Ce n’est plus de la politique-fiction, ce sera de la friction en politique d’une manière continue et sans retenue.
En français on dit qu’avec Bardella, ça va barder hip hip hip hourra ! En Algérien on dit : le bordel est là…
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Rédigé le 11/07/2024 à 03:24 dans France, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
Des messages obtenus par des juges d’instruction montrent l’incroyable mobilisation de responsables et figures de la chaîne d’information en soutien de Nicolas Sarkozy au moment de la fausse rétractation de Ziad Takieddine. Révélations sur une manipulation.
«« Chère Véronique, je suis là, je pense à vous, et si vous avez envie de vous exprimer je suis à votre disposition, on peut monter ce que vous voulez ! Je t’embrasse fort et transmets mes amitiés à NS. » Le 16 octobre 2020, alors que Mediapart vient d’annoncer que Nicolas Sarkozy a été mis en examen une nouvelle fois dans l’affaire libyenne (pour association de malfaiteurs), la journaliste Ruth Elkrief, alors sur BFMTV et aujourd’hui à LCI, lui envoie un message amical via sa chargée de communication Véronique Waché, et se met à sa disposition.
Quelques minutes plus tard, Marc-Olivier Fogiel, le directeur général de BFM, la contacte aussi : « Tu peux m’appeler ? Bises Marco. » « Je voudrais qu’on se cale. » La chaîne d’info est sur le pont.
En cherchant à percer les derniers secrets de la fausse rétractation de Ziad Takieddine, diffusée en novembre 2020 par Paris Match et BFM, au terme d’âpres négociations entre l’intermédiaire et la communicante Michèle, dite « Mimi », Marchand, les enquêteurs se sont penchés sur le rôle de Véronique Waché, collaboratrice de Nicolas Sarkozy depuis son départ de l’Élysée en 2012.
Illustration 1Agrandir l’image : Illustration 1 Nicolas Sarkozy et sa conseillère de presse Véronique Waché, à Paris le 27 juillet 2016. © Photo Dominique Faget / AFP En mai dernier, lors de son audition par les enquêteurs, elle a soutenu n’avoir pas été informée des conditions dans lesquelles l’interview de la « rétractation » de l’intermédiaire Ziad Takieddine, auquel il a été promis des millions d’euros pour qu’il dédouane l’ancien président dans l’affaire libyenne, avait été réalisée. « À l’époque je n’en savais rien, a-t-elle dit. Moi je ne suis pas journaliste, je suis communicante, donc mon travail c’est de réagir, d’accompagner. [...] Donc non, je n’ai pas d’éléments, ce que j’ai vu, c’était un témoignage assez fort de Takieddine concernant Nicolas Sarkozy et c’est tout. »
L’exploitation des données saisies sur son téléphone montre la mobilisation aveugle de l’état-major de BFMTV en faveur de l’ancien président, et parfois l’intervention directe de Véronique Waché dans l’orientation des sujets diffusés à l’antenne. Les juges ont tenu à préciser qu’ils n’ont exploité « que les éléments strictement nécessaires à l’enquête », en veillant « à ne pas porter atteinte aux sources des journalistes », selon les textes en vigueur.
Les investigations ont permis de retracer la manière dont le « faux scoop » de cette rétractation, baptisée « opération Sauver Sarko » par ses promoteurs, a été diffusé par la première chaîne française d’information en continu, BFMTV, le 11 novembre 2020, avant de saturer ensuite tout l’espace médiatique pendant quelques jours. Rarement les preuves d’une manipulation médiatique n’auront été si éclatantes.
« On bastonne des extraits » La séquence débute le soir du mercredi 11 novembre 2020, au moment où la chaîne d’information en continu – d’ordinaire peu diserte dans le traitement de l’affaire des financements libyens – diffuse « en exclusivité » une déclaration lapidaire de l’intermédiaire Ziad Takieddine, l’un des principaux accusateurs de Nicolas Sarkozy, en partenariat avec l’hebdomadaire Paris Match, qui appartient au groupe Lagardère, du conseil de surveillance duquel M. Sarkozy est alors membre ; il en est aujourd’hui l’un des administrateurs.
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DOSSIER L’argent libyen de Sarkozy 155 articles Dans cette vidéo de trente-deux secondes seulement, dont les équipes de BFM ne connaissent alors aucunement le contexte – il est aujourd’hui démontré qu’il s’agissait d’une manipulation, moyennant des contreparties financières –, Ziad Takieddine, assis sur un muret de la marina de Beyrouth (Liban), revient sur toutes ses déclarations précédentes, réhabilitant soudainement l’ancien président.
Ce 11 novembre, la chaîne s’emploie à gérer deux sujets : la diffusion de cette rétractation et la communication de Nicolas Sarkozy en retour.
Un communiqué de l’ancien président doit être diffusé sur Facebook. Celui-ci a prétendu l’avoir rédigé à chaud, mais les enquêteurs ont retrouvé la capture d’écran d’une première version établie le matin sur le portable de Véronique Waché.
Illustration 2Agrandir l’image : Illustration 2 Marc-Olivier Fogiel sur un plateau de BFMTV à Paris, le 25 septembre 2023. © Photo Jérôme Dominé / Abaca C’est Ruth Elkrief qui semble prévenir Véronique Waché à 17 h 57 : « C’est à 18 h 10 premier plateau », avertit la journaliste.
De son côté, l’attachée de presse contacte Le Figaro et l’AFP : « BFM et Match sortent des choses très forts [sic] ou TAKIEDDINE dédouane Sarkozy dans l’affaire libyenne », leur écrit-elle. Elle demande aux médias de « mettre quelqu’un » sur le sujet, et les avertit : « Potentiellement, c’est toute l'affaire qui s’écroule. »
À 18 h 43, Véronique Waché interpelle Ruth Elkrief : « Coucou Ruth peux-tu appeler NS ? Je t’embrasse. » La journaliste s’exécute et s’entretient une demi-heure plus tard avec Nicolas Sarkozy durant plus de neuf minutes.
À 19 h 11, Marc-Olivier Fogiel envoie à l’attachée de presse l’article mis en ligne par la chaîne sur son site : « Financement libyen : Ziad Takieddine, principal accusateur de Nicolas Sarkozy, se rétracte ». L’échange qui suit entre l’attachée de presse et le directeur de la chaîne est lunaire.
« Vu, lui répond Véronique Waché. On n’exclut pas que NS s’exprime chez RUTH. C’est très fort. Réaction de NS sur Facebook. — Top ! Tu me dis ?, répond Fogiel. — Oui on y réfléchit. En diff quel moment te semble le mieux ? — S’il parle à Ruth, on le multidiffusera. Donc peu importe la 1ère diff j’allais te dire mais il pourrait par ex 19h d’abord […] ce serait quoi ton calendrier. — Le truc de Castex m’embête un peu [le premier ministre doit en effet tenir une conférence de presse, le 12 novembre – ndlr], juge Véronique Waché. Mais en même temps il faut battre le fer tant qu’il est chaud. NS appelle RUTH. [...] — À ce moment- là, il faudrait faire ça demain matin et bastonner dès que c’est prêt, poursuit Marc-Olivier Fogiel. Ou alors sur la longueur dans son émission de samedi et on bastonne des extraits avant. — Oui [c’est] peut-être mieux. On enregistre vendredi matin. — Oui on bastonne dès vendredi après-midi et diff samedi et tout le weekend. »
Quelques minutes plus tard, l’attachée de presse envoie un nouvel SMS à Fogiel : « Appelle NS. »
« Une émission décisive » Sur le plateau de BFMTV, c’est l’effervescence : la chaîne est en édition spéciale et les images de Ziad Takieddine tournent en boucle, commentées par l’éditorialiste Bruno Jeudy, également rédacteur en chef du service politique de Paris Match, et la journaliste de BFM, Sarah-Lou Cohen, qui dirige le service police-justice de la chaîne et a été appelée au débotté pour commenter l’information.
Illustration 3Agrandir l’image : Illustration 3 Diffusion de la déclaration de Ziad Takieddine le 11 novembre 2020 avec Bruno Jeudy en plateau. © Capture d'écran BFMTV Bruno Jeudy s’exprime en plateau et, tout en échangeant par message avec Véronique Waché qui suit le direct à distance, il critique sa consœur de la presse judiciaire qu’il trouve « chiante ». « On lui donne du caviar et elle mégote », écrit-il encore.
À intervalles réguliers, la journaliste – régulièrement confrontée à la matière judiciaire, contrairement à Bruno Jeudy – pondère le narratif des sarkozystes, en rappelant que « l’affaire ne repose pas essentiellement sur le témoignage de Ziad Takieddine ».
En plateau, Bruno Jeudy rectifie aussi les commentaires de la présentatrice. « Tu l’as bien mouchée cette nullos », commente Waché. « J’attendais gentiment la balle le long de la ligne », se félicite-t-il.
L’attachée de presse signale à l’éditorialiste que « NS va faire Ruth vendredi ». « Le boss voulait t’avoir au tel si tu peux », lui fait-elle savoir. Le journaliste s’entretient plus de six minutes avec l’ancien président dans la soirée.
Entre-temps, un journaliste du Figaro a informé l’attachée de presse que le « scoop » de BFM-Paris Match a été « monté en haut de la page ». « Extra ! C’est décisif pour nous », jubile-t-elle.
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Comme prévu avec la direction de la chaîne, Nicolas Sarkozy est interviewé le 13 novembre par Ruth Elkrief pendant quarante-cinq minutes. Il exprime sa « colère froide » dont personne ne peut imaginer « la profondeur et la force », demande s’il est « normal qu’un ancien président de la République soit traîné dans la boue [comme il l’est] » et se demande même si la France est encore « un État de droit et une démocratie » alors qu’« une information judiciaire a été ouverte [...] sur la seule foi des allégations de cet individu [Ziad Takieddine – ndlr] ».
L’interview est reprise partout. Les dirigeants de BFMTV s’assurent d’abord que Nicolas Sarkozy est pleinement satisfait. Aussitôt après l’entretien, Arthur Dreyfuss, le directeur général d’Altice Media, propriétaire de la chaîne, contacte l’attachée de presse. « Ruth et Marco très satisfaits. J’espère que toi et le chef aussi, lui écrit le patron d’Altice.
— Oh super !!! », répond-elle. Oui tout s’est très bien passé ! Important moment me semble-t-il ! »
Peu après la diffusion, Ruth Elkrief se tourne aussi vers Véronique Waché pour avoir des retours.
« Ça va ? Vous avez de bons échos ?, demande la journaliste. — Excellent !!! Merci ma chère Ruth ! Émission décisive pour nous, répond l’attachée de presse. — Sincèrement, je l’espère du fond du cœur », ajoute la journaliste.
Illustration 4Agrandir l’image : Illustration 4 Nicolas Sarkozy interviewé le 13 novembre 2020 par Ruth Elkrief sur BFM. © Captures d'écran BFMTV Au lendemain de l’interview, c’est Marc-Olivier Fogiel qui pose à son tour la question.
