Published date: Dimanche 16 octobre 2022 - 11:26 | Last update:5 hours 29 secs ago
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Le drame a choqué toute l’Algérie. Le 26 septembre, en Kabylie, Ryma Anane, 28 ans, enseignante de français, a été attaquée par son voisin alors qu’elle s’apprêtait à prendre le bus pour aller à son travail. Il l’a aspergée d’essence et brûlée vive à l’aide d’un briquet.
La nouvelle s’est répandue très vite sur les réseaux sociaux. Selon des sources locales, l’agresseur a fini par se rendre à la police quelques heures après l’attaque. D’après ses aveux, il aurait agi ainsi parce que la jeune femme avait refusé de se marier avec lui et choisi un autre futur époux.
« Son dos et son cou en flammes, Ryma s’empresse d’aller chercher de l’aide. Arrivée chez elle, elle s’effondre, et bredouille quelques mots : ‘’Il a brûlé mon avenir !’’ », rapporte le site d’information TSA.
Après son transfert à l’hôpital de Tizi Ouzou (Kabylie), les médecins ont jugé que son état nécessitait une prise en charge rapide à l’étranger au regard de la gravité des brûlures (60 % de son corps).
Rapidement, la solidarité s’est organisée à travers les réseaux sociaux et une cagnotte a été lancée pour payer les frais d’un transfert en Europe.
« La famille s’est d’abord tournée vers l’hôpital Saint-Louis à Paris, connu pour son expertise des grands brûlés. D’après le devis consulté par France 24, l’hôpital demandait plus de 316 000 euros pour 70 jours d’hospitalisation en réanimation », relate France 24.
Mais l’établissement n’a pas accepté l’échelonnement de la facture. « Qui peut faire ça ? Cela a retardé la prise en charge de Ryma à l’étranger. Et pendant ces quelques jours, elle aurait pu y passer », témoigne toujours sur France 24 un ami de la victime.
Faute d’avoir pu obtenir un visa pour la France, l’entourage de Ryma s’est tourné vers l’Espagne, qui a accepté de lui en délivrer un. Et grâce à une société d’assistance médicale, ADM international, la famille a pu trouver un hôpital à Madrid qui proposait un devis moins onéreux, avec par ailleurs la possibilité de payer par tranches.
Ryma a donc été transférée en Espagne par avion médicalisé grâce aux efforts de ses proches et des nombreux donateurs en Algérie et à l’étranger. Selon les dernières informations, son état se serait stabilisé.
La cellule de veille indépendante Féminicides Algérie relève qu’une jeune femme, mère de quatre enfants, a été assassinée, brûlée vive, par son époux le 16 avril 2022. Depuis le début de l’année, 32 cas de féminicides ont été recensés par les militantes.
Par
MEE
Published date: Dimanche 16 octobre 2022 - 11:26 | Last update:5 hours 29 secs ago
Le réalisateur français Bertrand Tavernier, auteur de films comme « Coup de Torchon » et « L.627 », est décédé jeudi à l’âge de 79 ans, a annoncé l’Institut Lumière à Lyon, qu’il présidait.
« Avec son épouse Sarah, ses enfants Nils et Tiffany et ses petits-enfants, l’Institut Lumière et Thierry Frémaux ont la tristesse et la douleur de vous faire part de la disparition, ce jour, de Bertrand Tavernier », a tweeté l’institution dédiée au 7e art.
Éminente personnalité du cinéma français, artiste engagé à l’œuvre éclectique et reconnue à l’étranger, Bertrand Tavernier a réalisé des films d’époque et contemporains, avec une prédilection pour les sujets sociétaux.
Il fut aussi un grand cinéphile investi dans la préservation et la transmission des films, mû à la fois par le souci de défendre un cinéma français indépendant et la passion pour le cinéma américain du XXe siècle.
Ses films ont été largement récompensés : prix 1974 Louis-Delluc pour « L’horloger de Saint-Paul », nomination aux Oscars 1983 pour « Coup de torchon », prix de la mise en scène à Cannes en 1984 pour « Un dimanche à la campagne », BAFTA 1990 du meilleur film étranger pour « La vie et rien d’autre », Ours d’Or 1995 à Berlin pour « L’appât », Lion d’Or à Venise pour l’ensemble de sa carrière (2015).
Bertrand Tavernier était né le 25 avril 1941 à Lyon (centre-est). Fils de l’écrivain et résistant René Tavernier, il avait découvert le cinéma lors d’un séjour en sanatorium.
Des réfugiés rohingyas sont assis sur un navire de la marine bangladaise à Chittagong alors qu'ils sont transférés sur l'île inondée de Bhasan Char, dans le golfe du Bengale, le 29 décembre. (Archive/AFP)
HAKA: Une équipe de l'ONU a terminé sa première visite sur une île isolée construite par le Bangladesh, où ont été relocalisés près de 14 000 réfugiés musulmans rohingyas depuis le mois de décembre de l'année dernière, malgré les critiques des groupes de défense des droits.
La visite de trois jours à Bhasan Char, surnommée «l'île Rohingya», a commencé le 17 mars dernier avec des experts de l'ONU qui venaient en bateau de Chottogram.
