Lecture intégrale de 'Noces à Tipasa', essai dionysiaque et solaire du jeune Albert Camus, 26 ans, sur le deuxième mouvement de la symphonie pastorale de Beethoven. Toutes les photos ont été prises en 2012, (c) Amina Mettouchi.
Lecture intégrale de 'Noces à Tipasa', essai dionysiaque et solaire du jeune Albert Camus, 26 ans, sur le deuxième mouvement de la symphonie pastorale de Beethoven. Toutes les photos ont été prises en 2012, (c) Amina Mettouchi.
Rédigé le 13/08/2021 à 20:16 dans Camus, Poésie/Littérature, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Les quelques imprécisions historiques du gardien et l'incivisme de certains visiteurs qui laissent traîner bouteilles d'eau vides ou emballages de sandwichs ne devraient décourager celui qui vient admirer les ruines de Tipasa, à quelque 70 kilomètres à l'ouest d'Alger. Ici, à fleur de rochers plongeants dans la Méditerranée, on peut rêvasser devant les vestiges d'une puissante cité maritime romaine puis byzantine, bâtie sur elle-même sur l'emplacement d'un comptoir punique inféodé à Carthage. « Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure » : la citation d'Albert Camus a été gravée sur ce site dans une pierre, témoignage de la passion du Prix Nobel de littérature pour Tipasa.
Il faut se promener ici, profitant de l'ombrage des pins maritimes, à travers les vestiges ou en suivant une des deux voies pavées, le cardo maximus et le decumanus, en répétant la phrase qui ouvre ce texte magnifique « Noces à Tipasa » : « Tipasa est habitée par les dieux, et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes. » Il faut se perdre dans ce dédale de pierre, de sauge et de chants de cigales, apercevoir la mer en contrebas et le Chenoua, la grande montagne qui repose sur la mer côté ouest et imaginer les premiers marins arrivant de Carthage (ou d'ailleurs, Phéniciens ou autres) pour y mouiller dans ses eaux profondes leurs embarcations avant de continuer vers les Colonnes d'Hercule ; imaginer, en visitant les ruines de l'amphithéâtre, les combats des gladiateurs ou s'approcher encore de la mer pour se voir notable romain installé dans la villa des Fresques (de 1 000 mètres carrés), construite vers le IIe siècle de notre ère, quand la ville abritait quelque 20 000 habitants.
« Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. » De chaleur et d'histoire, fracas des époques, de crépuscules catalytiques d'empires. Ses remparts (2 200 mètres défendus par une trentaine de tours, construites par l'empereur Claude Ier) avaient protégé la cité prospère contre les assauts de la révolte du général berbère Firmus (vers 732) contre l'Empire, mais la puissante enceinte de pierre n'a pas résisté à la vague destructrice des Vandales de Genséric (en 430).
La reprise de l'Afrique du Nord par les Byzantins, un siècle plus tard, n'offre qu'un sursis à la belle cité portuaire qui finira enlisée et oubliée dès le VIe siècle, avant que les recherches archéologiques, au XIXe siècle, ne révèlent au monde l'incroyable trésor dormant sous les sédiments et les ombres des pins maritimes, balayés par la brise marine et la rumeur des légendes. Tiens, en voilà une de légende : celle du martyre de sainte Salsa ! Sur la colline surplombant les ruines se dressent les vestiges de la Basilique Sainte-Salsa, un sarcophage en pierre à moitié préservé est même réputé être celui de la jeune sainte chrétienne, qui à 14 ans se révolta contre le rituel d'adoration d'une statue de dragon qu'elle jeta à la mer. Noyée, la mer se déchaîna, et un pêcheur gaulois, Saturnin, récupéra le corps de la jeune Fabia Salsa, et c'est ainsi que les flots se calmèrent. Montez tout en haut (la pente n'est pas si rude) et touchez ces pierres élevées pour la gloire de cette si jeune et frêle habitante de Tipasa. Et là, relisant Camus, encore une fois : « La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais à chaque fois qu'on regarde par une ouverture, c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace. »
À ne pas rater dans les environs :
Les musées de Tipasa et de Cherchell : avec celui de Cherchell (l'antique Césarée, tout près par la route), ces deux musées offrent une belle représentation des pièces archéologiques de ces deux sites romains-bérbères. Au musée de Cherchell, une statue colossale d'un empereur romain (probablement Auguste) et un magnifique Apollon attribué à Phidias ainsi que les mosaïques d'une rare beauté, dont une représentant Ulysse et ses marins tentés par le chant des sirènes.
Le Tombeau de la chrétienne ou Mausolée royale de Maurétanie : ce tumulus de pierre de 80 000 mètres carrés, orné de soixante demi-colonnes et de portes géantes condamnées, surplombant la route rapide Alger-Tipasa, serait la sépulture du roi numide Juba II (qui régna de 25 av. J.-C. à 23 ap. J.-C.) et de son épouse, la reine, aimée du peuple, Cléopâtre Séléné, fruit de l'union entre l'illustre reine d'Égypte et Marc Antoine.
Par Adlène Meddi
Rédigé le 12/08/2021 à 10:19 dans Algérie, Tourisme, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
« Tala radieuse assise au bord des vagues joyeuses de l’univers sauvage… Une odeur de bois mêlé au pain chaud… et sa montagne tout là-haut l’attendait » dans cette demeure chaleureuse d’où vient de s’éclipser, discrètement et pour l’éternité, feue la doyenne Aïcha à laquelle est dédié ce recueil de poésie. C’est dans cette ambiance poétique, peuplée de mots exquis et d’émotion que Saleha Imekraz, poétesse et artiste-peintre de la wilaya de Tipasa, a bercé les invités du complexe culturel du Chenoua, le temps d’une après-midi poétique, avec comme autres invités Rachid Zahali et Yacine Bouhira, adeptes de poésie populaire.
Tala, la source en berbère, est un recueil de poèmes écrit par Saleha Imekraz en hommage à la région dont elle s’abreuve pour son inspiration artistique, une région qu’elle a aimée et adoptée dès son mariage avec un enfant du cru. Saleha exprima, d’emblée, son émotion de lire Tala (publié en 1997 aux éditions du Panthéon) au pied du mont Chenoua, dans le complexe culturel Abdelwahab-Salim (le compositeur dont elle était l’élève), dans une salle qui l’a écoutée religieusement murmurer son amour de cette région et du mont qui la surplombe.
Saleha Imekraz, née Bourahla, a charmé l’assistance par une lecture suave de quelques pages de Tala et de son second livre (un quatuor) Les arbres bleus : fantasmes naufragés, écrit dans la douleur qui a suivi l’assassinat de Tahar Djaout.
Sa lecture, ponctuée par des interventions des deux autres poètes qui ont déclamé de la poésie populaire en arabe, en français et en tamazight, a été un pur moment de délectation spirituelle dans une salle pleine d’amateurs de belles lettres et de rencontres littéraires et culturelles.
Saleha n’hésitera pas, en saluant les invités, de les qualifier de compagnons culturels, pour ne pas dire de militants du renouveau culturel, vu que ce sont toujours les mêmes qui répondent à l’invitation, en l’absence des premiers concernés, en l’occurrence les responsables locaux de la culture.
La lecture du recueil Tala a été un moment de bonheur pour les amateurs de belles lettres dans une ambiance ponctuée par le bruit des vagues de la plage du Chenoua, située en contrebas du complexe, et la grisaille de cet après-midi pluvieux, qui a ajouté au charme d’une écoute presque sous la couette.
