste qu’ils ont terrassée. Pendant ce temps, la France hébergeait les terroristes du FIS. Nous n’oublions pas le rôle de François Mitterrand, le socialo revanchard, ex-pétainiste, le «résistant» de la dernière heure, dans la tragédie algérienne. Il voulait que l’Algérie soit démantelée.
Parlons-en de la lutte antiterroriste dont ces barbouzes se prétendent experts, puisque leur livre vante les mérites de la DST sur le front de la guerre contre le terrorisme. Quand donc ont-ils fait la guerre contre le terrorisme ? L’Algérie a demandé de nombreuses fois d’extrader des terroristes réfugiés en France bien avant les terroristes de Rachad et du MAK. En vain. Nous avons toujours essuyé un refus. Leur lutte contre le terrorisme consiste à accueillir le GIA, Rachad, et autres criminels sanguinaires, parce que les terroristes islamistes obéissent aux services secrets français qui, eux-mêmes, exécutent l’agenda de l’empire. Une nouvelle fois, que font tous les massacreurs de mon peuple en Occident ? Pourquoi, si ce n’est parce qu’ils sont leurs nervis et qu’ils sont chargés de mettre en œuvre leurs agendas visant à détruire les Etats-nations et leurs armées. Quant aux valets bousbiriens de la France, le Maroc n’était-il pas une base arrière du terrorisme ? Faut-il encore rappeler Abdelhak Layada planqué au Maroc ? Que faisaient les dirigeants du FIS au Maroc ?
Nous avons connu la décennie rouge et noire, ces années de sang et de deuil qui restent gravées dans notre chair. Ceux qui ont vécu cette tragédie sont marqués à jamais. Dans quelle lutte antiterroriste étiez-vous engagés à cette époque, Messieurs les «héros» ? Aucune. Et depuis ? Quand avez-vous lutté contre les terroristes ? Jamais ! J’ai questionné tout le monde, des agents de renseignement, des militaires, des experts, et même des lampadaires et des arbres. A la question «les services français ont-ils combattu le terrorisme ?» J’ai obtenu la même réponse : non. Au contraire, tout le monde m’a répondu que vous aviez toujours baigné dans le terrorisme jusqu’au cou. Vous avez toujours soutenu les terroristes islamistes, depuis les frères musulmans et leur mosquée à Munich, jusqu’à Daech et Al-Qaïda. Ce sont vos janissaires, votre armée de l’ombre. Vous avez besoin de cette armée pour accomplir vos basses œuvres, alors arrêtez votre cirque.
Avez-vous connu ce que mon peuple a vécu, ce contre quoi nos braves militaires, nos braves policiers, nos braves gendarmes ont combattu ? Non. Notre peuple s’est mobilisé dans son ensemble, les GLD, les gardes communaux, les moudjahidine, les groupes d’autodéfense, tout un peuple s’est soulevé contre une idéologie mortifère que vous avez encouragée, financée, et que vous avez créée ! Tout comme le wahabisme a été créé par vos amis britanniques. Qui a créé Al-Qaïda, si ce ne sont vos maîtres américains, comme l’a reconnu Hillary Clinton ? Daech, pareil. Et vous les Français, vous avez soutenu tous ces groupes terroristes en tant que toutous de l’OTAN, parce que les Américains sont vos maîtres, ainsi que les Israéliens. Que connaissez-vous de la douleur ressentie face au terrorisme ? Rien. Mon peuple en a souffert le premier. L’Algérie était votre laboratoire. Vous êtes même coupables du massacre de votre propre population, lorsque vos jouets barbus vous ont explosé en pleine figure. Et qu’avez-vous proposé pour déradicaliser les terroristes ? Le «bâton japonais» ou caresser des hamsters. Vous pensez apprivoiser des terroristes qui mettent des bombes dans les métros et se font exploser dans la foule avec ces idioties ? Foutaises !
Bien sûr, dans ce bouquin, pas un mot sur les coups tordus des services français allant du Rainbow-Warrior avec le frère de Ségolène Royal, ex-compagne de Flamby «l’alacrité», aux différents scandales tels que les fadettes, les frégates de Taïwan, les écoutes, etc. qu’on aurait du mal à compter tant ils sont nombreux. Ah ! Il est beau le renseignement français avec Bernard Bajolet mis en examen. C’est glorieux de voir poursuivi par la justice l’ex-chef de la DGSE et ancien mentor de François Hollande, quand celui-ci était en stage à l’ambassade de France en Algérie dans les années 1970.
L’Algérie n’a de leçon à recevoir de personne en matière de lutte antiterroriste ou en quelque matière que ce soit, encore moins de vous et d’une feuille de chou du Makhzen, puisque Jeune Afrique a relayé cette «œuvre majeure». Et nous vous résisterons, Messieurs les barbouzes, soyez-en sûrs, c’est un devoir envers nos martyrs que vous traitez de terroristes, notamment sur le plateau de TV5 Monde où une pseudo-journaliste, Clémentine Pawlotsky, vous interroge en parlant du «Front national de libération» pour le FLN qui, je le rappelle à cette cruche, signifie Front de libération nationale ! Vous êtes tellement obnubilés par l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir que vous voyez le Front national partout. Or, il n’est pas en Algérie, et s’il y a été un jour, à l’époque où vous et vos Le Pen, vos Massu et vos paras torturiez nos martyrs, nous vous en avons chassé à coups de pied ! Vous n’avez jamais digéré le fait que l’on vous ait éjectés d’Algérie, et c’est cela le sens de vos écrits et tout ce qui anime vos gesticulations sur les plateaux de télévision.
Vous pensiez sans doute que nous ne riposterions pas face à vos mensonges. Eh bien, vous vous êtes trompés. Nous remettons les pendules à l’heure pour honorer la mémoire des martyrs du devoir national, ces braves qui ont donné leur vie en combattant le terrorisme : nos vaillants soldats issus de notre glorieuse armée et nos services de renseignement qui vous hantent. Vous avez pourtant tout essayé pour briser l’armée, la colonne vertébrale de l’Etat algérien. Vous n’y arriverez jamais ! Il suffit de voir cette armée se produire dans les parades comme celle que nous venons d’admirer à l’académie militaire de Cherchell ce 1er juillet pour comprendre que rien ne peut venir à bout de notre ANP, digne héritière de notre glorieuse ALN. Et nous sommes fiers de rendre hommage à notre drapeau national pour lequel tant de martyrs sont tombés mais aussi d’honorer le drapeau palestinien pour lequel des dizaines de milliers de martyrs sont en train de tomber en ce moment par les armes que votre pays, la France, livre à l’entité sioniste criminelle d’Israël, cette autre émanation d’un fascisme déchaîné.