«L'équipe des Nations unies était composée de dix-huit experts de différentes agences des Nations unies engagées dans l’intervention aux réfugiés rohingyas au Bangladesh. La visite a été facilitée et accompagnée par des fonctionnaires du gouvernement du Bangladesh», déclare à Arab News Louise Donovan, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Cox’s Bazar.
Situé dans le golfe du Bengale, à 60 kilomètres du continent, le Bhasan Char a été construit par le Bangladesh en 2006 à l’aide de limon himalayen. Il a coûté plus de 360 millions de dollars (soit 302 millions d’euros) et a pour but de soulager les camps surpeuplés de Cox’s Bazar.
Chaque maison Bhasan Char dispose de pièces en béton de 2 sur 2,5 mètres, comprenant de petites fenêtres ainsi que des toilettes, et est destinée à accueillir 11 personnes.
Cependant, le HCR s'est dit préoccupé par la vulnérabilité de Bhasan Char face aux intempéries et aux inondations. C’est ce qui a conduit à la proposition de l'ONU, en décembre 2019, de procéder à une «évaluation technique» de l'île.
La visite de mercredi dernier a marqué une avancée dans la proposition. Elle fait suite à diverses tentatives de l'agence des Nations unies pour les réfugiés de visiter l'installation, en attendant la permission du gouvernement d’effectuer l'évaluation, des inquiétudes demeurant au sujet de la salubrité de la réinstallation.
Des préoccupations similaires ont été soulevées par plusieurs organisations internationales de défense des droits, qui ont exhorté le Bangladesh à ne pas relocaliser les Rohingyas sur l'île, estimant qu'ils se trouvaient dans une zone sujette aux cyclones.
«Au cours de la visite, l'équipe des Nations unies a évalué les besoins des réfugiés rohingyas vivant à Bhasan Char, en organisant notamment des réunions auxquels des hommes, des femmes, des garçons et des filles rohingyas étaient conviés. L'équipe de l'ONU a également rencontré les autorités locales et les agences de sécurité qui travaillent sur l'île, ainsi que certaines des ONG et des commerçants qui interviennent là-bas», explique Donovan.
Dhaka a déclaré avoir mis en place cent vingt abris contre les cyclones – construits à 1,20 mètre (4 pieds) au-dessus du sol – qui pourraient être utilisés comme hôpitaux, comme écoles et comme centres communautaires tout au long de l'année.
«L'ONU a également visité les infrastructures et les installations de Bhasan Char. Elles comprenaient le logement, les établissements de santé, les structures polyvalentes, la police et les casernes de pompiers, les infrastructures de transport, les systèmes électriques et de télécommunications, ainsi que le remblai contre les inondations», ajoute Donovan.
L'ONU n'a pas encore partagé ses conclusions sur le voyage, mais elle a remercié le gouvernement du Bangladesh d'avoir «facilité la visite», ajoutant qu'elle attendait avec impatience «la poursuite du dialogue».
Un responsable de la Commission de secours et de rapatriement des réfugiés du Bangladesh (RRRC) a confirmé cette visite et a précisé que l’équipe des Nations unies avait évalué l’île sous «toutes les dimensions possibles».
«Ils se sont entretenus avec les Rohingyas, ont visité la chaîne d'approvisionnement et ont tenu des réunions avec différents représentants d'ONG qui fournissent actuellement un soutien humanitaire dans l'île», fait savoir un responsable, qui a demandé l'anonymat car il n’est pas autorisé à parler aux médias.
Le Dr Mohamed Arfin Rahman, un responsable du secteur de la santé de l'ONG bangladaise Gonoshasthaya Kendra, indique que les experts de l'ONU les a rencontrés à deux reprises pour avoir «une image complète» du travail humanitaire effectué sur l'île.
«L'équipe des Nations unies voulait connaître nos activités et notre processus de travail. Elle essaie d'avoir une image complète des opérations humanitaires sous tous leurs aspects», confie Rahman à Arab News.
Il existe trente-quatre groupes à but non lucratif qui travaillent actuellement sur l'île pour fournir un soutien humanitaire aux réfugiés.
Le ministre bangladais des Affaires étrangères, AK Abdel Momen, exhorte l'ONU à commencer ses opérations sur Bhasan Char car il s’agirait d’«une tâche énorme de gérer 100 000 réfugiés sur l'île».
Saiful Islam Chowdhury, directeur général de Pulse Bangladesh, une ONG située à Bhasan Char, en convient: «J'espère que l'ONU commencera bientôt ses opérations sur Bhasan Char. Dans le cas contraire, il nous sera difficile de poursuivre le soutien humanitaire pendant une longue période.»
L'agence d'aide internationale Médecins sans frontières (MSF) a continué d'exprimer ses inquiétudes au sujet des établissements de santé de l'île.
«Nous comprenons que les ONG locales ne fournissent que des soins de santé primaires très basiques. À notre connaissance, les services de santé secondaires et spécialisés ne sont pas disponibles. Nous ne savons pas comment les patients qui ont besoin de soins médicaux d’urgence peuvent être transférés de l’île vers l’hôpital, étant donné que rallier le continent nécessite un voyage en bateau de trois heures», déplore à Arab News Bernard Wiseman, chef de mission de MSF au Bangladesh.