Les poèmes, lus avec un amour des mots et de la ponctuation, nous ont tirés de notre torpeur, nous ont entraînés là-haut, le long du parcours de cette source d’eau (tala), qui se fraye un chemin à travers le mont Chenoua pour aller se jeter dans l’immensité de la mer, symbole de tous les rêves.
Tipasa, et en particulier la région du Chenoua, est partout présente dans le recueil de Saleha, qui raconte la légende de Sainte Salsa (Salsa s’envole avec l’encens de l’absinthe…), à laquelle est dédiée une basilique et une colline à l’entrée est du parc archéologique.
La légende dit que cette jeune femme berbère, de son vrai nom « Malha », a été jetée à la mer pour avoir combattu l’idolâtrie et son corps a été récupéré par un pêcheur qui en reçut le message dans un rêve d’une nuit tourmentée.
Le Chenoua est, pour Saleha Imekraz, plus qu’un lieu où elle réside depuis qu’elle a uni sa vie à un homme du cru, un Chenoui, mais une source d’inspiration pour écrire et réaliser des tableaux qui portent l’empreinte de cette belle région si accueillante, selon elle.
Installée au cœur du Chenoua dans les entrailles de la forêt, non loin de ses cimes, dans un havre de paix qui surplombe la corniche de Tipasa, Saleha Imekraz dit qu’elle doit son talent et sa sensibilité à ces lieux féeriques où les couleurs contrastées du jour et de la nuit, du bleu du ciel et de la mer, du vert de la nature environnante forment une kyrielle d’idées aussi bien pour ses poèmes que pour sa peinture.
Son amour pour l’écriture et la peinture sont là, omniprésents, dans ses œuvres que Saleha Imekraz exprime à travers des tableaux à thèmes très originaux, intitulés L’arbre à écriture, utilisant l’écriture et les mots qui donnent des œuvres en noir et blanc de toute beauté, ainsi que d’autres en couleurs où les mots sont toujours présents, comme pour « sacraliser l’écrit». Son inspiration vient aussi de la vie quotidienne en Algérie et une sensibilité à fleur de peau, traitant de sujets aussi divers que celui des inondations de Bab El Oued (el hamla), de la décennie noire (charnier), du sacré et du profane et de la contemplation, pour ne citer que quelques-unes.
Invitée pour la première fois par la wilaya de Tipasa en 2009, le responsable de la culture de l’époque disait que cette rencontre était « destinée à donner la parole à des créateurs de mots», et que c’était « une initiative pour lancer le projet de coin du livre qui sera consacré dans la villa Angelvy afin de recréer le lien entre Tipasa et ses poètes, ses écrivains, en un mot ses artistes ». Depuis cette date, plus rien… remplacé par le vide sidéral culturel. La rencontre avec Saleha Imekraz a pris fin sur cette remarque de Paul Faizant, un citoyen de Sidi Ghiles, fidèle des rendez-vous artistiques, qui dit à Saleha : « Votre voix vient s’ajouter à celles des femmes du mont Chenoua, racontées par Assia Djebar, puisque le Chenoua a été votre source d’inspiration. »
http://www.algeriepyrenees.com/tag/cherchell%20tipasa/
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Rédigé le 06/08/2021 à 00:24 dans Poésie/Littérature, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
L'ex-wali de Tipaza rattrapé par la justice
Moussa Ghellai, ex-wali de Tipaza
Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed a requis, hier, une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d'une amende d'un million de dinars à l'encontre de l'ancien wali de Tipaza, Moussa Ghellai, poursuivi pour corruption et octroi d'indus avantages. Le parquet a également requis l'interdiction de candidature pour une durée de 10 ans à son encontre, et ce à compter du premier jour d'exécution de la peine. Par ailleurs, il a requis une peine de six ans de prison ferme, assortie d'une amende d'un million de dinars à l'encontre de l'ancien directeur des Domaines de la wilaya de Tipaza, Ali Bouamrirane et une interdiction de candidature pour une durée de 10 ans. Des peines allant entre 2 et 5 ans de prison ferme, assorties d'une amende d'un million de dinars, ont été requises à l'encontre des autres accusés, à savoir des cadres des ministères de l'Industrie, du Tourisme et de l'Environnement, de la wilaya de Tipaza. Dans la même affaire, le procureur de la République a requis une amende d'un million dinars à l'encontre de chacun des trois investisseurs ayant obtenu des marchés en violation de la loi en vigueur, avec leur exclusion des marchés publics pour une durée de cinq ans. Le procureur de la République a requis également la confiscation des capitaux et des biens saisis au cours de l'enquête. L'ancien wali est poursuivi dans des affaires de corruption, avec nombre de responsables, notamment pour octroi de marchés, en violation de la loi, dont le projet d'investissement pour la réalisation d'un parc d'attractions dans la wilaya de Tipaza, d'un parking automobile, d'une chaîne de refroidissement et d'une usine d'emballage de fruits et légumes sur des terrains classés «agricoles». Les mis en cause sont poursuivis également pour dilapidation de deniers publics et abus de fonction. Lors de son audition, l'ancien wali, premier accusé à comparaître, a rejeté toutes les accusations retenues contre lui et a répondu, concernant l'octroi du terrain «classé «agricole», pour la réalisation d'un parc d'attractions, que le lot de terrain avait été placé sous la responsabilité de la direction de l'environnement pour la création d'un projet de parc d'attractions en vertu d'un marché public d'un montant de 160 millions de DA avant même son installation au poste de wali de Tipaza.
Un fois à la tête de la wilaya, il a indiqué avoir procédé à la mise en place d'un cahier des charges et à la formation d'une commission chargée de l'élaboration de ce projet, où «un investisseur a décroché le marché de manière légale», a-t-il poursuivi, ajoutant qu' «il s'agit là des mêmes procédures adoptées concernant le lot de terrain qui se trouve à l'intérieur d'une zone d'expansion touristique (ZET) en face de la plage de Chenoua et du projet d'investissement octroyé à la personne morale «démarque plus» pour la réalisation d'un projet de chaîne de refroidissement et d'une usine d'empaquetage de fruits et légumes». À rappeler enfin que l'ancien wali de Tipaza Moussa Ghellai est placé actuellement en détention à l'établissement pénitentiaire de Koléa. Il a été condamné, en juin 2020, par le tribunal de Boumerdès, à 12 ans de prison ferme, pour «détournement de foncier agricole» et «trafic d'influence». Il avait comparu avec l'ex-DG de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, également condamné à la même peine et l'ex-wali de Tipaza, Abdelkader Kadi, condamné, quant à lui, à 10 ans de prison. L'affaire concerne l'octroi d'une concession agricole de 1400 m2 pour un projet industriel, à Chafik Hamel, fils de l'ancien directeur général de la Sûreté nationale, condamné à une peine de 3 ans de prison. Plusieurs autres prévenus, dont l'ancien ministre des Finances Hadji Baba Ami, et l'ancien chef de la sûreté de wilaya de Tipaza Salim Djaïdjai ont été condamnés respectivement à 4 ans de prison avec sursis et à 3 ans de prison ferme. Le verdict a été cassé par la Cour suprême, l'affaire a été renvoyée devant la cour de Boumerdès et devait être examinée, le 24 juin dernier, mais elle a été ajournée à la prochaine session.
