C'est un chiffre effarant, mais il n'est vraisemblablement pas loin de la réalité. 39 % des jeunes Français ont un lien avec la colonisation et la guerre d'Algérie. Les jeunes, ce sont ces Français de 18 à 35 ans, qui se questionnent encore aujourd'hui sur leurs identités respectives, nourries d'histoires familiales troubles, d'un rapport à la France malmené et d'identités rabaissées.

Ce sont eux qui disent tout cela dans une tribune publiée par le quotidien français Le Monde, reprenant ainsi ce taux de 39 % cité par l'auteur Paul Max Morin, dans son ouvrage « Les jeunes et la guerre d'Algérie », paru le 2 mars 2022. Les jeunes Français qui ont un lien avec la colonisation ce sont surtout des enfants et petits-enfants d’indépendantistes algériens (FLN/ALN), d’appelés, de harkis, de juifs d’Algérie, de militaires, de pieds-noirs ou d’immigrés.

Visiblement ces jeunes Français ne veulent plus se taire. D'où cette tribune pour crier leur ras-le-bol d'être « emplit de récits ou de silences assourdissants qui nous furent imposés » pour parler des « histoires familiales encore troubles, du rapport à la France parfois malmené et d'identités trop souvent rabaissées ». À l'occasion de la célébration du 19 mars, date de cessez-le-feu qui a mis fin à près de 8 ans de guerre, ces jeunes disent vouloir porter une attention particulière à la parole publique. « Cette parole qui a tant de fois dévoyé nos mémoires, au profit de la division de nos parents ou de celle de nos grands-parents entre eux, mais aussi avec le reste de la société française », affirment-ils dans la même tribune.

Ils veulent aussi porter une attention toute particulière à la parole de l'État, « celle qui n'a jusqu'à présent jamais posé les mots juste, ou porté d'actions assez fortes pour contrecarrer les nostalgiques et les marchands de fantasmes racistes et antisémites ». Rappelant que de nombreux pas ont été réalisés pour apaiser chacune des mémoires, en référence aux actions du président français Emmanuel Macron, les signataires de la tribune estiment que « certaines vérités n'ont pas encore été dites ». « Notre pays porte en lui les cicatrices de cette période. Des mémoires blessées pour lesquelles l’État se doit de regarder l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie avec courage et lucidité », estiment-ils.

L'Algérie et la France condamnée à vivre une histoire commune

Mais au-delà de la tribune qui exprime le vœu des descendants de ceux qui ont un lien direct avec la colonisation et la guerre d'Algérie, le chiffre de 39 % cité plus haut montre que la relation entre la France et l'Algérie est d'une profondeur que personne ne peut éluder. C'est que si l'on se base sur ce taux, ce sont plus de 12 millions de jeunes Français qui ont un lien, d'une manière ou d'une autre, avec la colonisation et la guerre d'Algérie. Ce n'est pas peu pour une catégorie qui n'a pas vécu cette période.

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Désormais, la relation entre la France et l'Algérie ne peut être que spéciale. Et cette relation spéciale doit être construite sur la vérité et la justice, et non sur la nostalgie et la rancoeur. Si on ajoute ces chiffres aux millions d'Algériens qui vivent en France, l'on peut dire sans risque de se tromper que l'Algérie et la France sont condamnées à vivre une histoire commune. Et c'est aux Algériens et aux Français de déterminer la nature de cette histoire. Elle peut être harmonieuse et agréable, ou tendue et exécrable.

 

 

 

Aylan Afir 

https://observalgerie.com/2022/03/27/societe/39-jeunes-francais-lien-colonisation-guerre-algerie/

 

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