Une famille engagée et un environnement propice
Très tôt, le jeune Omar baigne dans les rangs du FLN. En effet, son oncle Saadi Yacef, dont il est très proche, est chef et responsable militaire de la Zone Autonome d’Alger (ZAA). Pour comprendre l’engagement précoce du petit Omar, il faut s’intéresser à Alger et plus particulièrement à la Casbah, véritable sanctuaire pour les révolutionnaires de l’époque. Alger est une ville clé, c’est la capitale, c’est donc ici que les institutions coloniales françaises sont installées, la ville est donc un siège stratégique. Elle devient ZA (Zone Autonome) en 1956, la seule dans tout le pays. Les réunions secrètes et les caches des révolutionnaires s’y multiplient. Le but est de préparer les offensives mais aussi d’augmenter les adhésions au FLN en affirmant la présence du groupe dans les quartiers urbains. En effet, avant cela, les membres du FLN étaient, en majorité, originaires de terres rurales, les populations urbaines (composées de différentes classes sociales, dont la bourgeoisie) sont donc une addition souhaitée à la lutte. Le Petit Omar côtoie donc très vite de grandes figures de la résistance comme Larbi Ben M’hidi, Ali la Pointe, Ramdane Abane et Krim Belkacem.
Premières missions
Le Petit Omar est nommé agent de liaison par son oncle Saadi. La mission d’un agent de liaison, c’est de faire passer des messages aux membres du FLN, d’espionner les militaires français, de signaler leur présence etc… C’est une mission d’une grande importance, grâce à cela, le FLN peut préparer des stratégies afin de mener leurs offensives. Le jeune âge du petit Omar est aussi d’un grand avantage. Un enfant, c’est discret et ça n’éveille pas les soupçons ou, du moins, pas autant qu’un adulte.
C’est ainsi qu’Omar se baladait dans les recoins de la Casbah qu’il devait, sans nulle doute, connaître comme sa poche et qu’il arrivait à traverser les barrages militaires sans se faire repérer. Dans son roman, Souhila Amirat raconte qu’Omar utilisait son cartable pour faire croire aux militaires qu’il partait ou revenait de l’école. En réalité, c’est dans ce petit cartable qu’étaient cachées les consignes et les correspondances secrètes des révolutionnaires. Dans une scène culte du film La Bataille d’Alger, le Petit Omar s’empare discrètement d’un micro appartenant aux militaires afin de scander des slogans et de rassurer les Algériens sur la force du FLN et sur la victoire proche du groupe sur les colons.
La Bataille d’Alger, dernière bataille du Petit Omar
En 1957, un an après la création de la ZAA, la Bataille d’Alger éclate, opposant le FLN à la 10ème division des parachutistes français menés par le Général Massu. Cette bataille a été engendrée et se caractérise principalement par une série d’attentats contre les populations civiles perpétrés par les membres du FLN. La guérilla va durer 10 mois, de janvier à octobre. L’objectif des militaires français est clair : il faut démanteler le réseau FLN qui sévit à Alger. Le Petit Omar a alors 13 ans.
Le 24 septembre, Yacef Saadi, l’oncle d’Omar, est arrêté par les paras, détenteurs de renseignements sur la localisation de certains rebelles du FLN. Ces informations, les militaires français arrivent à en intercepter de plus en plus. Pour cause, la présence d’un agent double au sein du FLN travaillant en réalité pour les français : Zerrouk. Les militaires arrivent donc à déterminer la position exacte de la cache d’Ali la Pointe et des trois rebelles l’accompagnant : Hassiba Ben Bouali (poseuse de bombes), Mahmoud Bouhamidi (un autre agent de liaison) et le Petit Omar.
Cette cache, c’est celle du 5 Rue des Abdérames, dans la Casbah d’Alger.
La nuit du 8 octobre 1957, les parachutistes entament l’opération de capture d’Ali la Pointe avec l’espoir de démanteler, pour de bon, le réseau FLN et de mettre fin à la Bataille d’Alger. Encerclés par les parachutistes leur ordonnant de se rendre, les quatre rebelles lourdement armés ne cèdent pas aux négociations. Les militaires décident donc de plastiquer la cache des rebelles afin de provoquer une explosion. La maison est littéralement détruite en quelques instants. Les corps retrouvés sont identifiables mais violemment déchiquetés. Le petit Omar avait été propulsé jusqu’à atteindre l’entrée de la maison où il s’était retranché avec les autres rebelles. C’est donc au jeune âge de 13 ans que la vie du Petit Omar arrive à son terme.
La mémoire
S’il est difficile de récolter des informations précises sur le petit Omar, notamment de par son âge, il est tout de même possible de retrouver des traces de son passage et de son impact en Algérie. La courte vie du petit Omar évoque celles des autres enfants ayant participé à la lutte pour l’indépendance et dont les noms ont été oubliés. En rendant hommage à sa personne, l’Algérie fait honneur aux autres martyrs précoces anonymes.
Un hôpital inauguré à Draa Ben Khedda (Tizi Ouzou) en 2014 porte aujourd’hui le nom du jeune martyr. Son oncle Saadi Yacef avait fait le déplacement pour rendre hommage à son neveu.
En ce qui concerne l’apparition du petit Omar dans la culture populaire, beaucoup d’artistes ont voulu faire vivre le jeune indépendantiste. Sur scène, on retrouve la pièce d’Abbas Mohamed Islem (Petit Omar ou la Révolution de l’Innocence) qui s’était d’ailleurs exprimé sur le personnage : « Le Petit Omar de la grande bataille d’Alger n’est qu’un prétexte pour rendre hommage à tous les Petits Omar, car dans chaque quartier d’Algérie, il y avait un Petit Omar qui courait les rues. Cette pièce est un hommage à Omar et aux enfants qui ont participé à la révolution ».
En ce qui concerne le septième art, on ne peut que citer le grand classique La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, réalisé peu de temps après l’indépendance avec un casting regroupant des rebelles tels que Saadi Yacef lui-même. Le Petit Omar, lui, est interprété par Latafi Ahmed.
Les commentaires récents