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... ne vois-tu rien venir
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"Couleurs et Parfums"
Mon voyage est toujours le même..... des vagues de sable.... Un seau de mer.......
Quand je pense à cette terre lointaine....c'est l'air d'la mer qui me revient
http://fr.youtube.com/watch?v=oS5Zsd4anmw
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ALGERIE ADIEU
http://fr.youtube.com/watch?v=QU5TlJTvWU0&feature=related
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LES FILLES DE BOUFARIK
http://fr.youtube.com/watch?v=w1_3E3UA8BQ&feature=related
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Il n’est jamais trop tôt
Il n’est jamais trop tard
Se faire plaisir, c’est faire plaisir
à ceux qui nous écoutent et,
La musique, est un des seuls moyens
réels de communication universelle.
Mick Maccotta
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Rédigé le 29/09/2008 à 23:15 dans Divers | Lien permanent | Commentaires (1)
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Brume d’or et de sable, l’ombre des voiles
chantait leur songe long,
Mes souvenirs de tes plages ont l’odeur du vent.
Alger la blanche, tu riais insouciante.
Au fond de la Casbah, dans les ruelles obscures,
Petite Salima, tu me prenais la main.
Tu étais une enfant, tu étais jeune et pure,
Pour toi il n’y aura jamais plus de demain.
Les fous de religion, les tarés de prières,
Ont tranché ta gorge et tué ta lumière.
Adieu ma douce amie, tu sais, tes grands yeux noirs,
Pour toujours fermés, restent dans ma mémoire.
Et l’éclat de tes rires, tes mots, tes sourires,
Restent des souvenirs qui ne sauront tarir.
Alger la blanche, tu pleures doucement,
Et tes larmes de détresse sont rouges, couleur sang.
Des banlieues de Baraki, jusqu’à Sidi-Moussa,
De Larbaa aux portes de Blida,
La terre, abreuvée de sang, devient désolation.
Partout, on entend plus que pleurs, lamentations
Triangle de la mort, zone de tous les
dangers,
Ici commence l’horreur, dès la sortie d’Alger.
Lignes téléphoniques abattues, voitures calcinées,
Maisons abandonnées, transformées en fortin.
Enfants tués, femmes violées, hommes égorgés,
Et puis, ces policiers, lance roquette à la main...
Le monde de la folie installe ses quartiers,
Et moi ça me fait mal car je t’ai tant aimée.
Alger la blanche, enfermée dans l’enfer,
Tu entres maintenant pour longtemps dans l’hiver.
Mais moi je veux garder, les rires de tes enfants,
Enfouis dans ma mémoire, comme pour défier le temps.
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Bentlha, Sidi-Kébir, Aïn-Defla,
Béni-Slimane, Benachour,
Villes martyres, la mort présente à chaque carrefour.
Il y a ceux qu’on connaît, et ceux, dont on
ne parle pas.
Il y a mes amis, et ceux, que je ne connais pas.
Abandonnée, Aïn-Sour « la fontaine des
aigles »,
Tous partis... du plus fort au plus faible.
Plus rien à lire dans leurs yeux,
Que le dégoût, les larmes.
Partout, montent des cris de haine,
La révolte, la furie, à la frayeur s’enchaîne.
Hordes de miliciens, groupes de francs-tireurs,
Instaurent à loisir l’ordre de la terreur.
Coups de main, règlements de comptes, représailles
Règne de la folie, barbarie, pagaille...
Les souvenirs cognent à ma porte,
Ma peine, ma douleur de plus en plus forte.
Qu’elle était belle « mon Algérie »,
Qu’il était beau « mon pays ».
Hocine, mon ami, il y a juste un mois
Tu me disais, pour la dernière fois
L’Algérie ne veut pas mourir !
L’Algérie ne peut pas mourir !
Hier soir, tu es parti,
Rejoindre un tout autre pays,
Empli de fleurs et sans jours gris,
Tu as rejoint le paradis.
Je ne t’oublierais pas,
Comme la petite Salima,
Tu resteras toujours près de moi.
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Ramadan
Jeûne, pénitence, méditation, mais aussi...
Souffle de liberté dans un pays meurtri.
Étalages de fruits, de gâteaux croustillants,
Rires de gosses, bagou des commerçants.
Il y a ceux qui trichent et qui dorment le jour,
Boivent, mangent et fument, dès qu’arrive la nuit
Il y a ceux qui, comme tous les autres jours,
N’ont pas même les moyens de se payer un fruit.
Et qui tendent la main, quémandant un écot
Foules chamarrées, et même... faux dévot.
Et puis il y a les autres, grosse majorité,
Qui profitent enfin, d’un moment pour souffler.
La fête s’installe, à Hussein Dey, à Belcourt,
Alors, Alger la Blanche, tu souris sans détours.
Tu te noies dans des flots de thé vert à la menthe,
De bière bon marché, et tous, tu les tentes.
De la salle Ibn-Khaldoun, éclate la musique,
Musique Raï, Andalouse, musique de la vie,
Enfin l’on s’amuse et de nouveau on rit.
En face de la Casbah, place des Martyrs,
Soudain une arme tire.
Des cris, des hurlements, après une explosion,
Les fous viennent de frapper, de tuer l’illusion.
Et partout des blessés, atrocement mutilés,
Cette fois la fête est vraiment terminée.
Les survivants, humiliés et meurtris,
Semblent tout surpris, d’être encore en vie.
Ils essayaient d’oublier, les soirs d’apocalypse,
Les bourreaux armés de haches, les fous islamistes.
Alger, ville maudite, une fois encore,
Tu n’as su leur offrir, que la peur, que la mort.
Ils pleurent sous le joug, des fous, des assassins.
Alger, réveille-toi ! Ce n’est pas ton destin !
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Bernard Duval
Rédigé le 28/09/2008 à 15:44 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (5)
Mollah Omar, un allié encombrant
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Tandis que les accords politiques et commerciaux vont bon train, au
printemps 1997 de violents combats reprennent dans le nord du pays.
Avec eux, contre toute attente, va débuter une période de disgrâce
«officielle» des taliban, au cours de laquelle ces derniers multiplient
les erreurs politiques, obligeant leurs interlocuteurs à prendre
quelques distances.
Des offensives contre la ville de Mazar-i-Charif, tenue par les troupes
du commandant Ahmed Massoud et surtout par celles du général d’origine
ouzbek Rachid Dostum, donnent lieu à des luttes d’une rare cruauté. De
nombreux cas de torture sont avérés. Entre les mois de mai et août
1997, près de 10 000 personnes périssent dans cette bataille. Au même
moment, plus au sud, à Kaboul, les taliban au pouvoir depuis un an
édictent des mesures qui se révèlent de plus en plus liberticides. Les
femmes semblent les premières victimes du régime. La communauté
internationale s’émeut, discrètement encore. Et puis vient le 28
septembre 1997, véritable tournant dans les relations des chefs de
l’Afghanistan avec le reste du monde. Ce jour-là, la commissaire de
l’Union européenne en charge des affaires humanitaires, Emma Bonino,
effectue une visite en Afghanistan, pour voir. Elle mesure
immédiatement l’archaïsme des étudiants en religion. Accompagnée de
plusieurs journalistes et de responsables d’organisations humanitaires,
elle constate les dégâts quant à la condition des femmes, l’éducation
et les libertés publiques. Plusieurs incidents éclatent même lors de
ses déplacements. Certains membres de sa délégation sont appréhendés
par la police.
Simultanément, alors que les taliban montrent leur vrai visage, le problème Bin Laden surgit pour l’Afghanistan.
Depuis près de deux ans environ, les sunnites fondamentalistes
d’origine saoudienne désignent les États-Unis comme leur principal
ennemi. Dans leur quartier général de Khartoum au Soudan, et avec
l’aide de leurs bases arrière implantées dans des régions du Yémen que
ne contrôle pas l’armée, ils planifient les premières actions contre
ces impérialistes qui souillent la terre saoudienne, où siègent les
lieux saints de l’Islam.
Ossama Bin Laden appartient au nombre de leurs chefs. Déchu de la
nationalité saoudienne en avril 1994 pour avoir vertement critiqué le
pouvoir en place et sa soumission aux États-Unis, à la plus grande joie
des autorités religieuses, on l’accuse déjà d’être l’instigateur d’un
attentat survenu le 25 juin 1996 contre la résidence des militaires
américains de Khobar, en Arabie Saoudite.
Grâce à ses ressources financières, on dit qu’il formerait un mouvement
politique partisan de l’islam le plus pur, contre la corruption de la
monarchie régnante, et qui regrouperait les anciens combattants
d’origine arabe de la guerre contre les Soviétiques. Or, à la même
période, on le croise à plusieurs reprises en Afghanistan, dans la
ville de Jalalabad, le fief du chef intégriste Gulbudin Hekmatyar,
ancien compagnon d’armes au temps de la guérilla contre l’armée rouge,
et surtout ancien chef de Mohammed Omar, le nouvel homme fort du pays.
Ce premier retour en Asie centrale, après son départ de 1991,
intervient au mois de mai 1996, alors que son protecteur, le chef
d’État soudanais Omar al-Bachir décide de se rendre en pèlerinage à La
Mecque en Arabie Saoudite. Pour ne pas embarrasser les relations de son
hôte avec la monarchie saoudienne, Ossama Bin Laden s’envole vers le
Pakistan, et de là rejoint pour quelques semaines la cité de Jalalabad.
Ses deux fils, Saad et Abdurahman, demeurent dans un premier temps au
Soudan, puis le rejoignent environ six mois plus tard. Au début de
l’année 1997, après des offensives infructueuses contre le régime
libyen du colonel Mouammar Kadhafi, Ossama Bin Laden décide de
s’installer définitivement en Afghanistan.
De façon concomitante, l’administration du président Clinton découvre
le personnage, notamment à la suite d’un rapport « informel » réalisé
par le général Wayne Downing à la demande du sous-secrétaire à la
Défense John White. Cet officier supérieur vient alors de prendre sa
retraite, en février 1996, après avoir dirigé pendant plusieurs années
le Commandement des opérations spéciales des armées américaines. C’est
un spécialiste de l’antiterrorisme. Au lendemain de l’attentat de
Khobar, tandis que les autorités de Riyad refusent que des équipes du
FBI conduisent des investigations sur place, en Arabie Saoudite, c’est
lui que le Pentagone choisit pour mener des recherches, discrètes, en
dehors du cadre judiciaire -pour comprendre. Depuis, Downing passe pour
le premier cadre de l’armée américaine à avoir appréhendé le «
phénomène Bin Laden ».
L’évolution du régime des taliban et les amitiés qu’ils forgent avec ces nouveaux ennemis de l’Amérique contrarient de plus en plus les espoirs des compagnies pétrolières, du département du commerce et des diplomates. Au mois de novembre 1997, malgré les promesses de lendemains meilleurs répétées par les promoteurs de CentGas, la secrétaire d’État Madeleine Albright critique ouvertement le nouveau régime en place à Kaboul, lors d’un voyage officiel à Islamabad. Officiellement, Washington prend ses distances à l’égard des taliban. La rupture se consomme tout au long des mois suivants, jusqu’à son point d’orgue, au cours de cet été 1998.
Nous sommes à la fin du mois de juillet, à Kaboul, le gouvernement
contraint les organisations non gouvernementales à quitter le pays.
Plus au nord, les taliban réduisent l’opposition au silence en
s’emparant définitivement de Mazar-i-Charif; désormais seule une
poignée d’irréductibles résisteront autour du commandant Massoud, mais
sur moins de 5 % du territoire et cantonnés dans des massifs montagneux
coupés du monde. Des exactions sont commises lors de la prise de la
ville, et, surtout, les combattants sunnites radicaux passent par les
armes dix diplomates iraniens. Un point de non-retour est franchi aux
yeux de nombreux responsables politiques internationaux. Ce n’est pas
tout. Le 7 août 1998 surviennent les attentats contre les ambassades
américaines de Nairobi et Dar es-Salaam. Ossama Bin Laden les a
commandités, avec l’appui logistique des réseaux du Djihad islamique et
de la Jamaa i- Islamiya, deux mouvements terroristes alliés de longue
date, et très bien implantés en Afrique de l’Est. Le 20 août, les
États-Unis répliquent en expédiant 75 missiles de croisière sur des
cibles dans les régions de Khost et de Jalalabad, où sont implantés les
camps de l’organisation Al-Qaeda, et sur une usine pharmaceutique au
Soudan. Le lendemain Mohammed Omar condamne l’attaque et annonce qu’il
héberge avec bienveillance Bin Laden.
Fin du premier acte. L’administration américaine cesse toute relation directe avec Kaboul…
Pour six mois seulement.
Conséquence: pour l’heure, le projet pétrolier capote. Dans tous les États-Unis, le mouvement Feminist Majority multiplie les campagnes contre la firme Unocal, l’accusant de soutenir une dictature qui fait de l’asservissement des femmes un des fondements de sa politique sociale. Hillary Clinton leur apporte un soutien public et appuyé. Progressivement, Unocal retire toutes ses équipes et ferme tous ses bureaux en Afghanistan et au Pakistan. Pour autant, à Washington, au Bureau des Affaires asiatiques du Département d’État, on regrette cet engrenage malheureux. Personne ne perd de vue l’immense avantage qu’apporterait à tous un gouvernement ami en Afghanistan, où siégeraient des dirigeants capables de stabiliser le pays, comme les étudiants en religion l’avaient laissé espérer. L’idée de privilégier à l’avenir des taliban «modérés» fait son chemin. Calcul cynique et auto destructeur. Pour beaucoup l’endroit est trop important pour renoncer, sous prétexte de désaccord avec quelques fondamentalistes un peu trop habitués à guerroyer.
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Rédigé le 26/09/2008 à 10:15 dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
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ean Audibert débarque à Alger comme ambassadeur après les manifestations « plus ou moins spontanées » d’octobre 1988. C’était un moment d’« embellie [vécue] comme la promesse d’une vraie démocratie ». Il quittera le pays mortifié, au lendemain de l’assassinat de Boudiaf, en 1992. Quel regard a-t-il sur le sérail militaire ? Pas de révélations fracassantes, mais un tableau impressionniste d’une justesse rare : Chadli roi fainéant ? En mars 1989, Mitterrand est à Alger. « Le dîner se termine vers minuit. Chadli dit à Mitterrand : “Cher président, je vais faire un petit tour, car j’ai besoin d’air.” Nous l’accompagnons jusqu’à la porte. Là, une Maserati rouge l’attend. Il prend le volant et part en pétaradant. » Belkheir ? « Sans doute avait-il une influence déterminante ». Avait-on vraiment envisagé cohabiter avec le FIS ? « Pas du côté de Ghozali ni de Belkheir ». M’Hamed Tolba était-il « en charge de la manipulation » ? « Disons contrôle vigilent. Tolba était un haut fonctionnaire de la police par tradition familiale. » Nezzar ? Il « parlait avec simplicité [...] de son passage à l’école des enfants de troupes, de son séjour à Saint-Maixent ». Zeroual ? « Il jouit d’une image positive [car] il a commencé sa carrière dans un maquis et non dans l’armée française comme le général Nezzar et le président Chadli ». La mafia politico-financière ? « Par définition, une mafia est secrète, elle n’est perceptible qu’à travers ses méfaits. » Les méfaits ? « Exemple, l’Algérie importe 85 % des médicaments qu’elle consomme [...]. Il existe à Médéa un complexe de fabrication de médicaments, qui n’a jamais fonctionné de façon satisfaisante. J’étais arrivé avec des propositions de Rhône-Poulenc pour monter des usines pharmaceutiques qui n’ont jamais pu aboutir. » Pourquoi ? Parce qu’il y a des « intérêts très importants dans l’importation de médicaments. » Contrôlés par les militaires ? « Il est vrai que dans le secteur privé commercial il y a beaucoup d’anciens militaires à la retraite. » Est-ce difficile de lutter contre cela ? « On découvre un Hadj Bettou qui gagne des milliards en faisant un trafic très important, en particulier de lait et de sucre importés en Algérie grâce à des subventions du gouvernement, qu’il revend ensuite au Mali et au Niger avec un fort profit. Des officiers qui tentaient de lutter contre la corruption ont été assassinés. »
L’interruption du processus démocratique en janvier 1992, l’assassinat de Boudiaf, San Egidio, la « nouvelle guerre d’Algérie » où « les méthodes utilisées par les forces antagonistes sont directement issues de celles utilisées durant les années 1960 », l’utilisation « de la religion comme instrument de son influence », le soutien de la France à la politique d’“éradication”, etc. Et, bien sûr, le pouvoir prescripteur, la « responsabilité française particulière [qui réside] dans le fait que la plupart des grands pays industrialisés : les États-Unis, le Japon, les pays de l’Union européenne, se réfèrent à la position française pour définir la leur [...] ».