Mohamed BOUFATAH
04-08-2021
https://www.lexpressiondz.com/nationale/10-ans-de-prison-ferme-requis-346931
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Rédigé le 03/08/2021 à 20:32 dans Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Le procès de l’ex-wali de Tipaza s’est tenu dans d’excellentes conditions, où tous les droits ont été respectés...
Mercredi 28 juillet 2021, la vaste salle d'audience du rez-de-chaussée de la 1ère chambre correctionnelle de la cour d'Alger, sise l'Esplanade «Emiliano Zapata» du Ruisseau, était vraiment intéressante à suivre. Il s'agit de Mostefa Layadha, l'ex-wali de Tipaza, qui s'est bien défendu en jetant:«Monsieur le président, j'ai quitté BBA, en 1966, et je ne connais aucun investisseur de cette région jusqu'à ce que la direction de l'environnement de la wilaya de Tipaza, adresse un écrit aux autorités compétentes, en vue d'attirer l'attention seulement, sur les dangers nuisibles à l'environnement après la construction d'une usine de frigos! L'interrogatoire du prévenu a été un chef-d'oeuvre du genre car la composition pénale et le procureur général, étaient dans le coup. Il n'y avait pas de recherche de «poux» dans la tête du prévenu, pas d'idiotes brusqueries, de questions bêtes, et mieux, à n'importe quel moment des débats, jamais, Layadha, le prévenu qui était venu ce mercredi, reprendre sa liberté et surtout sa juste et méritée réhabilitation, n'a pas été empêché d'aller au bout de ses dires! «Il faut que tout le monde sache que ce monsieur, cet ex-wali n'est rien d'autre qu'un digne fils de l'Algérie profonde, qui a toujours été au seul service du citoyen!» a lancé, l'air fâché, mais décidé à tout entreprendre pour le bonheur de son client, Me Mouloud Aboubeker, le premier plaideur, qui a ajouté, avec un calme incroyable, le conseil. Ce ne sera pas le cas de Me Faouzi Hadjadj-El-Aouel, le «Doyen» des avocats venus de Tlemcen, non pas, faire du tourisme, mais pour tout essayer pour sauver le «soldat-Layadha», considéré par tous ceux qui l'ont connu et apprécié, comme un cadre hors du commun! Intervenant juste après son fils, Me Faouzi Hadjadj-El-Aouel, le vieux plaideur, s'est vu être violent, tant il n'a pas pu supporter l'injustice qui a frappé aveuglément l'ex-wali! Il s'est écrié, hors de lui: «L'article 33 est à rejeter car il n'y a pas de preuves! La secrétaire générale de la direction du tourisme n'a pas daigné se déplacer et témoigner. Elle a fait preuve d'une... Oh! Ce n'est même pas la peine de la qualifier!» Me Adil a entamé sa plaidoirie, en rappelant «qu'une voie de justice est une enceinte inviolable et le catalyseur du droit, que les citoyens ne peuvent être jugés sur de simples suppositions, mais sur des faits avérés et des preuves tangibles, éléments absents du dossier.
Il a, par ailleurs, comparé l'action publique a une mécanique de précision qui doit parfaitement être huilée et où le manquement du moindre fait, mettrait l'engrenage en panne et ne saurait être juste! Il a précisé que par ces temps obscurs qui frappent l'Algérie, des hommes comme Layadi auraient fait face par leur compétence et qu'il n'y aurait certainement pas eu, de manque d'oxygène dans les hôpitaux.
Il va finir en apothéose en narrant une belle anecdote vécue en France à l'occasion d'une rencontre entre des avocats. En effet, un confrère allemand, avait raconté à Me Adil, «que la 1ère boîte de précision, au Deutchland, reste la justice»! Ce rappel est dû au simple fait que «cette affaire n'a rien de pénal! Ce qui nous donne que toutes les poursuites contre cet honnête fonctionnaire sont un acte de non- droit!» Le mot injustice a été prononcé aux premières syllabes de l'intervention concise et parfaitement ajustée du rusé, mais discret, Me Mouloud Aboubaker qui a répété cent fois le mot «innocent», car selon l'avocat d'Alger, «Layadha est plus blanc que blanc! Il est en détention, depuis maintenant, un an! Après avoir rappelé que la «circulaire, ayant trait à l'octroi de lots de terrains, est claire», Me Aboubaker a mis en garde le trio de juges, sur une éventuelle erreur judiciaire! Le procureur général, ayant demandé l'aggravation de la peine, les avocats ont tous parlé de méconnaissance du dossier par le parquetier.
Me Hassina Hamache, experte auprès des juridictions, venue assister aux joutes, a trouvé «les trois plaidoiries complémentaires et cela peut jouer en faveur de Layadha, dont la mine, faisait peine à voir!»
La mise en examen du dossier a été fixée au mercredi 4 août 2021.
31-07-202
https://www.lexpressiondz.com/chroniques/la-chronique-judiciaire/le-procureur-etait-dans-le-coup-321241
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Rédigé le 31/07/2021 à 20:22 dans Divers, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
تيبازة اخضرار للطبيعة على امتداد جبل شنوة تتجلى فيها فسيفساء التاريخ على امتداد الحظيرة الأثرية، ونفحات الثقافة الأمازيغية والعربية تصطدم بها نسائم البحر الأبيض المتوسط، لتشكل تيبازة لؤلؤة جزائرية على ساحل المتوسط وتشكل شواطئ خليج شنوة على
منحدر الجبل رمز منطقة “تيباسا” أجمل الشواطئ الرملية والصخرية في آن واحد وأروع الصور السرمدية التي لا تنسى.
شنوة في حقيقة الأمر، ليست كما هو معروف عند غالبية الناس بشاطئ شنوة فقط، لأنه جزء صغير من خليج ممتد على أكثر من 02 كلم، قسم إلى أربع شواطئ للتنظيم فقط، وهي شنوة الشاطئ أو شنوة بلاج 1000 متر ، وشنوة تورينغ 800 متر، الشاطئ العسكري التابع لمركز الراحة العسكرية بـ 300 متر، إضافة إلى وحدة مطاريس 200 متر وهي تابعة للمركب السياحي تيبازة مطاريس التابع لمؤسسة التسيير السياحي لتيبازة EGT Tipaza .
خليج شنوة جذب إليه الزوار من ربوع الوطن والسياح المغتربين والأجانب بجمال موقعه وصفاء مياهه ونقاء شواطئه وصور كورنيشه، فأصبح الخليج من أبرز مراكز الجذب السياحي بولاية تيبازة وكل الجزائر، من خلال ما يتمتع به من شواطئ مطاريس، العسكري، تورينغ، شنوة وكورنيشها، ومركبات سياحية كمطاريس والأزرق الكبير، وقد استضافت المنطقة الأكثر جذبا للسياح والمصطافين حوالي 5 إلى 6 ملايين مصطاف العام الماضي.
يمتد الخليج من الروضة الأثرية شرقا إلى أطراف شاطئ شنوة غربا، ليشكل شاطئ شنوة وكورنيشها أسفل الجبل الشامخ مسك ختامه ومعانقته لزرقة البحر، وتتشكل الصورة الساحرة في صورة جامعة لكورنيش جذاب رابط بين الجهة الشرقية للجبل تطل على مدينة تيبازة ومركباتها السياحية ومدن أخرى على مد النظر كعين تاقورايت وبوهارون وبوسماعيل، وإطلالة أخرى في الجهة الغربية من الكورنيش على شواطئ البلج والشاطئ الأزرق، وواضعا الجالس به موقف الحائر بالنظر إلى الأسفل حيث الزرقة والصفاء في شاطئ شنوة أو الأعلى حيث الشموخ والبهاء في الجبل شنوة.