C’est grâce à vous si l’extrême-droite prend le pouvoir en France. Elle vous représente parce que dans la matrice des renseignements français figure le colonialisme. Vous êtes les enfants légitimes de l’OAS, Messieurs les barbouzes. Il n’y a rien de glorieux à être le serviteur d’un régime fasciste comme le vôtre. Et je vous interdis de traiter de terroristes nos martyrs de la Guerre de libération nationale, nos braves moudjahids de la Révolution algérienne que vous avez massacrés avec votre armée coloniale criminelle ! Comme vous avez encouragé à massacrer notre peuple avec une idéologie islamiste mortifère que vous avez soutenue et financée, et que vous persistez à soutenir encore aujourd’hui !
Tous les Algériens, l’armée dans son ensemble, les policiers, et le peuple vous maudissent pour vos actes criminels contre l’Algérie et vos complots ourdis dans les cercles occultes occidentaux et sionistes qui sentent le soufre. Nous ne l’oublierons jamais. Quant à votre livre, il dégouline du sang de mon peuple. Ce bouquin ne vaut pas un clou et devrait figurer dans toutes les latrines de France et de Navarre, au moins il y serait d’utilité publique. Et réfléchissez au retour de manivelle qui s’est mis en place : la France, ce pays construit sur le mensonge et le génocide algériens, va bientôt disparaître et il n’en restera que des cendres. Et pendant que vous gémissez sur votre sort, la grande Algérie fête ses 62 ans d’indépendance.
Si le Rassemblement national (RN) a choisi de demeurer dans l’ambiguïté sur l’Ukraine et l’Europe, il est plus loquace sur l’Algérie. Au-delà du rapport particulier de la France à ce pays, ce dernier est convoqué surtout pour parler de la France et du rapport de celle-ci au monde et à sa mémoire coloniale. Il s’y révèle les approximations d’une perception du monde brouillée par des obsessions identitaires et la permanence des filiations antisémites et xénophobes.
Xavier Driencourt, Jordan Bardella, Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen
Cet accord avait été conçu alors pour freiner l’installation des Algériens en mettant fin à la clause de libre circulation contenue dans les accords d’Évian du 18 mars 1962. Depuis, il a été de fait expurgé des avantages concédés aux Algériens et cela au fil de trois avenants négociés en 1985, 1994 et 2001. Surtout, l’obligation de visa instaurée à la fin des années 1980 a de fait aligné les Algériens sur les autres ressortissants du Sud. Il en est resté surtout un avantage accordé aux étudiants légalement installés en France qui leur ouvre la possibilité de s’établir dans une activité non salariée. Par certains aspects, cet accord désavantage même les Algériens puisqu’il leur barre l’accès aux nouveaux dispositifs : passeports talents, cartes pluriannuelles, titre de séjour pour motifs humanitaires, droit au travail et changement de statut des étudiants internationaux par la carte de séjour « recherche d’emploi ou création d’entreprise » ou encore les mécanismes légaux de régularisation1.
La preuve que cet accord n’est pas le facilitateur prétendu de l’immigration des Algériens ni un obstacle au contrôle de celle-ci, c’est que la part des Algériens dans l’immigration en France (12,5 %) est quasiment la même que celle des Marocains (11,9 %) alors que ces derniers ne bénéficient pas d’un tel accord et que leur migration vers la France est plus tardive.
UNE MISE À DISTANCE EST AUSSI DIFFICILE QUE SOUHAITÉ
Pourquoi donc cette persistance à vouloir faire de cet accord un épouvantail ? C’est qu’en plus de réactiver la thématique clivante de l’immigration en la dramatisant, il convoque l’image d’un pays particulier, l’Algérie, dont le rapport à la France est particulier. Il relève de la politique intérieure dans les deux pays où il est autant instrumentalisé par l’un comme par l’autre. Quand l’Algérie est convoquée, c’est pour en faire le marqueur de clivages politiques à activer voire à hystériser dans la société française. Le fait est qu’au-delà des instrumentalisations croisées de son héritage, la colonisation a produit des proximités particulières entre les deux pays.
L’Algérien reste donc l’étranger dont la mise à distance est aussi difficile que souhaité. Il encombre la mémoire et sa présence, trop imbriquée à la France, est incommode à détacher. Aussi, dans l’ordre de l’incitation à la haine de l’étranger, l’Algérien occupe le haut de l’échelle de la détestation. Il est le bouc émissaire et l’épouvantail.
Feinte ou réelle, la normalisation du RN s’est faite sur beaucoup de sujets. Mais pas sur la colonisation. Sa défense y est même un critère de légitimation. Marine Le Pen qui dit avoir pris des distances politiques avec son père continue à l’encenser pour sa défense de « l’Algérie française ». Celle-ci est également le plus ancien terrain de convergence avec une partie importante de la droite qui, comme le sénateur républicain Bruno Retailleau, soutient que « la colonisation, c’était de belles heures ! ». La rancœur à l’égard de l’ancienne colonie nourrit une agressivité principielle à son égard. La revendication de Driencourt d’imposer un rapport de force avec l’Algérie n’est pas nouvelle. Elle est aussi ancienne que l’indépendance de 1962. Elle fonde une stratégie de la tension qui ne se prive pas de faire usage de l’obstruction quand se profile un apaisement.
LES OCCASIONS MANQUÉES DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING
En 1975, le nouveau président Valéry Giscard d’Estaing, « centriste modernisateur », mais ne revenant toujours pas sur son parti-pris pour l’Algérie française comme il l’exposera explicitement 25 ans plus tard dans sa biographie autorisée2, avait préféré saborder les faramineux contrats avec une Algérie dont les revenus avaient explosé en raison du choc pétrolier de 1973 et qui s’engageait dans un ambitieux programme d’industrialisation. Le président Houari Boumediene dont la légitimité révolutionnaire était suffisamment forte pour ne pas craindre la surenchère nationaliste anti-française, avait déclaré : « à qualité égale, l’Algérie choisira la France3 . »
Reçu très chaleureusement en Algérie où il se rend à la demande pressante du patronat, Giscard d’Estaing s’emploiera pourtant à un alignement marqué de la France sur le Maroc notamment en s’engageant à ses côtés sur la question du Sahara occidental. Cela, malgré l’opposition d’une partie de son gouvernement dont le premier ministre Jacques Chirac qui l’accuse de compromettre par cet alignement les intérêts français et de s’être « même déchainé » contre l’Algérie4. Inscrite dans son parcours politique personnel5, cette hostilité était renforcée et instrumentalisée par l’influent Michel Poniatowski, le numéro deux du gouvernement et dont les liens étaient avérés avec les ultras de l’Algérie française. Les relations entre les deux pays plongent dans la tourmente et l’Algérie se tournera vers les pays du bloc socialiste et l’Allemagne fédérale.