Bernard Wiseman déclare que si MSF n'avait pas de plans immédiats pour démarrer des opérations sur Bhasan Char, «nous sommes en contact avec les autorités pour discuter d'un accès potentiel à l'île».
«Nous devons nous assurer que toute éventuelle visite ou évaluation de notre part répondrait à des conditions acceptables selon nos principes (indépendance, besoins médicaux, etc.). Nous essayons également de comprendre les conditions de vie et la disponibilité des services de santé à Bhasan Char», poursuit-il.
Les Rohingyas sont membres d'un groupe minoritaire ethnique et religieux, dont beaucoup ont fui la persécution au Myanmar lors d'une répression militaire en 2017.
Le Myanmar, à majorité bouddhiste, considère les Rohingyas comme des «Bengalis» du Bangladesh, même si leurs familles vivent dans le pays depuis des générations.
Presque tous se sont vu refuser la citoyenneté pendant des décennies, et ils se voient également refuser la liberté de mouvement ainsi que d'autres droits fondamentaux.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com
Steve McCurry a parcouru dès la fin de ses études le vaste monde. Il veut alors « explorer de nouvelles cultures » et part en voyage muni de son appareil photo. Europe, Asie et Afrique… Sa carrière démarre lorsqu’il passe clandestinement la frontière afghane habillé en Pachtoune quelques mois avant l’invasion russe de 1979. Premier sur place, Steve McCurry produit un reportage qui sera publié dans le monde entier et gagnera la Robert Capa Gold Medal ainsi qu’une renommée internationale. Il va ensuite s'attacher à saisir ce qu’il appelle la « condition humaine » au quatre coins du globe. Lors de son dernier voyage en Afghanistan, en 2016, alors que les enlèvements de journalistes se multiplient, il remet alors en question ses choix de vie, se détache peu à peu de la presse et voyage désormais exclusivement pour sa pratique personnelle.
Dans le cadre de l'exposition In Search of Elsewhere présentée ces prochains mois à la galerie Polka, vous pourrez vous plonger dans l’oeuvre haute en couleur du photographe américain : de ses plus grands succès – ici l'icônique portrait de l’Afghane aux yeux verts –, comme d'autres images inédites, le tout commenté par l’artiste, car chaque photo a son histoire. Cette exposition donne la parole à l’un des grands coloristes contemporains et questionne la frontière entre le photojournalisme et l’art : à quel moment un document photographique devient-il une œuvre ?
Galerie Polka (polkagalerie.com)
12, rue Saint-Gilles, 75003 Paris. Ma.-Sa. 10h - 17h30
Selon le secrétaire général de la Banque d'Algérie, Mohamed-Cherif Koutchoukali, « ce billet présente au recto une tonalité violacée avec trois couleurs juxtaposées, reprenant la mythique photographie du groupe des six chefs historiques prise la veille du déclenchement de la guerre de libération. La photo est posée sur un fond de montagnes représentant les monts de Bouzegza, des Aurès et de Kherrata, théâtres de la guerre de libération nationale ».
La Banque d’Algérie a mis en circulation, ce jeudi 18 mars, un nouveau billet de 2000 dinars algérien (DA) portant l’effigie de 6 chefs historiques combattants de la guerre de libération nationale. Il s’agit, pour l’institut d’émission, de leur rendre hommage en marge de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie (19 mars 1962).
Selon le secrétaire général de la Banque d’Algérie, Mohamed-Cherif Koutchoukali, qui animait ce jeudi une conférence de presse organisée à cette occasion, le nouveau billet a été lancé en vertu du règlement n 2020-05 de décembre 2020, portant création d’un billet de banque de 2.000 DA, qui porte également la date symbolique du 5 juillet 2020, jour d’indépendance de l’Algérie. Le responsable a également ajouté que « ce billet présente au recto une tonalité violacée avec trois couleurs juxtaposées, reprenant la mythique photographie du groupe des six chefs historiques prise la veille du déclenchement de la guerre de libération. La photo est posée sur un fond de montagnes représentant les monts de Bouzegza, des Aurès et de Kherrata, théâtres de la guerre de libération nationale ».
Quant au verso du billet, souligne Mohamed-Cherif Koutchoukali, il présente une tonalité marron violacé. Le ‘’papier’’ présente des symboles du patrimoine historique et culturel algérien, à savoir, la Foggara qui est un ouvrage ancestral de mobilisation hydrique et de partage des eaux ainsi que le mausolée numide de Imedghassen.
Créé depuis le 1er avril 1964 en remplacement du nouveau franc français, le dinar algérien est convertible mais non exportable. En 2021, 10 coupures en dinar algérien sont utilisées couramment. Il s’agit des billets de 100 DA (1992), de 1000 DA (1993) et de 2000 DA (2011, 2020), entre autres.
Elle a effectué un voyage de 4,6 milliards d'année avant d'atterrir dans le désert du Sahara, en Algérie, en 2020 : une météorite baptisée Erg Chech 002 est plus vieille que la planète Terre.
Cette découverte a suscité une surprise et un émerveillement phénoménal dans la communauté scientifique, mais pas seulement ! Tout le monde peut s'étonner d'apprendre qu'une météorite retrouvée en Algérie dans le désert du Sahara en 2020 est plus âgée que la Terre.