أول شيء ينبغي على القارئ معرفته هو أن موقع الشاطئ سهل جدا والوصول إليه أسهل، ويمكنك بلوغ الشاطئ الموجود غرب مدينة تيبازة بمسافة قصيرة لا تتعدى 2 كلم باختيار الطريق البحري الرابط بين تيبازة وشرشال، حيث يوجد طريقان يربطان المدينتان، أحدهما شمال جبل شنوة وهو الطريق البحري وآخر جنوب الجبل يمر عبر سيدي راشد والناظور.
المركب السياحي الأزرق الكبير
وقد أصبح مركب “الأزرق الكبير” الكائن بشاطئ شنوة يستقطب أعدادا متزايدة من المصطافين في السنوات الأخيرة، بمن فيهم المقيمين بالمهجر والأجانب، الذين بلغت نسبتهم 10 بالمائة من مجموع المصطافين. ويضم المركب التابع لأحد الخواص بداية من مدخله إلى غاية إدراك الشاطئ الجميل، 120 بنقالو ذو غرفة واحدة ومطبخ وحمام، مجهزة بجهاز تلفزيون ومكيف هوائي وثلاجة، تتسع لخمسة أشخاص، و 33 شاليها من غرفتين تتسعان لثمانية أشخاص، إضافة إلى 40 خيمة و96 مرقدا مخصصة للمخيمات الصيفية و4 أجنحة.
وكان شاطئ الأزرق الكبير قد استفاد خلال السنوات الأخيرة من أشغال تهيئة وتوسعة تم خلالها استبدال الخيم بـ”شاليهات” صلبة، وتوفير مرافق أخرى كالمطعم ومسرح الهواء الطلق والمركز التجاري والفضاء المخصص للإبحار في عالم الانترنت وحظيرة السيارات وكشك التبغ والجرائد، إضافة إلى محل لخدمات الهاتف.
مما لا شك فيه أن شهرة شاطئ الأزرق الكبير زادت واتسعت فضلا عن جماله بسبب ما عرف عنه من قفزة نوعية في الخدمات المتوفرة و الهدوء المريح الذي يلمسه كل من قصده بمجرد أن تطأ قدماه الشاطئ، إضافة إلى النظافة التي تلاحظها بمجرد أن تطأ قدماك رمال الأزرق الكبير، وهو ما أكده معظم المصطافين الذين كان حظهم كبيرا في الحصول على مكان لهم في هذا الشاطئ لقضاء العطلة قبل بداية الموسم، خاصة وأن كل الغرف يتم تأجيرها في فترة قياسية قبل انطلاق موسم الاصطياف.
كما أن تمتع الأزرق الكبير بطيب سمعته لم يكن لولا توفير ثلاث عناصر أساسية في أي مرفق سياحي، وهي الاهتمام بالأمن والنظافة والجانب الترفيهي، حيث أن إدارة المركب توفر عدة فرق لتنظيف مختلف الفضاءات والشاطئ، كما توفر الماء 24/24 ساعة، أما بالنسبة للكهرباء فقد اقتنت إدارة المركب مؤخرا مولدا كهربائيا يضمن توفر التيار في كل الأوقات. وعن الجانب الترفيهي الذي يعد الأهم خلال فترة الاصطياف، فالسهرات الفنية تنظم كل يوم موجهة خصيصا للنساء والأطفال، في حين يتمتع هواة الرياضة بفرصة للعب الكرة الحديدية ولعبة الأوراق المعروفة بـ”لابولوت”.
وما بقي على العائلات المحظوظة بقضاء عطلتها بشاطئ “الأزرق الكبير” إلا أن تستغلها لحظة بلحظة في حضن هذا المكان الخلاب الناصع بزرقته ليصبح اسما على مسمى، والذي وصفه بعض السياح بـ”جنة على الأرض”، بفضل جبل شنوة الذي ينحدر من فوقه فيضفي التقاء اللونين الأزرق والأخضر لمسة سحرية إضافية على المكان.
مصادر الصور: إضغط على الصورة لتذهب إلى مصدرها.
معلومات:
خرائط: شاطئ شنوة ، منتجع الأزرق الكبير ، المركب السياحي مطاريس ، مركز الراحة العائلية CRF ، الحضيرة الوطنية للتنزه جبل
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Rédigé le 22/07/2021 à 08:52 dans Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
La verdure de Tipasa le long du mont Shinwa, dans laquelle la mosaïque de l'histoire est évidente le long de la grange archéologique, et la culture berbère et arabe se heurtent aux brises méditerranéennes, pour former Tipasa, une perle algérienne sur la côte méditerranéenne. et des images intemporelles inoubliables.
En fait, ce n'est pas, comme la plupart des gens le savent, que la plage de Shenwa, car c'est une petite partie d'une baie qui s'étend sur plus de 02 Km. Elle est divisée en quatre plages à des fins réglementaires uniquement, à savoir Shenwa Al -Shati ou Shenwa Plage à 1000 mètres, et Shenoua Touring à 800 mètres, la plage L'unité militaire du Centre Militaire Raha est longue de 300 mètres, en plus d'une unité aéroportuaire de 200 mètres, qui est affiliée au complexe touristique Tipaza Mataris de la Société de gestion touristique EGT Tipaza.
Le golfe de Shenwa a attiré des visiteurs de tout le pays et des touristes expatriés et étrangers par la beauté de son emplacement, la pureté de ses eaux, la pureté de ses plages et les images de sa corniche.Comme les aéroports et Azraq al-Kabeer , la zone la plus attractive pour les touristes et les vacanciers a accueilli environ 5 à 6 millions de vacanciers l'année dernière.
La baie s'étend de l'ancien jardin d'enfants à l'est à la périphérie de la plage de Shenwa à l'ouest, pour former la plage de Shenwa et sa corniche au pied de la majestueuse montagne, tenant sa conclusion et embrassant le bleu de la mer. Tagourite, Bouharon et Bousmail, et une autre vue du côté ouest de la corniche sur les plages du Belg et la plage bleue, et la personne assise là-bas regardant le bleu et la sérénité de la plage de Shenwa ou du sommet, où la splendeur et la splendeur de la montagne Shenwa.
La première chose que le lecteur doit savoir est que l'emplacement de la plage est très facile et son accès est plus facile.Vous pouvez rejoindre la plage à l'ouest de Tipasa avec une courte distance de pas plus de 2 km en choisissant la route maritime reliant Tipasa et Cherchell, où il y a deux routes reliant les deux villes, dont l'une est au nord du mont Shenoua, qui est la route de la mer. Et une autre au sud de la montagne passe par Sidi Rashid et Nador.
grand bateau d'excursion bleu
Le bateau "Big Blue" situé sur la plage de Shenoua attire de plus en plus de vacanciers ces dernières années, y compris des expatriés et des étrangers, qui représentent 10% du total des vacanciers. Dès son entrée sur la belle plage, il comprend 120 bungalows d'une chambre, une cuisine et une salle de bain, équipés d'une télévision, de la climatisation et d'un réfrigérateur, pouvant accueillir cinq personnes, et 33 chalets de deux chambres pouvant accueillir huit personnes, en plus de 40 tentes et 96 couchettes désignées pour les camps d'été et 4 suites.