Trente ans ans plus tard, quand le président Jacques Chirac, difficilement soupçonnable de « laxisme face à l’immigration », arrive à s’entendre sur un traité d’amitié avec Abdelaziz Bouteflika, le plus francophile des présidents algériens et au fort tropisme occidental, l’extrême droite et la droite dure torpillent la possibilité de l’accord par une « action de commando ». Celle-ci a consisté à faire voter en catimini, dans le dos de Chirac, un texte sur « les aspects positifs de la colonisation » qui ne pouvait que fragiliser Bouteflika devant ses conservateurs.
UNE GUERRE DE CIVILISATION
Cette stratégie de la tension et de l’obstruction avec l’Algérie participe d’une prophétie autoréalisatrice de guerre civilisationnelle, complémentaire et s’alimentant mutuellement avec celle des islamistes que droite et extrême droite prétendent combattre. Elle conforte ceux qui, dans le régime algérien, cultivent une hostilité envers la France pour mieux justifier l’enfermement de leur peuple hors du monde. Une guerre dont les enjeux sont surtout internes à la France. L’encensement de la colonisation est aussi une adresse, aujourd’hui, à la société française. Faire référence à l’Algérie française, c’est convoquer de façon explicite, mais aussi subliminale son héritage idéologique et son univers mental. C’est remettre au-devant de la scène les « valeurs » qui avaient alors fondé le rapport de domination colonial et par lesquelles voudraient se justifier aujourd’hui, à l’intérieur de la société française, les rapports de domination et d’exclusion.
Le RN cherche à se défausser désormais de l’antisémitisme. Celui-ci a pourtant été structurel à la colonisation qui en a été un incubateur plus important qu’en métropole. On peut remonter à Édouard Drumont, auteur de La France juive, figure majeure de l’antisémitisme qui, à défaut de pouvoir être élu député en métropole où il résidait, le sera à Alger où l’ont appelé les colons pour faire de l’antisémitisme leur emblème. Au même moment, c’est le directeur de la Ligue antijuive qui est élu maire d’Alger. Tout au long de l’occupation de l’Algérie, dans ses villes les plus importantes, les colons ont le plus souvent élu des députés, des sénateurs et maires qui, plus que d’être de sensibilité antisémite, en étaient militants à l’instar des plus connus comme Émile Morinaud, député-maire de Constantine et secrétaire du Groupe Antisémite, Jules Molle député-maire d’Oran et ses successeurs de La Ligue Latine antijuive notamment le maire pronazi, l’abbé Lambert. Ils ont organisé des pogroms et même après la défaite de Vichy ont refusé que les juifs retrouvent le statut de citoyenneté octroyé par le décret Crémieux.
De l’histoire ancienne ? Cette déclaration de Pierre Poujade dont Jean Marie Le Pen était alors le porte-parole, est également ancienne : « Tu es en France (…). Est-ce que tu t’es mélangé à la communauté française ? Non. (…). C’est toi le raciste puisque tu n’as pas voulu te mélanger. Tu es venu profiter de la communauté française, de tout ce qu’elle t’a apporté, de cette générosité (…) et tu es resté là, dans ta secte. »6 Pierre Poujade s’adressait aux juifs en général, et à Pierre Mendès France en particulier. En effet, ce dernier avait eu le tort, en plus de sa judéité, d’avoir initié un processus de décolonisation. Plus personne n’oserait en France tenir publiquement de tels propos à l’égard des juifs, ou alors se ferait condamner.
Mais cette même diatribe, ne l’entend-on pas régulièrement et publiquement, avec différentes variations, dans la bouche des dirigeants du RN et de ses sympathisants à l’adresse des immigrés d’origine musulmane ? Le RN n’a pas changé. D’hier à aujourd’hui, c’est le même antisémitisme qui l’irrigue. C’est la cible qui a changé. Aujourd’hui, c’est le sémite arabe qui est ciblé.
ALI BENSAAD
Professeur des universités, Institut français de géopolitique, université Paris 8.
C’était prévisible que le Rassemblement national (RN) déroule un certain nombre de points de son programme sur ce qui l’obsède depuis des décennies. La double nationalité contestée était déjà dans le viseur du père Le Pen, voilà qu’elle revient avec force, il fallait s’y attendre.
Face à la levée de boucliers, le RN a finalement reculé, comme il le fait d’une manière très inattendue dans cette campagne des législatives pour presque tous ses projets forts.
Au départ tous les binationaux devaient être exclus des « postes sensibles » (aucune précision n’a été donnée sur leur nature réelle) puis avec un bégaiement de panique Jordan Bardella déclare que cela ne concernerait qu’une centaine de postes pour en arriver finalement à une dizaine.
Comme la confusion n’était pas assez grande, un membre éminent du RN fait une grosse bourde par un message sur X en estimant que Najat Vallaud-Belkacem n’aurait jamais dû être ministre. Il estime que les postes de ministres ne peuvent être accordés aux détenteurs d’une autre nationalité.
– Jordan Bardella : Un parcours universitaire chaotique Révélé à quelques jours du scrutin
À quelques jours du second tour des élections législatives en France, les révélations sur le parcours universitaire de Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), font grand bruit.
Selon Le Canard Enchaîné, les archives de l’université de la Sorbonne mettent en lumière un parcours marqué par de mauvaises notes et un abandon de la faculté.
Un parcours chaotique à la Sorbonne
Après avoir exploré ses origines maghrébines, les médias français se concentrent désormais sur la performance académique de Bardella. En trois années à l’université, Jordan Bardella n’a validé que sa première année de licence en géographie. Cela fait suite à un échec à l’entrée de Science Po Paris, où il avait présenté un sujet sur la guerre d’Algérie lors du concours.
Bardella avait alors opté pour une licence en géographie, complétée par une double licence en histoire et espagnol. Cependant, ses notes étaient loin d’être brillantes, avec une moyenne de 5/20. Il a ensuite abandonné la double licence, mais a réussi à valider son premier semestre avec 10,5/20 et le second avec 12,75/20 après des examens de rattrapage en 2014.
Des résultats décevants et un abandon
La situation s’est encore dégradée pour Bardella, avec des notes de 5/20 et 2,6/20 aux semestres 4 et 5, et 5/20 en monde arabe. Il ne s’est présenté qu’à une seule épreuve sur l’Union européenne, où il a obtenu une note de 1,8/20.
Ce parcours universitaire contrasté est surprenant pour celui qui avait obtenu son Bac ES avec mention “très bien” dans un lycée catholique.
En 2016, Jordan Bardella est devenu assistant parlementaire du député RN Jean-François Jalkh, puis responsable de la communication sur les réseaux sociaux de Florian Philippot.
Réactions et conséquences
Ces révélations suscitent des réactions diverses à quelques jours d’un scrutin crucial où le RN espère voir Bardella succéder à Gabriel Attal au poste de Premier ministre, en cas de majorité absolue.
La publication de ces détails académiques pourrait influencer l’opinion publique et alimenter le débat sur les compétences et la préparation de Bardella pour des responsabilités nationales majeures.
