Nous vivons une drôle et tragique époque, marquée par l'irrationalité et la montée des forces du Chaos. Ces guerres locales injustes, inefficaces et coûteuses devraient appeler à un ordre international plus juste, plus fraternel, dans l'intérêt et le respect mutuels.
Nous vivons une drôle et tragique époque
Un des grands paradoxes de notre temps, marqué par une forte accumulation des connaissances censées faire reculer les ténèbres, est l'extraordinaire résurgence des forces du Chaos, notamment le complotisme, l’hypocrisie, les mensonges et les instrumentalisations.
L'actualité fourmille de faits divers tragiques qui en disent long sur la tragédie que nous vivons, et donc l'impuissance des forces de l’Harmonie à nous guider vers la Lumière et le Bien souverain. Ainsi tout récemment, au Sénégal, un camionneur malien, dans un accident de la route écrasant un taxi, avait causé la mort de 4 personnes. Cet incident dramatique a été suivi de scènes horribles et condamnables de lynchage forçant les gouvernants sénégalais et malien à appeler à la retenue et au calme.
En Algérie, à la suite d'importants feux de brousse en Kabylie, avec au moins 71 morts. Un jeune homme, Djamel, soupçonné d'être pyromane, a été battu à mort et brûlé par une foule déchaînée. Par ailleurs la cagnotte, sur Leetchi, ouverte par l'écrivain Yasmina KHADRA, pour venir en aide aux malades du Covid-19 (achat d'oxygène), a été sabotée. Sur le plan politique on n'a pas compris que le président tunisien, M. Kaïs SAIED, en pleine crise grave du Covid-19, n'ait trouvé d'autre réponse que de suspendre le Parlement et remercier son premier ministre, ajoutant ainsi la crise à la crise. A Djibouti, un régime monarchique et sanguinaire, le nettoyage ethnique continue et cette période récente est marquée par des massacres, avec une grande indifférence de la communauté internationale. «Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir» disait mon arrière-grand-mère Dourma LY.
Depuis longtemps l'Occident prétend défendre la démocratie, les droits de l'homme et lutter efficacement contre les forces du Mal qui ne peuvent être que le fondamentalisme musulman. Or, cette prétention, particulièrement honorable, est largement contredite par les faits. En effet, l'Afghanistan a d'abord été le terrain d'affrontement entre l’Occident et le monde communiste, sans aucune prise en compte des intérêts de la population, et notamment des femmes. Dans ce bourbier, les Russes, vaincus, ont fini par déguerpir.
Depuis plus de 20 ans, quatre gouvernements américains (2 équipes Démocrates et 2 équipes de Républicains) s'y sont cassés les dents. Leur préoccupation majeure, ce n'était pas la défense de la démocratie ou des droits de la femme ; c'était bel et bien une opération de politique intérieure américaine punitive, après l'odieux attentat du 11 septembre 2001 (2753 morts). Il n'a échappé à personne que la majorité des membres de ce commando, ce n'était pas des Afghans, mais des Saoudiens : Oussama BIN LADEN (1957-2011) et ses acolytes. Mais c’est l’Afghanistan, un pays arriéré et encore féodal, qui est devenue le terrain de guerre. L'Arabie Saoudite, avec son Wahhabisme et son islam rigoriste, ainsi que le Qatar, sont les principales sources de financement du fondamentalisme. Mais comme ces pays sont du bon côté, celui du monde dit libre, comment séparer la bonne graine de l'ivraie ? Distinguer les «bons» et des «mauvais» islamistes, suivant leur orientation politique et leur docilité, est devenu la plus grande fumisterie de notre temps.
Par ailleurs, le premier président Afghan, Hamid KARZAI, comme Ashraf GHANI l'actuel président qui s'est vite sauvé, abandonnant lâchement son pays, sont des chefs d’Etat fantoches, qui ont installé une corruption généralisée. Les Talibans, et de longue date, pourtant musulmans, lapidant, coupant des mains ou exécutant à la moindre incartade, sont des barons de la drogue ; et personne n’a vraiment songé à mettre fin à cette entreprise criminelle.
Finalement, les Occidentaux, avec leur armada militaire et leurs milliards, refusant de se battre au sol, ont délégué cette mission périlleuse aux Afghans qui, eux-mêmes n'ont opposé qu'une faible résistance aux Talibans. Dans cette débandade générale et honteuse, certains Afghans s'étant accrochés, au péril de leur vie, aux ailes des avions ; ils se sont sentis trahis et abandonnés.