« Enfin, [comment] ne pas parler de l’affaire Mécili qui a montré que certaines connivences existaient entre les services français et la sécurité militaire algérienne. » Pour Audibert, la complexité des rapports entre la France et l’Algérie vient de ce qu’on ne distingue pas assez clairement « les relations, les rapports d’État à État d’un côté et de peuple à peuple de l’autre ». Mais ce clivage établi, on n’est pas au bout de nos peines car il faut encore distinguer ce qui relève de l’avouable, dont Audibert incarne le visage le plus noble, et le visage hideux de la diplomatie parallèle, où barbouzes côtoient groupes d’intérêts économiques prédateurs. Et les faveurs ne vont pas aux meilleurs, à telle enseigne que lorsqu’en 1995 « de hauts responsables de la police, de la magistrature et de l’administration » s’indignent que « l’aide financière de la France à l’Algérie est considérable et elle vient encore d’augmenter. Pour qui prenons-nous parti, sans le dire ouvertement, par une telle politique ? », ils sont obligés de se dissimuler derrière un pseudonyme pour publier une tribune dans Le Monde. Car la France ne ménage pas son soutien aux militaires algériens. Des fonds offerts par la France qui serviront à la junte pour « gagner du temps, à acheter des armes, à nourrir la population, et à redistribuer directement ou indirectement à ceux qui assurent la répression au quotidien. » Et ne pas oublier que « la monnaie [algérienne] a perdu 50 % de sa valeur en dix-huit mois, que l’inflation annuelle reste de l’ordre de 30 %, que la production industrielle du secteur d’État a baissé de 9 % au premier trimestres 1995 » et que le chômage des jeunes est de « 50 % ». À quoi servent les Algériens ? Ils meurent, meurent, meurent... 150 à 200 000, tués « aussi bien par les islamistes [...] que par la police et l’armée ». Tous des sympathisants islamistes, les Algériens ? « La masse de la population n’adhère ni à l’un ni à l’autre des protagonistes. Si l’opinion avait basculé du côté islamiste, le pouvoir aurait été balayé. » Non ! « l’aspiration unanime du peuple est d’aller vers plus d’équité, plus de justice, plus de responsabilité comme elle est de lutter contre l’arbitraire, la corruption, l’accaparement du pouvoir. N’est-ce pas là l’expression d’un besoin de démocratie ? » Au lieu de cela, « chaque fois qu’il s’est agi de prendre des décisions capitales, d’affirmer des choix, un conclave secret a été organisé (comme à Zeralda le 5 septembre [1997]) au cours duquel une attitude commune a été décidée. » En l’occurrence, il s’est agi de se débarrasser de Zeroual au profit de Bouteflika qui, depuis son avènement en 1999, a pris le contre-pied de toutes les exhortations de Jean Audibert...
Vous l’aurez compris, résumer ce concentré de livre est impossible, sinon à reproduire intégralement ses quelque 200 pages, dont une note de décembre 1993 pour Michel Rocard qui vaut son pesant d’or. Au moment où se dévoile la barbarie américaine, de l’aveu même de ses plus hauts responsables, inspirée par l’école algérienne, qui fait la part belle à la torture, aux espaces de non-droit, à l’opacité et aux abus de tous ordres, il faut lire ce livre de Jean Audibert pour découvrir l’Algérie, la vraie, aux antipodes de celle que nous dépeignent les médias depuis 15 ans. Comment un tel homme a-t-il pu être maintenu à l’écart des débats sur l’Algérie, ces débats où, dit-il « l’ardeur de l’engagement est souvent inversement proportionnel à la connaissance de ce qui se passe sur le terrain » ? Il a sans doute connu le même ostracisme que tous ceux qui ont voulu informer honnêtement.
Grâce à cet ouvrage, la vérité des faits franchit un pas substantiel de plus. Il manquait une caution diplomatique pour ce que Noir silence et Françalgérie, crimes et mensonges d’États ont largement démontré ; cet ouvrage la leur apporte. Un témoignage qui réconcilie aussi un peu avec une Gauche telle qu’on la rêverait. Hélas, c’est l’autre qui prend chaque fois le dessus, prolongeant jusqu’à la caricature de ce que la Droite produit de plus infâme.
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Rédigé le 22/09/2008 à 21:24 dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
L’augmentation du débit de l’ADSL demeure une priorité du secteur.
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En marge de la visite de travail et d’inspection qui l’a conduit, hier, dans plusieurs localités de la wilaya de Tipasa, le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, M. Hamid Bessalah, a inauguré l'agence commerciale de Hadjout. Le ministre a, par ailleurs, invité l’opérateur historique à faire de même que la concurrence en décentralisant l’opération de réactivation des lignes, une fois celles-ci régularisées, pour fidéliser davantage la clientèle touchée.
Le taux de couverture de Mobilis au niveau de la wilaya qui demeure
faible avec une télédensité de 23,5% (142.332 clients), le ministre a
plaidé pour le renforcement des investissements de l’opérateur dans la
région couverte avec 71 stations de base (BTS).
Il demeure que,
de manière générale, le ministre a relevé des améliorations dans les
services de télécommunications offerts aux citoyens de Tipasa avec
notamment l’augmentation de la télédensité de l’ADSL, actuellement de
l’ordre de 75% étendue à l’ensemble des 28 communes et des
établissements scolaires avec un total de 6.865 abonnés aux offres
Easy, Fawri, Anis et EEPAD.
Du côté de la téléphonie fixe qui
nécessite également de nouveaux investissements et dont le plan
d’action prévoit l’installation de 4 nouvelles BTS dans les zones
enclavées, la wilaya enregistre 55.897 clients et un taux de couverture
de 82% reposant sur 68.590 équipements téléphoniques.
Et à
l’instar des autres wilayas, Tipasa détient également sa part de
créances impayées détenues par Algérie Télécom notamment sur les
entreprises publiques avec 387.166.101,44 DA, puisque le taux de
recouvrement ne dépasse pas les 80,64%.
S’agissant des services
postaux, M. Bessalah qui a constaté avec satisfaction la disponibilité
de la liquidité dans les bureaux a jugé néanmoins insuffisants les deux
nouveaux bureaux de poste prévus dans le programme 2009-2013, qui ne
peuvent contenir tout le déficit actuel qui se pose d’une manière très
accrue à Hadjout qui reste très loin de la moyenne nationale de 9.000
habitants par bureau.
L’ouverture de nouveaux bureaux et la
polyvalence des positions au niveau des postes aideront à améliorer
l’accueil des citoyens, de l’avis du ministre qui aspire à ramener la
moyenne de la densité postale à l’échelle nationale à 6.000 habitants
par bureau postal.
A noter que Tipasa compte 68 postes assurant
une densité d’un bureau par 8.985 habitants. Parmi ses infrastructures,
59 sont raccordées au réseau informatique, dont 5 sont équipées en
système de télécompensation, 16 assurant le service Western Union et 8
disposant de GAB et de DAB.
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Hamida B. 23-09-2008
Rédigé le 22/09/2008 à 19:08 dans Divers, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
En zone 3 (Wilaya IV), la bravoure des katibas de l’ALN
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En lui évoquant le livre Les Oueds rouges de l’Ouarsenis édité
par les éditions l’Harmattan, un ami a cru qu’il s’agirait d’un livre
relatant le «maquis rouge» ou le maquis communiste qui s’était installé
dans la wilaya IV où se situent les monts de l’Ouarsenis. Rien de cela.
Il s’agit d’un langage rapporté par Yves Suary, ex-militaire durant la guerre d’Algérie affecté dans la région de l’Ouarsenis. D’après Saïd Bouraoui, aucun combattant de l’ALN dans cette région, cet ouvrage se distingue par la vérité historique. Les faits rapportés traitent de ces oueds de l’Ouarsenis rendus rouges grâce à la bravoure des katibas de l’ALN qui ont su résister à l’artillerie, à l’aviation et aux moyens colossaux employés par l’armée française.
Le colonel Worbert Vernecerg qui a préféré le livre reconnaît que «l’ouvrage est un monument, un remarquable document par son originalité et son authenticité».
Yves Sudry qui appartenait à une unité opérationnelle rapporte des faits précis sur les exécutions sommaires, sur la torture, sur les agissements des harkis qui guidaient l’armée coloniale dans les zones montagneuses.
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Mercredi 15 janvier
Je dois me rendre en fin d’après-midi au grand barrage de l’Oued Fodda
pour participer, le lendemain, avec un détachement de la 10e batterie à
une opération dans le secteur.
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La veille, le commandant Alizon a quitté Larmtine avec la plus grande
partie des effectifs renforcés par une batterie du 402e RAA (groupe
d’artillerie antiaérienne) pour ratisser une large zone centrée par le
douar Betahia. Le commandant espère accrocher des éléments rebelles
signalés dans cette zone.
Notre détachement, parti du grand barrage, devait faire jonction avec
des éléments de Draâ Messaoud (10e batterie également) afin
d’intercepter d’éventuels fuyards refoulés par les forces opérant dans
la région des Betahia.
A cette occasion, le capitaine Raynaud me fait cadeau, pour porter ma
trousse d’urgence d’un prisonnier fellagha qu’il est en train de
travailler psychologiquement et dont il pense avoir obtenu le
ralliement. Le capitaine voit là l’occasion de tester sa fidélité. Je
dois avouer que j’apprécie ce cadeau de façon limitée.
Le lieutenant Maillard, commandant la 10e batterie, doit venir me
prendre le soir pour m’emmener au grand barrage. Le prisonnier attend
avec moi dans l’infirmerie. Traits réguliers, le nez dans le
prolongement du visage, cheveux bouclés très noirs, moustache et barbe
bien fournies. Le regard est vif.
«Tu parles français ?»
«Non.»
Le petit lexique de l’armée m’a appris quelques mots :
«Ach esmek ? Comment t’appelles-tu ?»
«Abd El-Kader.»
Sur ce, il me montre une carte d’identité crasseuse en deux morceaux.
Il a 29 ans. Je me tourne vers le jeune Arabe employé à l’infirmerie,
lui aussi porte le même nom, mais on l’appelle par son diminutif :
Kader.
«Dis-lui que je vais aller lui chercher des vêtements.»
Le prisonnier n’a, en effet, qu’une chemise, un gilet de laine usé, un
pantalon de toile. Si nous allons dans la montagne, il va crever de
froid. Je lui fais signe de m’attendre et me dirige vers le magasin
d’habillement. Je reviens avec une peau de mouton et une toile de
tente. En passant la tête par l’échancrure du milieu, cela fera un
excellent imperméable.
Abd El-Kader attend toujours sans bouger assis sur un tabouret. Il pose
la toile de tente sur ses genoux et endosse la peau de mouton. Il passe
voluptueusement ses mains dans la laine avec une satisfaction évidente,
en répétant des mots que je ne comprends pas.
A 17h30, le lieutenant Maillard arrive pour me prendre. Je saute dans
le camion. La route de Lamartine au grand barrage, une dizaine de
kilomètres, est magnifique. D’un côté des surplombs d’une cinquantaine
de mètres, de l’autre un ravin atteignant par endroits cent mètres de
profondeur.
Nous arrivons sans encombres au grand barrage. Le lieutenant Maillard
me montre ma chambre, puis m’emmène sur la terrasse. De là, nous
dominons un lac aux eaux vert foncé. Tout autour, des montages
rougeâtres parsemées de petites taches vertes. Par endroits un manteau
de forêts touffues recouvre les pentes. Je reste muet d’admiration
devant ce spectacle. Dans le lointain, des cimes enneigées complètent
l’harmonie de ce tableau. Je reconnais le mont Ouarsenis dont le sommet
est perdu dans les nuages.
Le dîner est très gai. Le lieutenant Maillard me rassure :
«Surtout ne vous frappez pas, lors de la première opération on éprouve
toujours un peu d’appréhension. En fait, ce sont de simples promenades
dans la nature. Parfois on aperçoit un guetteur, on tire et les fells
décrochent aussitôt».
Sur ces bonnes paroles je vais me coucher. Le sommeil est assez long à
venir. Est-ce l’appréhension ou un thé pris dans l’après-midi ?
A quatre heures et demie du matin, l’infirmier frappe à ma porte. Je
suis déjà réveillé. Je m’équipe : treillis de combat, guêtres,
chaussures de marche à semelles de caoutchouc, veste matelassée,
chapeau de brousse. Je suis armé d’un pistolet automatique. Petit
casse-croûte, puis c’est le départ.
Nous sommes environ soixante-dix :
une section d’artillerie (25 hommes) le commando B. (25 hommes)
une section de harkis (20 hommes)
Il pleut, j’emporte un imperméable.
Nous avançons en file indienne. Devant moi, le lieutenant Maillard.
Derrière, Abd El-Kader portant la trousse d’urgence. Derrière lui,
l’infirmier de la dixième batterie.
Nous franchissons le barrage. Nous marchons d’abord sur un terrain
rocailleux, puis très vite c’est une argile détrempée par la pluie.
Nous sommes sous les couverts, on n’y voit rien. Nous sommes obligés de
marcher collés les uns aux autres pour ne pas nous perdre. Mes
chaussures, mes guêtres et mon pantalon de treillis sont pris jusqu’aux
genoux dans une même gangue d’argile. Au bout d’une heure de marche, le
lieutenant commande la halte. Nous allons attendre le jour. Je
m’installe près d’un arbre. Il pleut toujours. A ma droite, le lac que
je devine dans la nuit ; on entend le coassement des grenouilles.
A sept heures, on distingue beaucoup mieux les objets. Nous repartons
toujours en file indienne à cinq mètres les uns des autres. Le terrain
est très accidenté. Il faut gravir des pentes raides, redescendre,
ascensionner un nouveau piton. Nous évitons au maximum les talwegs, il
est préférable de marcher dans la mesure du possible près des crêtes.
Le jour s’est levé maintenant. Le lac s’étend à ma droite. Sa teinte
vert foncé s'éclaircit de plus en plus. Mais bientôt nous abandonnons
cette étendue d’eau pour nous enfoncer dans le djebel et c’est toujours
cette alternance de montées et de descentes.
Nous voici sur une crête. Dans le lointain, premiers coups de feu,
rafales de pistolet-mitrailleur. Petit pincement épigastrique. Je me
place près du radio.
«Allô, ici penalty jaune crème, penalty orange me recevez-vous ?»
Grésillements dans l’appareil. Le radio traduit au lieutenant :
Quelques fuyards se dirigent plein sud par rapport à la position de
penalty orange. – Penalty orange, quelle est votre position ?
Les rafales continuent dans le lointain. Nous reprenons la marche. Nous
sommes surmontés par une pente boisée, de l’autre côté : un ravin.
Le lieutenant :
«Mauvais passage. Je n’aime pas passer par là.» Nous avançons encore de
cent mètres. Sifflements répétés dans la pente d’en face. Abd El-Kader
désigne du doigt la pente qui nous surplombe.
Le lieutenant : «Vite dégagez la piste, planquez-vous !»
Je me poste derrière un bloc de rochers et sors mon PA de son étui.