Ces dernières années, la plage d'Al-Azraq Al-Kabeer a bénéficié de travaux de rénovation et d'agrandissement, au cours desquels les tentes ont été remplacées par de solides « chalets » et d'autres installations ont été aménagées, telles qu'un restaurant, un théâtre en plein air, un centre commercial centre, un espace dédié à la navigation sur Internet, un parking, un kiosque tabac et journaux, en plus d'un magasin de service téléphonique.
Il ne fait aucun doute que la renommée de la Grande Plage Bleue s'est accrue et s'est étendue en plus de sa beauté en raison de ce que l'on appelait à son sujet un saut qualitatif dans les services disponibles et le calme confortable que tous ceux qui avaient l'intention de toucher dès qu'ils mettre le pied sur la plage, en plus de la propreté que l'on remarque dès que l'on met le pied dans les sables de la Grande Bleue, ce qui a été confirmé par la plupart des vacanciers qui ont eu beaucoup de chance de leur trouver une place sur cette plage pour passer les vacances avant le début de la saison, d'autant plus que toutes les chambres sont louées en un temps record avant le début de la saison estivale.
De plus, la bonne réputation du grand Azraq n'aurait pas été possible sans la mise à disposition de trois éléments de base dans toute installation touristique, à savoir l'attention portée à la sécurité, à la propreté et à l'aspect récréatif, car la direction du bateau met à disposition plusieurs équipes pour nettoyer les différents espaces et la plage, et l'eau est disponible 24h/24, quant à l'électricité, elle dispose La gestion du bateau a récemment acquis un groupe électrogène qui assure la disponibilité du courant à tout moment. Côté divertissement, le plus important en période estivale, des soirées artistiques sont organisées chaque jour spécifiquement pour les femmes et les enfants, tandis que les sportifs ont la possibilité de jouer à la pétanque et au jeu de cartes dit « Labolot ».
Il ne reste plus aux familles chanceuses à passer leurs vacances à la plage « Big Blue » qu'à en profiter à chaque instant au sein de ce lieu pittoresque resplendissant de bleu pour devenir un nom selon son nom, que certains touristes qualifiés de « paradis sur terre », grâce au mont Shenwa, qui en descend et ajoute la confluence des deux couleurs Le bleu et le vert apportent une touche magique supplémentaire au lieu.
https://www-tahwas-net.cdn.ampproject.org/v/www.tahwas.net/%D8%A3%D8%A8%D9%88%D8%A7%D8%A8-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D9%8A%D8%A7%D8%AD%D8%A9/%D8%AE%D9%84%D9%8A%D8%AC-%D8%B4%D9%86%D9%88%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A8%D8%B1%D9%8A%D9%82-%D8%A7%D9%84%D9%86%D8%A7%D8%B5%D8%B9-%D9%84%D9%84%D8%A4%D9%84%D8%A4%D8%A9-%D8%AA%D9%8A%D8%A8%D8%A7%D8%B2%D8%A9/amp/?amp_js_v=a6&_gsa=1&usqp=mq331AQKKAFQArABIIACAw%3D%3D#ampshare=http%3A%2F%2Fwww.tahwas.net%2F%25D8%25A3%25D8%25A8%25D9%2588%25D8%25A7%25D8%25A8-%25D8%25A7%25D9%2584%25D8%25B3%25D9%258A%25D8%25A7%25D8%25AD%25D8%25A9%2F%25D8%25AE%25D9%2584%25D9%258A%25D8%25AC-%25D8%25B4%25D9%2586%25D9%2588%25D8%25A9-%25D8%25A7%25D9%2584%25D8%25A8%25D8%25B1%25D9%258A%25D9%2582-%25D8%25A7%25D9%2584%25D9%2586%25D8%25A7%25D8%25B5%25D8%25B9-%25D9%2584%25D9%2584%25D8%25A4%25D9%2584%25D8%25A4%25D8%25A9-%25D8%25AA%25D9%258A%25D8%25A8%25D8%25A7%25D8%25B2%25D8%25A9%2F
Rédigé le 22/07/2021 à 07:43 dans Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Françoise Chandernagor reprend le fil de sa quadrilogie romanesque consacrée à celle qu’elle appelle « la reine oubliée », la fille du Romain Marc-Antoine et de l’Égyptienne Cléopâtre.
Cléopâtre II Séléné (« La Lune », d’où, peut-être, le caractère mélancolique que lui prête la romancière), est née en 40 av. J.-C., des amours de sa mère, l’illustre reine d’Égypte Cléopâtre VII, avec le général et homme politique romain Marc-Antoine, un proche de Jules César, lequel avait été en son temps également l’amant de la souveraine. Ils avaient eu un fils, Ptolémée XV Philopator Caesar, surnommé Césarion qui, héritier des deux pays, aurait pu unir l’Orient et l’Occident, devenir l’homme le plus puissant de son temps. Un certain Octave, successeur officiel de Jules César et futur empereur Auguste, ne l’a pas permis.
Après avoir écrasé la flotte de Marc-Antoine et Cléopâtre à Actium en -31, et ses ennemis s’étant suicidés, on pense qu’il fit exécuter Césarion, son dangereux rival dans sa marche vers le trône. En revanche, concernant la jeune Cléopâtre, éphémère souveraine de Syrie, Octave fit preuve de plus de mansuétude. L’adolescente fut envoyée à Rome, élevée au sein même de la famille impériale comme une hôte de marque. C’est là qu’elle connut Juba, un Numide, fils du roi Juba Ier, partisan de Pompée, l’adversaire de César, vaincu à Thapsus en -46. Celui-là aussi, né en -40, fut élevé sur le Palatin, avant de rentrer dans son pays et de devenir roi de Maurétanie (Algérie-Maroc actuels). Il était aussi beau que sage, empreint de culture grecque, philosophe proche des épicuriens, écrivain, auteur notamment de traités d’esthétique, tous perdus hélas. C’est Auguste en personne qui organisa le mariage des deux jeunes princes, pour des raisons géopolitiques évidentes, leur union devant cimenter l’ordre romain sur l’autre rive de la Méditerranée, et jusqu’en Orient. On peut considérer qu’il a réussi son coup.
Si, d’après Françoise Chandernagor, Séléné, nostalgique de ce trône d’Égypte qui lui avait été ravi (selon la tradition des Pharaons, elle aurait dû s’unir à son demi-frère Césarion et régner à ses côtés), détestait Auguste et les Romains en général, complotant même contre leur domination, Juba, lui, fut un allié fidèle et loyal de Rome, un excellent administrateur. Qui, lorsqu’il guerroyait, n’hésitait pas à confier le gouvernement à son épouse, laquelle résidait essentiellement à Césarée (l’actuelle Cherchell, en Algérie, non loin de la Tipasa si chère à Albert Camus).
Son autre capitale était Volubilis, dans le Maroc actuel, non loin de Meknès. Ce qu’il y a d’unique, dans le couple Juba-Cléopâtre, c’est que leurs enfants possédaient un des patrimoines génétiques les plus mêlés et les plus méditerranéens qui soient. Qu’on en juge : berbères du côté paternel, mais hélléno-égypto-romains du côté maternel.