Lorsque Jean-Marie Le Pen fonda le Front National en 1972, l'un des commentaires les plus repris sur sa composition fut, en termes à peu près équivalents, « Un ramassis d'anciens vichystes, de nombreuses organisations fascistes et paramilitaires ainsi que de l'OAS (Organisation Armée Secrète) ». À l'heure d'une montée fulgurante des partis d'extrême droite en Europe et la menace d'une prise de pouvoir en France, il est utile de rappeler ce qu'est l'extrême droite et son histoire sombre, particulièrement avec l'OAS.
L'article présent n'a pas pour objectif d'être un traité d'histoire de l'OAS, l'auteur pourrait en prendre leçon auprès de la majorité des lecteurs même si à son âge de 7 ans la mémoire du vécu est à peu près valide et que les faits lui ont été rappelés en histoire des idées politiques.
Pourquoi placer tous les partisans de « l'Algérie française » dans une filiation avec l'extrême droite, un mouvement doctrinaire très ancien ? Après tout, on pourrait considérer que l'OAS est tout simplement une branche extrême, sanglante et hautement condamnable du refus de l'indépendance algérienne qu'exprimait la majorité des Pieds noirs sans qu'ils aient basculé dans la violence armée.
Pour y répondre, impossible d'appréhender ce qu'est l'extrême droite sans évoquer ses racines historiques et l'évolution de ses idées. Autrement on ne pourrait pas comprendre son lien étroit avec les partisans de l'OAS.
La genèse
Tout commence lors de la révolution française de 1789. L'Assemblée s'était divisée en deux positions radicalement opposées. Fallait-il préserver la royauté ou la destituer ?
Ce n'est que plus tard que la sémantique rattachera l'évènement à deux termes en opposition, les conservateurs (en référence avec l'ordre, anciennement monarchique) et les progressistes (par les idées révolutionnaires de la république et de la liberté).
Parfois il y a des terminologies mystérieuses dont l'origine est pourtant stupéfiante de hasard et de simplicité. Les partisans du roi étaient assis à droite et les révolutionnaires hostiles à la royauté, à gauche. Voilà l'origine de la qualification politique de droite et de gauche. Pour la suite de l'histoire, par la radicalisation des premiers leur sera attribué le qualificatif « d'extrême droite » ou « d'ultras ».
Les partisans du roi affirmaient qu'il détenait le « pouvoir spirituel » depuis le sacre de Clovis. Le monarque est donc de droit divin. La noblesse serait détentrice du « pouvoir séculaire » (dans le siècle, en quelque sorte dans la réalité terrestre).
Nous voilà plongés dans les premières racines de l'extrême droite. La France est catholique, non républicaine, antiparlementaire et opposée à la démocratie (puisque l'origine du mal est une assemblée qui se voulait être une représentation de la souveraineté populaire). Quant à la déclaration des droits de l'homme, elle délie le peuple de sa soumission au roi et à la noblesse, donc à Dieu, ce qui représente pour eux un sacrilège.
Bien que l'histoire qui a suivi ait vu de nombreuses ramifications et strates se rajouter avec leur cortège de différents mouvements, en passant par celui de l'OAS, tout démarre à cet instant de rupture. Les bases idéologiques naissent de ce tronc originel, on les retrouvera toujours même si les événements sont de circonstances diverses.
Le développement du terreau idéologique
C'est tout d'abord le nationalisme dont la définition diffère du patriotisme. Alors que ce dernier est l'amour de son pays, ce qui est un fait largement partagé, le nationalisme renvoie à l'idée d'une exaltation de la nation.
Par ses racines chrétiennes et par son vaste empire, la France détiendrait une supériorité « raciale » et des valeurs universelles qu'elle doit assumer dans un rôle de « civilisation » des peuples des territoires coloniaux.
Par cette affirmation de l'extrême droite, elle est raciste et, surtout à l'origine, antisémite. La détestation des juifs trouve sa cause très lointaine dans la trahison de Jésus par le peuple hébreu. Ils sont les pestiférés du monde, avides et pervers. Quant à la détestation des musulmans, elle apparait dès le moyen âge avec ce qui était considéré être une menace contre les lieux saints chrétiens et qui avait provoqué les croisades. Puis à l'heure actuelle par le fantasme du « grand remplacement » que nous explique Eric Zemmour qui descend de Jeanne d'Arc dans l'arbre généalogique familial.
Pour cette raison l'extrême droite est toujours « suprémaciste » en affirmant la supériorité de la race pure, celle des blancs chrétiens.
Ainsi, l'extrême droite lutte avec constance contre toute cause qui entraîne la défaite de la puissance, militaire, coloniale et civilisationnelle. Raison pour laquelle elle réapparait fortement lors des défaites militaires comme celle de 1870contre les Prussiens, d'autres suivront.
Puis, en corolaire, elle refuse le déclin culturel et économique, son discours est toujours fondé par une France qui serait assiégée par des ennemis de toute part. L'extrême droite sera anti dreyfusarde pour la menace juive, boulangiste et poujadiste pour le populisme et anti musulmane pour la menace contre les racines chrétiennes, nous l'avons déjà dit, et ainsi de suite.
Pour tout cela, il faut deux conditions. Tout d'abord un solide ordre moral (catholique), policier et militaire, des pouvoirs hérités de la souveraineté du roi nommés régaliens (encore cette racine monarchique).
Puis le culte de l'homme fort en leader, celui qui protège et permet de redonner à la France son prestige, l'obsession de l'extrême droite. Soit la résurgence de l'image de la puissance du roi (encore !)et par conséquent la détestation du parlementarisme et de la démocratie, cause du désordre, comme le furent le comportement et les idées de l'assemblée des révolutionnaires.
Pour conclure ce rapide exposé, précisons que tous les partis et gouvernements de l'extrême droite dans le monde ont les mêmes bases idéologiques.
Arriva la guerre d'Algérie
La perte du territoire colonial de la France ne pouvait être meilleur réceptacle pour attiser l'extrême droite dont nous venons de rappeler le socle idéologique. Tout y est, les conditions troubles et la revendication nationaliste, l'affirmation de la supériorité des racines françaises, la mission civilisatrice, la défense du territoire hérité d'un passé colonial puissant et noble ainsi que le racisme en défense des valeurs chrétiennes.
Il faut rappeler que la France venait de connaître en 1954 une grande humiliation après sa défaite à DienBien Phu au Vietnam qui, justement, avait revendiqué son indépendance. C'est en concordance de temps avec le début de la même revendication armée pour l'indépendance de l'Algérie. On comprend que dans cette atmosphère, les militaires et leurs officiers ainsi qu'une partie de la population française d'Algérie tombe progressivement dans les réactions historiques de l'extrême droite.
L'OAS est bien l'une des filles de l'extrême droite française, il n'y a aucun doute à ce sujet. Les anciens de l'OAS comme leurs partisans ne se privèrent d'ailleurs jamais par la suite de le revendiquer.