« Bons retours ?, interroge -t-il. — Canons !, répond Véronique Waché. — Top ! — Je pense vraiment que c'est un moment décisif dans sa défense et qui fera date. À chaque fois d’ailleurs maintenant que vous aurez à traiter l’affaire libyenne vous pourrez reprendre des morceaux. Fondamental aussi ! — Oui absolument », approuve Fogiel.
Trois heures plus tard, le directeur de BFM annonce à l’attachée de presse qu’il a « eu le président ce matin ». « Extra ! », lui envoie Véronique Waché.
La mobilisation de BFMTV ne va pas se démentir, puisqu’en décembre 2020, lorsque les intermédiaires tentent d’officialiser la rétractation de Takieddine, ils envoient le document signé par ce dernier devant notaire – une « sommation interpellative » – confirmant ses dires au parquet national financier, à Paris Match et à... Marc-Olivier Fogiel. S’ensuivent un nouvel article dans Paris Match et un « sujet » sur BFMTV.
« En toute indépendance » Dans ce contexte très partisan, la vigilance de la chaîne est maximale s’agissant d’inviter en plateau des journalistes de Mediapart.
En octobre 2020, après l’annonce de la mise en examen de Nicolas Sarkozy, Véronique Waché s’était plainte ouvertement auprès de Marc-Olivier Fogiel de voir qu’« Arfi [Fabrice Arfi, coauteur de cet article – ndlr] continue de dérouler tranquillement sur BFM... ». « C la même itv [qu’une interview précédente – ndlr] », lui avait répondu Marc-Olivier Fogiel, avant de promettre : « Il ne repassera pas. »
Le 15 novembre, le patron de BFM avertit l’attachée de presse de la venue d’Edwy Plenel, alors président de Mediapart.
« Hello Vero. Ça va ? Juste pour te prévenir qu’Edwy Plenel est chez Boursier [Jean-Baptiste Boursier, qui animait alors une émission le dimanche soir – ndlr] tt à l’heure, écrit Marc-Olivier Fogiel. Invitation lancée de longue date, à la veille de la plaidoirie de Richard Malka au procès Charlie où il cible Mediapart et son islamogauchisme. Évidemment il lui parlera du revirement de Takieddine. Boursier a les billes. Je t’embrasse. Marco.
— J’étais au courant ;-), lui répond la communicante. On me parle de Ferjou [Jean-Sébastien Ferjou, directeur de la publication d’Atlantico, chroniqueur régulier – ndlr] en contradicteur... [...] »
— Je regarde, dit Fogiel. Pour tout te dire, je ne sais pas qui sont les autres journalistes en plateau. Ils tournent. Peut-être Ferjou, je regarde et te dis. En tous cas les 2/3 [portent] sur autre chose [que l’affaire libyenne].
— Bien noté ! Cela dit cela n’empêche pas de le taquiner car il y a matière ;-) », rétorque à son tour Véronique Waché.
Cet accès de confiance sera de courte durée. À 19 h 23, en pleine interview d’Edwy Plenel, la communicante s’inquiète auprès Marc-Olivier Fogiel : « 22 minutes [sur le sujet libyen] tout de même... Boursier pose de bonnes questions mais il déroule tranquillement. »
— Tranquillement, non, Boursier le cherche après il est bon... on va voir Ferjou, rétorque Fogiel, lui aussi à l’écoute.
— Il va parler ? Car il est mutique », s’inquiète encore Véronique Waché.
Sur le plateau, Jean-Sébastien Ferjou finit par sortir de son silence : « Est-ce que dans un État de droit, dans une démocratie, vous ne croyez pas que le doute doit toujours bénéficier à l’accusé ? Parce que quand il n’y a pas de preuves, peut-être que c’est rageant, mais il n’y a pas de preuves », lance-t-il à Edwy Plenel.
Sur son téléphone, Marc-Olivier Fogiel écrit : « Voilà ». Véronique Waché : « Parfait. » Il poursuit : « Et c’était organisé comme tu le sais. » Puis : « Et maintenant il va être interrogé ! Islamogauchisme […] Pas un chemin de rose ». Véronique Waché est rassurée : « Non effectivement, il ravale sa moustache. » L’interview se poursuit. « Et là, la 2e couche », annonce Fogiel. Waché : « Ah zut je suis partie ! Sur quoi ? » « L’islamo gauchisme et le fait qu’il a fait le lit des attentats », lui précise le patron de la première chaîne d’information, n’hésitant donc pas à répandre des calomnies sur l’ancien président de Mediapart.
Les réponses de Fogiel, Jeudy, Elkrief et Waché La communicante de Nicolas Sarkozy, Véronique Waché, véritable tour de contrôle médiatique de l’ancien président, a fait part de son « indignation la plus totale » et de sa « consternation la plus vive » dans une longue réponse envoyée à Mediapart (à lire en intégralité en annexe). Refusant de répondre sur le fond, elle a dénoncé nos questions qui, selon elles, « piétinaient sans vergogne le secret de l’instruction » et portaient atteinte au secret des sources, bien qu'elle ne soit pas journaliste. Elle a aussi annoncé vouloir déposer plainte « pour faire cesser ces nombreuses atteintes à [sa] vie privée et professionnelle ».
Interrogé, Marc-Olivier Fogiel a défendu les choix rédactionnels de BFMTV dans la couverture de l’épisode de la rétractation de Takieddine. « Dans notre relation avec toutes les forces politiques nous temporisons, faisons redescendre la pression pour que les équipes puissent travailler en toute indépendance, nous a-t-il écrit. Sur la séquence visée comme pour le reste aucune consigne évidemment n’a été donnée. Chacun a pu travailler en toute liberté en recevant tout le monde. »
À aucun moment je ne suis au courant d’une manipulation ou d’un délit quelconque.
La journaliste Ruth Elkrief à Mediapart. L’éditorialiste Bruno Jeudy a de son côté indiqué qu’il n’avait pas écrit « sur cette partie du dossier Takieddine » ni n’avait été « associé du tout » à la fausse rétractation de l’intermédiaire. Il n’avait été amené à la commenter qu’une ou deux fois sur BFMTV, où il dit avoir découvert en plateau les images de la fameuse interview. Ses propos tenus auprès de Véronique Waché dans la foulée de la diffusion ont été faits « à chaud, forcément maladroits, et non destinés au public ».
La journaliste Ruth Elkrief s’explique pour sa part auprès de Mediapart en ces termes (lire l’intégralité de sa réponse en annexes) : « Lorsque je fais ma proposition d’interview et pendant tout le cours de ces échanges, à aucun moment je ne suis au courant d’une manipulation ou d’un délit quelconque. Je vois d’abord un rebondissement dans une affaire de première importance et c’est en tant que journaliste que j’y vois une opportunité professionnelle [...] Quand je propose de “monter ce que vous voulez” [à Nicolas Sarkozy], c’est-à-dire que je propose d’organiser l’interview dans les conditions qu’il préfère, dans son bureau ou en plateau par exemple. »
Ruth Elkrief demande d’être jugée sur son travail s’agissant d’une interview avec Nicolas Sarkozy qu’elle considère comme « particulièrement rugueuse », revendiquant de lui avoir demandé si ses « méthodes ne s’apparentaient pas à celles d’un voyou ». « Ce qui, précise-t-elle, n’est pas évident lorsque vous vous adressez à un ancien président. Je ne pense pas avoir montré une indulgence quelconque. » Sur les éléments d’un sujet de BFM transmis en primeur aux équipes de l’ancien président, elle assure « n’avoir aucune idée sur le fait qu’ils sont faux ».
Concernant la nature de ses échanges avec la communicante Véronique Waché, elle parle enfin de relations « cordiales » et « en aucun cas une manifestation de sympathie ».
Fabrice Arfi, Karl Laske et Antton Rouget
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10 juillet 2024 à 11h22 https://www.mediapart.fr/journal/france/100724/des-textos-revelent-comment-bfm-s-est-mise-au-service-de-sarkozy-le-bos
Rédigé le 11/07/2024 à 00:20 | Lien permanent
Les derniers jours ont été marqués par une relance des négociations en vue de l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu et de libération des otages.
L’enlisement a cédé la place à un optimisme prudent. Mais pour combien de temps ? Ces derniers jours, les efforts diplomatiques qui étaient dans l’impasse pour obtenir un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza entre le Hamas et Israël ont été relancés. Si certains points d’achoppement subsistent, le contexte actuel et les intérêts des acteurs impliqués dans les négociations laissent espérer une percée par rapport aux mois précédents. Plus de neuf mois après le début de la guerre dans l’enclave palestinienne, un deal pourrait bien être conclu et ouvrir la voie à la première pause dans les combats depuis novembre 2023. Quels seraient ses contours ? Pourquoi le timing semble-t-il davantage favorable que par le passé ?
Au cours des mois précédents, les pourparlers butaient notamment sur une exigence-clé du Hamas : obtenir la garantie selon laquelle tout accord devait impliquer la fin complète de la guerre. Alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’était dit favorable à la suspension temporaire des combats, ce dernier avait indiqué que les hostilités ne s’arrêteraient pas tant que Tel-Aviv n’aurait pas atteint ses objectifs de guerre, à savoir la destruction du Hamas et la libération de tous les otages retenus à Gaza. Mais en fin de semaine dernière, le mouvement islamiste a indiqué à son allié du Hezbollah avoir accepté une proposition d’accord à Gaza, indiquant être revenu sur sa demande en voulant bien négocier la deuxième phase d’un deal sans l’assurance d’un cessez-le-feu permanent dans l’enclave.
« La balle est dans le camp des Israéliens, s’ils veulent parvenir à un accord, alors cela se produira très probablement », a affirmé dimanche un responsable du mouvement cité par l’AFP sous couvert d’anonymat, ajoutant que les discussions pourraient prendre « de deux à trois semaines » en cas de non-blocage israélien. Au cours de cette semaine, la délégation israélienne doit ainsi retourner au Caire et à Doha, après un passage éclair du chef du Mossad au Qatar vendredi, afin de poursuivre les discussions avec les médiateurs américain, égyptien et qatari. Le nouveau texte approuvé par le Hamas prévoit que la première phase de l’accord – qui devrait notamment s’articuler sur le retrait israélien des zones densément peuplées ainsi que la libération d’une partie des otages civils, des femmes et des personnes âgées, blessées ou malades, en échange de celle de centaines de prisonniers palestiniens – s’étale sur six semaines et que les pourparlers concernant la libération des hommes et des soldats israéliens détenus dans le réduit palestinien débutent au plus tard 16 jours après le début de la mise en œuvre de la première étape. Cité par CNN samedi, un responsable du mouvement islamiste membre de l’équipe de négociation a précisé que les médiateurs garantiraient une trêve temporaire, l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza et le repli des troupes israéliennes tant que les négociations indirectes se poursuivent sur la mise en œuvre de la deuxième phase.
Compliquant la possibilité d’un deal, le Hamas exige pour sa part d’obtenir des engagements écrits de la part des médiateurs américain, égyptien et qatari afin qu’ils garantissent la poursuite des négociations dans les conditions précitées, selon Axios. Dimanche soir, le bureau de Benjamin Netanyahu a publié un communiqué indiquant que le Premier ministre restait « fermement engagé » à respecter les principes déjà acceptés par Israël et approuvés par le président américain Joe Biden, notamment le fait que tout accord doit accorder à l’État hébreu la possibilité de reprendre les combats jusqu’à ce qu’il ait atteint « tous les objectifs de la guerre ».
