Le temps n'est plus au règlement de comptes ni à la recherche de savoir à qui profite le crime. L'Algérie brûle. Nos monts et montagnes se calcinent avec effroi et lourde émotion nationale. Il y a des morts cette fois-ci. Beaucoup de traumatisme, de dommage. Quand on est dans la fournaise en plein âtre de l'enfer, il est inutile de crier au mal qui nous rongeait avant la férocité meurtrière du feu. On n'a de salut, à cet instant vital, que de sauver les vies humaines. Les complications qui nous divisaient ou les épreuves qui nous suppliciaient, les questions qui nous divergeaient, au nom de l'urgence, doivent être mises sous cloche. Une halte à la mémoire de tous les défunts. L'heure est à l'action unanime et solidaire. De nombreux départs d'incendie de forêts ont été enregistrés ces derniers jours à travers plusieurs wilayas. Peu importe leur géographie, l'essentiel c'est que ces régions victimes sont sur le territoire national. La Kabylie en était la plus touchée, plusieurs villages et hameaux ont été les proies aux flammes irrésistibles d'un feu outrageusement dévorant.
Ces feux, qui ne semblent pas s'habiller d'une innocence hasardeuse ou d'une vengeance providentielle, n'ont pas seulement détruit le patrimoine forestier et végétal; le feu s'est étendu à des personnes humaines, des citoyens, des soldats. On ne combat pas la fournaise avec seulement du courage et l'amour du pays comme l'ont fait les braves éléments de l'Armée nationale qui ont péri à côté de leurs nombreux concitoyens. Ils n'avaient, Allah yarham'hom, que leur vaillance et nationalisme à aligner à la terreur des flammes gigantesques. Désolation et consternation, assistance et traitement, aide et appui doivent suppléer aux colères et exacerbations.
Chaque cri de victime est légitime, chaque revendication de sinistré est juste. Les pouvoirs publics sont dans l'impératif de prendre les mesures qui s'imposent et surtout comprendre le désarroi de la population. Non pas celles consistant en des dédommagements, ce qui est à la base garanti moralement, mais l'anticipation, afin d'éliminer la reproduction de tels malheurs. Ces événements atroces qualifiés le plus souvent de catastrophes naturelles, alors qu'en majorité ils ne sont pas l'œuvre de la tranquille dame nature quand elle n'est pas bousculée ni violée dans ses empires. L'origine criminelle est toujours derrière la première flammèche. La pyromanie n'est pas uniquement une perversion pathologique, elle a aussi ses desseins maléfiques. Le trouble, le désordre, la scission sociale. Le peuple en est conscient. Il s'est pris debout à son accoutumée et a spontanément réagi. Ce qui blesse davantage la fierté nationale, en contrepartie de son entière symbiose en disponibilité et engagement en pareils cas, c'est cette inattention, voire paresse des responsables à anticiper les événements. Ceux-ci sont toujours en retard d'une guerre. Les générateurs d'oxygène, les stations de dessalement de l'eau de mer et l'acquisition des canadairs ne sont plus des contingences de luxe ou d'équipement secondaires. C'est à l'identique d'un arsenal de guerre. Faudrait-il penser déjà à d'autres catastrophes d'une autre nature ? Oui, toutes ces défections ne sont pas à mettre dans l'immédiat sur la table. Cela n'empêchera pas de les inscrire dans leurs tables de commandements. Creuser la nécessité, peser la conséquence.
A quoi sert, sans moyens appropriés, cette délégation nationale de lutte contre les catastrophes naturelles et prévention des risques majeurs institutionnalisée auprès du ministère de l'Intérieur depuis très longtemps ? Quand on s'exprime dans une solennité émotionnelle à chaud que « l'État déploiera tous les moyens nécessaires » pour faire face à ces faits, l'on ne pense pas, qu'en face d'un feu aussi dangereux, on n'en use pas de mains nues, de pelles et de pioches et de surcroît sans masque adapté. Les moyens nécessaires sont tout indiqués car l'usage est universelle et adéquat. Les canadairs. Et puis, actionner le dispositif conventionnel de la solidarité internationale pour circonscrire ce sinistre dramatique ne traduit nullement autre chose que l'apport d'un effort humanitaire. On a bel et bien participé à cet effort ailleurs. C'est une question qui n'égratigne aucune facette de notre souveraineté. Cette douloureuse épreuve vient encore réaffirmer la cohésion citoyenne et l'abnégation de nos jeunes militaires que le pays a besoin de tous ses enfants. Clémence et miséricorde à leurs âmes.
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2021 08 12
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