Crépitement de trois rafales de mitraillette. Nos éclaireurs de pointe
ont tiré sur trois individus qui ont réussi à s’évanouir dans la nature…
Le crapahut reprend. Nous progressons le long d’une pente dominant une
large vallée. Dans le fond une mechta. Des coups de feu se répercutent
sur le flanc des montagnes. Je ne vois rien. Je me planque derrière un
arbre toujours suivi d’Abd El-Kader. A quelques mètres de moi : le
radio.
Le lieutenant envoie des harkis sur la crête. Soudain, un coup de feu
très proche derrière nous. Fausse alerte, c’est un harki qu a tiré sur
un lièvre. Il se fait vertement réprimander par le lieutenant. Au loin
des fumées, ce sont des gourbis qui flambent.
Voici un groupe de harkis qui arrivent avec une femme, un enfant de
deux ans et demi dans les bras. Trois autres s’agrippent à ses jupes.
Les harkis l’ont trouvée fuyant sur la pente. Ils l’interrogent mais
n’en tirent aucun renseignement. Finalement nous la relâchons.
Nous descendons maintenant dans la vallée, explorons une mechta.
Toujours pas d’hommes. Nous gravissons la pente d’en face. Arrivés sur
une crête, nous dominons une cuvette. Dans le fond, un gourbi sur un
petit tertre. Nous sommes dans le douar Beni Bou Attab, fraction Beni
Bou Setour. C’est à cet endroit que nous devons faire notre jonction
avec le commando de Draâ Messaoud.
Le lieutenant poste des harkis sur la crête puis nous descendons. Dans
le gourbi une seule femme. Nous nous installons pour casser la croûte.
Je partage ma boîte de ration avec Abd El-Kader.
«La bess ?» (ça va ?)
«La bess, la France mliha (bien), toi mon frère.»
«Toi aussi mon frère !» - Et je lui donne une tape amicale sur l’épaule.
Après le repas, j’allume une pipe et m’adosse au mur du gourbi. Il est
onze heures et demie. Le lieutenant trouve anormal de ne pas avoir fait
encore jonction avec le groupe de Draâ Messaoud. Il n’obtient pas non
plus de liaison radio.
Afin d’essayer d’obtenir cette liaison, il décide d’ascensionner un
piton voisin le Sra Ymoula. Il emmène son groupe de commandement (trois
hommes) et les vingt-cinq hommes du commando B et me dit de rester là.
Je reste donc près du gourbi avec un sous-off le MDL Quéré, un radio,
trois harkis, l’infirmer et Abd El-Kader.
Au bout de quelque temps, rafales dans la direction prise par le
lieutenant. Les coups de feu se multiplient et se rapprochent. Les
balles sifflent. Je me planque dans un trou. Quéré a l’air de plus en
plus inquiet.
«Je vais voir ce qui se passe. Attendz là. » et il prend la même
direction que le lieutenant Maillard, accompagné du radio et de deux
harkis.
Cette fois-ci, il ne reste plus avec moi qu’un harki, l’infirmier et
Abd El-Kader. Mais à deux cents mètres environ sur la crête d’en face,
une dizaine de harkis sont en protection.
Les tirs continuent. Soudain, mon dernier harki passe devant moi en
courant, il me fait un grand signe du bras m’invitant à le suivre :
«Vite mon lieutenant». En même temps j’aperçois les harkis en
protection tourner les talons avec un ensemble parfait et disparaître
derrière la crête.
Je n’ai pas d’autre choix que de dévaler la pente suivi de mon
infirmier et d’Abd El-Kader qui, plus rapide que moi, bientôt me
devance. Les rafales se multiplient derrière moi et j’entends les
clameurs des fellaghas qui attaquent en hurlant.
Je m’engage sur le premier sentier venu. Claquements aigus, la terre
gicle devant moi à trois mètres, puis deux secondes après à quelques
centimètres de mon pied gauche, simultanément je reçois de la terre sur
la joue droite. A cet instant précis, j’ai vécu une expérience
mystique. J’ai éprouvé pendant une seconde ou une fraction de seconde,
je ne saurais le dire, une sensation qui a envahi tout mon être et que
j’ai de la peine à exprimer. C’est comme un voile qui se serait levé et
m’aurait laissé entrevoir dans cette fraction de seconde la réalité
divine dans toute sa transcendance et son infinie grandeur. Il n’y eut
lus en moi de place pour la peur ou l’angoisse, mais seulement une
aspiration sereine et profonde de toute mon âme vers cet infini divin
qui m’était révélé et dans lequel je pensais à cet instant que j’allais
me fondre. Une fraction de seconde, un éclair…
La tête vide, je continue à courir de toutes mes forces. Enfin le
chemin fait un coude, je suis momentanément à l’abri mais épuisé. Je me
laisse tomber deux secondes à l’abri d’un rocher puis je repars, mais
les jambes me manquent, je suis à bout de souffle, je n’arrive plus à
courir… Devant moi, à vingt-cinq mètres, j’aperçois Abd El-Kader qui se
sauve. J’ai à peine la force de crier : «Attends-moi». Il revient sur
ses pas, me prend la main et m’entraîne. Il m’encourage : «Vite, vite…
courir vite…»
Quelques centaines de mètres plus loin, nous diminuons l’allure, nous
avons rejoint un groupe de harkis qui s’enfuient eux aussi. Dans l’oued
en contrebas, mon infirmier à bout de souffle patauge dans la boue :
«Attendez-moi !» Nous ralentissons, il nous rejoint. Nous continuons à
marcher, gagnons la crête où nous rejoignons un autre groupe de harkis.
Nous pouvons enfin nous arrêter pour reprendre haleine.
Par recoupement des uns et des autres, j’apprends que c’est au moins
deux katibas (200 hommes) qui sont tombées par surprise sur les
éléments de Draâ Messaoud en train de casser la croûte et en ont fait
un véritable massacre. Ensuite, les fells sont arrivés à l’endroit où
nous nous trouvions. Les harkis postés sur la crête, vu le nombre des
assaillants, ont jugé toute résistance inutile. Mais il faut repartir.
Enfin, nous voici sur les bords du lac. Nous retrouvons là le MDL.
Quéré. Il s’en est sorti, mais le radio a été tué. Nous n’avons plus de
poste pour alerter le grand barrage. Quéré prend deux hommes avec lui,
il a l’intention de gagner le grand barrage à marche forcée pour
avertir au plus vite le PC des événements. Il compte en même temps
demander des bateaux qui viendront nous chercher. Nous nous installons
sur une crête dominant le lac. Je me confie à un harki : «Quand je
pense que le lieutenant Maillard m’a dit qu’une opération n’était
qu’une simple petite promenade». Il s’esclaffe en détachant les
syllabes «Une simple petite promenade !» Son rire découvre deux rangées
de dents entièrement en or. Cette particularité lui valut le surnom de
«gueule d’or». C’est un ancien du MNA récemment rallié. Une demi-homme
passe. En bas, sur la rive quatre hommes s’avancent. Mon infirmier les
reconnaît. Ce sont des hommes de Draâ Messaoud.
Nous les appelons. Ils nous répondent affolés : «Qui êtes-vous ?» Manifestement, ils prennent nos harkis pour des fells.
Mon infirmier : «C’est moi X… (j’ai oublié son nom) vous me connaissez
bien». Ils sont enfin rassurés. Nous décidons de descendre vers eux et
de marcher au plus vite vers le grand barrage sans attendre les
bateaux. Nous dévalons la pente. Nous voici près des rescapés. Ils sont
à bout de nerfs, en sueur. Ils ont tous abandonné leurs armes sauf un.
Ils se jettent dans nos bras en sanglotant : «Tous mes copains, mes
meilleurs copains… tous tués…» Un MDL est parmi eux : Samuel Poli.
.
L’embuscade de l’ALN du 16 janvier 1958
.
Mais il ne faut pas moisir ici. Deux d’entre eux sont
blessés. Heureusement rien de gave : entorse tibio-tarsienne et
contusion de la cuisse avec hématome assez important. Nous les
soutenons à tour de rôle.
Au bout de trois quarts d’heure de marche environ, un bruit de moteur…
Quéré a réussi à gagner le grand barrage et il revient avec deux
barques. Il nous a vus et se dirige vers nous. Les embarcations
accostent.
Au même instant, le lieutenant Maillard nous rejoint sur les bords du lac accompagné de plusieurs hommes.
Il dira par la suite ce qui lui est arrivé.
.
Au cours de sa progression sur le Sra Ymoula son groupe a essuyé des
coups de feu, mais il n’a pas pu déterminer d’où ils venaient.
A ce moment, il y a eu un flottement dans le commando B dont une partie a décroché.
Le contact n’étant toujours pas établi avec Richaud, le lieutenant
Maillard a pris la tête de son groupe et a donné l’ordre d’atteindre le
sommet du piton, mais ses hommes n’ont pas suivi. Il n’en est plus
resté que trois avec lui. Bientôt il a constaté que le sommet était
déjà occupé par l’ennemi, il s’est dégagé à la grenade et au fusil
lance-grenades, puis vu la faiblesse de ses effectifs, a donné l’ordre
de repli.
Plus loin, il a perçu à trente mètres un groupe d’Arabes habillés comme
des harkis, avec le calot et le foulard de reconnaissance. Il
interpelle celui de tête pour se faire connaître. L’Arabe a répond :
«Avance», puis a envoyé une rafale de mitraillette. Maillard a compris
qu’il s’agissait de fellaghas. Avec ses faibles effectifs, il s’est
replié vers l’endroit où il nous avait laissés avec les harkis en
protection, mais il n’y avait plus personne. Avec difficulté, car
atteint d’une entorse à la cheville, il a progressé vers le lac et a
récupéré en chemin une partie de ses effectifs. Nous nous sommes
retrouvés sur les bords du lac.
Par les rescapés de Draa Messaoud, le lieutenant Maillard apprend le
lieu exact de l’embuscade et l’étendue du désastre, ainsi que la mort
du lieutenant Richaud qui commandait les effectifs de Draa Messaoud.
C’était un de ses amis. Très affecté, il tient à se rendre sur place au
cas où il resterait des survivants, ce qui est très improbable.
Etant donné la localisation de l’embuscade, il pense gagner du temps en
atteignant en bateau un point du lac distant d’environ un kilomètre,
puis progresser à pied à travers le djebel vers le lieu du massacre.
Maillard demande un groupe de volontaires. A partir du moment où il
s’agit d’aller récupérer d’hypothétiques blessés, il n’y a pour moi pas
d’autre choix que d’accompagner le lieutenant… L’infirmier n’hésite pas
non plus. Nous montons dans une barque. Nous sommes environ une
vingtaine. Les autres regagnent le grand barrage avec le second bateau.
Nous débarquons au point prévu et gagnons un petit plateau. Un radio
nous accompagne. Il est venu avec les barques pour remplacer son
infortuné camarade tombé au cours de l’accrochage. Il entre en contact
avec le PC, signale note position et apprend que des effectifs de
Lamartine sont en route pour nous rejoindre. Nous devons les attendre
sur notre plateau avant de continuer notre progression Malgré son
entorse au pied gauche, le lieutenant Maillard veut repartir sans
attendre les renforts. Il s’adresse à un sous-lieutenant : «Viens avec
moi, nous allons partir tous les deux.»
Puis «Qui veut venir avec nous ?»
Autant dire qu’il nous ordonne de l’accompagner. A côté de moi un des
hommes murmure : «C’est de la folie, nous allons tous nous faire couper
les c…» Je suis vraiment tenté d’attendre les renforts, mais le
lieutenant se tourne vers moi : «Viens avec moi toubib.»
Sa voix est à la fois encourageante et empreinte de tristesse. Mes
hésitations fondent. Je le suis sans rien dire, toujours flanqué d’Abd
El-Kader. Mon infirmer suit également en silence.
Un bruit de moteur, ce sont des T.6. L’aviation a été prévenue et trois T.6. viennent survoler les lieux.
Les T.6. sont des avions de fabrication américaine armés de
lance-roquettes et de quatre mitrailleuses sous les plans. Le pilote a
entre les genoux une radio à pile qui lui permet d’entrer en liaison
avec les troupes au sol «les trosols Ces appareils sont efficaces mais
vulnérables. Les fusils mitrailleurs des rebelles réussissent soit à
abattre directement les appareils, soit à atteindre les pilotes. Dans
une promotion de la base de Djidjelli, neuf pilotes sur douze ont été
tués.
La marche reprend, nous nous scindons en deux groupes. L’aviation nous
survole et nous restons en contact avec elle. C’est un grand soutien
moral que ces trois appareils qui décrivent des cercles autour de nous.
Nous marchons une heure environ. Le lieutenant souffre de la jambe, il
avance avec peine… Je le soutiens comme je peux, mais je sus moi-même
assez fatigué.
Une crête se dresse devant nous. Le lieutenant : «Nous allons grimper
là-haut et attendre les renforts. Mais il nous faut d’abord traverser
un oued très encaissé entre deux pentes abruptes. Nous mettons du temps
pour trouver un passage. Nous arrivons enfin à en trouver un. Nous
descendons, plus exactement nous nous laissons glisser. Puis c’est la
montée dans l’argile humide, mais nous savons que là-haut nous allons
pouvoir nous reposer…
Nous voici sur la crête à quelques mètres les uns des autres
allongés dans la boue, scrutant les alentours. La pluie tombe, le jour
décline… Les renforts n’arrivent toujours pas. Je pense aux visages
aimés que j’ai laissés en France. Mon épouse me sourit, de ce sourire
qui n’appartient qu’à elle. Près de son visage apparaît celui d’un tout
jeune bébé aux boucles blondes. Je me concentre sur cette douceur
jusqu’ effacer la nature hostile qui nous entoure.
Mon infirmier : «On n’est pas sortis de l’auberge, non, on n’est pas sortis de l’auberge !»
Le radio reste en contact avec l’aviation. Notre deuxième groupe s’est
intallé sur un piton en face. Au bout d’un certain temps, nous les
voyons quitter leur position. Ils veulent sans doute venir nous
rejoindre.
L’avion nous envoie un message : «Attention, colonne marche dans votre direction. »
Il s’agit sans doute des soldats de notre deuxième groupe.Nous allons à
l’extrémité de la crête par où ils vont arriver. C’est alors que nous
apercevons trois colonnes progressant en contrebas. Ce sont les
renforts qui arrivent. Nous dévalons la pente à leur rencontre. Je
reconnais un certain nombre d’artilleurs de Lamartine.
Quant il a appris par son transistor qu’il y avait eu une embuscade, le
sous-lieutenant Marc Thunet, chef du service auto, a réuni de son
propre chef les artilleurs restés à Lamartine et a renforcé les
effectifs par tout ce qu’il a pu trouver, infirmiers, convalescents,
chauffeurs, il a embarqué tout ce monde dans deux JMC, a foncé vers le
grand barrage, puis s’est enfoncé à pied dans le djebel.
Voici l’infirmier Variot : «Salut, mon lieutenant, je vous ai porté la
poisse en vous disant qu’il ne se passait presque jamais rien en
opération, j’ai bien pensé à vous, vous savez».
Les renforts se chiffrent à environ cinquante hommes. Nous nous
organisons en file indienne et progressons vers les Beni Bou Attab.
Le jour décline de plus en plus. «Halte ! Collez-vous à la paroi». Les
éclaireurs de pointe ont aperçu deux silhouettes sur la pente nous
surplombant…
Après quelques minutes, la marche reprend. Le groupe de tête découvre
un harki mort. Mais bientôt la nuit tombe tout à fait. L’ordre nous
arrive :
«Demi-tour». Dans l’obscurité, il devient impossible de retrouver morts ou blessés.
La marche reprend en sens inverse. Je suis complètement épuisé. Un
soldat de Lamartine venu en renfort me dit : «Appuyez-vous sur moi mon
lieutenant».
Je ne puis dire combien de temps a duré le chemin du retour. Plusieurs
fois nous avons dû nous arrêter et nous planquer sur le bord de la
route. Un MDL s’énerve et hurle : «Gardez vos distances, vous ne
trouvez pas qu’il y a eu assez de morts comme cela !»