Bien que certains obstacles persistent, la pression mise par les alliés respectifs des deux belligérants pourrait influer positivement sur la conclusion d’un accord. D’un côté, le Hamas aurait sans doute été pressé par son soutien financier et militaire iranien d’avancer vers cette voie. Selon une source diplomatique arabe interrogée par L’OLJ, « Washington a contacté Téhéran pour faire pression sur le Hamas, et spécifiquement sur Yahya Sinouar (chef du mouvement palestinien à Gaza), pour parvenir à une trêve ». Le 4 juin dernier, en marge de sa visite en Syrie, le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri-Kani, s’est notamment entretenu avec des représentants de factions palestiniennes, sans que la présence du Hamas ait été confirmée.
Alors qu’Israël menace de lancer une guerre ouverte sur le Liban contre le Hezbollah – qui constitue pour Téhéran le dernier rempart dans le cas où la survie de la République islamique serait directement menacée –, l’Iran a sans doute intérêt à obtenir la fin de la guerre qui devrait également se répercuter sur le pays du Cèdre. Tandis que Téhéran se prépare en outre à la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre prochain, il aurait un intérêt à calmer le jeu pour éviter une potentielle confrontation avec l’ancien président républicain. Une accalmie qui pourrait être facilitée par l’élection, vendredi, du candidat réformiste Massoud Pezeshkian à la présidence de l’Iran.
Côté israélien, la pression interne contre le gouvernement couplée à la volonté de Joe Biden d’arracher un deal avant l’échéance électorale dans quatre mois pourrait produire des effets significatifs. À l’heure où le locataire de la Maison-Blanche essuie des critiques d’une partie de son camp l’exhortant à se retirer en faveur d’une autre figure démocrate, ce dernier multiplie les efforts pour espérer obtenir rapidement une victoire considérable. Mis en cause depuis des mois par une partie de sa population pour son soutien jugé indéfectible à l’État hébreu, le dirigeant des États-Unis s’attache urgemment à faire cesser la guerre et à éviter un embrasement général dans la région. Au cours d’un appel téléphonique avec Benjamin Netanyahu il y a une semaine, Joe biden a affirmé au Premier ministre qu’« il est temps de conclure » un deal, alors que la Maison-Blanche a par ailleurs indiqué que ce dernier rencontrera probablement le président démocrate en marge de sa visite au Congrès américain le 24 juillet.
Un intérêt partagé par de nombreux Israéliens, qui sont à nouveau descendus par milliers dans les rues du pays dimanche pour réclamer un accord de cessez-le-feu à Gaza qui serait accompagné d’une libération des otages, ainsi que des élections anticipées dans l’espoir que Benjamin Netanyahu soit exclu du pouvoir. Selon une enquête d’opinion récemment conduite par la chaîne d’information israélienne Channel 12, 54 % des personnes interrogées estiment que le Premier ministre continue à mener la guerre parce qu’elle sert ses intérêts politiques.
Lundi, le chef de l’exécutif israélien a de nouveau vu ses alliés de coalition ultranationalistes et d’extrême droite menacer de démissionner dans le cas où un tel accord venait à être conclu. « Le Hamas s’effondre et supplie pour un cessez-le-feu. C’est le moment de lui serrer le cou jusqu’à ce que nous l’écrasions et le brisions, a notamment déclaré sur son compte X le ministre des Finances, Bezalel Smotrich. S’arrêter maintenant, juste avant la fin, et le laisser se ressaisir pour nous combattre à nouveau est une folie insensée. » Le Premier ministre israélien se cachera-t-il derrière le refus de ses partenaires en vue de repousser l’heure des comptes et d’assurer sa survie à la tête du pays ? Cette stratégie pourrait toutefois comporter des limites, au moment où l’armée semble à bout de souffle. Selon des entretiens réalisés par le New York Times (NYT) avec six anciens ou actuels responsables des services de sécurité israéliens, le leadership militaire souhaiterait également la conclusion d’un cessez-le-feu. Le quotidien américain rapporte que le haut commandement militaire aurait fait le constat selon lequel les objectifs de vaincre le Hamas et libérer les otages à Gaza ne pouvaient être atteints simultanément, contrairement à ce que continue d’affirmer officiellement Benjamin Netanyahu. Face à la perspective qu’une guerre plus importante éclate au Liban, nécessitant le redéploiement de troupes vers la frontière nord d’Israël, au manque de munitions pour combattre et de motivation des soldats, les responsables de l’armée estiment qu’un deal est la moins pire des solutions. « (Les hauts responsables de l’armée) pensent qu’ils peuvent toujours retourner (dans l’enclave) et engager le Hamas militairement à l’avenir, a déclaré au NYT Eyal Hulata, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Israël. Ils comprennent qu’une pause à Gaza rend la désescalade plus probable au Liban. »
https://www.lorientlejour.com/article/1419676/pourquoi-une-treve-a-gaza-apparait-aujourdhui-plus-probable.html
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Rédigé le 09/07/2024 à 12:06 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
SANTÉ MENTALE
Le système de santé mentale algérien est sous tension et semble figé dans le passé, manquant de l’élan nécessaire pour répondre aux besoins d’une société en transformation et dont les besoins sont immenses.
Kamel Yahiaoui (1966-2023), Exécution sommaire, technique mixte sur toile, 2003
Pour les Algériens qui doivent s’occuper de proches malades, la quête de soins est loin d’être une sinécure. Notamment en psychiatrie. À l’image de cette femme aux traits tirés par des nuits sans sommeil qui accompagne, dans une salle d’attente d’un hôpital psychiatrique algérois construit au début du XXe siècle, un homme qu’elle ne quitte pas des yeux. Elle avait réussi la prouesse de l’attirer, seule, en consultation.
D’un œil perplexe, elle examine une salle comble où le psychiatre de service tente d’assurer aussi bien l’arrivée des urgences, souvent dans les clameurs de patients agités, que les consultations périodiques. La femme espère une hospitalisation qui la soulagerait de l’exténuante surveillance d’un bipolaire en crise, mais rien n’est garanti. La scène, routinière, illustre bien la situation de la santé mentale en Algérie : des besoins de soins en hausse et des moyens qui ne suivent pas.
Dans un pays en « délicatesse avec les chiffres », il est difficile d’être précis sur la situation de la santé mentale. À défaut, diverses projections témoignent d’une situation préoccupante. En 2007, une étude suisse sur la santé mentale dans le monde révélait qu’au moins deux millions d’Algériens (sur 33 millions) nécessitaient des soins psychiatriques. Les estimations, livrées à l’occasion d’un congrès international de psychiatrie à Alger1, étaient relativement modérées comparées à une étude américaine estimant qu’entre 10 et 12 % des Algériens souffraient de maladies mentales.
En 2012, Farid Chaoui, gastro-entérologue à l’hôpital de Kouba à Alger, dressait, dans un entretien à l’hebdomadaire La Nation, un constat alarmant de l’état de la santé mentale, aggravé par le départ massif des spécialistes durant la décennie noire.
Dix ans plus tard, des praticiens notent une certaine amélioration tout en insistant sur le besoin d’une véritable « politique de santé mentale ». Quelques chiffres officiels permettent d’avoir une idée de l’ampleur des problèmes. En 2017, les maladies mentales atteignaient 5,44 % et se classaient au sixième rang des pathologies les plus fréquentes. Selon l’Institut national de santé publique (l’INSP), en 2020, environ un demi-million d’Algériens souffraient de schizophrénie et il y avait autant de bipolaires.
Dans ce tableau complexe et parcellaire se dessine une trame humaine faite de défis individuels et de lacunes systémiques. Et il est clair que le pays fait face à une croissance des troubles mentaux qui nécessite une adaptation des soins en matière de prévention, de traitement et de droits.
L’Algérie compte cinq pathologies parmi les plus prévalentes de ce siècle : schizophrénie, troubles bipolaires, addictions, dépression et troubles obsessionnels compulsifs. Outre ces troubles identifiés dans la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Algériens ont connu des périodes de violences massives ayant entrainé des troubles de stress post-traumatique qui n’ont pas fait l’objet de traitement.
Farid Chaoui2 souligne une caractéristique assez unique :
C’est une population qui a été prise en étau entre deux événements traumatiques majeurs, la guerre de libération d’une part et la guerre civile d’autre part. Et entre les deux, se chevauchent les générations. Celle qui a vécu la guerre de libération et en a subi les traumatismes n’a pas été prise en charge sur le plan psychologique (…) Cette génération a de plus, avec les autres générations, subi la guerre civile dont le stress était aussi majeur, voire plus grave que celui de la guerre de libération en termes de choc psychologique.
Une société collectivement impactée par un traumatisme non reconnu et non traité ? La question fait débat même si d’aucuns y voient une explication à la violence latente et aux comportements déviants observés. Par ailleurs, le pays a connu des catastrophes naturelles majeures et des mutations de la structure familiale liées à l’accroissement démographique qui altèrent la santé mentale des Algériens, comme le souligne le plan national de santé mentale 2017-2020.
Des actions ont été menées pour renforcer les services de santé mentale, mais l’accroissement des troubles mentaux est un défi qui s’impose aux acteurs de la santé, du social et du politique. Les consultations psychiatriques représentent environ 1,5 % des consultations dans les structures sanitaires, et 7 % des affections chroniques sont des maladies mentales. L’ensemble des données, bien que disparates, renseignent sur l’existence d’une détérioration significative de la santé mentale dans le pays.
L’Algérie dispose de 19 établissements hospitaliers spécialisés (EHS) psychiatriques, de 27 services de psychiatrie en hôpitaux publics, et de six services en centres hospitaliers universitaires (CHU).
Ces structures totalisent 5 299 lits, avec un ratio de 13,1 lits pour 100 000 habitants. Pour les structures de proximité, il existe 161 centres intermédiaires de santé mentale sur les 188 prévus par le Programme national de santé mentale. Quant aux structures de prévention et de lutte contre les addictions, 42 centres intermédiaires de soins en addictologie sont fonctionnels sur les 53 prévus. Peu d’hôpitaux psychiatriques ont été construits depuis l’indépendance, ce qui donne une idée de l’importance très relative accordée à la santé mentale. De fait, le système de santé ne répond pas à une demande de plus en plus pressante, exacerbée par d’énormes disparités régionales.
Les régions du Nord du pays bénéficient d’une meilleure dotation, avec 83 % des soins de haut niveau concentrés dans cette zone privilégiée, notamment grâce aux cinq CHU sur les six que compte le pays. Une concentration qui s’accompagne toutefois d’une réalité désolante : 77 % des wilayas3 du Nord ne disposent pas d’une offre de soins périphérique, réduisant ainsi l’accessibilité aux soins.
Selon les psychiatres hospitaliers, le pays aurait cependant enregistré une amélioration de la prise en charge, notamment sur le plan structurel. Selon Othmane Telba, chef de service au sein de l’EHS psychiatrique à Biskra (sud-est du pays) :
Il y a eu de nouvelles structures spécialisées, beaucoup de psychiatres ont également été formés au cours des dernières années. Cependant, beaucoup reste à faire, que ce soit sur le plan humain ou matériel ou en matière de prise en charge sociale d’accompagnement.