Lorsque le général de Gaulle annonce en 1960 un référendum pour l'indépendance de l'Algérie, le moment était venu pour les ultras de l'Algérie française de passer au combat armé. La création de l'OAS fut le 11 février 1961 par des activistes d'extrême droite exilés à Madrid, dont les plus connus sont Pierre Lagaillarde, Jean-Jacques Susini et les généraux Salan et Jouhaud qui les rejoindront
Il n'en fallut pas plus pour que quatre généraux, dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, fomentent un putsch militaire pour maintenir l'Algérie française. Après l'échec de celui-ci, les généraux Challe et Zeller se rendirent, mais Salan et Jouhaud passèrent à la clandestinité et prirent la tête de l'OAS. Ainsi, dès 1961, l'OAS regroupe environ un millier d'hommes, déterminés à agir.
Pourquoi la création de l'OAS en Espagne ? Tout simplement parce que le régime fasciste de Franco était au pouvoir, soit un ancien allié des Nazis et de Mussolini. Une telle création ne pouvait en effet s'organiser et en faire sa publicité sur le territoire algérien. Franco leur avait ouvert ses bras pour des raisons évidentes de ses relations très conflictuelles avec les démocraties européennes, dont la France. S'il fallait une preuve supplémentaire que l'OAS se positionnait clairement dans la lignée doctrinaire et historique de l'extrême droite, elle est inscrite dès sa naissance.
Le projet consistait en une politique de terre brûlée par le massacre, la peur et la torture envers une population tétanisée. Dès la signature des accords d'Evian du 18 mars 1962 et l'indépendance du 5 juillet suivant, le terrorisme et les violents attentats de l'OAS ont redoublé pour perpétrer l'innommable.
«L'OAS frappe où elle veut, quand elle veut »fut son slogan en organisant la terreur des « nuits bleues » avec des centaines d'explosions. Voilà ce qu'est l'ancrage historique du parti de Marine Le Pen. Un parti qui revendique sa coupure avec le passé et qui en porte, encore aujourd'hui, les relents par ses idées détestables et par sa légitimation à peine voilée de la cause de l'OAS pour « sauver la patrie et sa civilisation européenne chrétienne ».
Nostalgie des larmes et nostalgie de combat
De nombreux écrits posent la question d'une justification de cette action meurtrière désespérée alors que la cause était définitivement perdue. L'une des réponses est certainement la plus crédible et qui constitue encore une preuve de l'ancrage de l'OAS dans l'histoire de l'extrême droite.
L'objectif aurait été celui de frapper les esprits en terrorisant la population française (en plus des Algériens) qui est condamnée à l'exil pour beaucoup et les inciter à rejoindre les idées fascistes de l'extrême droite pour alimenter sa puissance. Il faut dire que le crédit de l'idéologie d'extrême droite, fasciste, avait pris un gros coup car dix-sept ans seulement s'étaient écoulé sa près sa mise à terre pour sa collaboration avec le régime de Vichy.
Dès l'arrivée en France a fleuri un nombre pléthorique d'organisations et associations pour la mémoire dont celles qui eurent pour objectif une affirmation identitaire et la poursuite du combat.
« J'ai perdu mon pays » dira Enrico Macias et « La France aux français » dira Jean-Marie Le Pen en rétorsion à l'exil des anciens français d'Algérie et à l'arrivée de l'immigration. Si la majorité des anciens Pieds noirs se sont donc réfugiés dans la culture nostalgique, souvent appréciée car teintée du soleil et de l'accent d'Algérie, d'autres n'avaient absolument pas l'intention de solder les comptes de la défaite de l'OAS. Le Front National réussira plus de dix ans après à agréger ces nostalgiques militants de la force et faire de ce parti le plus fidèle héritier de l'OAS. Il est au service du grand projet nationaliste fasciste que partagent tous les partis européens de l'extrême droite.
Marine Le Pen et Jordan Bardella ne peuvent dissimuler l'origine sulfureuse de leur parti d'extrême droite (dont elle refuse d'ailleurs la qualification). L'effort de dédiabolisation ne trompe personne et la cravate des députés et cadres du RN ne peut cacher la couleur noire et l'odeur nauséabonde de l'OAS.
Peu importe la trajectoire droitière des élections législatives françaises, car tous les chemins électoraux mènent à l'extrémisme.
Quand l'on voit des «communautés» bien enracinées dans la sphère gauloise, s'inquiéter et voir en cette direction un danger à l'équilibre de paix et de vivre ensemble, l'on s'interroge où est le danger ? Une élection n'a jamais fait changer les choses et la France n'est plus cette France, si vantée, si chantée par les droits de l'homme et la terre d'asile.
Car la bonne question à se poser, afin de dissiper ce climat délétère, est d'aller savoir qui sont ces électeurs qui ont ramené le Rassemblement National au plus haut taux? Sont-ils des français de souche, des produits spermatiques de Vercingétorix, des Celtes, des Pictes, des Ambiens, des Helvètes, des purs de sang et de territoire ou bien ce sont des magmas hybrides d'une recomposition natale et de marmots hétéroclites emmaillotés dans les langes en bleu, blanc, rouge?
Certains voient en ce jeu électoral, un duel entre le bien et le mal, une compétition entre le gentil et le méchant, alors que la bonté, le bien et la gentillesse et tout leur contraire n'habitent pas les partis de droite ou de gauche mais élisent domicile dans le centre-cœur des gens.
Un raciste français est un raciste quels que soient son idéologie, sa couleur, sa provenance, sa matrice ou ses noms et prénoms. Il n'y a plus de français en François, en Dupont ou en Paul. Il y a le Zemour, le Messiha et le Moussa. Le patronyme qui fut une pièce d'identité n'est plus de mise. La naturalisation a chamboulé l'architecture fondamentale de la carte démographique. Et voilà que le français électeur est «devenu un français d'un peu de tout» (dixit François Mitterrand).
Alors que l'élection se passe en France, l'on voit certains étrangers pris de panique et bien d'autres se languir et se soucier d'un avenir incertain. Le clan Le Pen a été tout le temps utilisé comme épouvantail afin de permettre à un autre de moindre agressivité mais de même intensité de sortir de sa faillite.
Quelle différence y aurait-il à voir un Jordan ou un autre aller à Matignon? Si Attal a interdit l'abbaya, l'autre fera la même chose pour un autre truc. Des babouches ou un peu en plus zélé, interdire sur la voie publique le « Salem a3likom» ou « Allahou akbar».
Qu'on laisse arriver cet «ogre» et on le verra, après coup rejoindre ses pénates par la force terrible d'une crise d'emploi, de chômage, de pouvoir d'achat, de stress social, d'inégalité, de déprime et de suicide, enfin du mal-vivre. Qu'on le laisse venir gérer le désarroi, renforcer la haine et désunir le peu qui reste d'une France qui s'est déchirée pour les gilets jaunes et s'est brisée par une retraite attardée.