Je ne cesse de prier pendant tout le trajet, j’ai la gorge en feu. Je
dis au soldat qui m’aide à marcher : «Tu ne peux savoir comme je vais
trouver bon le demi que je vais m’enfiler en arrivant au grand barrage,
ce sera le meilleur de ma vie !»
Eh bien, je ne l’ai pas apprécié comme je l’aurais dû ce demi, car
lorsque nous sommes arrivés au pied du bâtiment surplombant le grand
barrage (vers 21 heures), un soldat a rempli son casque d’eau. «Qui a
soif ?» Je me sus précipité et j’ai dû vider la moitié du casque.
Un camion nous a montés au fortin gardant le barrage. Je me sus dirigé
vers le mess (commun aux officiers et sous-officiers) et là j’ai pu
boire le demi de mes rêves. Malgré le casque d’eau, je l’ai trouvé
incomparable. Un maréchal des logis chef m’a offert un second demi :
«Un baptême du feu ça s’arrose toubib !»
Il me faut maintenant rejoindre les camions qu vont à Lamartine. Là après une bonne soupe chaude, j’ai dormi comme une souche.
Quand je suis sorti de ma chambre le lendemain, j’ai trouvé Lamartine
grouillant de camions, d’automitrailleuses et de militaires. Il
s’agissait des troupes qui allaient retrouver sur les lieux de
l’embuscade pour ramasser les morts et les blessés éventuels, mais
personne ne conservait le moindre espoir à ce sujet. Il s’agissait
également d’essayer d’accrocher la bande rebelle.
Petit-déjeuner au mess. Là je trouve le capitaine Raynaud : «Ah,
Toubib, j’ai bien pensé à vous, comment vous en êtes-vous tiré ?»
Je lui raconte comment Abd El-Kader est venu à mon aide. «Vous voyez
bien que j’avais raison quand je vous ai proposé cet Arabe. Vous avez
eu l’air de penser Quel vieux couillon celui-là ! Mais vous savez les
vieux c… ont parfois de bonnes idées, il faut leur faire confiance.
Allez ! Venez, je vous emmène prendre un verre.»
Ce même jour, je suis retourné au grand barrage dans le but d’effectuer
les constatations sur les cadavres. Mais les deux compagnies parties
dans le djebel furent immobilisées par la pluie et le brouillard. Les
recherches ne purent commencer que le lendemain. Des hélicoptères
Sikorski ont ramené les cadavres dans des sacs en plastique
transparents. Les corps étaient nus, les rebelles ayant récupéré leurs
vêtements en ne laissant que les caleçons. Certains étaient en grande
partie calcinés. Spectacle insoutenable que je ne pourrai oublier de ma
vie. Finalement Rostren m’exempta de la corvée des constatations. Il
s’en occupa, secondé par un médecin aspirant d’Orléansville. Au total
vingt-deux Européens et onze harkis sont portés manquants sept tués et
quinze disparus chez les Européens, trois tués et huit disparus chez
les harkis.
A cette défaite, plusieurs causes :
Le nombre des rebelles : environ deux cent cinquante.
La qualité de leur armement et leur discipline.
Le port de nos foulards jaunes de reconnaissance par certains fellaghas, ce qui leur a permis d’attaquer par surprise.
Suivant l’organisation rebelle, l’Ouarsenis était la zone 3 de la
wilaya 4. Le front de libération nationale (FLN) avait en effet découpé
le territoire algérien en six wilayas.
Chaque wilaya était divisée en zones.
Chaque zone en régions.
Chaque région en secteurs.
La wilaya 4 comprenait l’Algérois avec, à l’est Bougie, à l’ouest
Orléansville, au sud Bou Saada. Alger était une zone autonome. En ce
début de 1958, dans la zone de l’Ouarsenis, l’Armée de libération
nationale (ALN) possédait sept unités militaires appelées katibas d’une
centaine d’hommes chacune, chaque katiba contrôlant une région
déterminée.
En outre, comme toutes les zones, l’Ouarsenis possédait un commando
zonal d’une centaine d’hommes très entraînés, très disciplinés et
puissamment armés. Les rebelles possédaient des fusils-mitrailleurs,
des pistolets-mitrailleurs, des fusils anglais, allemands ou italiens,
des mitrailleuses allemandes M.G. 42 (1 100 coups minute) sans compter
le matériel récupéré au cours des accrochages. Le commando zonal était
pourvu du meilleur armement. Les fusils de chasse étaient généralement
destinés aux guetteurs (chouf).
Ce 16 janvier, nous sommes tombés sur la compagnie régionale ainsi que sur le commando zonal.
Dans une étude récente sur ce drame, Marc Thnet met en cause le
dispositif d’ensemble adopté dans cette opération. Il souligne la
disproportion des forces entre :
le «groupe Ouest» opérant dans les Betahis : deux cent trente hommes, chargés de rabattre les unités ennemies.
Et le «groupe Est», beaucoup plus faible : cent trois hommes chargés
d’intercepter les fuyards éventuels. Ces effectifs comprenant la
dixième batterie scindée en deux unités devant faire jonction, celle de
Draa Messaoud et celle du Grand barrage.
De plus la distance entre les éléments ouest et est, représentait au
minimum quatre heures de marche. Donc entre ces eux forces : le vide et
pas de réserve ni au sol ni en l’air pouvant intervenir rapidement en
cas d’accrochage.
Les rescapés du détachement de Draa Messaoud ont pu donner des détails sur l’embuscade.
Samuel Poli, que j’avais rencontré sur les bords du lac après
l’embuscade raconte : «Le matin on nous a réveillés à quatre heures et
demie, on nous a dit que c’était pour aller dans un village situé dans
les Beni Bou Attab où des fellaghas étaient signalés».
.
.
.
La corvée de bois
.
.
On nous a dit que nous allions être protégés sur les
hauteurs par la 12° batterie et que nous devions faire jonction avec un
détachement de notre batterie partie du grand barrage.
.
Ce jour-là, il pleuvait. Nous avons trouvé ce village, mais il n’y
avait que des femmes et des gosses. Nous avons tout de même découvert
des caches qui allaient d’une maison à l’autre. Le lieutenant Richaud
nous a donné l’ordre de les faire sauter à la dynamite.
A midi, nous avons reçu l’ordre par radio de nous arrêter pour déjeuner
près d’un oued. Si j’ai bonne mémoire, nous étions à la côte 630. Je
suis persuadé que cet ordre a été donné par les fellaghas. Sur la crête
au-dessus de nous, nous apercevions des hommes habillés comme nous avec
le foulard jaune de reconnaissance. Ils avaient des postes radio 300
comme nous. Nous étions persuadés que c’était des gars de la 12°
batterie. On est descendu dans l’oued. Au milieu il y avait un petit
monticule avec deux ou trois gourbis inhabités, nous nous sommes
répartis par groupes et avons commencé à ouvrir nos boîtes de ration.
C’est alors que nous nous sommes fait allumer. On entendait en face les
ordres donnés en français. Telle section, à droite ! On entendait tous
les ordres. Il devait y avoir pas mal d’étudiants dans cette katiba et
des légionnaires déserteurs. Dès le début de l’engagement, le
lieutenant Richaud a été tué. Les camarades tombaient. Avec nous , il y
avait l’infirmier Tonin. Il a été formidable ce garçon. Il allait de
l’un à l’autre, il fait partie des disparus. Il est arrivé un moment où
on n’avait plus de munitions, c’était la débandade. J’ai vidé les
chargeurs de ma USMI. Quand elle a été vide, j’ai saisi le
pistolet-mitravailleur d’un camarade mort. Quand il a été vide, je l’ai
balancé. Avec deux autres, on a réussi à se faufiler dans l’ouest parmi
la végétation, mais un peu plus loin, comme dans toute bonne embuscade
le passage était bloqué par un fusil-mitrailleur. Nous nous sommes fait
arroser. Alors j’ai fait le mort, les deux autres aussi. Au bout de
quelques minutes, les fellaghas qui ont tiré sur nous se sont dirigés
dans notre direction, mais à ce moment-là des avions T.6 sont apparus.
Les fells ont dû avoir peur et nous ont dépassés sans s’arrêter. On en
a profité pour filer, on est revenus par les bords du lacet on a été
récupérés par des bateaux.
Deux jours plus tard, prise d’armes à Lamartine en présence du général
Salan, commandant en chef de forces armées en Algérie, du général
Gracieux, commandant de la ZOA (Zone ouest d’Alger) et du bachagha
Boualem, pour les obsèques des victimes.
Sonnerie aux morts
Les phrases prononcées me paraissent stéréotypées : «Leur sacrifice n’aura pas été vain…»
La remise de la valeur militaire à titre posthume dérisoire. On avait
créé cette décoration pour remplacer la croix de guerre. En effet,
l’action militaire en Algérie tait considérée comme une opération de
maintien de l’ordre et non pas comme une guerre.
La jeune épouse du lieutenant Richaud, qui commandait le groupe de Draâ
Messaoud et avait trouvé la mort dans l’engagement, est présente. Sa
tenue de deuil fait paraître encore plus pâle son visage.
Après la cérémonie, on lui indique par erreur que c’est moi qui ai fait
les constatations sur les cadres. Elle s’approche et d’une voix blanche
à peine audible :
«Est-ce qu’il a été… ? – Les mots ne peuvent sortir.
«Non, Madame, il a reçu une balle qui l’a tué sur le coup».
Le lendemain on m’amène deux Arabo-Berbères couverts de plaies et
d’ecchymoses. Ils ont été «passés à tabac» par des soldats de Draâ
Messaoud pour venger leurs camarades tués.
Ces actes de violence lâches et aveugles n’étaient pas rares après des
accrochages meurtriers. Ils ne servaient qu’à attiser les haines.
«Et si la haine engendre la haine, quand donc s’arrêtera la haine» disait Gandhi.
Quant à Abd El-Kader, le capitaine Raynaud le fit engager dans une harka.
Au début de l’année suivante, j’eus la peine d’apprendre qu’il avait
été abattu dans des circonstances que je n’ai pu élucider. Quoi qu’il
en soit, je garderai à cet homme jusqu’à la fin de mes jours, toute ma
reconnaissance.
20 janvier 1958
Le sous-lieutenant X… et quatre artilleurs quittent la piste qui mène à
la ferme Meharez. Au milieu d’eux marchent deux Arabo-Berbères, les
mains liées derrière le dos.
«Mon lieutenant, que va-t-on faire de ces deux-là ?»
«Nous les emmenons mais ils ne doivent pas revenir… ordre du lieutenant T…»
«Ah ! bon c’est une corvée de bois.»
C’est ainsi que l’on appelait pendant la guerre d’Algérie, les
exécutions sommaires. Les condamnés étaient censés avoir été tués en
essayant de s’échapper au cours d’une «corvée de bois».
La patrouille poursuit sa progression en silence. Outre cette pénible
mission, X… devait aller avec ses hommes tendre une embuscade près d’un
petit marabout.
La nuit tombe. Un des soldats demande à son chef : «Alors quand est-ce qu’on les descend ?»
X… croit saisir dans le ton de son subordonné une impatience mêlée à
une excitation malsaine. Il lui répond sèchement : «Marche en silence…»
Au bout d’une heure, le groupe atteint le marabout. Il est situé au
sommet d’une colline. Il est vingt-trois heures. X… entre dans le petit
monument avec les deux prisonniers et deux artilleurs, les deux autres
restent en faction à l’extérieur. Ils se dissimulent entre les touffes
d’alpha et de lentisques et scrutent la nuit. Au loin, le hululement
d’une chouette. A l’intérieur, il fait sombre. Les deux prisonniers
s’adossent aux murs blanchis à la chaux. Par l’étroite ouverture de
l’entrée, un pâle rayon de lune éclaire leurs visages graves et
résignés.
X… lit dans leurs yeux une interrogation muette : «Quand ?» X… détourne
la tête, il voudrait ne pas penser «Je dois exécuter les ordres. T… est
un type droit… s’il a décidé de les supprimer, c’est qu’il a ses
raisons.
Exécuter les ordres… Je dois exécuter les ordres… Ils ont dû commettre
un crime à la mesure de leur châtiment… C’est la guerre… Si j’étais
entre leurs mains, ils n’hésiteraient pas à me liquider… Je ferais
mieux de penser à la sécurité de mes hommes, nous sommes en embuscade
dans une zone dangereuse… Nous pouvons nous faire accrocher à tout
moment.
Un homme entre dans la pièce et vient interrompre le cours de ses pensées :
«Mon lieutenant, peut-on fumer une cigarette ?»
« Tu n’es pas bien ! Si tu veux fumer entre à l’intérieur… Toi, va le remplacer dehors…»
Le temps s’écoule très lentement et pourtant X… appréhende la fin de l’embuscade, le moment où il faudra donner cet ordre…
Trois heures du matin, il est temps de rentrer.
Les artilleurs et les deux prisonniers se retrouvent dehors. X… désigne deux hommes : «Emmenez les prisonniers et faites vite.»
Le groupe disparaît derrière le marabout. Quelques minutes se passent. Deux courtes rafales de mitraillette. Mission accomplie.
Le lendemain, X… va trouver le capitaine P… Il faut qu’il se confie à
quelqu’un et il a confiance en P… : «Mon capitaine, c’est la première
fois que je fais ce travail mais ce sera la dernière.»
Il convient de préciser ici que ces exécutions sommaires étaient peu
fréquentes, contrairement à ce qu’une presse de l’époque a tenté de
faire croire. La plupart des officiers se sont refusés à de telles
pratiques. Des hommes comme le capitaine Vrigny et le lieutenant
Vernerey qui seront mes commandants d’unité, ne se sont jamais livrés à
ce genre d’actions pas plus d’ailleurs qu’à la torture. A défaut de
justification, ces exécutions trouvaient une explication dans les
procédés des fells qui achevaient les blessés et s’encombraient
rarement de prisonniers. C’était l’escalade dans la violence. La
torture également est loin d’avoir été généralisée et a été pratiquée
des deux côtés. On ne peut non plus ni l’excuser ni encore moins en
admettre le principe. On peut tout au plus en donner une explication :
cette guerre était une guerre de renseignements, et certains se sont
laissés aller à de regrettables excès dans les interrogatoires. Dans le
souci de ne rien occulter, je relate au chapitre XVI l’unique cas dont
j’ai été le témoin.
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Le calvaire de Djamila et Bettina
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Deux filles et autres anecdotes
C’est à cette époque que le capitaine Vrigny ramena d’opération deux
femmes des Betahias qui s’étaient ralliées. Il me proposa d’en faire
des infirmières.
La construction du gourbi, pompeusement appelé dispensaire, situé près de l’école, venait d’être achevée.
Une tâche difficile m’incombait : former deux femmes du beld ne sachant ni lire ni écrire et parlant à peine le français.
L’une d’elles, je l’appellerai Djamila, était plutôt jolie, une
vingtaine d’années, de taille moyenne, les attaches fines, un bel ovale
de visage, des lèvres charnues, un regard intelligent.
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L’autre, je l’appellerai Bettina, beaucoup plus âgée, les traits épais,
forte corpulence. Toutes deux étaient revêtues du costume traditionnel,
longues tuniques floues retenues à la taille par une ceinture fine, un
foulard noué sur les cheveux. La tenue de Djamila était dans les
marrons violacés avec des motifs floraux plus clairs, celle de Bettina
rouge carmin brillant et uni.
Pour couronner le tout, Letendre ayant obtenu la quille, je venais
d’hériter d’un nouvel infirmier, à former lui aussi, garçon de café
dans le civil, Barthélémy, sympathique rouquin qui semblait
heureusement assez débrouillard.
En résumé, je disposais de deux Arabo-Berbères illettrées, d’un garçon
de café et d’un gourbi qu’il fallait, par un coup de baguette magique,
transformer en infirmières, infirmier et dispensaire. Et moi, le
magicien, j’étais un étudiant en médecine en fin de cinquième année.
Au début, tout se passa bien. Les consultations du dispensaire
attirèrent beaucoup de monde. Certains jours, le nombre de consultants
dépassait la cinquantaine. Les femmes exprimaient plus librement leurs
problèmes à des femmes qui parlaient leur langue.