Même son de cloche avec Mohamed El Amine Bencharif, chef de service de psychiatrie légale à l’hôpital Frantz Fanon de Blida qui estime que si le nombre des hôpitaux et des psychiatres est globalement appréciable, beaucoup de lacunes restent à combler :
Il est indéniable que le système de santé mentale en Algérie est confronté à des lacunes structurelles. Les soins sont pensés autour de l’hospitalisation. Cet « hospitalo-centrisme » est coûteux, peu efficace et freine le développement des soins alternatifs.
Concernant le traitement pharmacothérapique, les deux médecins s’accordent sur les efforts accomplis, mais « l’accessibilité aux médicaments reste un problème, accentué par les ruptures de stock », note le Pr Bencharif. Selon lui, il est impératif de renforcer l’accessibilité aux traitements, de promouvoir les psychothérapies, et de créer des structures facilitant la transition post-cure des patients, au plus près de leur environnement quotidien. Cette approche intégrée contribuerait à une prise en charge plus holistique des maladies mentales.
Un avis partagé par le Dr Telba qui relève que les malades sont souvent :
des victimes de rejet social ou des SDF, que l’on arrive à stabiliser, soigner, et qui, dès leur sortie de l’hôpital, arrêtent leurs traitements et rechutent, ce qui est presque normal pour un malade livré à lui-même. Ces mêmes malades, on les retrouve à nouveau aux urgences psychiatriques plusieurs semaines ou mois plus tard, car ils ont été impliqués dans des problèmes d’ordre public par exemple. C’est dommage ! Ces malades ne trouvent pas de prise en charge sociale dans d’autres institutions publiques qui sont censées assurer le suivi en dehors des établissements hospitaliers
Les aspirations à une bonne prise en charge de la santé mentale se heurtent aux limites d’une politique de santé cloisonnée.
Le Pr Bencharif explique :
L’absence d’une politique de santé mentale globale se traduit par une fragmentation des soins. Il est impératif de réévaluer la coordination entre les secteurs public et privé, ainsi qu’entre les soins ambulatoires et hospitaliers. Une collaboration pluridisciplinaire est nécessaire. Cela implique l’inclusion de travailleurs sociaux, d’éducateurs spécialisés, d’infirmiers en psychiatrie, de psychologues, d’ergothérapeutes, etc.
Le système de santé mentale en Algérie semble, dans une certaine mesure, figé dans le passé, manquant de l’élan nécessaire pour répondre aux besoins d’une société en transformation. Les efforts pour améliorer la prise en charge post-cure, l’accessibilité aux traitements et l’intégration des familles demeurent insuffisants.
Le Dr Telba souligne, toutefois, que le recours aux hospitalisations se raréfie.
Nous recourons beaucoup plus à la consultation externe au niveau des hôpitaux ou des polycliniques plutôt qu’à l’internement des malades. L’hospitalisation devrait être réservée uniquement à une certaine catégorie de patients. Ce qui était le plus récurrent avant ne l’est plus aujourd’hui, et tant mieux pour nos malades.
Le Pr Bencharif évoque, pour sa part, les conditions d’hospitalisation des patients en psychiatrie, complexifiées par une surcharge notoire au sein des établissements.
Les hôpitaux psychiatriques, bien que disposant d’un nombre accru de lits, font face à une sur-occupation des pavillons, entrainant une dégradation des conditions de traitement. Il faut repenser la distribution des ressources médicales et explorer des solutions novatrices pour améliorer l’accessibilité aux soins, notamment dans les régions éloignées où les structures médicales sont insuffisantes, voire absentes.
Mais la question des moyens est toujours prégnante. Pour le Dr Telba :
Une meilleure prise en charge suggère un plus grand encadrement. Aujourd’hui, selon les chiffres du ministère, nous sommes près de 1 000 psychiatres. Ce chiffre est insuffisant au regard des pathologies et de la population. Si l’on considère déjà les 500 000 bipolaires et les 500 000 schizophrènes, nous sommes déjà trop peu nombreux. Or, nous enregistrons le départ de beaucoup de nos amis et confrères psychiatres vers l’étranger, surtout la France, depuis ces 3 dernières années, sans parler de ceux qui vont vers le secteur privé…
Au pays de Mahfoud Boucebci, un des pères de la psychiatrie algérienne moderne, assassiné le 15 juin 1993 par un groupe islamiste devant l’hôpital psychiatrique d’Alger, et sur la terre d’adoption de Frantz Fanon, la maladie mentale est encore traitée avec des amulettes et des incantations. Les Algériens sont 78,80 % à penser que le Coran peut guérir leurs troubles selon une enquête de l’Institut national de santé publique (INSP) de 2007. La maladie mentale est souvent vécue comme la manifestation de la volonté divine de punir, d’éprouver ou de purifier l’âme du malade. Tous les Algériens connaissent cette citation « c’est Dieu qui donne la maladie et c’est Dieu qui guérit ».
L’invocation de Dieu, du prophète et parfois des saints patrons est investie alors du pouvoir de guérison. Le recours à la roqya4 est très fréquent pour combattre les méfaits du mauvais œil, du mal-être et dans des cas extrêmes se débarrasser de l’emprise d’un djinn ou démon. La roqya est un rite où le raki, l’officiant de cette cérémonie, récite des versets du Coran. Il peut aussi utiliser de l’eau bénite (eau de zemzem) et brûler de l’encens et autres composants pour soulager le patient. La guérison par la religion a toujours existé en Algérie, sa pratique était toutefois du ressort des talebs et imams, personnages respectés de la communauté pour leur savoir théologique.
Elle est devenue un commerce lucratif investi parfois par des charlatans qui recrutent « leurs clients » sur les réseaux sociaux et dans les mosquées. Il n’empêche que les Algériens les consultent avec conviction comme l’explique Maabrouk Laawadj dans son étude « Mutations psychosociales et maladies mentales en Algérie » parue dans la revue Dirassat de l’université d’Oran de 2015.
Ce modèle culturel d’interprétation magique permet d’atténuer l’angoisse par l’objectivation de la persécution, et la désignation du ou des persécuteurs présumés. La maladie n’est plus un processus endogène propre au patient, mais un accident venant du dehors, une intrusion d’un mauvais objet à expulser au plus tôt
La médication coranique, ne nécessitant pas de diplôme, s’est imposée comme alternative aux psychiatres et psychologues qui ne proposent pas de miracle, mais des traitements au long cours. Être considéré comme un malade mental s’accompagne de la souffrance, de la stigmatisation et de la marginalisation de la société. Le fou et, plus encore, la folle « al-mahboula »/« al-majnouna », sont cachés par leurs familles, exclus socialement, telle une honteuse tare infligée aux proches.
Le recours à la sorcellerie, en revanche, est interdit par la loi algérienne basée sur la charia, les pèlerinages des tombeaux de saints, décriés par les islamistes, ainsi que de nombreux rituels, permettent à l’entourage du malade de signifier leur impuissance devant la volonté de Dieu. Ces pratiques tournent parfois au drame comme ce fut le cas pour une fillette tuée au cours d’une séance de roqya menée par un jeune raki, fin mai 2020. Reconnue par la charia et non interdite par la loi algérienne, la roqya prospère dans ce no man’s land juridique.
Le 16 avril 2024, le média TSA publiait la vidéo d’une séance de roqya collective organisée par un tiktokeur qui se fait appeler cheikh Nacer. L’article reprenait également la pétition de plusieurs associations religieuses qui réclamaient des sanctions contre lui. Il reste peu probable que le business de la guérison par le Coran soit menacé, en l’absence de corpus judiciaire.
Il ne s’agit pas cependant pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Hamid Salami, psychologue et ethnopsychiatre explique que les symptômes et les désordres psychologiques sont « codés » par la culture d’origine du patient.
Il faut comprendre scientifiquement ce que signifient, par exemple, la notion de mauvais œil, possession, envoûtement… sans les réduire à des diagnostics structurels construits par la psychiatrie et la psychologie classique. Nous travaillons, à la fois, pour créer des ponts entre les disciplines scientifiques et pour maintenir et encourager les complémentarités entre les différents praticiens qui entourent les patients. C’est à la fois une thérapie groupale et familiale.
Approches modernes et pluridisciplinaires, formation continue du personnel médical, améliorations des infrastructures et création de synergies entre soins hospitaliers et ambulatoires apparaissent comme des axes prioritaires. Enfin, l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de santé mentale cohérente permettraient de transcender l’ancien modèle psychiatrique pour répondre aux défis contemporains.
GHANIA KHELIFI > GHADA HAMROUCHE
https://orientxxi.info/dossiers-et-series/l-amulette-et-le-divan-l-epineuse-prise-en-charge-des-traumatismes-en-algerie,7474
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Rédigé le 09/07/2024 à 08:27 dans SANTÉ MENTALE, Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
La balle a effleuré le héros sans tuer le salaud. Trump est en passe de devenir un héros. Héros pour un monde divisé en deux : d’un côté les sots et de l’autre les puceaux.
Les sots sont les plus nombreux, c’est sur eux que le salaud compte pour allumer ou éteindre le feu et se faire passer pour un héros.Trump l’a échappé belle, mais cela n’enlève rien à son impact criminel : il a enflammé le Capitole et proclamé Jérusalem, capitale pour Israël
Il n’est pas un héros, loin s’en faut ! Mais bel et bien un salaud.
https://www.tmz.com/2024/07/14/corey-comperatore-donald-trump-shooter-victim/
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Rédigé le 08/07/2024 à 23:14 dans France, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans son livre « Récits d’Algérie » et sur son site, la jeune juriste franco-algérienne recueille la parole des témoins du conflit comme celle de leurs descendants.
Les basses rues de la Casbah à Alger durant la guerre d’Algérie, en septembre 1961. © Marc Garanger/Aurimages via AFP
Des témoins directs, hommes ou femmes, de la guerre d’Algérie et des descendants de ceux qui l’ont vécue et de ceux qui ont combattu, dans les deux camps. Témoignages, poèmes, lettres… Farah Khodja poursuit un ambitieux projet de recueil des mémoires. La jeune juriste de 25 ans, d’origine algérienne par sa mère, a d’abord fondé un site internet, « plateforme collaborative et intergénérationnelle visant à collecter les récits de la guerre d’indépendance algérienne ».
Son livre, Récits d’Algérie. Témoignages de nos aînés, de la colonisation à l’indépendance, paraît aux éditions Faces Cachées, qui n’ont jamais mieux porté leur nom : ce sont des paroles en voie d’extinction que ce bel ouvrage, illustré par des photos, donnent à lire. Les rappels historiques, des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945, au jour de l’indépendance le 5 juillet 1962, insufflent un supplément de sens à l’ouvrage. Émotion et intelligence caractérisent ce kaléidoscope de fragments de vies où se reflète la complexité des hommes et des époques. Un hommage incarné et essentiel.
Jeune Afrique : Pourquoi avoir lancé le site internet et pourquoi le livre ?
