Ce dimanche 19 mars matin, dans le parc Pasteur, à Orléans, la cérémonie du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc se déroule. Il y a du beau monde parmi les officiels : la préfète, le général de gendarmerie, le commandant de la base aérienne de Bricy, un sénateur, une députée, un adjoint au maire.
Il y a même un speaker qui annonce le déroulé de la cérémonie. Si l’harmonie d’Orléans a délégué un tambour et des clairons, La Marseillaise est exécutée par une bande-son. Il y a donc de la solennité dans l’air. Et c’est logique.
Des balles de tennis
Pourtant, deux jeunes femmes et un jeune homme sont en train de jouer au tennis, sur le court juste à côté du monument aux Morts. Ils ont au moins la décence de ne pas pousser des cris ou de s’énerver après les turpitudes de la balle jaune. Il n’empêche. La cérémonie est ponctuée par les rebonds de cette fameuse balle jaune. Ils sont comme dans leur bulle et ne semblent guère se soucier de ce qui se passe juste à côté.
Ah le devoir de mémoire ! Parmi la maigre assistance, il y a une jeune femme pour qui on ne transige pas avec cette notion. Nathalie Granger se fait un devoir justement d’assister à de telles commémorations. "Jacqueline Granger-Mamonnat, ma grand-mère, faisait partie de la fédération nationale des déportés, internes, résistants et patriotes du Loiret. Elle est décédée le 1er février et je l’accompagnais, depuis toute petite aux cérémonies commémoratives. Venir a du sens pour moi. Je prends son relais", détaille-t-elle. "René Mamonnat, le père de ma grand-mère, a été déporté à Buchenwald
Durant la cérémonie.
Alors que le speaker annonce "Les autorités vont quitter l’emplacement de la cérémonie", et que ces autorités prennent le chemin de la sortie du parc Pasteur, Régine Engström, la préfète, ne prend pas tout le monde de court mais un peu quand même. Elle décide de sortir du sentier la ramenant vers sa voiture pour aller sur la pelouse où se trouve une quinzaine d’anciens combattants.
"J’ai remercié la préfète d’avoir pris ce temps"
Parmi lesquels un homme, arrivé avec sa femme équipée de bâtons de marche. Car, oui, dans le parc Pasteur, il y a aussi des joggeurs et des marcheurs. "Tu veux y aller ?", lui avait-elle demandé. "Je ne connais plus personne", avait-il répondu. Il s’est finalement mêlé à la troupe. Sans oublier celui-ci qui demande s’il peut marcher sur la pelouse avant de franchir le pas en tant qu’ancien combattant.
La préfète, qui a donc quitté les rangs, salue un à un les hommes qui lui font face.
Les officiels lors du dépôt de gerbes.
"Bonjour. Mes respects. Merci d’être là." S’il est difficile de tendre l’oreille pour ne pas voler ce moment d’intimité institutionnelle, les anciens combattants se confient à Régine Engström. Du moins, ils partagent leurs souvenirs. "C’est important d’avoir un ami pour partager ça, de ne pas le garder pour soi", répond-elle à un interlocuteur. "On vit dans un beau pays grâce, notamment, à l’engagement des armées", rajoute-t-elle par rapport aux remarques sur la guerre en Ukraine.
Après coup, Guy, un habitant de Loury, qui s’apprête à aller manger chez ses enfants, est encore sous le coup de l’émotion : "C’est la première fois que ça m’arrive. Du moins à cette cérémonie. J’ai remercié la préfète d’avoir pris ce temps. Je pense qu’elle est déjà passée à autre chose, mais bon…" Guy a servi 24 mois en Algérie. Ce qui lui en reste ? "Des cauchemars. Je ne peux pas regarder les films de guerre. Et la télé, pas trop, en ce moment, quand je vois ce qui se passe".
Publié le 19/03/2023 à 14h46
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Alexis Marie
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