Djamila apprit vite à désinfecter et panser les plaies, à passer des
colorants sur les dermites, à instiller des collyres. Le rôle de
Bettina consistait surtout à maintenir les locaux propres.
Je lui confiais aussi mon linge à laver. J’obtins pour Djamila des
vêtements européens et une blouse blanche. Ce fut peut-être une erreur,
car sa tenue lui arrivait juste au-dessous du genou et les villageois
furent choqués de la voir se promener jambes nues.
Dans la louable intention de progresser en français, Djamila passait
une grande partie de son temps libre à l’école. Elle fit effectivement
de rapides progrès ce qui me rendit service pour les interrogatoires et
les prescriptions thérapeutiques. Mais ce qui devait arriver arriva :
G…, un des instituteurs, ne put résister à son charme et noua des
rapports très étroits avec son élève.
Quant à Bettina, elle ne tarda pas à subir les assauts d’un des
artilleurs, F… qui dut mener l’attaque avec trop de brusquerie, car
elle se plaignit au capitaine. F… fut convoqué par ce dernier et reçut
une verte semonce :
« Mais enfin F… qu’est-ce qui vous a pris ? Vous verriez un tronc
d’olivier revêtu d’une jupe que vous ne pourriez pas résister !... »
Il est un fait que mes petits gars astreints à une longue continence, avaient la tête qui tournait facilement.
Il y avait bien le bordel d’Orléansville, surveillé par l’armée et
régulièrement contrôlé par un médecin militaire, mais les occasions de
la descente dans cette ville étaient exceptionnelles et encore
fallait-il avoir la chance de faire partie de la section désignée pour
assurer la protection du chef de poste ou de l’aspirant chargé d’une
mission à Orléansville. Il y avait dans cet établissement une équipe de
filles qui pratiquaient apparemment leur spécialité avec beaucoup de
conscience professionnelle : en allant récupérer un jour mes gars
devant la porte de cette maison, j’ai en mémoire l’image du deuxième
classe M… sortant le visage défait, les genoux fléchis, soutenu par
deux camarades.
Il venait de passer un moment avec une certaine Dédé…
A la suite de la plainte de Bettina, le capitaine donna à mes
infirmières un sifflet à utiliser au cas où elles seraient à nouveau
importunées.
Les jours suivants, on entendit plusieurs coups de sifflets…
«Mais mon capitaine, je ne l’ai même pas touchée, je lui ai seulement fait de vagues propositions…»
Par la suite, les choses eurent l’air de se calmer. En réalité, elles
allaient en s’aggravant. Effectivement, au fil des jours, Bettina se
fit de plus en plus compréhensive.
La nuit, des petits malins s’arrangeaient avec les sentinelles pour
sortir du poste et se diriger vers le dispensaire où il y avait tout ce
qu’il fallait pour s’ébattre tranquillement. On passa à une vitesse
supérieure lorsque les harkis se mirent de la partie.
Le capitaine eut vent de l’affaire. La méthode sifflet étant devenue
obsolète, il acheta une lampe électrique de forte puissance, un
véritable projecteur que la nuit il allumait soudainement en direction
du dispensaire, mais il ne réussit à prendre personne sur le fait par
cette méthode.
On commençait à sombrer dans le vaudeville.
Djamila suivit-elle l’exemple de Bettina ? Je ne peux l’affirmer,
toujours est-il que les deux filles partagèrent la même réputation qui
s’étendit rapidement dans les autres batteries du 3/65° régiment
d’artillerie.
Etant donné qu’elles étaient à mon service, je commençais moi-même à
passer pour un personnage pas très net. Un jour que j’étais en visite à
Draâ Messaoud, un MDL., ancien d’Indochine, me prit violemment à
partie :
« Ces filles c’est une honte ! Non… ça n’a pas de nom, Arrêtez… Il ne faut pas faire ça…» Il écumait littéralement de rage.
Finalement la présence de ces femmes fut plutôt pour nous un problème
et n’eut pas vis-à-vis de la population l’effet positif escompté.
Pour couronner le tout, les médicaments entreposés dans le dispensaire
baissaient de façon inhabituelle, le bruit courut d’une partie servait
à alimenter les hôpitaux clandestins de l’ALN. Cette fois-ci, la coupe
était pleine, c’est pourquoi j’allais trouver le capitaine Vrigny pour
le persuader d’arrêter là l’expérience et d’expédier Bettina et Djamila
par le prochain convoi à Larmartine, ce qui fut fait quarante-huit
heures plus tard. Ces filles furent employées à la SAS et se firent
oublier.
Le calme revint à Abd El-Kader
L’instituteur fit une dépression nerveuse. Récemment j’ai contacté un
ancien harki d’Abd El-Kader, il évoquait le souvenir de Bettina, le
visage épanoui éclairé d’un large sourire et d’un air sous-entendu :
« Ah ! Bettina…! Bettina…!
Les rapports entre le capitaine et ses hommes étaient parfois
explosifs. Dans le souci de les entraîner, il avait décidé de leur
imposer une demi-heure de gymnastique tous les matins. Ensuite, ils
défilaient sous le commandement du brigadier Félix Flatteau en
chantant :
«Quand l’artilleur de Metz arrive en garnison, toutes les femmes de Metz se mettent à leur balcon…»
Et de son bureau, le capitaine écoutait avec satisfaction ses soldats
chanter d’une voix mâle ces couplets traditionnels de l’artillerie. Or,
les petits gars du contingent n’appréciaient pas du tout ces séances de
gymnastique. Ils estimaient qu’ils crapahutaient assez comme cela.
Un matin, le capitaine faillit attraper «un coup de sang» et surgit de son bureau rouge de colère en hurlant :
« Non… Félix… Halte… Tout de suite dans mon bureau…»
Les collines d’Abd El-Kader répercutaient au loin les échos d’un chant qui n’avait rien de militaire :
« Ah ! c’qu’on m’emmerde ici…
Ah ! c’qu’on s’emmerde ici…
Merd’ici, merd’ici, merd’ici... Tsoin tsoin…»
Felix eut deux jours d’arrêts de rigueur…
Mais quelques semaines plus tard, le capitaine annula ces séances de
gymnastique. L’après-midi touche à sa fin, je suis dans ma chambre
infirmerie. Gredais, un de mes collègues aspirant, entre dans la pièce
afin de converser avec moi avant le dîner.
Ma MAT 49 est posée sur la table. La conversation tombe sur cette mitraillette. Tout en discutant, je la prends dans la main :
«C’est effectivement
une arme excellente»
Je l’arme. J’étais persuadé que mon chargeur était vide. Je m’apprête à
appuyer sur la détente. Mais le canon est dirigé sur la tête de
Gredais. Une des rares phrases apprises à l’instruction me revient :
«On ne vise jamais un camarade même avec une arme vide».
J’élève le canon de façon à viser le plafond. Je presse la détente et
atterré lâche une rafale. Gredais plonge sous la table et m’engueule
copieusement.
Les balles trouent le toit et passent au-dessus de la tête d’un harki
qui montait la garde sur les remparts du fortin dominant le poste.
Aussitôt coup de fil du piton :
«Venons de recevoir une rafale de mitraillette. Que se passe-t-il ?
Ce n’est rien, c’est le toubib. »
Deux ans auparavant, un jeune appelé de la neuvième batterie pointa
également par jeu son arme, un fusil Garand, sur un camarade. Il était
lui aussi persuadé qu’il n’était pas chargé.
Il l’avait nettoyé une heure avant, mais il n’appliqua pas au dernier
moment le précepte appris à l’instruction. Son ami d’enfance, Gilbert
Rogaume, qui habitait le même village de la Creuse reçut la balle dans
la tête et mourut peu après.
Que s’était-il passé ?
Un artilleur avait pris par erreur ce fusil placé à côté du sien pour
effectuer une courte patrouille. Au retour, il avait remis l’arme à sa
place en laissant une balle dans le canon…
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Kobus
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De son vrai nom, Bel Hadj Djillali Abd-el-Kader, Kobus était un ancien
militant du M.T.L.D. (Mouvement pour le triomphe des libertés
démocratiques) fondé par Messali Hadj. Arrêté, puis libéré, il était
devenu par la suite indicateur auprès des services du renseignement
français. L’armée, ainsi qu’une partie de la population, pensait à
l’époque que c’était Moscou qui tirait les ficelles de la rébellion.
Cette thèse fut renforcée par la création d’un maquis communiste dans
l’Ouarsenis et par l’affaire Maillot. Ambitieux, Bel Hadj avait vu
dans cet amalgame communisme/F.L.N la possibilité de devenir chef de
guerre, en montant un maquis anticommuniste. Il fut poussé ,dans ce
projet, par un commissaire de la D.S.T.
Bel Hadj entra en contact avec le capitaine Conill, responsable de la
S.A.S des Attafs et avec le capitaine Hentic, responsable de celle de
Lamartine. C’est Conill qui baptisa Bel Hadj «Kobus», déformation du
mot arabe «Kabbous» qui signifie «pistolet».
Kobus enrôla plusieurs musulmans, en les convainquant qu’ils allaient
lutter d’une part, contre le F.L.N., noyauté par le communisme et,
d’autre part, pour l’indépendance. Celle-ci leur serait octroyée par
les français après la destruction du F.L.N. marxiste. Il réussit,
ainsi, à réunir plusieurs centaines de volontaires, qui furent équipés
par l’armée française.
Il établit dans l’Ouarsenis, non loin des Attafs, un camp où
flottaient, à la fois, le drapeau nationaliste vert et blanc et le
drapeau français. Connaissant bien le terrain et la population, Kobus
partait à la chasse aux fellaghas et organisait, la nuit, des
embuscades meurtrières pour les rebelles.
En ce printemps 1958, il évoluait sur un vaste territoire compris entre
Duperet, l’oued Fodda, le Lyra et Affreville. Son armée s’élevait à six
cents hommes, environ.
Voilà l’homme qui venait de faire dissidence. Peu après le message de
Lamartine nous informant de cet événement, nous en recevons un second :
«Serons chez vous trois heures du matin. Soyez prêts à partir.
Prévoir rations pour deux jours».
Le capitaine fait mettre le poste en état d’alerte.
Vers trois heures du matin, un bruit de camions, ce sont les premiers
éléments du 3/65° R.A qui arrivent. Bientôt le poste et ses alentours
fourmillent d’hommes et de véhicules.
Outre les artilleurs, une centaine de dragons sont venus en renfort.
Lorsque toutes ces forces sont au complet, nous embarquons à notre tour dans les véhicules.
Camions, half-tracks, G.M.C., jeeps forment une longue file qui
emprunte la piste de Bouziane. Au niveau de l’oued, tout le monde
descend et c’est la progression à pied vers Belhas.
A l’est, derrière les montagnes, le ciel prend une teinte jaune tendre.
Je saisis en cet instant toute la beauté des vers de l’lliade : «A
l’heure où se répand sur la terre l’aurore aux voiles de safran...»
Le soleil est levé lorsque nous atteignons Belhas. Une halte de deux
heures nous est octroyée, le temps de récupérer un peu. La plupart des
hommes n’ont pas fermé l’œil de la nuit. Pêle-mêle, on s’allonge à même
le sol, la tête appuyée sur les sacs on s’endort d’un sommeil lourd.
Dix heures, il faut repartir. La douzième batterie a l’honneur d’ouvrir
la marche. Direction le Lyra.. Le temps est magnifique, sans un nuage.
Nous traversons une région un peu moins accidentée, des prairies
parsemées de fleurs blanches verdissent le pied des collines. Je me
laisse envahir par la quiétude du paysage, qui semble si loin de la
guerre. Au loin, la masse grisâtre du mont Ouarsenis semble elle-même
moins menaçante. Au début de l’après-midi un incident: nous perdons
notre P.C. Nous ne le retrouverons que le soir, pour le bivouac de la
nuit. Nous campons sur un piton boisé. Dîner avec les traditionnelles
boîtes de ration : du bœuf, du pâté, des biscuits. Lorsqu’on a bien
faim, c’est presque bon. Je choisis un emplacement sous un pin d’Alep.
Je fais partie des pistonnés à qui les harkis ont préparé un matelas de
feuilles sèches. Il n’y a plus qu’à se glisser dans le duvet. Le ciel
est d’une luminosité extraordinaire. Orion… le baudrier d’Orion…
Antarès du Scorpion…
Nuit sans problème. Nous sommes réveillés par les glapissements longs
et plaintifs de chacals. Au-dessus de l’horizon jaune vif, le ciel se
teinte d’un vert très dilué. Un seul astre brille encore, magnifique
dans sa solitude, c’est la planète Venus.
Une odeur de café, c’est Jean Hamelin, notre cuistot, qui prépare le
petit-déjeuner. La douzième batterie toujours en tête, la marche
reprend. Le terrain devient, à nouveau, très accidenté. Nous sommes
continuellement dominés par des pentes abruptes. La progression se
poursuit lentement. Les hommes scrutent les crêtes, prêts à se plaquer
contre la paroi à la moindre alerte. Vers quinze heures, nous arrivons
dans une cuvette verdoyante où s’élèvent quelques gourbis. Des sections
occupent les crêtes, d’autres se dirigent vers ces modestes habitations
en torchis, pour les explorer. Il n’y a pas âme qui vive. Bientôt une
épaisse fumée s’échappe des toitures.
Les flammes crépitent. Un à un, tous ces gourbis, déserts, sont
incendiés. Plus loin, l’aviation mitraille et bombarde. Nous n’avons
plus d’eau, un oued coule plus bas. Quatre soldats se chargent de
gourdes, je descends avec eux vers l’oued. L’eau coule en cascade parmi
les touffes de la végétation. Il fait chaud, nous sommes en sueur. Nous
en profitons pour nous mettre torse nu et nous asperger à grande eau.
Les hommes attendent avec impatience le retour de la corvée d’eau. Il
faut mettre un comprimé antiseptique dans la gourde et attendre, en
principe une demi-heure, avant de boire mais la plupart des artilleurs,
la langue sèche, la bouche en feu, se précipitent sur les gourdes et
boivent à longs traits. Je dois avouer, à ce sujet, que je n’ai pas
toujours montré le bon exemple, ce qui me vaudra une sérieuse dysentrie
amibienne. Le soir, le vent s’est levé, nous campons sur un piton
dominant l’oued Lyra. Je m’installe, avec le PC ,à l’abri d’un épais
buisson. Nous sommes à une heure de marche, environ, de Pont du Caïd,
où nous devons faire jonction avec d’autres unités.
Nous atteignons cette bourgade le lendemain, vers sept heures. Nous
trouvons, là, une forte concentration de troupes : des éléments du 141°
R.l., des dragons, des chasseurs, des blindés. Des hélicoptères
apportent des vivres. Au début de l’après midi, des G.M.C nous emmènent
à cinq kilomètres de là puis nous larguent dans la nature. Les G.M.C.
(Général-Motor-Car) étaient des camions militaires bâchés utilisés,
soit pour le transport des troupes soit pour tracter les pièces
d’artillerie.
Des éléments rebelles ont été aperçus à proximité. Malgré cela, nous
allons crapahuter tout l’après midi, sans accrocher. Nous ne ferons
qu’incendier des mechtas et capturer du bétail. Le soir, nous allumons
des feux pour cuire nos moutons. La chair est très dure, le meilleur,
c’est le foie cuit sur une pierre plate, placé devant les braises,
recette du parfait pillard.
Le lendemain, c’est le retour vers le poste du Lyra, sous une chaleur
écrasante. Des véhicules nous attendent pour nous ramener à Lamartine,
puis à Abd el-Kader.
Le bilan de cette opération, montée à grand renfort de troupes et de
matériel, se révèle négatif. D’ailleurs, ces opérations de grande
envergure se soldaient, souvent, par des échecs. Les rebelles, voyant
arriver de loin les véhicules transportant les troupes, avaient tout le
temps de gagner un autre secteur. De plus, les incendies, les razzias
de bétail, dont le but était de détruire les bases de ravitaillement
des rebelles, dressaient irrémédiablement les populations contre nous.