Farah Khodja : J’ai lancé le site internet recitsdalgerie.com en février 2020 afin de faire vivre les mémoires de nos aînés au sujet de la guerre d’indépendance algérienne. Étant moi-même d’origine algérienne, j’ai réalisé assez tardivement, à l’âge de 19 ans, que mon grand-père ne nous parlait jamais de cette partie de sa vie. J’ai alors souhaité apprendre cette histoire à travers ceux qui l’avaient vécue, la génération de mon grand-père. Et j’ai surtout voulu archiver leurs récits avant qu’ils ne disparaissent. Nos aînés s’éteignent trop souvent en emportant notre histoire avec eux. Ne pas collecter leurs mémoires, c’était prendre le risque de les voir disparaitre. Le livre s’inscrit dans cette démarche, il permet de rendre hommage à ces récits précieux et aux témoins qui ont accepté de nous confier leurs mémoires.
Comment avez-vous sélectionné les témoignages ?
Les témoignages sont venus à nous au gré des rencontres et de l’évolution du projet Récits d’Algérie. Dès le lancement, il y a très vite eu un fort engouement autour du projet, ce qui a grandement facilité ce travail de mémoire. J’ai ensuite volontairement fait le choix de ne pas aller à la recherche de témoignages avec des idées préconstruites, en me disant par exemple qu’il faudrait représenter toutes les mémoires de façon exhaustive. J’ai simplement décidé d’écouter les personnes qui acceptaient de nous rencontrer et de témoigner, le seul critère étant celui d’être un témoin direct de la guerre.
Puis au fur et à mesure que le projet avançait, il y avait ce lien intergénérationnel, qui est d’ailleurs l’essence même de Récits d’Algérie, et qui nous a menés à collecter également les souvenirs des enfants et petits-enfants à propos des récits transmis par leurs parents ou grands-parents. Au final, toutes ces rencontres composent une réelle mosaïque de « récits d’Algérie », que l’on retrouve aujourd’hui dans le livre.
Les témoignages, directs ou indirects, prennent plusieurs formes : poèmes, lettres fictives, interviews, récits… Cette liberté dans la forme était-elle prévue ?
Il faut avouer qu’avec Récits d’Algérie, rien n’est jamais prévu ni anticipé ! Nous nous adaptons toujours au format privilégié par les témoins et/ou leurs descendants, à la façon dont ils souhaiteraient transmettre leurs récits. Avant de penser au livre, nous avions déjà énormément de matière, beaucoup de récits qui se baladaient dans nos disques durs, que nous avions archivés sous différentes formes : écrits, audios, vidéos, poèmes… Le livre reflète tout cela.
Il me paraît être essentiel de savoir regarder derrière nous, comprendre notre histoire, savoir d’où l’on vient, pour justement mieux avancer
Certains témoins acceptent d’être filmés, d’autres préfèrent seulement qu’on enregistre leur voix… De même, les auteurs de témoignages indirects (petits-enfants, enfants), ont laissé libre cours à leur créativité. Lina a par exemple souhaité écrire une lettre fictive à son grand-père, Younès a préféré s’exprimer en vers, Ismaël a dressé un portrait écrit de sa grand-mère… C’est vraiment propre à chacun. L’idée est de se dire que chacun peut contribuer à cette transmission mémorielle, à sa façon.
Vous avez commencé le livre par le témoignage de votre propre grand-père. Pourquoi était-ce important ?
C’était une recommandation de l’éditrice, Ouafae Mameche, et l’idée m’a évidemment tout de suite beaucoup parlé. Ce choix permet de donner très vite un sens à la lecture. C’est un moyen de dire au lecteur : « Voilà, on va commencer la lecture des récits avec le silence de mon grand-père. Car c’est le déclencheur de tout le travail de collecte qui va suivre, de tous les témoignages que vous allez lire. » Et puis, comme je le disais, mon grand-père parle très peu de cette période de sa vie. Il est extrêmement pudique sur cela, et c’est le cas de la grande majorité des témoins de la guerre d’indépendance algérienne.
Commencer avec ses « récits silencieux », c’était un moyen de faire prendre conscience au lecteur que ce n’est pas chose commune d’avoir autant de récits. Ceux qui composent le livre (il y en a une vingtaine) ne sont ni banals ni anodins. Nous sommes d’ailleurs le plus souvent amenés à parler des récits que nous avons collectés, il y a également eu plusieurs rencontres qui n’ont finalement pas abouti. Comme je l’écris dans le livre, il faut savoir écouter ces silences et les respecter. Cela permet également d’apprécier davantage le fait de pouvoir apprendre l’histoire à travers ceux qui l’ont vécue.
En parlant de votre grand-père, vous écrivez : « À quoi bon avoir émigré et travaillé si dur toute sa vie si c’est pour vieillir et voir ses petits-enfants raviver les plaies du passé ? Pourquoi faudrait-il parler des horreurs de la guerre à des jeunes qui ont l’avenir devant eux ? N’est-il pas mieux de préserver nos enfants de cette histoire douloureuse ? » Est-ce un paradoxe de voir que certains aînés regardent devant eux quand leurs descendants regardent derrière eux ?
Cette volonté de nos aînés de voir de l’avant, est plutôt, à mon sens, une forme de résilience et de pudeur, par rapport à ce qu’ils ont pu vivre pendant la colonisation, la guerre et même après. Concernant leurs descendants, je pense qu’il en va justement de notre rôle de connaître notre histoire et de la transmettre. Il me parait être essentiel de savoir regarder derrière nous, comprendre notre histoire, savoir d’où l’on vient, pour justement mieux avancer et avoir toutes les clés de compréhension en mains, de notre société contemporaine et son passé.
Avez-vous vous-même appris des choses en faisant le podcast puis le livre ? Si oui, lesquelles ?
J’ai énormément appris, entre le lancement du site internet en 2020 et la sortie du livre en 2022, sur de nombreux plans. Autant pour la collecte de récits que le travail de transmission, les deux sont très humains et permettent de se sentir grandie à chaque rencontre !
Pensez-vous que votre livre sera lu de la même façon en Algérie et en France ?
Je pense plutôt que la façon dont le livre sera lu, c’est-à-dire la façon dont les récits seront reçus, dépendra du degré de sensibilité et de familiarité du lecteur avec cette période de l’histoire, qui est de toute évidence commune aux deux pays. Chaque lecture sera alors évidemment différente en fonction du lecteur, peu importe que ce dernier se situe en Algérie ou en France.
Pensez-vous que la chape de silence sur la guerre d’Algérie est définitivement levée et qu’aujourd’hui, on en parle suffisamment ?
On parle beaucoup plus aujourd’hui de la guerre d’Algérie en France, notamment « grâce » au soixantième anniversaire de l’indépendance qui était au cœur de l’actualité durant toute l’année 2022. Aujourd’hui, le tabou est levé. Mais la transmission des mémoires de la guerre et la connaissance de cette partie de l’histoire sont-elles réellement assurées ?
Récits d’Algérie. Témoignages de nos aînés, de la colonisation à l’indépendance, de Farah Khojda (éd. Faces cachées, 29,90 euros, 292 pages).
Publié le 2 février 2023Lecture : 6 minutes.
https://www.jeuneafrique.com/1411300/culture/farah-khodja-jai-voulu-archiver-les-temoignages-sur-la-guerre-dalgerie-avant-que-les-memoires-ne-disparaissent/
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Rédigé le 08/07/2024 à 17:48 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Pourquoi l’Algérie est-elle restée à l’écart du Printemps arabe ? Selon Tony Barber, du « Financial Times », la réponse est dans l’exceptionnelle brutalité de son passé colonial.
L’année du Printemps arabe a vu déferler en Afrique du Nord et au Moyen-Orient une vague de troubles sociaux et de révolutions politiques. En Algérie, l’ancien régime, lui, n’a pas vacillé. En février, quelques émeutes ont conduit les autorités à lever l’état d’urgence en vigueur depuis dix-neuf ans. Mais les forces armées et les services de sécurité n’ont ni cédé ni subi de pressions de la part de la communauté internationale. Trois raisons à cela. Tout d’abord, les Algériens gardent un souvenir douloureux du conflit entre le régime et les islamistes radicaux qui a fait au moins 200 000 morts dans les années 1990. Ensuite, la détermination des autorités, depuis cinquante ans, à ne jamais perdre la main, grâce notamment à la manne pétrolière. Enfin, la discrétion de la communauté internationale, en particulier de l’ancienne puissance coloniale française, qui s’est tenue à l’écart.
Ces faits s’enracinent dans les cent trente-deux ans de domination française qui ont culminé avec la guerre d’indépendance (1954-1962). Comme l’écrit Martin Evans : « L’Algérie fut l’un des épisodes les plus longs et les plus difficiles du processus de décolonisation. Cet épisode a été le symbole de la fin des empires européens, un événement crucial qui a contribué à tracer les contours du XXe siècle, qui est intimement lié à d’autres processus clés : l’impact des deux guerres mondiales, la guerre froide, le panarabisme et le mouvement de construction de l’unité de l’Europe de l’Ouest. » La guerre a laissé des cicatrices dans la société française. Elle a entraîné le rapatriement de 1,1 million de colons, dont beaucoup ont adopté le populisme antimigratoire d’extrême droite de Jean-Marie Le Pen. Pendant et après la guerre, beaucoup d’Algériens se sont installés en France et y ont fondé des familles, remodelant l’identité nationale.
Trois nouveaux livres éclairent admirablement les premiers temps du colonialisme français, ainsi que l’animosité entre gouvernants et gouvernés qui a engendré un nationalisme algérien intransigeant, et le processus qui a vu s’effondrer l’ambition française de bâtir une société harmonieuse où colons et natifs auraient cohabité pacifiquement. Un tel espoir était d’ailleurs au cœur de la vision humaine et politique d’Albert Camus. Né en Algérie, cet auteur français y situe certaines de ses meilleures œuvres, comme La Peste et L’Étranger. Hommage vibrant de sa fille Catherine, Albert Camus, solitaire et solidaire rassemble des centaines de photos de l’écrivain. Certaines citations qui les accompagnent rappellent combien il déplorait les violences des dernières années de l’Algérie française. « Je n’ai jamais rien écrit qui ne se rattache, de près ou de loin, à la terre où je suis né. C’est à elle, et à son malheur, que vont toutes mes pensées », déclarait-il en 1957, en recevant le prix Nobel de littérature.
Et pourtant, dix ans avant le début de la guerre, la possibilité que l’Algérie surmonte un jour les haines entre les natifs et leurs gouvernants français était déjà infime. Dans Algeria: France’s Undeclared War (« Algérie : la guerre non déclarée de la France »), Evans décrit les violentes manifestations qui ont eu lieu à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en mai 1945, dans l’Est algérien, où plus de cent colons furent tués : « Une violente confrontation, suivie de démembrements rituels où les organes génitaux étaient coupés et placés dans la bouche des cadavres, les poitrines lacérées, les gorges tranchées et les ventres éviscérés. » Les représailles françaises ne furent pas moins brutales : des milliers d’Algériens furent massacrés. « Désormais, rien ne pouvait redevenir comme avant. L’Algérie rurale avait affronté l’Algérie européenne, et la société était plus polarisée que jamais », observe Evans.