Dans les médias, on nous tympanise, à longueur de journée, sur le sort peu enviable des femmes en Afghanistan, mais aucun pays occidental ne s’empresse de les accueillir sur son territoire. Tout cela n’est qu’hypocrisie, des larmes de crocodile, et propagande politique creuse, à destination de l’opinion publique interne. Le président Emmanuel MACRON, déjà fortement lepénisé dans son orientation politique, a vu tout de suite le profit politique à tirer de la situation, en agitant les peurs irrationnelles. En effet le président MACRON s’inquiète d’éventuels «flux migratoires irréguliers» en provenance d’Afghanistan, et donc la nécessité pour la France de se «protéger contre les flux migratoires irréguliers importants».
Je l'ai souvent écrit, et je le redis encore au risque de me répéter, ces guerres locales, coûteuses, souvent sans mandat des Nations unies, sans objectifs atteignables, appellent de ma part plusieurs remarques :
1 - Abandonner le concept de démocratie ethnique avec ses indignations à géométrie variable.
Quand j'entends certains dire : «Notre démocratie, notre civilisation». Foutaises que tout cela ! Ils s’en fichent de la femme afghane ou Ouïghour ; ce qui les intéresse, ce sont les profits de la haute finance, leur petite soupe. Par conséquent, cette hypocrisie m'irrite au plus haut point, notamment après le matraquage des Gilets jaunes, des personnels hospitaliers et des retraités.
Les régimes dictatoriaux sont une calamité pire que la guerre ou les dérèglements climatiques pour les pays faibles. Or, tous les peuples de la terre ont droit au bonheur, à la paix, à la sécurité et donc à la démocratie et aux droits de l’Homme, des concepts universels, un combat de chaque instant.
Pour une paix durable, il faudrait bannir ces gouvernements fantoches qui se sauvent, avec le magot de guerre, à la moindre étincelle, abandonnant ainsi lâchement leurs concitoyens. Ces scènes à l'aéroport de Kaboul, de personnes désespérées, en disent long sur l'immoralité dans la conduite des relations internationales.
2 - Fonder les relations internationales sur un ordre juste,
à savoir sur des intérêts mutuellement avantageux, dans le respect mutuel, la justice et l'équité.
Des pays, jadis stables (Irak, Libye, Syrie, Somalie), ont été ruinés, et leurs populations sur le chemin de l'exil ou abandonnées dans la misère. Ainsi, Bachar Al-ASSAD, le président syrien, après plusieurs années de guerre, est toujours aux commandes d'un pays ruiné. Saddam HUSSEIN (1937-2006), en Irak et Mouammar KADHAFI (1942-2011), en Libye, ont été liquidés, fort injustement, et cela n'a fait qu'accroître l'insécurité dans le monde, avec son flot de réfugiés.
L'intervention désastreuse de la France au Mali n’a fait qu’empirer la situation. C'est quoi donc tous ces coups de menton, ces mensonges et instrumentalisations ?
3 - Bâtir un «Monde d'après», plus juste et plus fraternel.
Tout ce discours ronflant sur la démocratie, la lutte contre le terrorisme et l'islamisme et ces guerres locales meurtrières, ne visent qu'à occulter les grands problèmes de notre temps. Cette pandémie nous invite, plus que jamais, à réévaluer nos valeurs fondamentales.
Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, l’Humanité n’a jamais connu une si longue période d’accalmie. Auparavant, il y avait ces 4 siècles d’esclavage avec 40 millions de victimes, la colonisation et ses guerres perdues d’avance, avec le nombre de ses victimes qu’il faudra un jour évaluer.
En raison de la fin de la Guerre froide, tout ce qu’ont trouvé les pays riches, ce sont des guerres locales contre les faibles, souvent pour du pétrole ou une prétendue menace terroriste ou islamiste. Toutes ces guerres lamentablement ont échoué.
Les milliards dépensés dans des guerres inutiles, meurtrières et coûteuses, auraient pu servir à de nobles causes.
Dans les pays occidentaux, et notamment en France, sans vigilance des citoyens, je crois qu’après les élections présidentielles d’avril 2022, si par malheur les partisans du Chaos gagnaient, le chômage partiel sera immédiatement aboli, et toutes ces réformes scandaleuses (retraites, chômage) appliquées.
Pourtant ce ne sont pas les défis qui manquent : pouvoir d’achat, réindustrialisation et relocalisation des entreprises, grandes infrastructures pour les JO de 2024, et cette question du logement, avec ses pénuries récurrentes. Tous les maires de France sont envahis de demandes de logement, et dans certaines villes, les loyers ne cessent de grimper, amputant ainsi lourdement et injustement le budget des plus modestes.
Sur le front de la pandémie, qui est loin d’être finie, et au moment où des complotistes refusent de se faire vacciner, des personnes meurent, par milliers, faute de vaccins et d’oxygène en Afrique (Sénégal, Tunisie, Maroc, Algérie).
amadouba
Paris, le 17 août 2021 par Amadou Bal BA
https://blogs.mediapart.fr/amadouba19gmailcom/blog/170821/une-drole-et-tragique-epoque-par-amadou-bal-ba
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