Lors de notre passage à Lamartine, nous avons eu des éclaircissements
sur l’affaire Kobus. Kobus avait été assassiné par son bras droit, Abd
El Majid, en accord avec plusieurs autres gradés. Sa tête avait été
tranchée et mise dans une musette. Ensuite, ces quelques gradés ont dit
à leurs hommes qu’ils allaient les emmener en opération et, ce n’est
qu’une fois dans le djebel, qu’ils ont révélé le meurtre de Kobus et
leur intention de passer au F.L.N. Déjà, cent cinquante soldats de
Kobus s’étaient ralliés aux forces françaises, d’autres désiraient se
rendre, d’autres étaient décidés à passer au F.L.N.. Les hommes ne
devaient bénéficier, à Abd-el Kader, que d’une journée de répit car une
nouvelle opération est déclenchée dès le lendemain, tôt dans la
matinée.
Le médecin-chef accompagnant le P.C. de Lamartine, le capitaine juge ma
participation inutile. C’est une des rares opérations que je manquerai.
Je reste, donc, dans le poste avec une section de vingt artilleurs,
sous les ordres du maréchal-des-logis-chef Le Monner, plus vingt cinq
harkis dans le fortin du piton. Vers quinze heures, passage de blindés,
qui se dirigent vers Sidi Bouziane. Ce sont des A.M.X 30, munis d’un
canon de 75, au tir très précis.
Vers la fin de l’après-midi, Arroudje arrive au poste avec un soldat
de Kobus qui veut se rendre. Une vingtaine d’années, tenue kaki clair,
béret de même couleur, pataugas. Il est armé d’un fusil. Soupçonneux,
le sergent-chef, colosse d’une cinquantaine d’années, visage rouge,
saisit le fusil et renifle le canon, puis menaçant :
«Ça sent la poudre, tu as tiré ! Sur quoi as-tu tiré ? »
Il le saisit par le revers de sa veste et commence à le secouer.
Arrroudje proteste :
«Non, chef, il vient se rendre».
Je suis obligé d’intervenir, le chef se calme. On donne au rallié de quoi se restaurer puis on le confie aux harkis du piton.
Le soir, message radio qui nous signale des rebelles à un kilomètre du
poste. Vu la faiblesse de nos effectifs, je me propose de prendre le
quart entre une heure et trois heures du matin. La nuit se passe sans
incidents. L’aube vient dissiper nos inquiétudes, il est maintenant peu
probable que nous subissions une attaque. Je vois tout de même avec
plaisir, en fin de matinée, les premiers éléments de la douzième
batterie franchir la porte du poste.
Des soldats du régiment d’infanterie coloniale se sont fait accrocher près de l’école de Makabra.
Quinze morts, dix blessés. Les hommes du R.l.C. s’étaient arrêtés pour
casser la croûte près de l’école, ils s’étaient installés par petits
paquets, les armes hors de portée de la main. Cependant, grâce à des
éléments placés en protection, cette unité put réagir. Les fells ont
laissé seize morts sur le terrain et ont eu de nombreux blessés.
Quant au 3/65° R.A., il ne s’est pas couvert de gloire.
Le PC de Lamartine était posté près de l’oued Bouziane avec la section
canon et le commando.Des harkis viennent prévenir que des hommes de la
bande de Kobus marchent dans leur direction pour se rendre.
Effectivement, peu de temps après une quarantaine d’hommes s’approche
en progressant dans l’oued.
lls sont encore à cinq cents mètres lorsque le commandant Alizon
ordonne de tirer, le capitaine André P..., quant à lui, lance un appel
radio:
« Nous sommes encerclés !
Sous le feu, les types tournent les talons et disparaissent dans la nature, laissant sur le terrain um blessé à la cuisse...
Plusieurs mois après ces évènements, on put, par recoupements, préciser l’affaire Kobus avec ses tenants et ses aboutissants.
Par l’étendue du territoire qu’il contrôlait, par son influence sur la
population, par l’efficacité de ses actions militaires, Kobus posait de
réels problèmes au F.L.N. Peu à peu, des fellaghas firent semblant de
se rallier à Kobus, ou se laissèrent capturer sans résistance,
prétextant qu’ils étaient las de se battre dans les rangs de l’A.L.N.
En quelques mois, le F.L.N. avait sérieusement infiltré le maquis de
Kobus et persuadé une partie des soldats qu’ils faisaient fausse route,
que le communisme n’était pas le moteur de la rébellion, à tel point
que Abd el Majid, le bras droit de Kobus, ainsi que deux autres
responsables, Hamed et Aissa, se laissèrent endoctriner. Ils
contactèrent Si M’Hamed, le commissaire politique de la willaya 4, et
lui annoncèrent leur intention de déserter.
Si M’Hamed accepta le ralliement mais exigea, comme condition de leur pardon et preuve de leur bonne foi, la tête de Kobus.
Le 28 avril, quand Kobus entra dans son P.C, à peine avait-il franchi
le pas de la porte que Abd el Majid lui envoyait une balle de revolver
dans la tête.
Celle-ci fut tranchée à l’aide d’un couteau de boucher.
Les officiers félons rejoignirent le maquis, avec leurs hommes. Mais
plusieurs de ces derniers purent s’échapper et se rallier aux Français.
D’autres, jugés hostiles à l’esprit de la rébellion,s furent exécutés
par les fellaghas. Abd el Majid, lui même, reçut une balle dans la
nuque ainsi que vingt et un de ses officiers.
Les troupes de la force K, qui échappèrent à cette épuration sanglante, furent réparties dans les quatre zones de la wilaya.
Quelques jours plus tard, les autorités françaises recevaient un
paquet: il contenait la tête de Kobus, enveloppée dans un drapeau
tricolore…
.
.
Cette terrible histoire m’a été rapportée par le M.D.L. Jean Ailliot
qui, cinquante ans après, ne peut voir un homme pointer ne serait-ce
que l’index vers un camarade sans penser au drame de Gilbert Rogaume.
A quelque temps de là, je revenais d’une visite A.M. G. dans une
mechta du douar suivi de mon infirmier. Nous traversions un bosquet de
chênes verts quand mon regard fut attiré par un objet métallique à demi
caché sous une touffe de bruyère. En m’approchant, je m’aperçois qu’il
s’agit d’un petit obus à ailettes, vraisemblablement lancé par le
mortier du poste et qui n’avait pas éclaté. Je le mets dans la poche de
mon treillis et nous poursuivons notre route. Arrivé au poste, je me
dirige directement vers la popote car c’était l’heure du déjeuner. Le
capitaine était en train de déguster une anisette en compagnie des
aspirants. J’entre dans la pièce en brandissant en l’air et agitant ma
trouvaille : «Mon capitaine regardez ce que j’ai trouvé !» D’un seul
bond tout le monde se lève et reflue précipitamment dans le fond de la
pièce. Le capitaine d’une voix sèche :
«Posez ça tout de suite !»
Puis, avec précaution, il dévisse aussitôt la fusée.
On m’expliqua qu’un obus de mortier tiré et non explosé pouvait le faire à la suite d’un simple changement de position.
Le capitaine alla ensuite faire exploser l’engin en dehors du poste à
l’aide d’un détonateur. Le soir, il me prit à part et me dit :
«Toubib je crois qu’un jour j’écrirai un livre que j’intitulerai : «Mon toubib s’en va-t-en guerre».
Comme dans tous les postes du bled, les sanitaires étaient constitués
par des feuillées. C’étaient des tranchées de un mètre cinquante
environ de profondeur sur un mètre de large. Des planches, disposées en
travers à intervalles réguliers permettaient aux usagers de s’accroupir
au-dessus de la tranchée afin de s’exonérer. Le tout était entouré
d’une petite rambarde en tôle ondulée maintenue par des piquets. Dix
hommes pouvaient tenir côte à côte. On apportait souvent son journal et
on conversait amicalement.
Pour des raisons de prestige, le capitaine s’était fait creuser des
feuillées personnelles et lorsque son calot ou son chapeau de brousse
était posé sur un piquet, il était interdit de s’approcher à moins de
cinq mètres sous peine de très vives remontrances.
Régulièrement l’infirmier désinfectait l’endroit au grésil. Lorsque la
tranchée était pleine, on rebouchait et on en creusait une autre plus
loin.
Ce jour-là le deuxième classe C... était seul dans les feuillées. Le
temps de les boucher était imminent, car elles étaient remplies aux
trois quarts. Le soleil de l’après-midi caressait l’épiderme en partie
dénudé de C... d’une douce chaleur et il goûtait avec un certain
plaisir ce moment de détente.
Deux rafales de mitraillette rapprochées.
Il reconnaît la voix du maréchal des logis chef Lemenneur hurler :
« Alerte !... Alerte !
Troisième rafale.
Les feuillées se trouvent à vingt mètres du bâtiment le plus proche.
Voilà C... en terrain découvert entre le tir des assaillants et celui
de ses camarades.
Il n’hésite pas un seul instant, il saute dans la tranchée…
Peu après, maculé jusqu’à la ceinture, il apprendra furieux qu’il s’agissait d’un exercice d’alerte.
Le G.M.C. qui chaque semaine apporte le courrier vient de remettre au capitaine un colis qu’il attendait avec impatience.
C’est une méthode d’arabe par disques.
Le soir même, à la fin du dîner tous les aspirants, en rechignant plus ou moins ont droit à leur premier cours.
La méthode ne commence pas par un vocabulaire de haute fréquence qui
aura permis aux élèves de passer rapidement aux applications pratiques.
Les aspis répètent après le capitaine :
Bawwâb (concierge…) Il n’y avait pas foules de concierges dans les Beni Boudouane
Tâb (il s’est repenti)
Tubt Je me suis repenti)
Yetoub (il se repend).
Au bout de quinze jours de soirées assidues, l’ardeur des élèves
commençait à décliner lorsqu’une visite vint les libérer de ce pensum
quotidien. C’était deux infirmières algériennes de la S A.S. qui
étaient montées avec le camion de l’A.M.G. itinérante.
Le capitaine tout fier leur fit écouter les disques et à son grand
étonnement et désappointement, constata qu’elles avaient beaucoup de
mal à comprendre les phrases et la plupart des mots.
La méthode enseignait bien l’arabe, mais l’égyptien qui est assez
différent de l’algérien. Le capitaine très vexé arrêta là l’expérience.
En ce qui me concerne, je continuais à apprendre sur le terrain avec
mes malades et avec l’aide d’un manuel de l’armée très bien fait que
m’avait procuré un maréchal des logis.
J’en ai assez des montagnes qui se succèdent sans fin jusqu’à
l’horizon, assez des gourbis, assez de la guerre, assez de la
pacification, assez jusqu’à la nausée. Qu’est-ce que je peux bien
foutre dans ce coin perdu ?
Un livre complètement débile m’est tombé entre les mains : «Le club des
saucissonneurs». Cet après-midi pas de visite A.M.G. dans le douar,
j’irai plus tard, la semaine prochaine ou jamais. Pourquoi
risquerais-je de me faire trouer la peau ? de toute façon cette guerre,
on la perdra…
Je suis allongé sur mon lit avec mon bouquin... Les saucissonneurs ont
attrapé un type d’une bande rivale, ils lui enlèvent son pantalon et le
sodomisent avec un énorme «Jésus».
L’après-midi du lendemain se passe également sur mon lit avec «Le club
des saucissonneurs » Troisième jour : je reste allongé en fixant une
araignée pendue au plafond. Une mouche se prend dans la toile,
I’araignée se précipite et ficelle sa victime avec une vélocité
étonnante, puis revient se mettre en embuscade au-dessus du piège. On
frappe à la porte. C’est le capitaine :
«Toubib, si vous continuez comme cela, vous êtes foutu... Mais mon capitaine, tout va très bien.
Vous n’avez même plus le courage de mettre vos chaussettes, ce matin vous êtes venu à la popote pieds nus dans vos souliers...»
Le lendemain, après m’être convaincu que je vivais une aventure
passionnante, j’acceptais la suggestion du capitaine d’aller visiter la
famille d’Adjeres, un caporal harki dont la fille était malade et qui
habite à environ huit kilomètres du poste.
Je pars donc au début de la matinée escorté par l’aspirant
Decharttrete, le M.D.L. Jacques Leroy et quatre artilleurs dont mon
infirmier. Leroy me montre du doigt un point sur la carte d’état-major
au nord d’Abd el-Kader :
«La maison d’Adjeres
est exactement là à la cote 498»
Le temps est magnifique. Nous empruntons d’abord une piste puis un
chemin muletier qui traversent une forêt de pins d’Alep. A L’orée de la
forêt, le chemin surplombe sur trois kilomètres l’oued Tigzel dont le
fond est bordé de lauriers roses puis le quitte pour ascensionner les
pentes du djehel Zefour. Nous apercevons alors une dizaine de gourbis
qui s’étagent à cent ou deux cents mètres les uns des autres sur le
flanc de cette montagne dont le sommet culmine à sept cent neuf mètres.
Nous approchons des gourbis entourés de figuiers de barbarie, salués
par les aboiements des chiens. Le terrain est parsemé çà et là par des
arbustes épineux, des oliviers et des amandiers sauvages. Au loin des
petites gardiennes de chèvres aux blouses bleues ou orange gardent
leurs bêtes en chantant leurs couplets aux rythmes syncopés.
Nous avons crapahuté environ une heure et demie quand nous atteignons
la demeure d’Adjeres située au centre de ce village aux habitations
très disséminées, en contrebas d’une source appelée Sidi Moussa. Les
murs de son gourbi sont en pierre ce qui est un luxe dans les Beni
Boudouane. Adossé au bâtiment d’habitation, une étable abrite une
vache. Rien de très grave pour la fille d’Adjeres une enfant d’une
dizaine d’années, elle présente une diarrhée qui semble banale. Je suis
ensuite sollicité par un voisin qui me demande d’examiner son fils. Je
visite ainsi plusieurs gourbis. Les malades sont surtout des enfants :
plaies suppurant de longue date, dermatoses plus ou moins généralisées
et infectées, teignes tondantes, conjonctivites...
Pendant ce temps l’épouse d’Adjeres a préparé un excellent couscous à
base de mouton et très épicé. Nous le savourons assis par terre en
cercle à l’ombre d’un auvent en roseau. Ambiance joviale et détendue,
mais la maîtresse de maison ne se joint pas à nous et reste à
l’intérieur du gourbi. Il est quinze heures lorsque nous prenons congé.
Le crapahut du retour est pénible car la chaleur est écrasante. L’eau
tiède des gourdes a du mal à nous désaltérer.
A seize heures trente, nous franchissons la porte du poste. Une lettre m’attend. La vie est belle.
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VENDREDI 2 JANVIER 1959
Dans la matinée, deux fuyards sont capturés. Ce sont des civils.
Chèche blanc, manteau usé par-dessus une veste aux manches élimées,
sarrouel bleu délavé. lls ne portent pas d’armes. Le commandant les
fait interroger. Ils n’ont jamais vu de fellaghas... ils sont emmenés à
l’écart pour un interrogatoire plus poussé. Quand je les vois
réapparaître chancelants, ils ont des ecchymoses sur le visage, l’un
d’eux a le bord libre du pavillon de l’oreille en partie découpé. lls
n’ont donné aucun renseignement.
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Le commandant donne l’ordre de leur lier les mains derrière le
dos. Il faut repartir. La progression reprend colonne par un. Une
rafale de mitraillette. Les deux hommes viennent d’être exécutés.
Début d’après-midi, des coups de feu crépitent en avant de la colonne.
Cette fois-ci trois jeunes rebelles sont capturés, armés de fusils, ils
n’avaient, semble-t-il, plus de munitions. lls sont très jeunes, aux
alentours de vingt ans. Le crâne rasé, vêtus d’une chemise et d’un jean
bleus, djounoud ou moussebiline ? Leurs visages n’expriment ni peur ni
haine, mais une sereine indifférence.