Ces éléments historiques sont importants, si l’on veut bien comprendre le contexte géopolitique de l’époque et du roman, ainsi que les chimères de reconquête de la jeune reine. Elle n’y parviendra pas, morte vraisemblablement en 5 ap. J.-C., son époux lui survivant jusqu’en 23. Mais cela, Françoise Chandernagor le contera peut-être dans Le Jardin de cendres, à paraître, qui achèvera sa quadrilogie. Pour le moment, L’Homme de Césarée est centré autour de Juba, et de sa vie, pas toujours facile, avec Cléopâtre. Histoire agitée, tumultueuse, guerres, séparations, mais aussi retrouvailles passionnées. Historienne, maître ès-roman historique depuis sa fameuse Allée du roi (Julliard, 1981), l’Académicienne Goncourt a évidemment bossé son sujet et sa période. Mais elle n’hésite pas, en toute liberté, à prendre la parole, à émettre un jugement, à mêler son grain de sel, commentant l’attitude de tel ou tel de ses personnages avec notre logique contemporaine. C’est érudit, savoureux, moderne, parfaitement réussi. Et, quoique volumineux, ça se dévore.
OLJ / Par Jean-Claude Perrier, le 04 mars 2021
https://www.lorientlejour.com/article/1254025/cleopatre-fille-de-cleopatre.html
Buste de Cléopâtre Séléné II
Cléopâtre Séléné II, parfois appelée Cléopâtre VIII, née le 25 décembre 40 avant notre ère et morte v. 5 de notre ère, est la fille de Cléopâtre VII et de Marc Antoine et la sœur jumelle d'Alexandre Hélios.
Cléopâtre Séléné est enterrée avec son époux Juba II dans une tombe monumentale appelée le « tombeau de la Chrétienne ». Certains commentateurs estiment que cette dénomination viendrait des croix qui ont été gravées ultérieurement sur les fausses-portes du monument. Toutefois, l'identité de tous ceux qui ont été enterrés dans ce mausolée n'est pas connue.
Situé près de Tipaza en Algérie à une soixantaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, le tombeau royal s'inspire de l'architecture funéraire hellénistique héritée d'Alexandrie, ainsi que de celle des tombeaux royaux classiques de l'époque tels qu'on pouvait en voir à Rome6.
Édifié sur plan circulaire, il est constitué d'un tambour massif et monumental orné de soixante demi-colonnes d'ordre ionique et coiffé d'un tumulus en maçonnerie qui, initialement, devait, soit être planté d'arbres, soit orné de statues et autres éléments architecturaux disparus depuis longtemps.
Le tombeau possède quatre portes monumentales disposées aux quatre points cardinaux, dont trois fausses-portes et une seule donnant réellement accès à la galerie interne. Cette dernière adopte un plan également circulaire avant de bifurquer vers les appartements funéraires constitués d'une antichambre et du caveau royal dans lequel devaient se trouver les sarcophages de Cléopâtre et de son époux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9op%C3%A2tre_S%C3%A9l%C3%A9n%C3%A9_II
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Rédigé le 12/07/2021 à 21:27 dans Culture, Histoire, Poésie/Littérature, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
OLJ/AFP / le 08 février 2015 à 00h13
Grande voix de l'émancipation des femmes musulmanes et du dialogue des cultures, l'écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française, s'est éteinte vendredi à Paris à l'âge de 78 ans. La romancière, décédée dans un hôpital parisien, sera enterrée, selon ses voeux, dans son village natal de Cherchell, à l'ouest d'Alger, la semaine prochaine, selon la radio publique algérienne.
Son décès a également été annoncé samedi par sa famille dans un faire part diffusé sur le site internet du Cercle des amis d'Assia Djebar, une association qui organise des évènements littéraires et cinématographiques autour de son oeuvre.
Le président français François Hollande a rendu hommage "à cette femme de conviction, aux identités multiples et fertiles qui nourrissaient son oeuvre, entre l'Algérie et la France, entre le berbère, l'arabe et le français".
Figure majeure de la littérature maghrébine d'expression française, Assia Djebar a publié une vingtaine de romans, témoignages, recueils de poèmes, traduits dans autant de langues. Elle était aussi cinéaste.
Lauréate en 2000 du prix allemand de la Paix, élue à la prestigieuse Académie française en juin 2005, elle fut citée à plusieurs reprises pour le prix Nobel de littérature.
De son vrai nom Fatima Zohra Imalayène, cette fille d'instituteur, née le 30 juin 1936 à Cherchell, à 150 km à l'ouest d'Alger, publie son premier roman, "La soif", à l'âge de 19 ans. Son nom de plume, Assia, signifie "la consolation", et Djebar, "l'intransigeance".
Première femme musulmane admise à l'Ecole normale supérieure de Paris en 1955, elle défend dans son oeuvre pendant plus d'un demi-siècle le droit des femmes, prônant l'émancipation des musulmanes.
Elle prend dans sa jeunesse le parti de l'indépendance de l'Algérie, alors sous domination française, mais décide d'écrire en français. Elle enchaîne les romans jusqu'au milieu des années 1960, "Les impatients" (1958), "Les enfants du nouveau monde" (1962)...
De retour dans son pays, elle enseigne plusieurs années l'histoire à l'université d'Alger.
Héritière de deux cultures, maghrébine et occidentale, elle s'oppose à l'arabisation forcée de son pays et revient à l'écriture dans les années 1980. Elle publie alors ses romans les plus connus, "L'amour, la fantasia" (1985) ou "Ombre sultane" (1987), qui plaident pour la démocratie, les droits des femmes et le dialogue des cultures.
Son oeuvre évoque ensuite le sort des femmes et des intellectuels confrontés à l'intolérance et à la violence des années 1990 en Algérie.
Le français, 'tempo de ma respiration'
Elle choisit de retourner vivre à Paris, en 1980. Sa vie est consacrée presque exclusivement à son travail d'écriture: romans, essais, théâtre, travail critique.
En 1999, elle est élue à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Six ans plus tard, elle devient la première personnalité du Maghreb, et l'une des rares femmes, élue à l'Académie française. Le jour de sa réception, elle évoque l'"immense plaie" laissée par le colonialisme sur sa terre natale et son attachement fusionnel à la langue française, "lieu de creusement de mon travail, tempo de ma respiration au jour le jour".
Dans son dernier livre, "Nulle part dans la maison de mon père" (Fayard), en 2007, récit autobiographique et pèlerinage de la mémoire, Assia Djebar ressuscite une trajectoire individuelle qui se confond avec celle de son peuple.
Pendant des années, Assia Djebar est rentrée régulièrement en Algérie. Elle n'y est retournée qu'une fois durant la décennie noire, pour l'enterrement de son père. En juin 2005, le gouvernement algérien avait salué son élection à l'Académie française comme "une fierté nationale".
Son oeuvre littéraire est traduite en 23 langues. Une vingtaine d'ouvrages en français, en anglais, en allemand et en italien portent sur l'étude de son oeuvre.
L'écrivaine, qui enseigna aussi plusieurs années la littérature française aux Etats-Unis, à la Louisiana State University de Baton Rouge puis à la New York University, était également cinéaste. Elle avait notamment réalisé "La Nouba des femmes du mont Chenoua" (prix de la critique internationale à Venise en 1979) sur la tribu de sa mère.