La France reste forcément partagée entre les exigences de la laïcité et l'accès à la liberté du culte, entre le principe d'accueil et l'obsession sécuritaire. De surcroît lors d'une cohabitation complexe qui fluidifie le pouvoir entre une droite macroniste et son extrême. La suppression du droit du sol en quoi va-t-elle outre mesure sauvegarder la « pureté « de l'embryonnage français, du fait que ceux déjà français donc électeurs, verront leur progéniture acquérir de facto la nationalité par jus sanguinis ? Alors cela, qui ou que va-t-elle déranger ? Et puis un résident étranger ne verra rien venir de ces joutes qui ne lui soit positif de la part d'un camp ou d'un autre. Son amour a été bel et bien et depuis longtemps desservi.
Il n'a qu'à quitter la table ou continuer à avoir cet air pitoyable. Toutes les phobies en leurs diverses formes, de l'étranger, des religions, des cultures différentes ont gangrené cette douce France d'antan, de jadis et de naguère. Et puisque c'est une affaire hexagonale, tournons le dos et qu'elle se fasse selon les nouveaux vents européens. L'on n'en a cure.
Depuis le 9 juin, de multiples agressions racistes, verbales ou physiques, ont eu lieu dans toute la France. Plus d’une par jour, selon le décompte de Mediapart. Dans de très nombreux cas, les personnes mises en cause ont fait référence au Rassemblement national.
aLa liste n’est pas exhaustive mais reste inédite. Rarement la France aura connu, semble-t-il, autant d’agressions et de propos racistes dans une temporalité aussi réduite.
Depuis le 9 juin et le résultat du Rassemblement national (RN) aux élections européennes et l’annonce de la dissolution avec une victoire possible du parti d’extrême droite aux élections législatives, pas un jour ou presque ne se passe sans que la presse relate une agression.
Parfois très violentes, toujours racistes, celles-ci sont, dans de très nombreux cas, en lien avec le contexte politique, lorsque les mis en cause font explicitement référence au RN, à Marine Le Pen ou à Jordan Bardella. En à peine trois semaines, Mediapart dénombre au moins trente événements racistes signalés dans la presse. Plus d’un chaque jour.
Un homme tabassé
À Perpignan le 3 juillet, une commerçante a reçu un courrier raciste déposé dans sa boîte aux lettres, rapporte le média Made In Perpignan. « Je vous conseille de préparer votre départ pour l’Afrique », est-il notamment écrit. « Il apparaît que vous n’êtes plus la bienvenue dans cette ville. Dans ce contexte, il serait peut-être préférable de vendre votre propriété au plus vite ... nous allons dès le mois de septembre effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d’en restaurer l’atmosphère catalane d’antan. »
Le maire LR de Roanne Yves Nicolin a été contraint de s’excuser le 2 juillet pour des propos racistes tenus lors d’une conférence de presse lundi. « Ceux qui sortent la nuit sortent plutôt l’été. C’est une race qui aime la chaleur et le beau temps. L’hiver, ils sont plus tranquilles », a déclaré l’édile devant une brigade de police municipale locale de nuit.
Les images diffusées le 1er juillet au tribunal de Bourg-en-Bresse sont glaçantes et presque insoutenables. À chaque coup porté par Maxime B., 25 ans, et Adrien V., 23 ans, la tête de la victime heurte la vitre de la porte avec fracas. Mourad B., 37 ans, avait simplement demandé aux deux jeunes hommes qui sortaient d’un restaurant de baisser le ton. En retour, il reçoit une pluie de coups et de nombreuses insultes racistes. « On est en France », « Descends, sale bougnoule », « Nique sa mère les bougnoules ». Maxime et Adrien ont été condamnés à quatre ans de prison dont un avec sursis.
Ce même 1er juillet, dans un village des Cévennes gardoises, Midi Libre raconte qu’un homme a passé la nuit à déambuler dans les rues de la commune de La Grand-Combe, fusil à la main, en tirant plusieurs coups de feu. Selon plusieurs témoins, précise le parquet, « il vociférait des propos du type “À mort les Arabes” », avant d’être interpelé au petit matin.
Sur son compte X, Tajmaât, « une plateforme collaborative pour la diaspora maghrébine », diffuse de nombreuses vidéos et témoignages d’agressions racistes. Le 30 juin, des images montrent une femme portant un voile ciblée par un individu à Paris. « C’est insupportable, il va falloir l’enlever [...]. C’est anti-France, cet islam est incompatible avec la France », lance-t-il alors que la victime précise être née en France. « L’invasion migratoire et l’invasion de l’islam, on n’en peut plus. [...] Vous êtes une ennemie de la France »,ajoute-t-il.
La jour de l’élection législative, le 30 juin, plusieurs tags racistes ont été tagués sur la route départementale à Saint-Vincent-de-Barrès en Ardèche. « Vive le RN » ou « Mort aux bougnoules ». Le 29 juin, d'autres inscriptions racistes étaient constatées sur un mur et sur une route de deux autres villages, relate le Dauphiné libéré.
Dans le Nord, le 28 juin, deux militants du Nouveau Front populaire (NFP) ont porté plainte après avoir été agressés par des « partisans du RN ». « Ils ont tenté de brûler une affiche du NFP, chanté Maréchal nous voilà, demandé à une militante musulmane de “rentrer dans son pays” en voulant lui “jeter du cochon dessus”. Une honte », écrivait le NFP local sur Twitter.
Une soirée xénophobe intitulée « Ausländer Raus » (« Les étrangers dehors », en français) devait se tenir le 28 juin dans un bar identitaire de Rouen. Après une bataille juridique avec le maire socialiste de la ville, les organisateurs ont décidé de l’annuler.
Une boulangerie incendiée
Comme l’a raconté Mediapart, les attaques racistes visant des candidat·es, des militant·es ou des élu·es ont imprégné cette campagne électorale express comme jamais. « C’est extrêmement violent. On me dit que je vais retourner en Gambie, on me traite de singe. Des trucs d’un autre temps », déplorait par exemple le candidat NFP en Seine-Saint-Denis Aly Diouara, faisant référence aux messages reçus sur les réseaux sociaux mais aussi par e-mail.
Dans la nuit du 26 juin, c’est une boulangerie d’Avignon, dans le Vaucluse, qui est incendiée et taguée à l’intérieur avec des inscriptions racistes et homophobes. Les mots « nègre », «PD », « dégage » étaient encore lisibles malgré les sept tentatives de départ de feu dénombrées par les enquêteurs. Depuis un an, le patron de la boulangerie employait un apprenti de nationalité ivoirienne.