Eux aussi ont été interrogés. Je ne puis affirmer s’ils ont été
torturés, toujours est-il qu’eux non plus n’ont donné aucun
renseignement.
Le commandant donne l’ordre de les exécuter. J’ai vainement tenté de le
faire revenir sur sa décision. Je lui ai évoqué la convention de Genève
sur le traitement des prisonniers de guerre.
Ces hommes, que nous venons de capturer, n’avaient pas d’uniformes mais
ils portaient leurs armes, ouvertement, ils devaient donc être
considérés comme des combattants...
Au milieu de l’après-midi, peu avant de quitter notre position, trois
rafales mettent un terme à la discussion. La marche reprend. Cent
mètres plus loin au fond d’une cuvette rocheuse, trois corps gisent
parmi les touffes de lentisques.
Je m’éloigne, alourdi du poids de toutes ces exécutions, que je n’avais
pas su empêcher. Quelques mois plus tard, Cerba dit Kadour, notre guide
arrêté pour avoir donné des renseignements aux rebelles, s’est suicidé
d’un coup de poignard dans le ventre.
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Lundi 5 janvier
Je retrouve la chaude ambiance de Moulay Abd El-Kader. Pas pour
longtemps, car cinq jours plus tard il faut repartir en opération.
Départ le matin de bonne heure. Des véhicules nous transportent sur la
piste de Rouina jusqu’à la limite entre les Beni Boudouane et le douar
Zeddine. De là nous continuons à pied. Une désagréable surprise, D... a
tout simplement oublié d’embarquer les boîtes de ration.
On envoie un SOS au PC. Notre état-major nous répond de nous débrouiller pour trouver de la nourriture sur place.
Nous n’avions pas la même expérience que les maquisards de la survie en
pleine nature : ceux-ci savaient reconnaître, comme le rapporte
l’ancien djoundi Rémy Madoui, les racines sauvages, les fruits, les
fleurs, les feuilles et les herbes comestibles capables d’assurer un
minimum vital quand les opérations militaires interdisaient tout
ravitaillement. Nous n’avons pas trouvé autre chose à nous mettre sous
la dent que des glands. On fit, donc, griller nos glands dans une
gamelle. Chaque gland tombe sur l’estomac comme un caillou... Mais
quand on a faim, on ne fait pas le difficile. Ce fut, donc, notre
régime pendant deux jours. Le troisième jour, nous avons rencontré
quelques moutons et avons pu améliorer le menu avec le foie grillé sur
une pierre plate placée devant les braises. La guerre transforme
facilement les soldats en pillards. Je me croyais un homme civilisé, eh
bien j’ai admis de plus en plus facilement ces tueries de moutons pour
en manger le foie. J’ai même été jusqu’à emmener en opération du sel et
du poivre pour épicer ces abats à la saveur très fade...
A quelque temps de là, ayant eu l’occasion de passer par Lamartine,
j’ai respectueusement fait remarquer au PC que les hommes n’auraient
pas été au mieux de leur forme en cas d’accrochage et qu’il eut été
facile de nous faire parvenir des boîtes de ration par hélicoptère. Le
commandant major, Georges Arnoux m’a répondu : «Ne vous inquiétez pas,
sous les balles des fells, ils auraient immédiatement trouvé l’énergie
nécessaire ! »
Ce commandant, rond comme une bille, devait peser au moins cent kilos et je ne l’ai jamais vu crapahuter dans le djebel.
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14 JANVIER 1959
A l’occasion de son entrée à l’Elysée, le général De Gaulle annonce plusieurs mesures de grâce :
- 180 condamnés à mort pour terrorisme sont graciés. Leur peine est commuée en travaux forcés à perpétuité.
- 7 000 prisonniers sont libérés.
- Messali Hadj, le fondateur du MTLD, en résidence surveillée à
Belle-lle-en-mer est autorisé à circuler librement sur le territoire
métropolitain.
Ces mesures sont mal accueillies par l’armée, scandalisent la
population européenne d’Algérie et inquiètent ceux des musulmans qui
ont choisi de combattre la rébellion aux côtés de la France.
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22 janvier
Opération dans le douar Tiberkanine qui limite au nord-ouest les Beni
Boudouane. Des renseignements nous avaient indiqué la présence d’un
responsable politique du FLN dans une mechta du douar.
Départ dans la nuit et arrivée sur place à l’aube. La mechta est en
terrain plat et nu, ce qui ne facilite pas son approche, car il faut
parcourir au moins quatre cents mètres à découvert avant de l’atteindre.
D… laisse une section en protection, à l’abri d’un talus avec un
fusil-mitrailleur. Il me dit de rester avec elle et se dirige avec les
autres sections déployées en tirailleur vers la mechta indiquée.
Ces quatre cents mètres me paraissent interminables. A tout moment je m’attends à voir nos artilleurs se faire allumer.
En fait, pas un seul coup de feu n’est tiré. Ils ne trouvent dans la
mechta que des femmes et des enfants. Ils ne peuvent rien en tirer.
Nous nous contentons au cours de cette opération, de laisser sur le
terrain des tracts sur la «Paix des braves». Un petit berger, qui nous
observe de loin, vient les ramasser dès que nous nous éloignons.
Le tract représente le général De Gaulle ouvrant les bras à un rebelle
qui tient dans sa main droite une feuille portant ces mots : «Ceci est
un laissez-passer».
Cette offre de «Paix des braves», jointe aux réformes engagées par le
gouvernement français eut un impact certain sur les combattants de
l’intérieur dont le moral était au plus bas. En effet, en ce début de
l’année 1959, la situation des maquis est assez critique.
Au cours de l’année 1958, l’ALN a subi des pertes sérieuses et si les
djounoud tués au combat sont généralement remplacés par de nouvelles
recrues, celles-ci, souvent très jeunes, ne sont pas encore aguerries.
Le bouclage des frontières est efficace à 95 % si bien que le
ravitaillement en armes et en munitions devient très difficile. Les
chefs de maquis sont contraints de fractionner les katibas en bandes
restreintes et évitent le plus possible l’accrochage avec les forces
françaises. A nouveau sont privilégiés les embuscades, les harcèlements
et les attentats. L’offre de «Paix des braves» trouve, donc, une
oreille complaisante chez plusieurs combattants.
Dans notre secteur, un responsable de la wilaya IV, Si Khaled, est
entré en contact par l’intermédiaire du bachagha Boualem avec un
officier de l’état-major du général Gracieux, le capitaine X... Pour
des raisons assez inexplicables, celui-ci n’aurait pas donné suite à
l’offre de reddition de la wilaya IV proposée par Si Khaled. Quant à ce
dernier, il fut arrêté par le FLN. Lié à un arbre dans une forêt de
l’Ouarsenis, il fut torturé et finit par avouer sa démarche auprès de
l’armée. On lui fit alors subir le supplice de l’hélicoptère : Corde
passée autour d’une branche, un bout attaché aux chevilles, l’autre aux
poignets, ventre faisant face au sol. Le supplicié est placé cinquante
centimètres au-dessus d’un brasier, puis on le fait tournoyer jusqu’à
ce que mort s’ensuive.
Le GPRA était opposé à la «Paix des braves». Il considérait qu’il
était trop tard pour les réformes et que toute solution dans le cadre
français était dépassée. Le seul but à atteindre était l’indépendance.
Juste le temps de souffler, la douzième batterie repart en opération
dans le Lyra. Cette fois-ci, c’est une opération de grande envergure
appuyée par l’aviation. On entend tirer un peu de tous les côtés. Le
premier jour, nous croisons un peloton du cinquième spahis. Les hommes,
tous musulmans, ont fière allure avec leurs turbans blancs et leurs
burnous rouges à revers blancs On se serait cru à l’époque de la
conquête, au temps des charges sabre au clair, à la suite de ce Yussuf
qui créa les premiers régiments de spahis et que les Arabo-Berbères
avaient sumommé «Cheik el Baroud», le seigneur du combat.
Grâce à leurs chevaux, ces spahis sont très rapides et les fellaghas
les craignent. Ils jouissent d’un grand prestige auprès des
populations. Cependant le peloton que nous venons de croiser, n’est pas
dans son jour de chance, une demi-heure plus tard il tombe dans une
embuscade qui lui coûte trois morts et deux blessés.
Le soir, jonction avec le PC de Lamartine. Nous campons sur le même
piton. Je m’installe à l’abri d’un rocher. Mon duvet est très chaud
mais il a l’inconvénient d’être bleu électrique et réfléchit les rayons
de la lune. C’est un cadeau de mon beau-père, il n’a pas pensé au
camouflage. Je suis obligé à chaque fois de placer dessus des feuilles
et des brindilles.
Milieu de la nuit : rafales d’armes automatiques. «Aux armes, aux armes ! » C’est la voix du commandant.
Les hommes enfilent en vitesse leurs rangers et sautent sur leurs armes.
C’est un groupe de fells qui passe près de notre position pour forcer
le bouclage. Echange de coups de feu, puis c’est à nouveau le silence
de la nuit.
Un djoundi a été tué au cours de ce bref engagement, mais ses camarades
ont emporté son arme. Deuxième jour d’opération. Nous trouvons un jeune
djoundi avec un pansement empesé qui lui prend la jambe et le pied
gauche. Il a une fracture du tibia. Ses camarades n’ayant pu l’emmener
l’ont laissé sur le terrain. Vingt ans environ, c’est un étudiant en
droit qui a rejoint le maquis après le démantèlement du FLN à Alger en
octobre 1957.
Il semble en avoir assez de la vie au maquis et répond sans difficulté
aux questions. Cette fois-ci, je réussis à obtenir un hélicoptère et le
fais évacuer sur Alger.
Les relations entre ces jeunes intellectuels et la masse des djounoud
formés de paysans souvent illettrés et aux mœurs rudes étaient souvent
difficiles.
Par ailleurs, les manœuvres d’intoxication montées par un officier de
renseignement, le capitaine Léger, avaient laissé croire aux chefs
rebelles l’existence de complots au sein des maquis. Amirouche, le
terrible chef de la wilaya III, s’était livré à des épurations
sanglantes. Si M’Hammed dans la wilaya IV, s’était laissé gagner par
cette hantise des complots et suspectait particulièrement les
intellectuels. C’est ainsi que notre prisonnier avait assisté aux
tortures et exécutions de plusieurs de ses camarades. C’est sans doute
pourquoi il paraissait tellement détendu en tombant entre nos mains.
Dans l’après-midi, nous croisons six cadavres de djounoud le long d’un
oued, certains ont la moitié du corps dans l’eau. Ils sont revêtus de
treillis kakis et chaussés de pataugas. Ils ont dû être tués par les
mitrailleuses des T6.
Les hommes remplissent leurs gourdes en amont des cadavres. En passant
près d’une des victimes, un artilleur courbé sous le poids de son sac
lance avec cynisme : «Toi au moins, tu te reposes…»
Retour d’opération : Là-bas sur la piste une jeep est en stationnement.
Ce sont les cuistots, Vidu et Curec, qui sont venus à notre avance avec
une cargaison de Pils. Les hommes s’agglutinent bientôt autour du
véhicule. Les capsules sautent et les artilleurs font couler à grandes
lampées la bière fraîche et mousseuse sur leur gosier en feu.
Je suis furieux. Barthélémy vient d’être muté à Lamartine. Il me faut
encore former un nouvel infirmier. Ma nouvelle recrue, Bernard, est
livreur dans le civil. Par bonheur, il se met rapidement au courant et
me seconda avec beaucoup de dévouement auprès de la population. Il
m’accompagnait dans toutes mes pérégrinations, toujours de bonne
humeur, sans jamais se plaindre. En opération et au cours des visites
AMG dans le douar, il ne quittait jamais son brassard de la Croix
Rouge, persuadé qu’il jouissait ainsi de l’immunité accordée au
personnel du service de santé par la convention de Genève.
Il n’avait pas complètement tort. Dès 1955 le FLN avait créé
officieusement et en toute illégalité le Croissant-Rouge Algérien,
équivalent de la Croix-Rouge dans les pays musulmans, ce qui impliquait
le respect des conventions de Genève. Les infirmiers de l’ALN portaient
eux aussi un brassard blanc avec l’emblème du Croissant-Rouge.
Par cette création, le FLN positionnait l’ALN comme une armée régulière
respectant les lois de la guerre. Par-là même, ils pouvaient
revendiquer en retour que leurs combattants tombés aux mains des
Français bénéficient du statut de prisonniers de guerre.
Indéniablement, l’ALN, dans plusieurs cas, a respecté ces conventions.
En revanche, nombreuses furent les atrocités infligées à certains
prisonniers et nul ne saura jamais dans quelles circonstances sont
morts les cinq cent quarante six disparus de la guerre d’Algérie. Parmi
ceux-ci : le médecin-lieutenant Claude Guillemot enlevé par les
rebelles en janvier 1956.
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Par Yves Sudry
22-09-2008
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La piste finissait aux pieds des hostiles djébels ,
Une aube sanguinolente enflammait l'horizon ,
Il y avaient là réunies , diverses garnisons ,
Rabatteurs de vingt ans à la chasse aux rebelles .
Nous étions fatigués , le froid était intense ,
Les ordres commandaient de nous mettre en ligne ,
Un soldat pres de moi me sourit et se signe ,
Tous ceux qui vont mourir te saluent douce France .
La journée s'avançait ,il était presque treize heures,
Le soleil implacable surchauffait tous les casques ,
Une grande lassitude se lisait sur nos masques ,
Et dans les yeux de certains se dessinait la peur .
En soulevant des branches qui génaient mon passage ,
Je l'ai vu , allongé , me visant de son arme
J'ai lu sa détermination , j'ai surtout vu ses larmes ,
Il s'agissait d'un gosse , il n'avait pas mon age .
Sans le vouloir , instinctivement , ma rafale est partie ,
Il n'a pas eu de chance , son arme s'est enraillée !...
Je le revois encore tout recroquevillé ,
Et ne me pardonne pas , de lui avoir oter la vie .
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Jean Rossin
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Rédigé le 22/09/2008 à 16:02 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (1)
Une nouvelle impulsion aux projets de développement
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Dans le cadre de l'évaluation des actions engagées pour insuffler une nouvelle impulsion aux projets locaux de développement qui contribuent dans une large mesure à améliorer les conditions de vie des citoyens, M. Mohamed Ouchen, wali de Tipasa s'est rendu dans la daïra de Hadjout accompagné des directeurs de l'exécutif et des responsables locaux. S'agissant du programme des 1800 logements toutes formules confondues, en cours de réalisation dans la seule commune de Hadjout dont une grande partie sera livrée durant le 1er semestre de l'année 2009, le wali a précisé que 400 logements ont été réservés à l'éradication de l'habitat précaire et insalubre au douar Maâmar Belaid à la cité basse et à Merad qui date de l'époque coloniale. A cet effet, le chef de l'exécutif s'est déclaré intransigeant sur le respect des délais de livraison, la réorganisation des chantiers pour une gestion rationnelle et optimale des projets en vue de livrer ce programme d'habitat dans les délais requis. Aussi, il a instruit le directeur de l'urbanisme de prendre en charge l'amélioration urbaine des zones d'habitat qui se sont nouvellement constituées. La délégation s'est enquis également de l'état d'avancement de deux infrastructures à caractère social en chantier qui accueilleront les personnes en difficulté. Il s'agit du centre régional du Samu social qui sera réceptionné le 11 octobre 2008 et d'une agence régionale de développement social (ADS) pour lesquels une enveloppe budgétaire de 32,5 millions DA a été consacrée. Pour prendre en charge les jeunes en déperdition scolaire deux (02) projets de CFPA de 300 places pédagogiques chacun ont été supervisés respectivement dans les communes de Hadjout et Merad et ouvriront leurs portes lors de la prochaine rentrée de février 2009. En ce qui concerne les infrastructures scolaires, le wali a donné le coup d'envoi pour la réalisation d'un lycée de 1000 places pédagogiques dans la commune de Merad et s'est enquis de l'état d'avancement d'un nouveau CEM à Hadjout qui sera livré lors de la prochaine rentrée scolaire. Par ailleurs, pour mettre en terme à la double vacation dans les écoles primaires et à la surcharge des classes dans les CEM, il a été réalisé huit (08) classes en extension au niveau de trois établissements scolaires. Aussi, il a été réalisé deux demi-pensions et une cantine scolaire. A cette occasion, le wali a annoncé que l'Etat a dégagé une enveloppe globale de 57 milliards de centimes dans le cadre du fonds commun des collectivités locales dont un montant de 40 millions de DA a été alloué à la daïra de Hadjout pour venir en aide aux écoles primaires et les soutenir dans les menus travaux et autres équipements. Dans le cadre de la couverture sanitaire d'une zone d'habitat très dense nouvellement créée, le wali a supervisé les travaux de réalisation d'une polyclinique dont le coût est évalué à 80 millions DA. En outre, les localités rurales de Bordj Larbaâ et Fadjana éloignées du centre urbain ont bénéficié respectivement d'un siège de la garde communale, d'un centre de soins pour 3500 habitants réalisé dans le cadre des actions collectives du PPDRI et d'un bureau de poste. Quant à la commune de Merad elle a été dotée d'une sûreté urbaine en cours de réalisation et qui sera réceptionnée au mois d'avril 2009.