OLJ/AFP / le 08 février 2015 à 00h13
https://www.lorientlejour.com/article/910335/assia-djebar-grande-voix-de-lemancipation-des-musulmanes.html
Poèmes pour l'Algérie heureuse
~~~Assia Djabar ~~~
Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
On me fouette à Azazga
Un chevreau court sur la Hodna
Des chevaux fuient de Mechria
Un chameau rêve à Ghardaia
Et mes sanglots à Djémila
Le grillon chante à Mansourah
Un faucon vole sur Mascara
Tisons ardents à Bou-Hanifia
Pas de pardon aux Kelaa
Des sycomores à Tipaza
Une hyène sort à Mazouna
Le bourreau dort à Miliana
Bientôt ma mort à Zémoura
Une brebis à Nédroma
Et un ami tout près d'Oudja
Des cris de nuit à Maghnia
Mon agonie à Saida
La corde au cou à Frenda
Sur les genoux à Oued-Fodda
Dans les cailloux de Djelfa
La proie des loups à M'sila
Beauté des jasmins à Koléa
Roses de jardins de Blida
Sur le chemin de Mouzaia
Je meurs de faim à Médea
Un ruisseau sec à Chellala
Sombre fléau à Medjana
Une gorgée d'eau à Bou-Saada
Et mon tombeau au Sahara
Puis c'est l'alarme à Tébessa
Les yeux sans larmes à Mila
Quel Vacarme à Ain-Sefra
On prend les armes à Guelma
L'éclat du jour à Khenchla
Un attentat à Biskra
Des soldats aux Nementcha
Dernier combat à Batna
Neiges dans le Djurdjura
Piéges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
Un air de fête au coeur d'El Djazira 😘
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Rédigé le 12/07/2021 à 20:04 dans Poésie/Littérature, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Tipasa, qui s’étend sur une superficie de 2166 km2, nichée dans une baie à l’ouest d’Alger et à l’est de Cherchell, subit aujourd’hui de sérieux problèmes écologiques.
Elle exerce aussi moins de séduction sur le visiteur qu’autrefois à cause d’un urbanisme anarchique et la restauration inappropriée du port. De prime abord, ce dernier nous introduit dans une atmosphère plutôt belliqueuse. Sa réfection hâtive n’a pas pris en considération les particularités locales: Vestiges romains, Beauté du site, Vocation touristique. La wilaya aurait dû demander l’avis des artistes locaux sur les techniques de restauration du port avant de s’engager dans les travaux durables nécessitant un budget faramineux.
Ceux qui ont déjà vu Tipasa il y a deux ou trois décennies, se croiraient dans le port de Purl Aarburg. Des avions de combat invisibles vrombissent au-dessus de vos têtes pour neutraliser des bâtiments de guerre. Ils perturbent ainsi la quiétude vespérale et impriment sur le visage une peur morbide du premier conflit mondial. Les quelques espèces marines ont déjà fui au large à cause de la pollution, des travaux assourdissants et surtout des énormes pierres grises sentant l’odeur des dynamites.
Les milliers de grosses pierres apportées par camion pour renforcer l’ancien port réduisent la portée du regard et brident l’imagination. Selon certains autochtones, ils altèrent même l’aspect du port vu de la mer et suscitent par conséquent la répulsion. Pire encore, au mois de mars 2007, au moment des travaux, la majestueuse statue de Sainte Salsa, érigée au petit port, a été détrônée alors qu’elle priait en direction de l’Amérique. Son histoire ne relève nullement d’un mythe. La victime n’a même pas eu le temps nécessaire de faire ses adieux aux visiteurs qui l’avaient prise en photos et filmée. Aucune justification n’a été également donnée à la presse sur la décapitation de cette païenne de 14 ans, que les romains précipitèrent dans la mer après son insurrection contre leur idolâtrie. Son élimination, par ignorance de l’importance de l’Histoire ancienne, soulève la colère et l’indignation des villageois car c’est une partie de notre civilisation qui vient d’être annulée. C’est un chainon important de l’Antiquité qu’on a retiré du Grand Musée que représente Tipasa. On se comporte comme si l’histoire de nos prédécesseurs est obsolète et ne constitue nullement une dimension essentielle de nous-mêmes. Puisque les symboles sont inutiles, débarrassons Khenchela de son Bélier, Sétif de sa Fouara et Mascara de l’Emir Abdelkader. Par extension, à la manière des nihilistes, assassinons tous nos Symboles Historiques et coupons tous les cordons ombilicaux qui relient notre Pays à son Passé de Prestige, de Fierté, de Lutte et de Gloire. Notre modernisme obnubilé par l’Occident désapprouve, semble-t-il, la référence au passé et n’aime pas s’encombrer de la promiscuité de dates et d’événements sans importance pour la panse.
Qui connaît l’histoire authentique de Sainte Salsa et celle de Juba II? Personne, par manque de conférences organisées par les archéologues et les historiens. Aujourd’hui, leurs monuments, la grande basilique et le tombeau de la Chrétienne labyrinthique ne suscitent plus la curiosité. La cathédrale, négligeable et sans entretien, autour de laquelle se rassemblent les tombes, est devenue un lieu d’urines et de défécation pour les promeneurs. Donnons à cette Martyre toute l’Importance qu’elle mérite et ré intronisons-la au Petit Port d’où elle fut retirée morte des flots par un gaulois. La Wilaya, occupée à répondre aux exigences croissantes et interminables des habitants, aurait dû consulter les archéologues avant la destruction de ce Symbole. Si Albert Camus vivait encore, il se révolterait contre cette atteinte au patrimoine historique et surtout aux particularités et à l’authenticité du village.
Tipasa constitue indéniablement une intarissable source d’inspiration pour sculpteurs, peintres, poètes et romanciers. Elle contraint les visiteurs à l’immersion dans les abysses de la Cité Antique. Grâce à ce ressourcement, ils émergent à la surface du présent avec des richesses inestimables. Ce microcosme de catharsis et de thérapie naturelle conférait la sérénité à tous les étrangers qui effectuaient leur première visite exploratoire dans le respect des défunts alignés dans la petite et grande nécropole. Chaque pierre interrogée affichait un pan de civilisation, aujourd’hui victime de l’indifférence et du vandalisme.
Pour le visiteur lucide, le port actuel étrangle le nord du village de ses deux mains inexorables. Les mégalithes, apportés du massif du Chenoua afin de stopper les vagues, qui redoublent de férocité en hiver, conspirent à ternir quelque peu la splendeur de Tipasa et à atténuer le chatoiement de la mer en été. Pour que le regard se libère du rempart des mégalithes et embrasse la mer évanescente, il faut que le visiteur escalade les côtes ou prenne de l’altitude jusqu’à surplomber les bâtiments et les maisons aux tuiles rougeâtres. Il peut également opter pour l’ascension du phare à l’accès aujourd’hui interdit pour des raisons de sécurité.
C’est en ce lieu de prédilection que se réfugiaient les bibliophiles pour communier avec les éléments de la Nature et se saouler de lectures ou de Logos. Il est recommandé de réactiver la méditation sur «Noces à Tipasa et printemps à Djemila» pour comprendre le panthéisme camusien et surtout retrouver la pureté et l’originalité de la Cité. Avec la libération des essences, vous sentez des frissons de plaisir parcourir votre corps et revigorer votre Sang. Ici, l’omniprésence de l’Histoire dispense des leçons aux profanes sur la quintessence et l’alchimie propres aux Pierres Séculaires.