Plus qu’une guerre
Professeur d’histoire à l’Université de Portsmouth, Evans a utilisé des archives déclassées et de nouveaux témoignages pour démêler l’écheveau de l’histoire française et nord-africaine. Il faut ainsi se souvenir que, pour les dirigeants français et la population, l’Algérie n’était pas une simple colonie mais une partie intégrante de la nation. Dès les années 1880, ses structures administratives étaient les mêmes qu’en métropole et il était impensable que la France puisse en être amputée. Mais l’idée que l’Algérie est comme le Languedoc était fictive. Le code de l’indigénat constituait un « ensemble de lois exclusivement répressives qui ne s’appliquaient qu’aux musulmans », écrit Evans. « L’Algérie française était strictement ségrégationniste […]. La séparation politique produisait la séparation physique. Européens, juifs et musulmans habitaient dans des lieux différents et coexistaient sans jamais se mélanger. »
Il a fallu attendre 1999 pour que l’Assemblée nationale française reconnaisse le combat pour l’indépendance comme une guerre. Pendant le conflit, l’État français ne parlait que d’opérations de « pacification » ou de « maintien de l’ordre et de la loi ». Mais il s’agissait d’une guerre – en réalité bien plus qu’une guerre. Jusqu’à ce que la IVe République soit remplacée en 1958 par la présidence de Charles de Gaulle, il s’agissait pour la France d’un combat crucial pour maintenir son rang de puissance mondiale. Humiliée par la défaite et l’occupation nazie entre 1940 et 1944, elle voyait le contrôle de l’Algérie comme la base d’une union franco-africaine qui s’étendrait de Paris aux possessions d’Afrique centrale et occidentale. La victoire aurait permis de renforcer le poids de la France dans l’alliance antisoviétique et de lui donner un atout dans sa compétition avec « l’impérialisme anglo-saxon » de la Grande-Bretagne et des États-Unis.
Cette ambition a été anéantie par l’irréductible engagement du Front de libération nationale (FLN), mais aussi par la barbarie des forces françaises, notamment durant la bataille d’Alger, en 1957. Leurs atrocités ont discrédité la politique de Paris, en particulier auprès de l’opinion modérée en métropole. La torture était si répandue qu’un caporal de la Légion étrangère a admis que « s’il y avait un jour un nouveau tribunal de Nuremberg, nous serions tous jugés coupables ». Le FLN a aussi beaucoup de sang sur les mains. Se considérant comme l’unique représentant du peuple algérien, il a éradiqué toute contestation, au prix de milliers de morts. Evans a touché le nœud du problème en décrivant ce conflit comme une guerre à plusieurs niveaux qui a opposé les Français aux Algériens, le FLN au FLN, le FLN à d’autres Algériens, et des Français à des Français.
Dès 1830, la brutalité a entaché les premières actions de la France en Algérie. Dans son étude sur les deux premières décennies de la domination française, By Sword and Plow (« Par le sabre et la charrue »), Jennifer Sessions, historienne à l’Université de l’Iowa, décrit les terrifiantes « enfumades » : au milieu des années 1840, des Algériens étaient piégés dans des grottes et enfumés à mort par les forces françaises. Pour Sessions, « la conquête militaire a eu un impact démographique dévastateur sur la population autochtone, et la guerre française figure indubitablement au panthéon des “génocides coloniaux” ». Elle calcule ainsi que la population algérienne est passée de 4 millions à la veille de la colonisation à 2,3 millions au milieu des années 1850.
Traumatisme
L’invasion de l’Algérie a été par bien des aspects un effet secondaire des tensions intérieures françaises. En 1830, la monarchie ultraconservatrice des Bourbons était au bord de l’effondrement. « Confrontés à une large opposition populaire et à une forte majorité libérale à la Chambre des députés, le roi Charles X et le président du Conseil ultraroyaliste Jules de Polignac ont conçu l’expédition d’Alger comme une tentative ultime et désespérée de gagner le soutien électoral », écrit Sessions. Le plus tragique est d’avoir vu des penseurs progressistes comme Alexis de Tocqueville, auteur de De la démocratie en Amérique, promouvoir ce colonialisme impérialiste par opposition à celui pratiqué au XVIIIe siècle, qui reposait sur l’esclavage et les monopoles économiques.
Sessions conclut que, la colonisation de l’Algérie étant profondément enracinée, il était presque certain que la décolonisation se ferait dans une extrême violence. « La guerre d’Algérie a accouché de nouveaux régimes sur les deux rives de la Méditerranée, et le traumatisme qu’elle a engendré est au cœur de la culture politique et du débat historique dans les deux États postcoloniaux », écrit-elle. Le peuple algérien voulait son indépendance et il l’a gagnée. Qu’il mérite ou non le régime actuel et combien de temps celui-ci tiendra sont une autre affaire.
Publié le 26 décembre 201
https://www.jeuneafrique.com/188865/politique/alg-rie-une-histoire-crite-en-lettres-de-sang/
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Rédigé le 08/07/2024 à 16:58 dans Algérie, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
«Ceux qui, pieusement, sont morts pour la patrie ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie. (...) Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau. (...) La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau!» Victor Hugo. (Hymne)
Résumé
L’Algérie est indépendante depuis 62 ans ! Un âge de raison ! Un devoir d’inventaire s’impose pour mesurer le chemin parcouru , reconnaitre, les erreurs et lancer une réflexion sur le futur en tenant compte des contraintes objectives, de la nécessité d’un aggiornamento pour pouvoir avoir une visibilité dans un monde de plus en plus ensauvagé à la fois sur le plan économique où les faibles périssent de différentes manières ( conflits de toutes sortes, avec un soubassement de famine) mais aussi pratiquement il semble qu’il n’y ait plus de barrière que tout est permit, l’éthique étant absente à l’international.
Ainsi Le «monde» est devenu profondément anxiogène. Le Nouvel Ordre économique plus juste auquel avait appelé le président Boumediene à la tribune des Nations Unies il y a quarante ans n’est toujours pas en place . Au contraire, la lutte est pour l'Occident d'imposer le statu quo. Malgré les efforts des BRICS pour un monde multipolaire. Il vient que L'Occident est plus arrogant que jamais. Un monde plus juste est, pour le moment, encore une utopie de plus ne plus lointaine
Ce qui arrive aujourd'hui à Ghaza est une tache à la face des nations, ce qu'Israël a fait relève d'une Shoah continue avec des pays arabes tétanisés. En clair, c'est la guerre dans toutes ses dimensions, économiques, religieuses (l'islam est devenu le Satan de l'Occident) mais aussi scientifiques, technologiques, cybernétiques et, enfin, militaires.
Si on y ajoute la poussée de l’extrême droite en Europe, Les pays sont en compétition , c'est à celui qui sera le plus intolérant. Haro sur les mélanodermes les Arabes , les maghrébins et par dessus tout l'Islam. En France des alliances contre nature se font jour . On voit la conscience de ceux qui se disent représenter les juifs de France ( ce qui n'est pas vrai) le CRIF, et même Serge Klarfeld choisir leur camp à savoir voter pour la droite extrême adoubant un OVNI qui a jailli du néant et qui promet l'enfer aux Français "qui ne sont pas de souche" en matamore et avec la haine de soi ( il aurait des racines algériennes) il veut rompre les subtils équilibres de la Société française qui a mit des dizaines d’années à sédimenter et à rassembler près de 19 millions d'étrangers devenus français par la grâce d'une République et des Lois qui avaient un fort pouvoir d'intégration . Dans ce cadre , on est en droit de se demander quel avenir pour la France et pour l’Algérie si des pyromanes promettent le chaos aux relations houleuses qui ont « tenues » 62 ans dont la particularité est qu’elles ne sont pas "ordinaires" et ne seront pas rompues
Introduction
Les pays coloniaux , écrit le grand poète Aimé Césaire, conquièrent leur indépendance, là est l’épopée. L’indépendance conquise, ici commence la tragédie". Cette phrase du grand poète antillais Aimé Césaire résume, à elle seule, les errements des jeunes pays à l'indépendance. Chacun, pays a sa façon, a traversé les décennies avec plus ou moins de réussite. L'Algérie n'échappe pas à cette loi d'airain. Cependant indépendamment de la dimension politique, si nous devons retenir dans ces 62 ans d'existence de l'Algérie indépendante, c'est la période 1965-78,: Une vision et une planification, avait permis à l'Algérie de se battre avec très peu de moyens, de rares élites qui n'avaient que leur compétence et le feu sacré de voir son pays réussir. Ce fut sans conteste, si on est de bonne foi, un exemple de combat modèle. J'en avais rendu compte dans plusieurs de mes contributions, notamment dans le texte: «Si Boumediene revenait parmi nous»
Bref rétrospective des quinquennats précédents
Pour l'histoire Il faut savoir que de 1965 à 1978, l'Algérie a eu en tout et pour tout près de 22 milliards de dollars de rente pétrolière et nous étions dépendants du pétrole pour une faible part. Ce qui nous reste de 'l'industrie pétrolière, nous le dvns àcette période . Il en est ainsi, du tissu pétrochimique actuel des complexes de GNL, et de la capacité de l'ordre de 22 milliards de tonnes ( de 1980à 2023 à peine 5 millions de tonnes ont été ajoutés dans un contexte de moyens plus importants et d'expertise de cadres en quantités! Après la période Boumédienne Plusieurs gouvernements se sont ensuite succédés et ont d'une façon ou d'une autre détricoté le tissu industriel au nom du de la libre entreprise et du marché. La période des présidents Chadli , la décennie noire et Le quinquennat du président Zeroual nous amène en 1999. Le président Bouteflika a commencé sous de bons auspices notamment en amenant une paix par la fin de la tentation du califat. De plus Une rente insolente a permit d'engranger pour la période 1999-2019 près de 1000 milliards de dollars Le néolibéralisme est passé ensuite, faisant de l'Algérie un bazar. Une manne insolente 1999-2019 de 1 000 milliards n'a pas permis de construire du pérenne si ce n'est le développement du système éducatif dans sa dimension quantitative.
L'Algérie du quinquennat actuel
C'est dans une conjoncture de remise en cause du 5e mandat du president Boutelflika le peuple se souleva Ce sera la revolution du 22 février 1999 ( Hirak) qui déboucha sur des élections le 12 décembre 1999 qui aboutir àl 'élection du président Tebboune qui n'eut pas la tâche facile. Nous allons brièvement rapporter les actions réalisées par le gouvernement, et ce qui devrait être réalisé, de notre point de vue, dans le prochain quinquennat. Où en sommes-nous actuellement dans ce siècle de tous les dangers?