Ce bout de roche baptisé Erg Chech 002 (ou EC 002) a été daté par les scientifiques : il serait vieux de 4.565 milliards d’années environ, alors que notre planète bleue n'a "que" 4.543 milliards ans.
C'est l'équipe dirigée par Jean-Alix Barrat, géochimiste à l’université de Bretagne occidentale, qui est chargée d'analyser cette pierre qui s'est écrasée sur Terre il y a des centaines d'années.
Cette météorite aurait effectué un long voyage dans l'espace et proviendrait d’une petite planète disparue, qui aurait été détruite ou absorbée par des planètes rocheuses plus grandes pendant la formation de notre système solaire. Cette roche serait donc un morceau survivant de cette ancienne planète aujourd'hui perdue.
Les scientifiques du monde entier ont répertorié 65 000 météorites retrouvées sur Terre. Parmi elles, 4 000 pierres se détachent par leur « matière différenciée », plus complexe et riche que les autres. Les chercheurs estiment que cela est dû à leur provenance : ces météorites sont des bouts de corps célestes assez gros pour avoir connu une activité tectonique.
Mais EC 002 est plus rare et unique encore que cela. Dans cette sélection de 4 000 météorites, 95 % des roches semblent provenir des deux mêmes astéroïdes. EC 002, elle, fait partie des 5 % restant. Si ces objets sont aujourd'hui exceptionnels, Jean-Alix Barrat est convaincu « que de telles roches étaient assez fréquentes au tout début de l’histoire du système solaire ».
Le géochimiste explique à l'AFP, dont les informations sont retransmises par le Parisien, que cette roche aux couleurs inhabituelles, verdâtre à l'intérieur et marron en surface, pourrait nous apprendre de nombreux secrets sur la formation de notre système solaire.
Le corps rocheux dont Par Cécile D. · Publié le 18 mars 2021 à 18h49 proviendrait à l'origine devait être très petit selon les chercheurs : une centaine de kilomètres environ. La planète se serait formée durant le premier million d’années du système solaire, selon les calculs des co-auteurs de l’étude, Marc Chaussidon, de l’Institut de physique du globe de Paris, et Johan Villeneuve, chercheur CNRS à l’université de Lorraine.
La météorite retrouvée sur Terre serait un fragment de la croûte de cette protoplanète. EC 002 aurait été arrachée à son corps-parent et projeté dans l'espace suite à un choc.
« Lorsque la plume se tait, que l'encre se tarit, lorsque les mots demeurent scellés sur les lèvres, lorsqu'un poing rageur se lève, lorsque la politique se dresse sur ce qu'elle croit être son bon droit, l'on entend les bruits de bottes et les cris d'épouvante des soldats. Je bois les larmes des civils, de ceux restés chez eux à attendre la mauvaise nouvelle... mais la guerre, ce n'est pas que cela, c'est la guerre des nerfs, celle que nous avons livrée pendant la pandémie, durant ce très long confinement, c'est la lutte des femmes qui ne réclament que leur part, mais que certains ont du mal à leur donner. » Le lecteur comprendra très vite que Jean Piet s'est inspiré de l'épidémie de Covid-19, du combat des soignants, des poèmes autour de la guerre sanitaire mais également des textes autour des guerres qui ont fait l'histoire, les batailles de Waterloo et de Sedan, la Grande Guerre, la rafle du Vel'd'Hiv, Verdun et la guerre d'Algérie. Mais il réserve aussi d'autres poèmes dans lesquels la guerre a un tout autre sens : « La guerre c'est l'homme dans toute cette laideur que je conte, dans toute cette peine qui m'accable en écrivant ces lignes. » Et pour rester dans l'actualité, puisque que cette année commémore le 150e anniversaire de la Commune de Paris, Jean Piet aborde également la guerre de 1871.
« De Guerre lasse », un recueil de poèmes signé Jean Piet
A un an de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron occupe tous les terrains.
C'est ce qu'on appelle une visite surprise, relayée par le recteur de la Grande mosquée de Paris sur les réseaux sociaux : « visite impromptue du Président de la République [...] Entretien amical et chaleureux. » En effet, Emmanuel Macron s'est rendu ce lundi 8 mars à la Grande mosquée de Paris, comme le relaye TSA. Le recteur, Chems-eddine Hafiz, a affirmé que le chef de l'Etat a ainsi pu manifester «son amitié aux Français de confession musulmane». Il a accompagné son message d'une photo de lui aux côtés du président, en pleine entrevue sur le parvis de la mosquée. Une visite qui fait réagir, quelques semaines seulement après le projet de loi sur les séparatismes qui a fait des vagues, et qui a d'ailleurs été rebaptisée « loi confortant les principes républicains » mais aussi après les tensions autour de la charte des principes de l'islam commandée par le président Macron et le Conseil national des imams.
Visite surprise ou calculée ?