Dès votre arrivée, vous fascine la configuration, surtout les métaphores impressionnantes créées par le Chenoua impassible et vous attirent l’haleine de la sardine grillée sur la braise et le relent des repas en préparation dans les gargotes et les restaurants. Dans le petit port dodelinent les embarcations des pêcheurs accoutumées aux risques du large et sur les terrasses des cafés donnant sur la mer, les consommateurs imperturbables sirotent leurs boissons au rythme du rai qui braient jusqu’à indisposer les divinités dans leur sommeil. Toutefois, l’horizon se dérobe au visiteur attablé dans les cafés construits avec illégalité et impunité sur les vestiges. A Tipasa, l’insatiabilité et surtout l’esprit du lucre transgressent toutes les lois visant la préservation du patrimoine archéologique. L’instinct de consommation qui caractérise notre ère, assouvit ses frustrations même sur les ossements des défunts qui redoutent les moindres actes profanateurs des vie-vents. Drôle de société où les morts nourrissent en abondance les humains et les divertissent en été sur la grande place du port jusqu’au petit matin.
De nos jours, le regard n’interroge plus le mutisme des monuments, le livre ne se lit plus et la culture n’intéresse quasiment plus personne : logorrhée stérile, nourriture et obsession du sexe ont le primat sur tout le reste. Si Tipasa focalise l’attention c’est parce qu’on a privilégié l’insatiabilité de la panse au lieu de la pensée. Les chansons du rai qui s’égosillent libèrent l’appétit pour multiplier le profit des établissements de consommation. En outre, en l’espace de quelques années, le béton a chassé toutes les terres agricoles entourant le village. Tipasa saigne et émet des cris de détresse. A l’instar des Vautours insatiables, on extrait des pierres qui regorgent de messages, la moindre miette consommable, le moindre espace rentable, la moindre pièce de monnaie encaissable pour accélérer l’enrichissement par discrédit de l’archéologie et inapplication des lois.
Bon nombre de prédateurs, des couples surtout, viennent à Tipasa pour le dépaysement mais aussi pour les repas face à la mer et l’approfondissement de la compréhension mutuelle dans la discrétion en perspective d’une Union. Ceux qui déjeunent à l’extérieur, dans les vestiges, laissent sur place des sachets et bouteilles en plastique, des canettes de bière et différents papiers d’emballage. Des filles de joie s’y rendent aussi, les jours de semaine pour offrir leur service. Depuis le départ de Monsieur Bouchenaki, les ruines romaines sont livrées à la dégradation, faute de budget alloué par le ministère de la culture pour la défense, l’entretien et la relance des fouilles dans les sites archéologiques. Le 26 septembre 2005, sans système d’alarme, le musée de Tipasa situé juste au-dessus du port, a fait l’objet d’un vol en plein jour : trois pièces en or et une en bronze y ont été dérobées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les voleurs connaissent parfaitement la Valeur marchande des Objets exposés dans les musées. Ils ne se soucient pas de leur valeur culturelle. Les responsables se sont contentés seulement de déposer une plainte contre X.
Rendons à Tipasa ses joyaux : le port restauré de manière irréfléchie et surtout sans Sainte-Salsa nuit à la réputation de la ville étroitement liée aux vestiges, au scintillement de la mer en toute saison, à la diversité des parfums au printemps, aux myriades de couleurs de la terre et surtout au Soleil qui déteint en toute saison sur le paysage en perpétuel changement. La meilleure science demeure bien celle forgée par le Site. Ce dernier sauvegarde l’authenticité des deux villages, l’Antique et le Moderne qui coexistent dans la contradiction et les oblige à survivre à toutes les secousses du Temps.
Les sensations agréables ne vous envahissent que lorsque Tipasa se déhidjabe sous la curiosité du regard et l’effort de l’ascension. Encore marquée par les valeurs morales de Venus Pudeur, elle vous offre à court terme, d’abord un sourire d’accueil, ensuite un jaloux pan du ciel, enfin sa sensuelle chair intégrale. A l’extrémité nord du promontoire, comportant une vaste esplanade et d’autres monuments, le phare s’approprie pour l’éternité le ciel étoilé et balaie de ses faisceaux de lumière le large pour rassurer les barques de pêcheurs. La ville de Tipasa ne palpite et s’anime que par les veillées forcenées sous les lumières et la vigilance de ce grand il. Elle lève parfois les bras au ciel, sollicitant l’intercession des Totems pour se protéger contre les convoitises fatales. Les dieux, pendant les pénibles travaux, y ont semé abondamment leur énergie. Les messages sur le savoir-faire, l’éthique et l’esthétique s’accumulent depuis l’aube des temps. Ils ne se décodent que par la vertu des sens et la perspicacité de l’esprit. Le visiteur doit comprendre le langage du Silence et des Pierres pour retourner chez lui stupéfait des héritages qui se transmettent à travers les âges.
Les bâtisseurs de civilisations baignent de sueur au moment de la construction d’édifices majestueux comme les grandes basiliques et le Tombeau de la Chrétienne de Juba II, qui confirment le génie à l’origine de la puissance des empires. Pour changer d’époque et mieux voir cette sueur qui suinte à travers les pierres, il importe d’effectuer une visite dans l’après-midi. A ce moment de la journée, les divinités surpris par votre présence vous raconteront sans exagération les exploits inouïs qui font l’orgueil du Passé. La visite du parc archéologique vous confère d’autres yeux pour voir l’imperceptible, d’autres oreilles pour appréhender l’inaudible, une fine faculté olfactive pour s’extasier des parfums les plus subtiles, une autre langue pour exprimer l’ineffable. Une superposition d’univers, aussi envoutants les uns que les autres émergent alors à l’occasion inespérée de cette rétrospection génératrice tantôt de choc bienfaisant, tantôt de frissons de plaisir. Seule votre peau suffocante restera collée à votre corps en prise avec les hallucinations.
Cependant, l’exploitation de Tipasa à des fins lucratives, annule les librairies et l’investissement dans le livre. En outre, la récente bibliothèque de la wilaya, gérée par la compétence et le dynamisme de Mme Sebbah, ne connaît pas encore un taux de fréquentation élevé en dépit de l’important calendrier culturel programmé, la diversité et le nombre impressionnant de volumes. Là aussi, la pathologie de la bouffe a inhumé l’Amour du livre et le plaisir intense qu’il procure aux bibliophiles! Les enseignants des différents cycles, la presse écrite et surtout la radio locale implantée à proximité doivent faire preuve de pragmatisme dans la sensibilisation des élèves à l’importance du livre, à l’écologie et à l’archéologie. Une partie de notre jeunesse a déjà succombé à l’Instinct de consommation bestiale et au Virus irrésistible de la communication infertile des portables et de l’Internet.
Mes contemporains captifs de la vitesse des temps modernes sont atteints de cécité. Ils ne parviendront jamais à décrypter les messages de leurs prédécesseurs communiqués par différentes formes d’expression. L’Histoire ne se définit pas seulement comme une succession de tragédies mais aussi comme une complémentarité des peuples et de leurs apports au bénéfice de l’humanité.
La réussite n’est souvent que le résultat d’un échec. Nous devons en tirer des leçons. Chez nous, il est dommage qu’on ne sache pas analyser l’échec dans les différents domaines de la vie sociale pour surmonter les obstacles, progresser avec prudence et apporter, à l’instar de bon nombre de peuples, notre humble contribution au patrimoine de l’humanité.
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par Abdelkader Ferhi
Poète, professeur de lettres françaises
Rédigé le 26/04/2021 à 16:32 dans Poésie/Littérature, Tourisme, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
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