L'Algérie est à quelques mois d'une échéance cruciale. Il est important qu'elle ait en tête les défis qu'elle aura à affronter dans le prochain quinquennat. S'il faut se féliciter de certaines actions positives, qu'il faudra bonifier, il n'en demeure pas moins que des actions prévues n'ont pas pu être concrétisées. Il est bon de rafraîchir la mémoire afin que nul n'oublie. Les espérances promises par le Hirak, chacun de nous les revendique mais la réalité de la gestion du pays a nécessité de sérier les priorités des priorités. Qu'on le sache, l'année 2020 a été difficile, et la rente pétrolière a été la plus faible de la décennie de 20 milliards de dollars alors que les dépenses, même comprimées, dépassaient les 40 milliards de dollars. De plus, nous avons vécu pendant près de 20 mois les affres du Covid-19 et qui, avec le dévouement de tous, a permis de réduire la mortalité. Tout était à faire parce qu'il fallait faire ramener la confiance en assurant avant tout l'approvisionnement multiforme des citoyennes et citoyens, faire fonctionner le système éducatif avec 12,5 millions d'élèves, la santé...
Parallèlement, il fallait faire fonctionner «la machine». Au-delà du fait que globalement les pénuries structurelles ou provoquées ont été jugulées. De même, les institutions ont fonctionné; ce sera le cas de l'Éducation où plus de 10 millions d'élèves on rejoint l'école ou le lycée. Chaque année, le nombre de bacheliers devient important; environ 300 000 diplômés dont un nombre de filles plus important avec un bémol; le baccalauréat mathématiques est le parent pauvre moins de 3% à comparer avec la moyenne mondiale de 20%. Dans le même ordre, des chantiers importants ont été ouverts visant à donner les moyens à l'Algérie d'arriver à une relative indépendance technologique et alimentaire. Dans cet ordre, la mise en chantier de 3000 MW solaire est une performance à mettre à l'actif du ministère de l'Énergie et de SONELGAZ dont les compétences techniques sont à signaler.
Les chantiers du prochain quinquennat
En fait, un nouveau monde est en train de se dessiner, et l'Algérie doit s'adapter. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, une volonté nette de développement de l'autosuffisance est affirmée. Elle rejoint l'ambition du président Boumediene dans les années 1970 avec les dizaines de sociétés qui ont été créées et dont il ne reste que les deux grandes, SONATRACH et SONELGAZ. Nous nous retrouvons avec la nécessité de penser plus que jamais au développement durable pour laisser un viatique aux générations futures.
C’est dans ce cadre que le Ministère de la Transition Energétique et des Energies Renouvelables a été crée pour faire l’état des lieux de la production et de la consommation d’énergie qui augmente d’une façon importante et de faire des propositions de rationalisation de la consommation d’énergie C'est un fait, l'Algérie ne peut continuer à consommer de cette façon avec 1 milliard de mètres cubes par semaine! Il y a nécessité de mise en place d'un modèle énergétique flexible pour arriver à 50% d'énergie renouvelable d'ici 2035. Ainsi pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie 3000 MW d’énergie solaire ont été lancés par Sonelgaz (2000 MW) et la société SCHEMS qui a lancé les 1000 MW. Les premiers kWh solaire sont prévus début 2025 .
Le quinquennat actuel a donné une espérance au développement du pays rappelant les chantiers de l’ère Boumediene dont la devise, chaque dollar de la rente devrait servir à la création de richesse. C’est ainsi que le développement de l’énergie avec les nationalisations du pétrole et du gaz naturel , la Transsaharienne le barrage vert, les 1000 villages construits pour compenser les 10000 villages qui ont été brûlés par le Napalm furent lancés
Mutatis mutandis, Le président Tebbounne a décider du lancement de chantiers structurants les chantiers de Gara Djebilet, ( un projet dont on rêvait dans les années 70) le projet phosphate et des engrais, Transsaharienne électrique, Port central de Hammadia, veritable hum pour l’entrée vers le continent africain . Les aciéries de Béchar Djendjen qui nous permettront d produire de l’acier qui est la matrice de tout développement d’une industrie lourde, Enfin les mises des métaux Pb Zinc, seront mises en production . Sans oublier agro-industrie autant de chantiers à faire aboutir absolument.
La mise en oeuvre d'un chantier porteur de développement que celui de la Transsaharienne électrique permettra de donner une réelle dimension au transport, en créant des villes nouvelles avec la disponibilité de l'eau et la production progressive de l'électricité solaire. L’énergie sera à 50¨% renouvelable à la fin de la décennie. Nous irons de plus vers la locomotion électrique et l’Algérie ambitionne de produire 1 million de voitures et d’engins de transports ( Bus, camions) d’ici la fin de la décennie . Elle lancera aussi la production d’hydrogène vert. Pour cela elle devra développer des partenariats solides et pérennes avec la Chine, l’Allemagne, l’Italie
Le système éducatif devrait être amélioré
En fait, un nouveau monde est en train de se dessiner, celui de la technologie. L'Algérie se bat pour une transition multidimensionnelle pour faire émerger l'Algérie nouvelle. pour cela il faut revoir fondamentalement le baccéalauréat en créant en portant le chiffre de 2% de bacheliersà au moins 20% à la fin du prochain quinquennat . Cela nous permettra à cette échéance de "produire au moins 50.000 ingénieurs ( contre quelques milliers actuellement ) La création des deux écoles de mathématiques et d'intelligence artificielle à Sidi Abdallah est une rupture que nous saluons car elle consacre dans ce XXIe siècle de tous les dangers la prééminence de la connaissance . Il est important de continuer sur la lancée en mettant en oeuvre les six autres écoles ( notamment de Physique , de biotechnologie de medecine 2.0 d'Economie quantitative de droit et enfin d'agronomie véterinaire prévues initialement Il peut s'avérer nécessaire graduellement de faire passer des réformes rendues nécessaires par la marche d'un monde qui ne fait pas de cadeaux aux pays faibles
Le vivre ensemble pour un projet de société rassembleur
Devant les difficultés du monde actuel, les actions à mettre en oeuvre pour améliorer la qualité de vie mais aussi l'éducation et la santé, il est nécessaire de mobiliser les forces vives du pays . Pour cela un seul remède le parler vrai et la justice. De plus il s'avère plus que jamais nécessaire de tout faire pour le vivre ensemble . Des secteurs comme l'enseignement supérieur par une répartition harmonieuse des disciplines scientifiques nationales permettra le brassage des étudiantes et étudiants qui apprendront à se connaitre ; Il en est de même du serive national immense creuset de l'identité algérienne, il en est de même aussi de la culture qui doit inlassablement arriver à un brassage des régions. Brassage qui sera favorisée par une Transaharienne électrique Imaginons un parcours Tam- Alger 2000 km ; un Train 160 km/h mettra douze heures. C'est toute une vision nouvelle du Sud qui sera mise en place par la circulation des voyageurs avec des Trains électriques ( énergie électrique photovoltaïque. Cela permettra aussi de créer des villes nouvelles avec la disponibilité de l'eau et de l'électricité; le programme de sécurité alimentaire recevra une accélération avec la disponibilité du transport ferroviaire
Conclusion
On le voit, l'Algérie devra plus que jamais compter sur ses enfants. Il y a un train à prendre, celui de la modernité, du développement scientifique et technologique. Nous allons relever ce défi, en formant graduellement des dizaines de milliers d'ingénieurs si on veut rejoindre dans de bonnes condition le train des BRICS qui sera pour nous un immense accélérateur du développement et nous permettre de sortir enfin de l'emprise de l'Union Européenne avec laquelle nous n'avons que des problèmes pour ne pas savoir plier l'échine ...
Il s'agit des fondations d'une Algérie nouvelle qui aura fort à faire dans un environnement impitoyable où seul le savoir compte. Le chemin vers l'excellence est un itinéraire difficile mais c'est le prix à payer pour de bonnes défenses immunitaires. Le monde a changé, les hommes passent mais l'Algérie millénaire et ses enfants sont toujours là. Nos relations avec la France ne seront jamais banales voire normales et c’est tant mieux ! Car 132 ans de compagnonnage douloureux font que notre adversaire intime a besoin de l’Algérie de son savoir faire de sa profondeur stratégique.
De même l’Algérie a un devoir de responsabilité vis-à-vis des Algériens Français qui peuvent servir de passerelles malgré tout les nostalgiques de du bon temps des colonies voire de l’empire , dans un siècle où les relations sont basées sur une multitude de facteurs dont l’aspect humain est important comme c’est le cas des relations algéro-françaises
Gloire à nos martyrs! Bonne Fête de l'indépendance aux Jeunes Algériennes et Algériens qui devraient retrouver le feu sacré des pionniers de l'indépendance.
Article de référence complété: Chems Eddine Chitour https://www.lexpressiondz.com/nationale/qu-est-ce-que-l-independance-au-xxie-siecle-383200
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
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Rédigé le 08/07/2024 à 09:40 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (1)
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami et le siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Hier, sous la tente, je parlais avec Sabah du bouleversement de notre vie, comment nous en étions arrivés à vivre sous la tente dans des conditions très dures, la chaleur, les mouches, le sable qui nous envahit… Mais ce seront un jour des souvenirs dont on pourra même rire. Je disais à Sabah que, plus tard, on se raconterait des histoires en plaisantant : « Tu te rappelles comment tu as allumé le feu et que tu avais du noir partout sur ton visage, comment tes joues étaient passées du rouge au noir ? » On dira sans doute aussi :
Tu te rappelles comment on faisait la queue pour acheter l’eau dans des citernes, comment on avait fait une piscine, comment on avait essayé de transformer notre tente en villa, que l’on appelait « El ezza », « La dignité ». C’est vrai que maintenant, c’est très dur, mais plus tard ce seront des souvenirs, et on en sourira.
Mais on parlait aussi de cette machine de guerre qui a tout détruit : les hommes, les bâtiments, les infrastructures, les arbres, les pierres, les terres agricoles, même les nappes phréatiques. Mais beaucoup de gens ne se rendent pas forcément compte que la machine détruit quelque chose de plus important encore : les souvenirs, le passé. Car démolir une maison, ce n’est pas seulement abattre des murs, c’est faire disparaître un foyer. Dans notre société, notre appartement ou notre maison, d’habitude, c’est le cœur de la famille. La majorité de la population de Gaza vit dans des « immeubles familiaux », des constructions de quelques étages où habitent le père, ses enfants, avec leurs maris ou leurs femmes et les petits-enfants. Tout le monde est là. Tout le monde a grandi dans cette maison, elle contient les souvenirs de toutes les étapes de la vie : l’enfance, les études, les diplômes, les mariages. Et surtout, les souvenirs du père, qui a travaillé toute sa vie pour arriver à construire cette maison.
C’est le rêve traditionnel de tous les Palestiniens : travailler, construire une maison, se marier et puis avoir des enfants, et que les enfants grandissent et que chacun ait son propre appartement. Dans le chaos, j’ai essayé de préserver ce que je pouvais de cette mémoire. Avant cette guerre, il y en a eu d’autres, et nous étions toujours prêts à partir rapidement. Depuis l’attaque israélienne de 2014, quand ils ont commencé à viser les tours comme celle où nous habitions, nous avions des sacs à dos préparés pour un départ en urgence, dont un qui contenait les passeports, les papiers importants, un peu d’argent. Vraiment le strict nécessaire. Et j’ai toujours insisté pour glisser dans ce sac quelque chose qui appartenait à notre mémoire : les photos des enfants, de Walid…
Comme on évoquait tout cela, Sabah m’a raconté qu’en 2014, quand sa famille a perdu une première fois sa maison, elle avait tout perdu : « Je n’ai plus rien, plus de photos de moi quand j’étais petite, de photos de classe à l’école, j’ai perdu mes diplômes, les photos de la naissance de mes enfants, les photos de mes parents, celles de mon père quand il était jeune. Tout cela a disparu. » Les Israéliens savent très bien que détruire une maison, c’est détruire le passé d’une famille. Et pendant cette guerre-ci, l’immeuble familial de Sabah a été détruit pour la deuxième fois. Son père avait mis cinq ans à le reconstruire, et il restait un étage à achever. Dix ans de souvenirs, tous ceux des années 2014 à 2024, ont encore disparu.