Cette charte destinée à «labelliser» les imams officiants dans les mosquées françaises, comme le rappelle TSA, a pour but de mettre un terme à l'influence de pays étrangers sur l'Islam et les musulmans de France. Chems-eddine Hafid s'était d'ailleurs montré très à l'écart de ce projet confié au Conseil français du culte musulman (CFCM) dont il est pourtant le vice-président. La charte avait tout de même fini par être adoptée en janvier, sous la pression d'Emmanuel Macron qui indiquait que « si certains ne [signaient] pas la charte, [il en tirerait] les conséquences». A tout juste un an de l'élection présidentielle, certains estiment que cette visite n'est autre qu'une opération séduction de la part du chef de l'Etat qui souhaiterait arrondir les angles, mais aussi gagner des électeurs au sein de la communauté musulmane pour l'échéance électorale de 2022.
A 92 ans, Alexandre Thabor livre un récit captivant sur ses parents. L'histoire d'un couple d'origine russe qui va traverser le 20ème siècle pour le meilleur et le pire. Un récit d'aventure fascinant. Seule différence de taille. Tout est vrai. Une histoire qui vous emporte.
Alexandre Thabor vit à Montpellier, aprés avoir eu une carrière d'économiste qui l'a conduit un peu partout. Il est né en 1928 dans un pays qui n'était pas encore Israël, de parents russes et juifs. Le petit garçon qu'il était avant la création de l'Etat Hébreu, ne se doutait pas encore, qu'un jour, il recevrait en héritage un témoignage rare et précieux.
Plus de 20 ans après avoir perdu la trace de son père, il le retrouve à Paris. Celui-ci lui livre un récit édifiant qui retrace le parcours d'un jeune couple originaire d'Odessa sur les bords de la mer Noire, qui allait s'aimer et se chercher dans un monde en guerre. Ce récit captivant qu'Alexandre Thabor nous donne à lire aujourd'hui et qu'il a mis plus de 60 ans à écrire est celui de ses parents : Sioma et Tsipora nés au début du 20ème siècle.
Cette génération qui est née avec le siècle, a connu deux guerres, les russes eux, ont eu droit à la révolution en prime. A Odessa, il y avait une importante communauté juive. Beaucoup sont d'ailleurs partis un peu partout notamment aux Etats-Unis à New York fuyant les pogromes. Mes Parents ont choisi la Palestine où ils sont arrivés en 1924. Ils avaient une petite vingtaine d'année et ont tout de suite entrepris de vivre au milieu des populations locales. Pour eux il n'y avait qu'un état pour tout le monde.
Idylle sur fond de révolution russe
Tout commence à Odessa ville de départ. Sioma et Tsipora sont deux jeunes russes qui ne se connaissent pas encore quand éclate les prémices de la révolution russe. Dans cette ville en proie à des évènements majeurs, ils vont vivre une romance bien compliquée dans un pays en plein chaos. Les Bolcheviques se préparent à renverser le Tsar et la révolution russe se profile. Sioma, le père du futur Alexandre est engagé personnellement dans ce combat qui sera celui de toute sa vie. La rencontre avec sa future jeune épouse ne va pas contrarier ses plans. Bien que plus jeune que lui et issue d'un milieu bourgeois, Tsipora va suivre Sioma dans sa lutte.
L'un et l'autre, combattent tout en militant pour des idées issues de la révolution d'octobre, sans tomber dans la barbarie d'où qu'elles viennent et qu'ils refusent. Ils doivent franchir des obstacles familiaux et politiques pour gagner leur liberté et sauver leur vie face à des adversaires résolus.
Dans cette Russie pré-révolutionnaire, le jeune couple fait face, côtoie la mort. Simoa et Tsipora affrontent l'antisémitisme des cents-noirs, font face à la brutalité des soldats du Tsar, aux hommes de la tcheka, la redoutable police politique soviétique. Ce n'est qu'au terme d'une lutte sans merci pour échapper aux pogromes qui explosent un peu partout en Russie qu'ils prennent le chemin de la Palestine en 1924.
De la Palestine aux Brigades internationales
Leur installation en Palestine dans les années 1920, contrôlée par l'armée britannique est un changement radical. Leur engagement pour un idéal commun va se trouver renforcer devant les difficultés rencontrées. Face à la brutalité de l'occupant, Sioma et Tsipora s'engagent et combattent pour que leurs idées de justice et d'égalité s'enracinent sur une terre qui hébergent des Arabes et des Juifs.
Mon père avait un peu de remord d'avoir fait venir ma mère à Paris. On savait que la guerre était imminente. C'est pour cela qu'il a eu envie de raconter cette histoire. De parler du passé, pour agir sur le présent pour notre futur. Le passé, le présent, le futur, la mémoire et l'action. C'était ce qu'il voulait. En plus c'était un bon conteur. Il avait une mémoire étonnante et j'ai été pris par son récit, sa manière de parler des faits et surtout de ses camarades, pour bien me montrer qu'il nétait pas seul à se battre pour la justice, la paix, l'égalité en Palestine, entre juifs, arabes et contre l'occupant britannique...Comme le disait le philosophe Martin Buber "une terre, pour deux peuples". On s'est tout le temps battu pour cet idéal et c'est toujours à l'ordre du jour. Une terre pour deux peuples en Israël
Favorable à cette idée de nation commune binationale juif et arabe, le couple va devoir se séparer. En 1936, Sioma est expulsé par les Anglais qui font tout pour monter les populations les unes contre les autres et exploiter le courant sioniste. Il décide de rejoindre les bataillons des brigades internationales en Espagne pour aider les Républicains espagnols en lutte contre les troupes de Franco. En Espagne, Sioma qui a entrainé avec lui d'autres camarades, mène une guerre contre le fascisme mais aussi contre les Soviétiques et leur politique de repression contre les anarchistes. La guerre civile est d'une violence inouie et finit par dégouter Sioma qui est contraint de prendre la route de l'éxil pour la France avec d'autres Républicains.
