u quatrième mois de conflit entre Israël et le Hamas palestinien, les tensions se multiplient. Le ministère de la Santé du Hamas dans la bande de Gaza annonce la mort de deux journalistes palestiniens. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est en Jordanie.
Le ministère de la Santé du Hamas dans la bande de Gaza a indiqué dimanche qu’une frappe aérienne israélienne avait tué deux journalistes palestiniens. Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste collaborant avec l’AFP, et Hamza Waël Dahdouh, journaliste de la chaîne Al-Jazeera, ont été tués alors qu’ils circulaient en voiture, ont indiqué le ministère et des secouristes.
Waël al-Dahdouh, père de Hamza al-Dahdouh, est le chef du bureau d’Al-Jazeera dans la bande de Gaza. Il a récemment été blessé dans une frappe israélienne. Waël al-Dahdouh avait déjà perdu son épouse et deux enfants dans une autre frappe israélienne au cours des premières semaines de la guerre. Moustafa Thuraya collaborait avec l’AFP depuis 2019.
Au 31 décembre, au moins 77 journalistes et professionnels des médias avaient été tués depuis le début le 7 octobre de la guerre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, selon le Comité pour la protection des journalistes. Parmi ces journalistes, 70 étaient palestiniens, quatre israéliens et trois libanais.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré samedi de poursuivre jusqu’à la « victoire complète » sa guerre contre le Hamas, qui entrera dimanche dans son quatrième mois, transformant Gaza en « lieu de mort » selon l’ONU et alimentant les craintes d’une contagion au Liban voisin.
Dans la journée, l’armée de l’air israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières du nord au sud de la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, tandis que la tension est montée à la frontière israélo-libanaise.
« La guerre ne doit pas s’arrêter tant que nous n’aurons pas atteint » tous ses objectifs, qui sont « d’éliminer le Hamas, récupérer les otages et faire en sorte que Gaza ne soit plus une menace pour Israël », a déclaré Benjamin Netanyahu, dans un communiqué concluant trois mois de conflit.
L’armée israélienne a peu après annoncé avoir « achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza ». Dans cette zone, « il y a encore des terroristes agissant de façon sporadique et sans commandement », a déclaré le général Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, mais les opérations se concentrent « désormais sur le démantèlement du Hamas dans le centre et le sud ».
« Nous devons nous assurer que le conflit ne se propage pas » a de son côté souligné le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, lors d’une étape en Crète, avant son arrivée dans la soirée à Amman pour y entamer une tournée dans des pays arabes et en Israël.
« L’une des véritables préoccupations est la frontière entre Israël et le Liban et nous voulons faire tout notre possible pour nous assurer qu’il n’y ait pas d’escalade », a-t-il ajouté.
Le Hezbollah libanais pro-iranien a tiré des dizaines de roquettes vers une base militaire à Meron dans le nord d’Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l’élimination, attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, mardi près de Beyrouth.
L’armée israélienne a indiqué avoir frappé en retour « une série de cibles terroristes » du mouvement chiite libanais dans le sud du Liban.
Selon l’Agence nationale d’information libanaise (ANI), des frappes israéliennes ont visé plusieurs villages et villes du sud du Liban, blessant une réfugiée syrienne. Six combattants ont été tués, selon le Hezbollah, un allié du Hamas.
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque inédite sur le sol israélien le 7 octobre, fatale à environ 1.140 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien. Environ 250 personnes ont été enlevées dont une centaine libérées lors d’une trêve fin novembre.
Des familles des otages israéliens se sont par ailleurs rassemblées à Tel-Aviv dans la soirée, sous le slogan « Nous ne pouvons pas atteindre 100 jours, ramenez les otages maintenant! ».
Les opérations israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 22.722 morts, majoritairement des femmes, enfants et adolescents, et plus de 58.000 blessés, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
L’offensive israélienne a rasé des quartiers entiers de Gaza et déplacé 1,9 million de personnes - 85% de la population d’après l’ONU - qui manquent d’eau, de nourriture, de médicaments et de soins, avec des hôpitaux pour la plupart hors service.
La bande de Gaza est « tout simplement devenue inhabitable », « un lieu de mort et de désespoir » a déploré le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. Selon l’Unicef, les combats, la malnutrition et la situation sanitaire menacent « plus de 1,1 million d’enfants » dans ce petit territoire surpeuplé et paupérisé.
Éviter l'escalade
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken poursuit dimanche en Jordanie une intense séquence diplomatique au Moyen-Orient appelant à éviter à tout prix un embrasement du conflit dans la bande de Gaza et prévenir « un cycle sans fin de violences ».
Blinken, arrivé à Amman la veille au soir, doit avoir des entretiens avec le roi de Jordanie Abdallah II notamment et visiter un centre du Programme alimentaire mondial dans la capitale jordanienne, selon un haut responsable américain dans son entourage.
Lors d’une brève allocution samedi soir sur le tarmac de l’aéroport de La Canée en Crète, en Grèce, il avait affirmé que « nous devons nous assurer que le conflit ne se propage pas ».
« L’une des véritables préoccupations est la frontière entre Israël et le Liban et nous voulons faire tout notre possible pour nous assurer qu’il n’y ait pas d’escalade », a-t-il ajouté.
Le mouvement islamiste libanais Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes dans le nord d’Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l’élimination, attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas mardi près de Beyrouth.
« On veut s’assurer que les pays qui pensent de même utilisent leurs liens, leur influence, leurs relations avec certains des acteurs qui pourraient être impliqués pour garder le contrôle des choses, afin de s’assurer que le conflit ne s’étende pas », a encore dit M. Blinken, citant en particulier le « rôle vital » que peut jouer la Turquie à cet égard, après s’en être entretenu samedi à Istanbul avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
La guerre sans répit entre Israël et le Hamas palestinien, entré dimanche dans son quatrième mois, suscite les craintes d’un débordement avec la multiplication des violences non seulement à la frontière israélo-libanaise, mais aussi en Irak, en Syrie et en mer Rouge.
Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 22.600 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Blinken, dont le pays est le premier soutien politique et militaire d’Israël, a insisté sur le caractère « impératif » d’accroître l’aide humanitaire à la population palestinienne de Gaza, « de réduire le nombre des victimes civiles, de travailler à une paix régionale durable et d’avancer vers l’établissement d’un État palestinien ».
Ce qui se passera dans la période d’après-guerre sur la reconstruction à Gaza et sa gouvernance seront également au centre des entretiens du chef de la diplomatie américaine avec ses partenaires arabes, même si ces derniers réclament avant tout à ce stade un cessez-le-feu durable.
Après la Jordanie, M. Blinken s’envolera pour le Qatar, qui a joué un rôle de médiateur dans la trêve entre Israël et le Hamas palestinien fin novembre.
Il achèvera la journée à Abou Dhabi, avant de se rendre lundi en Arabie saoudite, puis en Israël où il s’attend, de son propre aveu, à avoir des conversations qui ne seront « pas faciles »
« Israël a proclamé son objectif d’éradiquer le Hamas. Il doit y avoir un autre moyen d’éradiquer le Hamas qui ne provoquerait pas autant de morts », a plaidé samedi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en visite au Liban. Il a aussi jugé « absolument nécessaire d’éviter que le Liban ne soit entraîné dans un conflit régional ».
Agence France-Presse
7 janvier 2024 à 09h20
https://www.mediapart.fr/journal/international/070124/le-ministere-de-la-sante-du-hamas-annonce-la-mort-de-deux-journalistes-palestiniens
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