Sabah avait son propre appartement dans cet immeuble, elle avait commencé à le meubler, elle y avait mis les photos qui illustraient la vie de ses fils, on les voyait dans leur chambre, au jardin d’enfants, à leurs remises de diplômes. Les diplômes, encadrés, étaient accrochés aux murs. Tout cela a été effacé par la machine de guerre.
Dans nos maisons, en général, on trouve beaucoup de choses, des souvenirs rapportés de voyage, des cadeaux reçus d’amis… Et puis les bijoux. Je ne sais pas si c’est une coutume uniquement palestinienne, mais on garde toujours les bijoux de mère en fille. On voit souvent des femmes qui portent un bijou qui appartenait à leur arrière-grand-mère, transmis de génération en génération.
Un ami m’a raconté qu’un de ses amis a été obligé de vendre une bague qui avait appartenu à sa grand-mère, parce qu’il devait nourrir sa famille. Aujourd’hui la majorité des habitants de la bande de Gaza dépend de l’aide humanitaire. Depuis presque trois mois, cette aide ne passe plus. Et beaucoup de gens n’ont plus de revenus. Les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne sont toujours payés même depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007, mais leurs salaires sont en ce moment diminués de moitié. Du coup nous avons commencé à vendre nos biens, surtout nos bijoux. Mais ils n’ont pas seulement une valeur marchande. Une bague, ce n’est pas seulement 300 ou 400 dollars, c’est quelque chose qui vient de la mère, de la grand-mère, c’est l’histoire d’une famille.
C’est le rêve d’une mère de transmettre un bijou à sa fille, qui le donnera à son tour à sa propre fille. Si cette maman perd cette bague, elle perd un trésor. Malheureusement, il y a des gens qui profitent de la guerre pour acheter ces trésors à bas prix.
Un homme a dû céder une bague qui valait 500 dollars à 250. Il a perdu de l’argent, mais aussi ses souvenirs. Il était si triste qu’il en a pleuré. Il a pris le numéro de téléphone de l’acheteur et lui a dit : « Je tiens beaucoup à cette bague. Est-ce que tu peux la garder jusqu’à la fin de la guerre ? Je pourrai peut-être la racheter, même à un prix plus élevé. » Mais la réponse a été sans appel : « Non, je suis bijoutier, j’achète et je revends, je ne peux rien te garantir. »
Un autre souvenir très important, c’est la clé de la Nakba. Tous les réfugiés ont gardé la clé de la maison dont ils ont été chassés en 1948, et se la transmettent de père en fils. On l’accroche aux murs. Pour nous c’est un grand trésor. Il y a des gens qui l’ont perdue durant cette guerre, ou de celle de 2014. Pareil pour d’autres souvenirs historiques : la première carte de l’UNRWA de l’arrière-grand- père quand il est devenu un réfugié, avec sa photo et la date, des pièces de monnaie portant la mention « Palestine », qui avaient cours sous l’Empire ottoman et le mandat britannique. Ces souvenirs marquent l’attachement à la patrie, à la terre, à la famille. Perdre un souvenir, c’est comme perdre un parent.
Tout cela, c’est la tradition. Malheureusement, les relations familiales ont beaucoup, beaucoup changé à Gaza. Avant, nous étions vraiment soudés. Aujourd’hui, nos relations sont devenues comme une toile d’araignée, complexe mais fragile. Je ne sais pas si vous pouvez comprendre ce que je dis. On perd nos souvenirs, on perd notre passé, on perd tout lien avec les parents et les grands-parents. Et c’est pour cela que j’ai insisté pour garder quelque chose dans nos déplacements en urgence. On ne peut pas tout prendre, on ne peut pas prendre des dizaines d’albums de photos ou quoi que ce soit d’autre. Aujourd’hui peut-être qu’on peut mettre tout cela sur un disque dur, mais il faut du temps.
Ceux qui n’ont pas vécu cette expérience pensent qu’il faut juste fuir, prendre les passeports, les papiers nécessaires, un peu d’argent, des bijoux et point à la ligne. C’est après qu’ils se rendent compte que les souvenirs sont plus précieux que l’argent, les passeports et les papiers qu’ils ont emportés. Parce que les souvenirs, pour les Palestiniens, c’est aussi une identité. Moi aussi, j’ai emporté une clé, plus récente. Quand j’ai dû quitter notre appartement de Gaza-ville après l’invasion israélienne, j’ai pris la clé, comme un réflexe. Je savais que cela ne servirait à rien de verrouiller la porte, parce que soit l’immeuble allait être bombardé, soit quelqu’un d’autre allait utiliser l’appartement. Mais j’ai voulu garder la clé pour me souvenir qu’on avait vécu là. Avant de partir, j’ai filmé tout l’appartement, et j’ai fait en sorte que Walid soit toujours dans l’image pour lui montrer les vidéos un jour. Pour le moment, je sais par les amis qui sont restés à Gaza-ville que notre appartement est toujours intact, même si les vitres ont sauté, et que les les meubles ont été renversés parce que des bombes ont touché les autres appartements de l’immeuble autour de chez nous. Mais je veux que Walid regarde cette vidéo, et je lui dirai : « C’est là où on vivait, là c’était ta chambre, là c’était le salon. » J’ai aussi filmé ses jouets. Si un jour on revient et qu’on ne trouve plus notre maison, il aura au moins ce souvenir.
Dans cet appartement, il y a des cadeaux que mon père avait reçus quand il travaillait — il a été un des fondateurs de Wafa, l’agence de presse palestinienne. Certains remontent aux années 1970, des montres, notamment de la part de chefs d’États, etc. Malheureusement, je n’ai pas pu prendre tout ça avec moi. Peut-être que notre maison sera finalement bombardée et que tout ça va partir en fumée, toutes ces choses que je voulais montrer à Walid. Je lui aurais dit : « C’est la montre de ton grand-père, elle lui a été donnée par tel président, dans tel pays », pour qu’il soit fier du passé de sa famille, de son grand-père, de son père. Je ne sais pas si je vais retrouver tout cela, ou tout perdre avant la fin de la guerre. J’espère que tout va s’arrêter et que les gens vont se refaire des souvenirs, mais cette fois-ci de bons souvenirs, et qu’il n’y aura plus que de la joie, et plus de guerre.
RA rientxx MI ABOU JAMOUS
https://orientxxi.info/dossiers-et-series/perdre-un-souvenir-c-est-comme-perdre-un-parent,7473
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Rédigé le 08/07/2024 à 08:32 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Second tour des législatives en France
Terrassé par une mobilisation sans précédent de l'électorat français, debout unanimement face à la menace des partisans de la xénophobie et du racisme auxquels s'ajoute la haine de l'islam et de ses communautés, le RN, qui aura tout fait pour se dédiaboliser et jouer au parti BCBG, est brutalement renvoyé à ses chères études.
La désillusion est totale
Hier, les électrices et les électeurs français étaient attendus en masse pour trancher sur un second tour des législatives décisif non seulement pour le sort de leur circonscription administrative mais aussi, et surtout, pour une France qui cherche à conserver son rôle moteur au sein de la machine européenne.
A 17 h, déjà, la majorité des instituts de sondage (Ifop, Ipsos, OpinionWay et Elabe) indiquaient un taux de participation record de plus de 59,7%, estimation appelée à atteindre au bout du compte, voire même dépasser, les 67%! Du jamais vu depuis l'élection de Français Mitterrand à l'Elysée, en 1981, suivie des législatives qui ont propulsé la gauche au gouvernail de l'Assemblée nationale. Le vote d'hier avait un double impact: d'une part, l'objectif républicain était de barrer la route à l'extrême droite, devenue triomphante et expéditrice sur un bon nombre de sujets qui avaient de quoi donner des frissons non seulement aux ressortissants de l'Hexagone mais même au-delà. D'autre part, il s'agissait de concrétiser, sur la base du front républicain érigé face au péril du Rassemblement national (RN) et de ses alliés LR versus Ciotti, une alliance entre courants de gauche, centriste et macroniste à même de prétendre constituer une majorité parlementaire conséquente et de former un gouvernement.
Pour savoir si cela est devenu possible, il faudra attendre les résultats définitifs mais il est clair, au su des premières données livrées à 20h locales, que le principal objectif est largement atteint. Les estimations mettant le Nouveau Front Populaire, acté par les formations de la gauche, en tête devant le RN puis la coalition présidentielle Ensemble, suivie du parti Les Républicains et divers droite, données à plusieurs reprises par les enquêtes d'opinion, depuis le premier tour du scrutin qui devait lever l'hypothèque d'une extrême droite nantie de la majorité absolue et poussant la France dans un gouffre insondable que redoutaient ses partenaires européens, maghrébins et africains, au premier chef, sont bel et bien confirmées.
Rappelons qu'au premier tour, il y a eu 76 députés élus dont 39 pour l'extrême droite (RN) et 32 pour l'union de la gauche (NFP). Il restait donc hier 501 sièges à pourvoir dont la répartition sera conforme aux pourcentages de voix acquises par les uns et les autres, sachant que 4 quadrangulaires et des triangulaires dans 306 circonscriptions ont quelque peu compliqué les manoeuvres. Toujours est-il qu'à en croire les tout derniers sondages sortis des urnes, et qu'il faut considérer avec des pincettes parce que rien n'est encore totalement joué, c'est bien le Nouveau Front Populaire qui est en tête du scrutin, avec un nombre de 170 à 210 députés. Vient ensuite, juste derrière le NPF, la coalition macronienne Ensemble qui affiche entre 150 et 180 élus. Quant au Rassemblement national et ses alliés de l'extrême droite, ils tombent de haut, et même de très haut, avec un score calamiteux de 130 à 160 sièges. En se voyant foudroyé par une mobilisation sans précédent de l'électorat français, debout unanimement face à la menace des partisans de la xénophobie et du racisme auxquels s'ajoute la haine de l'islam et de ses communautés, le RN, qui aura tout fait pour se dédiaboliser et jouer au parti BCBG est brutalement renvoyé à ses chères études. Il convient cependant de ne pas perdre de vue que la montée de l'extrémisme politique est commune à bien des pays européens, y compris l'Allemagne, et que si aujourd'hui le danger semble écarté, il n'en faut pas moins regarder avec lucidité les enjeux et les exigences d'un lendemain porteur de nuages plus ou moins désastreux.
Rédigé le 08/07/2024 à 03:49 dans France | Lien permanent | Commentaires (0)
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