Au moment ou Sioma quitte la Palestine, son fils Alexandre n'a que 8 ans. Il ne sait pas encore qu'il voit son père pour la dernière fois avant une longue séparation de plus de 20 ans. Resté en Palestine avec sa mère, le jeune "Alec" va vivre encore quelques années près de Tel-Aviv avant de connaître à son tour l'exil pour se retouver en France.
Sioma qui a quitté l'Espagne s'évade d'un camp ou il est interné dans le sud ouest de la France pour tenter de retrouver sa femme et son fils à Paris. Mais à Paris, à sa descente du train, il est arrêté et déporté en Algérie.
Tsipora, ne reverra plus Sioma. Elle décide alors d'entrer en résistance. Elle est contrainte de placer son fils Alexandre dans une institution qui cache les enfants, afin d'échapper aux mesures anti juives du gouvernement français de Vichy. C'est la dernière fois qu'Alexandre voit sa mère. Arrêtée par la gestapo, Tsipora est déportée à Auschwitz en Pologne où elle décède 15 jours avant la libération du camp, par les Russes.
Une Enfance cachée et un père retrouvé
Alexandre quitte Paris dans la précipitation sans avoir pu dire au revoir à son père. Il passe la guerre dans la Creuse puis en 1942 il est obligé de se réfugier en Suisse après que les allemands ont décidé l'occupation de la zone sud. Ce sont des Dominicains qui le protégent et qui lui font passer le baccalauréat alors qu'il ne parlait quasiment pas le Français en arrivant. Devenu un brillant économiste après la guerre, Alexandre entre au service du cabinet de Pierre Mendes-France alors premier ministre. C'est un de ces mentors, Claude Gruson qui va l'aider et le pousser à retrouver son père pour connaitre son histoire.
Les retrouvailles ont lieu en 1958. Sioma qui s'est installé à Paris à refait sa vie. Alexandre a 30 ans, quand il retouve son père après 22 ans d'absence. Les deux hommes ne vont plus se quitter jusqu'au décès de Sioma en 1959. Mais entre temps Sioma a tout raconté à son fils. Un récit qui embrasse 40 ans de vie, d'engagements pour un idéal commun. Communiste, juif et révolutionnaire le parcours de Sioma et Tsipora même séparé par la mort n'a jamais varié. Dans ce récit qui se lit comme un roman d'aventure, le lecteur traverse quelques uns des évènements clefs du 20eme siècle.
La révolution d'octobre, la guerre civile expagnole, les prémices de la création de l'Etat d'Israël, la seconde guerre mondiale et la lutte contre le nazisme et le fascisme Simoa et Tsipora auront vécu ces évènements avec le même idéal
Mais il faudra plusieurs années encore pour qu'Alexandre Thabor ne se décide à parler de cette histoire singulière et immense. Poussé par sa famille et ses petits enfants, le récit légué par Sioma à son fils murit dans sa tête.
J'ai raconté un jour l'histoire à mes petits enfants et à mes enfants. Et un beau jour une de mes petites filles et mon épouse m'ont dit pourquoi ne pas écrire pour laisser une trace. Je ne maîtrisais pas bien le français, puis je me suis mis à écrire, et peu à peu l'écriture m'a aider pour la langue. J'ai travaillé avec les notes, mes souvenirs d'enfant et j'ai rencontré des amis de mon père. Ils avaient fait comme lui, la guerre d'Espagne, d'autres l'avaient connu en Palestine. Et j'ai ainsi pu raconter l'histoire de sa vie, de leur vie
Alexandre Thabor, écrivain
A 92 ans Alexandre Thabor signe un récit vif et percutant . Un hommage magnifique, plein d'humanité. Une grande histoire d'amour dans la furie d'une époque qui va façonner le monde d'aujourd'hui et qui resonne encore.
Ce lundi 8 mars, commence le procès de Derek Chauvin, le policier accusé d’avoir provoqué de la mort de George Floyd le 25 mai 2020. Il est historique… et à haut risque. Première étape : la délicate sélection des jurés.
Ce lundi 8 mars, le panneau d’une station-service Speedway du sud de Minneapolis (Minnesota), près de l’endroit où George Floyd est mort, annoncera : « George Floyd - Procès aujourd’hui. » Il a tenu le compte à rebours depuis des jours, à l’image d’une ville qui attend ce procès avec autant d’impatience que d’appréhension. Comme l’a confié au « New York Times » Paul Butler, professeur à l’université Georgetown et expert des violences policières :
« C’est le procès pour brutalité policière le plus fameux de l’histoire des Etats-Unis. »
Exagéré ? Un test rapide, pour ceux qui douteraient encore. Qui a dit, après avoir vu la vidéo de la mort de George Floyd le 25 mai 2020, asphyxié pendant près de 9 minutes sous le genou du policier Derek Chauvin : « Quand vous la regardez et imaginez que c’est l’un de vos proches qui est traité ainsi, qui supplie qu’on épargne sa vie, il est impossible pour tout être humain normalement constitué de ne pas être saisi d’effroi » ? Pas un gauchiste, pas un activiste des droits civiques. Non, il s’agit de William Barr, alors ministre de la Justice de Donald Trump et l’un des conservateurs les plus virulents qui existent.