Toujours le 26 juin, selon nos informations, le service juridique de SOS Racisme a reçu le signalement d’une femme portant un voile victime de propos islamophobes. Alors qu’elle se baignait dans la piscine de sa résidence avec sa famille, Sonia* raconte avoir été prise à partie par ses voisines. « Les Arabes qu’est-ce qu’ils vont faire ? Ils vont sortir la kalache ? Bientôt elles seront mortes les voilées »,lui auraient-elles notamment lancé.
SOS Racisme a également reçu le signalement d’un propriétaire d’un restaurant de sushis pris à partie par un individu. Auprès du pôle juridique de l’association, il dit « ressentir depuis l’annonce de la dissolution un climat général où le racisme a lieu en toute impunité ».
Le 25 juin à Thiais, dans le Val-de-Marne, un chauffeur de bus en service pour le ramassage scolaire est victime de menaces de mort et d’insultes racistes par un automobiliste garé sur une place réservée aux bus. « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer », a-t-il notamment proféré, selon une source policière interrogée par France Info. L’automobiliste serait remonté dans sa voiture avant de percuter délibérément le chauffeur de bus au niveau des jambes. Si le mis en cause dément tout propos raciste, une enquête a été ouverte par le parquet.
Des pompiers menacés et insultés
Le 25 juin, Karim Rissouli, journaliste sur France 5 où il présente notamment l’émission « C ce soir »,dévoile sur Instagram le contenu d’un courrier anonyme raciste reçu à son domicile. « Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. [...] La seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots, le reste c’est du bla-bla. Le “Souchien” [Français de souche – ndlr] ne t’acceptera jamais, ni toi, ni tes frérots, et même malgré le nombre vous ne posséderez jamais la France »,est-il notamment écrit.
D'autres journalistes dont Nassira El Moaddem du site Arrêt sur images et Mohamed Bouhafsi, chroniqueur de l'émission "C à vous" sur France 5, ont aussi publié des messages racistes les visant.
Le 24 juin à Roanne, en marge d’une manifestation contre l’extrême droite, un individu s’en est pris à des manifestants en tenant plusieurs propos racistes et homophobes selon les témoins cités par Le Progrès. « Il a parlé des “bicots”, et laissé entendre qu’il en avait “ras-le-bol des Arabes” », écrit le quotidien. Il a ensuite asséné un coup de poing à l’un d’entre eux avant d’être laissé libre par la police municipale. Il ne sera interpelé que bien plus tard après avoir agressé une personne qui sera hospitalisée.
Dimanche 23 juin, des sapeurs-pompiers de Vieux-Condé, dans le Nord, sont empêchés d’intervenir pour un malaise et reçoivent « menaces », « crachats » et « injures racistes » selon La Voix du Nord. Les mis en cause, un homme de 55 ans et une femme de 31 ans, ont été interpelés et sont poursuivis pour menaces de mort et rébellion. « Des pompiers veulent rentrer dans une maison pour aller aider quelqu’un de blessé. Et là, on leur dit “Non, vous, vous ne rentrez pas”, parce que le pompier s’appelle Mounir, précisait le candidat communiste Fabien Roussel quelques jours plus tard sur France Info. Ils ont dû rentrer dans leur camion sous les cris “On est chez nous, les bougnoules dehors !” »
Après une fête locale le 22 juin près de Lunel, trois plaintes ont été déposées pour des violences en réunion dont une à caractère raciste selon Midi Libre. Un jeune de 19 ans raconte avoir été suivi par une voiture avant qu’elle ne s’arrête à son niveau et que quatre personnes, dont une avec un couteau, le frappent à la tête. « Quatre hommes m’ont ensuite saisi les bras et les jambes et m’ont jeté dans le canal puis m’ont plongé la tête sous l’eau, de force. Ils ont fait ça quatre ou cinq fois tout en me traitant de “sale Arabe”. “Tu n’as rien à faire ici”, criaient-ils. Ils disaient que je venais de Djihad City en faisant référence à Lunel »,a témoigné la victime, qui a eu sept jours d’ITT, devant la police.
Toujours le samedi 22 juin, cette fois-ci à Paris, l’ancien animateur de l’émission « Affaire conclue » sur France 2 et proche de Jean-Marie Le Pen, Pierre-Jean Chalençon, aurait tenu des propos racistes contre une journaliste d’origine marocaine lors d’un dîner chez des amis communs. Devant une dizaine de convives, selon Le Figaro, il est contredit lorsqu’il prend la défense du fondateur du Front national et s’en prend à la journaliste, selon sa plainte déposée depuis : « Je t’en... Les Arabes seront toujours des Arabes, rentre chez toi ! », lance-t-il. « Ta gueule sale bougnoule, rentre chez toi ! », ajoute-t-il selon la victime, avant de projeter au sol son téléphone portable. Si Pierre-Jean Chalençon conteste tous les propos, une plainte a été déposée le lendemain pour injure non publique en raison de l’origine.
Selon nos informations, le pôle juridique du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a été saisi après un quiz musical organisé le 22 juin lors d’une fête de village à Lepuix, près de Belfort. Des propos injurieux contre les immigrés ont été proférés, d’après des témoins. « Plusieurs personnes ont été choquées d’entendre qu’une équipe de participants s’appelait “Sale immigré”. “Cela a été dit plusieurs fois au micro”, a affirmé le militant écologiste Vincent Jeudy, qui a participé à ces festivités rassemblant plusieurs milliers de personnes », précise l’association. Une enquête a été ouverte par le parquet.
Le Mrap annonce aussi déposer plainte contre la propagande électorale affichée en Meurthe-et-Moselle par le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, dont un membre, Pierre-Nicolas Nups, est candidat dans la 5e circonscription du département sous l’étiquette « Rassemblement de la droite nationale ». Ses affiches représentaient un enfant blond aux yeux bleus barré du slogan «Donnons un avenir aux enfants blancs ».
L’association a également déposé plainte après les propos tenus par Daniel Grenon, député sortant du RN dans l’Yonne, lors d’un débat tenu avec son opposante le 1er juillet, et révélés par L’Yonne républicaine : « Sur 30 ou 40 postes, on ne peut se permettre d’avoir des binationaux. Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place en haut lieu. »
Le 21 juin, une chanson raciste et pro-RN, « Je partira pas », a été diffusée sur de nombreux réseaux sociaux d’extrême droite et a été relayée par Éric Zemmour, Gilbert Collard ou la militante Mila. « Quand va passer Bardella, tu vas retourner chez toi » ou « Pour toi, fini le RSA/Le bateau n’attend pas », peut-on notamment entendre. SOS Racisme et le MRAP ont effectué plusieurs signalements.
Un adolescent roué de coups
Le 20 juin à Paris, Kofi Yamgnane, ancien ministre et ancien élu socialiste d’une commune de Bretagne, est victime d’attaques racistes de la part d’un individu dans la rue. « Toi, tu as intérêt à te préparer à rentrer chez toi en Afrique », « On va vous foutre tous dehors », a asséné un passant en croisant sa route.