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R.T.
21-09-2008
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Rédigé le 21/09/2008 à 19:57 dans Société, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Ces Espagnols qui épousent l’Islam
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L’Espagne compterait 10.000 convertis espagnols à l’Islam. Ils travaillent à briser les préjugés sur leur religion.
Il existe 11 mosquées et 480 centres de culte dans toute l’Espagne.
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Dix mille. Ce serait le chiffre du nombre d’Espagnols de souche convertis à l’Islam ces cinq dernières années. Dans le lot, les communautés autonomes de Catalogne et d’Andalousie, par ailleurs les plus peuplées d’Espagne, prennent pour ainsi dire la tête du peloton, concentrant l’essentiel de ces nouveaux adeptes avec respectivement 3.000 et 3.500 convertis.
En tout et pour tout, l’Espagne ne compterait pas moins de 50.000 conversos, comme on les appellent les hispanophones. Ces statistiques, rapportées par le journal El Periodico de Catalunya et elles-mêmes basées sur les données communiquées par les dirigeants d’associations islamiques d’Espagne, en ont surpris plus d’un. Alimentant une vive polémique dès le premier jour de Ramadan, date de parution dudit article, mois sacré suivi par les quelque 1 million et demi de Musulmans que compte la péninsule ibérique. Poussant chacun, du citoyen ordinaire à l’homme politique en passant par l’acteur de la société civile, à s’interroger sur l’attrait de ces natifs d’un pays connu pour sa séculaire tradition catholique, envers la religion musulmane. Et ce au moment même où les médias locaux, soutenus pour certains par une droite conservatrice, laissent transparaître régulièrement dans leurs colonnes une prétendue tension entre les deux communautés religieuses.
C’est dire le lien trouble que celui des Espagnols à l’Islam. Une relation saccadée, faite d’amour, de déchirement, de rapprochement et de réconciliation. Une relation passionnelle, en fait. Une histoire façonnée par l’Histoire avec un grand H, ses remous et ses soubresauts, des croisades à la Reconquista en passant par la colonisation.
Chahada
Un peu à l’image d’un vieil arbre millénaire que l’on croyait mort et dont on observe avec étonnement les feuilles bourgeonner, plus de 6 siècles plus tard, l’Islam renaît en terre d’Espagne, prouvant que ces racines n’y ont jamais véritablement dépéri. «Il y a de plus en plus de connaissance de notre culture, de notre religion et de nos traditions, et ce grâce à l’ouverture de la communauté islamique en Espagne», explique ainsi à El Periodico de Catalunya, Riay Tatay, président de l’Union des Communautés Islamiques d’Espagne.
Cependant, la communauté musulmane actuelle et son million et demi d’âmes (contre 100.000 à peine voilà dix ans, et sans compter les clandestins) est en effet issue majoritairement de la vague d’immigration maghrébine, essentiellement marocaine (600.000 membres), appelée en renfort à l’aube des années 1990 par le gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez Marquez pour répondre au besoin en main-d’œuvre de l’économie espagnole, alors en plein boom économique.
Ce sont eux qui font que l’islam est aujourd’hui le second culte au royaume de Juan Carlos et que l’Espagne est considéré comme le quatrième pays européen abritant la plus forte population musulmane.
Et c’est au contact de cette communauté ouvrière si l’on peut dire, traditionaliste dans sa majorité, que nombre d’Espagnols de souche ont décidé de changer de confession. Généralement en épousant une Maghrébine. A l’instar de Sharif, anciennement Raùl, 35ans, cuisinier: «Contrairement à certains de mes amis, qui ont prononcé la “chahada” (profession de foi) et changé de prénom juste pour faire taire leur belle-famille, j’ai voulu devenir véritablement musulman pour m’intégrer dans ma nouvelle communauté. J’ai appris l’arabe pour pouvoir lire le Coran, j’ai accepté de me faire circoncire , je fais ma prière et ramadan et dans quelques années, je projette d’aller en pèlerinage à la Mecque».
Soufisme
Mais, globalement, les nouveaux musulmans vivent leur adhésion à l’Islam de manière sereine, plus comme une philosophie de vie personnelle et sociale au quotidien, avec ses préceptes universels, intemporels et élémentaires.
Il en va ainsi d’Elena Avila. Cette jeune infirmière de 25 ans, de la communauté autonome d’Estrémadure, s’est convertie après avoir appris l’arabe, lu le Coran et apprécié cette religion pour son côté «épuré d’intermédiaire, altruiste, tolérant et humain». D’autres convertis sont davantage attirés par le soufisme, la branche mystique de l’Islam. Ils sont pour la plupart issus de classes sociales aisées (hommes d’affaires, industriels, médecins, ingénieurs, artistes, etc), d’une bourgeoise ibérique nantie, mollement anti-cléricale ou franchement athée, en quête d’une certaine spiritualité après son contentement matériel.
On retrouve ainsi une proportion non négligeable d’Espagnols dans les rangs des 60.000 adeptes de la tariqa Kadiria Boutchichia qui se rendent chaque année au Maroc en pèlerinage à Madagh, dans les environs de Berkane.
Représentation
Mais aujourd’hui, des voix s’élèvent parmi ces mêmes convertis pour protester contre la catégorisation et l’écartement de ces nouveaux Musulmans par le reste de la communauté islamique d’Espagne: «La production discursive sur l’islam est une préoccupation majeure. Nous sommes en présence d’une production soit élitiste traitant le plus souvent de la mystique musulmane, soit d’inspiration wahhabite avec un discours hors-contexte. Mais rien entre les deux qui puisse proposer une vision de l’islam pédagogique et surtout contextualisée dont auront besoin les jeunes générations (…)» déplore ainsi sur Saphirnews.com Yusuf Fernandez, directeur de Webislam.com.
Avant d’ajouter: «La trop grande ouverture de la gauche privilégiant le contact avec représentants musulmans ultra-conservateurs m’interroge. Le processus de représentation a par exemple totalement écarté les Espagnols musulmans convertis, pourtant très bien intégrés à la société et surtout capables de négocier face à l’Etat. La Commission Islamique d’Espagne (CIE) (organe reconnu par le gouvernement) est aujourd’hui composée essentiellement de personnes qui ont une vision de l’islam inféodée aux pays étrangers et surtout une vision non contextualisée de la pratique religieuse. La commission islamique n’a pas réellement».
Dans l’Espagne de 2008, ce sont même les conversos qui s’avèrent les plus fervents défenseurs des droits de la communauté musulmane. Montant au créneau pour réclamer davantage de mosquées (il existe 11 mosquées et 480 centres de culte dans toute l’Espagne), de professeurs d’éducation islamique (actuellement ils sont une quarantaine pour 120.000 élèves contre près de 30.000 enseignants de catholicisme), de subventions (le gouvernement verse environ 1 million d’euros aux 150 associations islamiques), et d’assistance religieuse aux prisonniers, aux malades et aux soldats de confession musulmane.
Ou encore que les contribuables musulmans soient autorisés à verser 0,7% de leur impôt sur le revenu au Conseil Islamique Espagnol, comme c’est accordé aux Chrétiens avec l’Eglise catholique.
Et ce conformément à la loi sur les libertés religieuses votée en 1980 et validée douze ans plus tard par les religions minoritaires.
A l’image de Yusuf Fernandez, initiateur du congrès du féminisme islamique à Barcelone, ces nouveaux fidèles sont déterminés à casser l’amalgame entre migration et religion, islam et arabité, musulmans modérés et radicaux. Décidés à briser les préjugés des Espagnols et des Occidentaux en général sur une religion faussement perçue comme intolérante, obscurantiste et belliqueuse.
Et aspirant, dans la lignée des acteurs de la movida post-franquiste, à enseigner aux générations montantes l’héritage d’Al Andalus et l’apport civilisationnel de l’Islam à la culture ibérique.
Ces mêmes jeunes qui ignorent pour beaucoup que le fondateur de Madrid n’était autre qu’un Maure, Mohammed 1er, Emir de Cordoue.
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Mouna Izddine
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Rédigé le 21/09/2008 à 16:30 dans Islam | Lien permanent | Commentaires (0)
Des faits graves ayant trait à la dilapidation des deniers publics ont émaillé ces derniers temps la scène politique algérienne et entamé la crédibilité de bon nombre de grandes institutions financières du pays.
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Les hautes instances juridiques, à coups de procès médiatiques, se font l’écho des cris populaires voulant coûte que coûte mettre un terme à ce que l’on peut nommer dorénavant « la fraude-habitude algérienne ». Si l’on fait un bilan de ces cinq dernières années, il ressort nettement qu’un nombre important de directeurs de banques et de hauts responsables dans de grandes entreprises, sans scrupules apparents, se sont arrogés les droits de vider les caisses des institutions pour lesquelles ils travaillent.
A toutes les sphères de la société, on peut faire le constat alarmant que l’Algérie souffre actuellement d’une situation très critique : la fraude, le vol, la dilapidation des deniers publics sont devenus des pratiques ancrées dans les moeurs de notre pays. Que ce soit au niveau des banques, des grandes entreprises d’import-export, des douanes ou des institutions financières, pas un secteur où le détournement d’argent à grande échelle n’a pris ses ancrages; pis, cette tendance semble s’être muée, depuis la dernière décade, en une forme de pratique endémique faisant partie du décor ambiant. Beaucoup y trouvent leur compte, d’autres rêvent d’y participer et de profiter de l’aubaine.
Le constat est certes affligeant, néanmoins l’origine de cette réalité qui a pris une dimension effarante depuis les années quatre-vingt-dix incombe aux gouvernements successifs, laxistes et souvent complices, qui n’ont jamais pris les mesures nécessaires et à leur portée pour maîtriser cette dérive qui mine l’économie algérienne et réduit à néant les sommes colossales que la conjoncture pétrolière, particulièrement favorable, permet d’injecter dans la modernisation de nos institutions. Mais au final, il faut le dire sans aucune complaisance, le premier et seul perdant est, comme toujours, le citoyen algérien.
Ce laisser-aller que nous avons adopté chez nous a pris, au fil des ans, des allures de caution à la plus totale impunité. On assiste à une hémorragie des capitaux qui est aussi et surtout une hémorragie des valeurs!
Les sommes détournées ont atteint des proportions surréalistes et la pratique a trouvé des espaces favorables dans des sphères monétaires qui représentaient jusqu’alors le socle de notre économie (voir les cas d’ Algérie Télécom, la Banque d’Algérie, la BADR, Khalifa Bank ...etc). Sans que cela inquiète sérieusement...
D’aucuns diront que cette pratique s’est incrustée durant la période trouble que notre pays a traversée. L’heure était grave et ne se prêtait pas à une prise en charge sérieuse de ce phénomène; notre pays avait des soucis autrement plus prioritaires. Ce qu’il ne faut pas omettre cependant c’est qu’à contrario, la situation de l’époque étant agitée et troublée, elle couvrait par sa confusion ces dérives dont une bonne frange de nos hauts responsables a consciemment profité...Sans scrupule aucun.
Mais puisque tout dernièrement, une prise de conscience semble s’installer progressivement au niveau des instances juridiques et qu’il y a une sérieuse prise en charge de cette désormais composante de notre quotidien, à quoi bon remuer le couteau dans la plaie ? Ces procès ne sont-ils pas, par leur répétition, des gages que les mentalités changent et que la revendication de transparence trouve aujourd’hui son terrain d’expression ? Rien n’est moins sûr !
A force de gaver les citoyens de boniments, nos politiciens de tous bords devront se rappeler que les Algériens ont appris à ne plus être dupes de leurs parades. Sinon comment de tous ces procès à répétition, aucun n’a encore sorti de leur nid des personnalités militaires ou politiques, et chacun sait combien nombreux ont été impliqués (la mascarade du procès Khalifa).
Cette campagne dissuasive semble être uniquement dirigée vers les simples citoyens et a, pour seul but, d’apeurer ceux qui seraient tentés par les sirènes du gain rapide. On donnera ainsi l’illusion que la justice algérienne prend au sérieux le combat contre la fraude, aujourd’hui bien enracinée dans nos moeurs. Il est malheureusement évident que l’appel réitéré du président de la République à une totale transparence dans la gestion des dossiers de fraude ne trouve pas suffisamment d’échos dans les corps politique et juridique algériens !
Si le gouvernement en place aujourd’hui est conscient de la gravité de la situation, il est évident que son implication à combattre ce fléau, qui mine notre économie depuis une quinzaine d’années, doit s’étendre à ces cercles politico-militaires où la fraude et le détournement d’argent ont atteint depuis longtemps des sommets vertigineux. Les imprécations et les mises en demeure n’ont d’effet que si elles sont suivies de gestes concrets. Cela, nos dirigeants semblent l’avoir occulté. Ils ont plutôt opté pour une politique de dissuasion qui agit par à coups : On intente des procès très médiatisés à quelques directeurs inconnus et l’on oublie les véritables bénéficiaires...ou peut-être s’ingénue-t-on à traîner tout le monde sauf eux à la barre des accusés ? Faire diversion n’éradiquera pas la gangrène qui mine les fondations de notre société.
La conjoncture économique, qui profite actuellement à notre pays, et notre volonté d’intégrer le marché mondial des échanges commerciaux nous obligent à réintégrer le chemin de la production. Nous courons vers notre propre perte si nous persistons dans la pratique de la paresse, du vol, du détournement de fonds et la dilapidation des deniers publics. Il faut procéder de nouveau à l’éducation du citoyen algérien aussi bien dans les sphères populaires que dans les sphères décisionnelles, lui réinculquer ces principes de base qui sont l’honnêteté, le labeur dur, l’amour de la réussite personnelle et collective et lui rappeler ce principe vieux comme le monde selon lequel celui qui ne sème pas l’hiver, ne récolte pas l’été !
Ces principes se transmettent à la nouvelle génération par l’éducation et le système scolaire. Aujourd’hui, malheureusement, notre système scolaire a oublié d’enseigner l’essentiel : Les valeurs sur lesquels se fonde une nation. Que d’enfants ont perdu toute foi dans l’avenir parce qu’on leur propose un horizon morose. Comment peut-on espérer qu’un enfant puisse croire au travail et à l’honnêteté lorsqu’il voit, à l’âge de l’innocence, que souvent ceux qui réussissent ce sont les escrocs qui dépouillent l’Algérie?
Il y a lieu de se poser des questions fondamentales pour l’avenir de notre pays et les valeurs qu’on veut inculquer aux futures générations.
Aujourd’hui, il
est urgent de générer une prise de conscience nationale qui doit se
répandre parmi tous les acteurs de l’éducation en Algérie qu’il
s’agisse des parents, des enseignants, des commissions scolaires... et
aussi et surtout des dirigeants qui doivent faire leur part des choses
!
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par Djelouadji Mohamed Ouamor
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Rédigé le 20/09/2008 à 20:08 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
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