La mort lente de George Floyd a choqué la planète et bouleversé l’Amérique, non seulement dans la communauté noire et à gauche comme à l’accoutumée, mais à tous les niveaux de la société. Et c’est ce moment fondateur que l’on va juger, à partir de ce lundi : le jour où tout a changé. Où l’histoire raciale de tout un pays a définitivement refait surface et ne pourra plus être ignorée. Où le pays a collectivement reconnu que les sparadraps, les esquives et les faux-semblants ne marchaient plus. Pour guérir de sa vieille blessure raciale, l’Amérique doit se soigner.
Des allures de Fort Knox
Mais d’abord, il faut juger Derek Chauvin. Peu avant Noël dernier, un questionnaire a été envoyé à un groupe de jurés potentiels de la ville. Il fait 14 pages et contient des questions telles que :
« Avez-vous vu la vidéo de la mort de George Floyd, ou la nouvelle de sa mort sur internet ? Si oui, combien de fois ? »
Ou encore :
« Estimez-vous que votre communauté a été négativement ou positivement affectée par toute protestation ayant eu lieu dans les Twin Cities [les villes jumelles de Minneapolis et Saint Paul, NDLR] depuis la mort de George Floyd ? »
En temps normal, la constitution d’un jury ne prend généralement pas plus d’une journée ou deux ; dans ce procès, elle pourrait bien durer deux à trois semaines.
Le tribunal a des allures de Fort Knox. Une salle d’audience spéciale, numéro 1856, y a été aménagée. Y seront admises une trentaine de personnes, dont deux reporters, une quarantaine d’autres journalistes étant installés dans un bâtiment de l’autre côté de la rue relié par un lien vidéo. Mais, en réalité, c’est tout le pays qui pourra suivre le procès : il sera retransmis en direct.
Minneapolis se prépare depuis des mois. Jacob Frey, le maire, a multiplié les contacts en amont avec les représentants des différentes communautés de la ville, tandis que le gouverneur Tim Walz a sollicité la Garde nationale. Humvee, uniformes militaires… Tout le monde a bien compris qu’il ne s’agissait pas d’un procès comme les autres. Le gouverneur a budgété 4,2 millions de dollars pour la sécurité, ainsi qu’un fonds de 35 millions de dollars pour rembourser les forces de police locales dans l’hypothèse où elles seraient mobilisées en cas de troubles.
« Je ne peux pas respirer », 28 fois
Personne ne peut dire quelle tournure prendront les audiences. Derek Chauvin, 44 ans, est accusé de meurtre au deuxième degré sans préméditation, un crime qui peut lui valoir jusqu’à quarante ans de prison. Le plan, à l’origine, était de le juger en compagnie des trois autres policiers de sa patrouille, J. Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao. Eux sont inculpés de meurtre au troisième degré, une peine passible de vingt-cinq ans de prison maximum dans le Minnesota.
On pouvait compter sur leurs avocats pour charger Chauvin au maximum afin de les dédouaner, mais le Covid-19 en a jugé autrement : ils seront jugés plus tard. Du coup, les trois ne sont plus incités à charger Derek Chauvin mais, au contraire, à l’innocenter, sachant que son acquittement aurait toutes les chances d’entraîner l’annulation de leur propre procès.
Pourrait-il être blanchi ? L’hypothèse paraît incroyable, tant les images filmées sont accablantes. Neuf minutes environ (il y a débat sur la durée exacte), pendant lesquelles George Floyd appelle sa mère, indique à au moins 28 reprises « Je ne peux pas respirer » et finit par ne plus bouger sans que le policier, pendant encore de longues minutes, ne retire son genou.
Que demander de plus ? Le rapport du médecin-légiste attribue clairement sa mort à « un arrêt cardio-pulmonaire tandis qu’il était maintenu physiquement par un représentant des forces de l’ordre », il ne mentionne « une maladie cardiaque artério-sclérotique et hypertendue, une intoxication au fentanyl et une consommation récente de méthamphétamine » que parmi d’« autres conditions significatives ». La défense, au contraire, défend l’idée que George Floyd est mort de sa consommation de fentanyl (un opioïde) et cherchera à semer le doute sur sa personne.
Des condamnations rarissimes
Derek Chauvin, qui compte dix-neuf années de service dans la police de Minneapolis, n’en était pas à sa première bavure. Il a été mentionné, par le passé, dans plus d’une douzaine de plaintes, n’écopant que d’une lettre de réprimande. Le procureur général du Minnesota qui dirige l’accusation a cherché à inscrire plusieurs de ces affaires au dossier, pour mettre en évidence un passé d’usage excessif de la force. Les jurés pourraient se voir décrire l’un de ces cas, l’arrestation de Zoya Code en 2017. Elle avait été jetée à terre et bloquée par le genou de Chauvin, comme George Floyd.