Le même jour, une mère de Sotteville-lès-Rouen a dénoncé l’agression raciste de son fils, d’origine franco-algérienne, de 14 ans à la sortie d’un cours de sport. Selon France Bleu, il a été agressé par trois jeunes hommes alors qu’il attendait sa mère. « Il a été insulté de “gratteur d’allocs” et roué de coups », précise la radio.
Toujours le 20 juin, « Envoyé spécial » diffuse le témoignage de Divine Kinkela, aide-soignante, victime des propos racistes de ses voisins à Montargis (Loiret) et militants RN. « Bonobo ! », « On fait ce qu’on veut, on est en France, on est chez nous ! », lui ont-ils notamment lancé selon la victime.
Devant les caméras de France 2, ladite voisine, fonctionnaire au tribunal judiciaire de Montargis suspendue depuis, chante « on est chez nous », lance « va à la niche » et dénigre la coupe de cheveux de la victime. Des pancartes « avec Marine et avec Bardella », et une casquette « Vivement le 9 juin avec Jordan Bardella » sont aussi visibles, accrochés sur la façade de leur maison. Plusieurs plaintes ont été déposées.
Mi-juin à Chatou, dans les Yvelines, plusieurs résidents ont reçu des tracts ouvertement racistes intitulés « Monsieur le Maire, Stop aux Blacks à Chatou ! ». « Nous n’acceptons pas que Chatou devienne la Seine-Saint-Denis. Nous avons choisi d’habiter Chatou parce qu’il n’y avait pas de Blacks », peut-on lire entre autres propos racistes. « Ras-le-bol des Africains qui sont toujours dépendants de la France pour pouvoir survivre. » Au moins trois plaintes ont été déposées, rapporte Le Parisien.
Le 19 juin 2024, un couple et leur enfant auraient été victimes d’une agression raciste, nous indique le pôle juridique de SOS Racisme. Karim* aurait été pris à partie par trois de ses voisins au sujet de l’emplacement de sa voiture. « Sale Arabe de merde, on va te ramener à la frontière… Sale race, votre place c’est pas ici, bande de Sarrasins de mes couilles », auraient-ils proféré, selon l’association. « À ces propos s’ajoutent “Vive Zemmour, Vive Jordan Bardella , je vais t’enculer ta mère, vive Bardella”. » Selon le signalement, les individus auraient frappé le père de famille à la hanche et l’un d’eux aurait menacé la famille avec un chien, « un pitbull sans muselière ».
Le 18 juin 2024 dans le Tarn-et-Garonne, des ouvriers découvrent des tags racistes et antisémites sur les murs de la nouvelle mosquée de Montauban Es-Salam, en cours de construction. « Sales bougnoules », « rentrez chez vous », ont été inscrits à la bombe de peinture noire en plus de croix gammées, selon France 3 Occitanie. « C’est la cinquième fois que nous retrouvons ce genre de tags racistes, la dernière fois, c’était une tête de cochon », dénonce un membre de l’association musulmane de Montauban.
Deux jours plus tôt, le 17 juin, le militant Karim Merimèche est pris à partie par des sympathisants du RN alors qu’il tractait pour le candidat sortant La France insoumise (LFI). « L’un des hommes m’a dit : “Rentre dans ton pays, sale bougnoule, dégage, rentre chez toi.” J’étais choqué, je n’ai rien dit et je me suis éloigné. Mais il a continué, en me traitant encore de “sale bougnoule de merde” et en disant à Mathilde [Regnaud, suppléante du candidat – ndlr] d’aller “se faire sauter par les bougnoules”. » Deux témoins de la scène parviennent à identifier l’homme. Karim Merimèche a porté plainte le lendemain pour injures à caractère racial.
Le 12 juin, c’est à La Côte-Saint-André, en Isère, que quatorze tags islamophobes ont été découverts sur les murs d’un parc. « Islam hors d’Europe », ou « anti-Arabes », pouvait-on notamment lire sur les clichés diffusés par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Une situation « alarmante » pour les associations
Le 10 juin, comme le révélait Mediapart, des policiers se lâchaient lors de l’interpellation d’un jeune homme dans le XIe arrondissement de Paris, et enchaînaient les propos racistes et homophobes. « Avec ta casquette de pédé qui se fait enculer par des migrants » ; « Quand ta mère et ta grand-mère se seront fait violer par des migrants, tu comprendras », ont-ils notamment déclaré, avant de diffuser, au commissariat, des chansons à la gloire de Jordan Bardella.
Deux jours avant les élections européennes, le 7 juin 2024, SOS Racisme a été informé de la présence de deux tee-shirts, exposés sous forme d’étendards, sur le balcon d’un bâtiment. Sur le premier, les prénoms de « Marine et Jordan » étaient affichés avec cette autre inscription à la main : « Tous les immigrés dehors melons etc. ». Sur le deuxième tee-shirt, on pouvait lire « La France aux Français ».
Avec ces plus de trente propos, tags, événements ou agressions racistes en seulement trois semaines, les manifestations de violence semblent considérables et, de l’avis des associations, « évidemment sous-estimées ». « C’est une situation alarmante et inhabituelle. On sent vraiment qu’avec la montée de l’extrême droite, il y a une explosion des agressions racistes non seulement verbales mais aussi physiques », constate SOS Racisme. « On est face à des gens qui se disent que si le RN arrive au pouvoir, ils auront un appui institutionnel pour se comporter de la sorte », ajoute son président, Dominique Sopo.
Mais combien de signalements ou de plaintes sont à déplorer ? Contactés, le ministère de l’intérieur et le parquet de Paris n’étaient pas en mesure de nous donner de chiffres. « On ne peut mesurer que plus tard si une augmentation est visible et en lien avec l’actualité », précise une source Place Beauvau. « Mais il y a évidemment un ressenti que la parole raciste se libère, à la télévision ou sur les réseaux sociaux notamment », ajoute-t-elle. La Dilcrah (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), elle, précise ne pas pouvoir s’exprimer sur le sujet, « période de réserve électorale oblige ». De son côté, le collectif de lutte contre l’islamophobie en Europe (CICE) dit avoir reçu « cent cinquante signalements » pour le seul mois de juin et précise qu’il s’agit « d’un record ».
La victoire possible du Rassemblement national, ce parti d’extrême droite dont de nombreux candidats expriment ouvertement des propos sexistes, racistes, antisémites ou LGBTphobes, semble avoir incontestablement un lien avec ce déferlement de haine. Mais si libération de violence raciste il y a, celle-ci est loin d’être inexistante le reste du temps. Dans son rapport remis le 27 juin, la Commission nationale consultative des droits de l’homme rappelait qu’en 2023, la France avait connu 32 % d’actes racistes supplémentaires et déplorait une augmentation exponentielle des actes racistes et une hausse inédite de l’antisémitisme.
Les commentaires récents