La condamnation du policier reste l’issue la plus probable, mais elle n’est pas certaine. La sanction judiciaire des abus policiers reste rarissime aux Etats-Unis, du fait des lois, de la jurisprudence de la Cour suprême et de jurys souvent trop rapides à conclure à l’innocence des forces de l’ordre. Pour ne prendre que quelques cas récents :
le policier qui a tiré sur Michael Brown à Ferguson (Missouri) en 2014 n’a pas été poursuivi ;
celui responsable de la mort d’Eric Garner la même année à New York a été relaxé ;
et les deux policiers ayant criblé de balles Breonna Taylor dans son appartement à Louisville (Kentuckyà, deux mois avant la mort de George Floyd, ont échappé aux poursuites judiciaires.
On imagine facilement l’appréhension de la communauté noire, et sa rage si Chauvin venait à être acquitté. Elle risquerait d’enflammer toutes les grandes métropoles. Mais même s’il est condamné, tout reste à faire. Depuis 2015, selon les données compilées par le « Washington Post », il y a eu 5 000 tirs d’officiers de police en service ayant provoqué la mort, et les violences policières ne diminuent pas. Une vaste réforme est plus que jamais nécessaire.
Le 25 mai 2020, à Minneapolis. Derek Chauvin a maintenu son genou sur le cou de George Floyd malgré les suppliques de ce dernier. (CAPTURE D’ECRAN)
« Voyous »
Depuis la mort de George Floyd, la volonté de changer les pratiques de la police a connu des hauts et des bas. Dans les premières semaines, la répulsion devant le crime avait créé un début de consensus national sur la nécessité de « faire quelque chose », mais la polarisation a vite repris le dessus. D’abord du fait de Donald Trump, qui, dans les jours ayant suivi les premières manifestations, avait tweeté qu’elles étaient le fait de « voyous » et menacé : « Quand les pillages démarrent, les tirs commencent », reprenant une phrase utilisée en 1967 par le chef de la police de Miami en pleine lutte pour les droits civiques. A gauche, le mouvement « Defund the Police » (« couper les fonds de la police »), minoritaire, avait également créé des tensions.
Dix mois plus tard, le président pyromane ayant été chassé du pouvoir, où en est-on ? Au niveau fédéral, une « loi George Floyd », dont l’objet est de lutter contre « les mauvaises pratiques et les biais raciaux systémiques dans la police », a été votée par la Chambre des Représentants, par 220 voix contre 212. Elle supprime entre autres « l’immunité qualifiée », une doctrine légale validée par la Cour suprême qui protège de facto les auteurs de bavures. La loi doit maintenant surmonter l’obstacle du Sénat, mission quasi-impossible tant qu’existera la règle du « filibuster » qui permet à une minorité de 40 sénateurs de bloquer la plupart des lois.
Du côté de l’administration, Merrick Garland, le nouveau ministre de la Justice (Attorney General), l’a répété en février lors de son audience de confirmation au Sénat :
« Le président Biden a indiqué qu’il n’était pas favorable à l’idée de réduire les budgets de la police, et je ne le suis pas non plus. »
Mais il est bien décidé à réactiver certaines pratiques abandonnées par Trump, notamment le fait de « policer la police » quand, dans une ville ou un comté, elle se conduit d’une façon qui « viole la Constitution et les lois ».
Cocher la case Chauvin
La quasi-totalité des forces de police, aux Etats-Unis, dépendent des collectivités territoriales. C’est donc là, en grande partie, que se jouera la réforme. A Minneapolis, justement, où la volonté initiale de couper les fonds de la police a rapidement été abandonnée, le conseil municipal vient d’adopter une réforme éliminant le département de la Police pour le remplacer par un nouveau département de la Sécurité publique, au sein duquel la police ne serait qu’une division. D’autres seraient en charge de la prévention de la violence et des troubles de la santé mentale. Ce n’est encore qu’un canevas, et les habitants de la ville seront appelés à le ratifier.
Dans de nombreuses villes, les pratiques ont changé. Certaines ont banni les prises d’étranglement, d’autres rendent publics les dossiers disciplinaires de leurs agents. La formation et la sensibilisation ont été renforcées. En Californie, Berkeley va limiter les contrôles routiers pour éviter les risques de bavures et de contrôles au faciès. Certaines municipalités ont tempéré leur enthousiasme initial de réforme, comme à New York, où le milliard de dollars de coupes budgétaires envisagées a fondu comme neige au soleil.
Mais les choses bougent : sous la pression publique, les budgets des polices, globalement, ont été réduits de 840 millions de dollars, tandis qu’au moins 160 millions de dollars supplémentaires étaient affectés aux services communautaires, selon une analyse d’Interrupting Criminalization [PDF]. Dans 25 villes, comme Denver ou Oakland, la police a été retirée des écoles, permettant une économie supplémentaire de 34 millions de dollars.
La réforme, donc, avance. Mais, pour qu’elle change durablement le pays, il faudra d’abord cocher une énorme case : la condamnation de Derek Chauvin.
Publié le 08 mars 2021 à 07h00 Mis à jour le 08 mars 2021 à 09h46
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