Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF La Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu vendredi son arrêt concernant la plainte déposée par l'Afrique du Sud contre Israël pour génocide commis à Ghaza. Si l'arrêt ne fait pas clairement appel à un cessez-le-feu, les dispositions provisoires énoncées, hier, à l'adresse de l'entité sioniste ne peuvent pas être appliquée s'il n'y a pas un arrêt des bombardements israéliens. Une des plus importantes décisions prononcées hier est que la « CIJ se déclare compétente pour statuer sur l'affaire » portée devant elle par l'Afrique du Sud et « ordonne à Israël de prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide dans la bande de Ghaza et de présenter un rapport dans un mois ». L'arrêt de la Cour a été prononcé quelques heures après un nouveau bilan des victimes palestiniennes à Ghaza, au 112e jour de l'agression israélienne. Le nouveau bilan des victimes, annoncé par le ministère de la Santé à Ghaza, s'élève à 26.083 martyrs et 64.487 blessés. Le ministère a expliqué que l'occupation a commis, jeudi 19 massacres, faisant 183 martyrs et 377 blessés, au cours de la journée de jeudi. La veille, c'est-à-dire mercredi, l'armée israélienne avait commis 21 massacres, faisant 200 morts et 370 blessés. Vendredi Israël a continué ses bombardements contre les civils à Ghaza, au moment où le monde entier attendait l'arrêt de la Cour internationale de Justice. Une manière pour l'entité sioniste, habituée à l'impunité pour ses crimes, de montrer son total dédain pour toute juridiction qui viendrait à lui demander des comptes. Les bombardements d'hier ont fait des dizaines de martyrs et de blessés. Le porte-parole du ministère de la Santé, Dr Ashraf Al-Qudra, a déclaré hier que les environs du Complexe médical Nasser à Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza, continuaient à être soumis à de lourds bombardements d'artillerie, et que les soldats israéliens tiraient massivement à l'intérieur du complexe médical et sur les bâtiments, mettant en danger la vie de toutes les personnes qui s'y trouvaient. Le ministère de la Santé décrit également des « conditions catastrophiques » dans cet hôpital, précisant que « 150 employés, 350 patients et des centaines de familles déplacées se trouvaient dans le Complexe médical Nasser ». Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté hier qu'un bombardement d'une maison, à l'ouest du camp Al-Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza, a fait 11 martyrs, dont un journaliste et des membres de sa famille, et plusieurs autres blessés.
Les détails de l'arrêt de la CIJ Dans son arrêt, la Cour de internationale de Justice (CIJ) s'est déclarée «compétente pour statuer sur l'affaire» qui lui a été soumise par l'Afrique du Sud contre Israël. La Cour a également ordonné à Israël de « prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide dans la bande de Ghaza et de présenter un rapport dans un mois, concernant toutes les mesures temporaires imposées », de « prendre des mesures immédiates pour améliorer la situation humanitaire et empêcher la destruction, dans la bande de Ghaza », et de « prévenir et punir l'incitation au génocide dans la bande de Ghaza ». La CIJ affirme que « Israël doit permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Ghaza » et l'oblige à « prendre davantage de mesures pour protéger les Palestiniens » sans, toutefois, lui ordonner de mettre fin à ses opérations militaires. Le tribunal a souligné que sa décision impose des « obligations juridiques internationales à Israël » qui doit « garantir la satisfaction immédiate des besoins humanitaires urgents dans la bande de Ghaza ». L'Afrique du Sud: «Une étape importante» Dans un communiqué rendu public, quelques minutes après la lecture de l'arrêt, qui a duré environ une heure, le gouvernement sud-africain a salué ce qu'il a appelé une « victoire décisive » pour l'État de droit international. Tout en remerciant la CIJ pour sa décision rapide, le gouvernement a déclaré qu'il se félicitait des « mesures provisoires » et qu'il espérait sincèrement qu'Israël n'agirait pas pour contrecarrer l'application des ordonnances de la Cour. Pour le gouvernement sud-africain, cette décision marque « une étape importante dans la recherche de la justice pour le peuple palestinien », ajoutant que l'Afrique du Sud continuera à « agir au sein des institutions internationales pour protéger les droits des Palestiniens de Ghaza». Devant le parvis du siège de la CIJ à La Haye, Naledi Pandor, la ministre sud-africaine des relations internationales, a déclaré, hier, que l'arrêt de la Cour équivaut à un cessez-le-feu. «Si vous lisez l'ordonnance, un cessez-le-feu est implicitement nécessaire», a déclaré Mme Pandor aux journalistes, ajoutant qu'Israël devra cesser son intervention militaire à Ghaza s'il veut respecter les ordres de la plus haute juridiction des Nations unies». «Comment fournir de l'aide et de l'eau sans cessez-le-feu ? Si vous lisez l'ordonnance, vous constaterez qu'un cessez-le-feu est implicitement nécessaire», a déclaré M. Pandor. «C'est un jugement décisif pour tous ceux qui veulent la paix en Palestine», a déclaré aussi à la presse Fikile Mbalula, secrétaire général du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir. Le Hamas et l'Autorité palestinienne satisfaits Les principales réactions en Palestine sont venues de Sami Abu Zuhri, chef du département politique du Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) à l'étranger, et de Riyadh Maliki, ministre palestinien des Affaires étrangères. Le chef du département politique du Hamas à l'étranger, Sami Abu Zuhri, a déclaré à Reuters que la décision de la Cour internationale de Justice « est un développement important qui contribue à isoler Israël et à dénoncer ses crimes à Ghaza». Il a appelé à «obliger l'occupation à mettre en œuvre les décisions de la CIJ» Riyadh Maliki a publié une déclaration dans laquelle il affirme: «La Palestine se félicite de l'ordonnance importante rendue par la Cour internationale de Justice dans l'affaire opposant l'Afrique du Sud à Israël au titre de la convention sur le génocide». «À la lumière des preuves irréfutables présentées à la Cour concernant le génocide en cours, la CIJ a ordonné ces mesures conservatoires », indique Maliki, ajoutant que cette décision « est un rappel important qu'aucun État n'est au-dessus de la loi ou hors de portée de la justice ». « Elle rompt avec la culture bien ancrée de criminalité et d'impunité qui caractérise l'occupation, la dépossession, la persécution et l'apartheid que pratique Israël depuis des décennies en Palestine », ajoute le communiqué. Le MAE de la Palestine « demande à tous les États de veiller au respect de la décision de la Cour internationale de Justice, y compris par Israël ». « Les gouvernements doivent s'assurer qu'ils ne sont pas complices de ce génocide, en commençant par arrêter le commerce des armes avec Israël. Les gouvernements doivent également s'efforcer de mettre fin au massacre industriel et à la destruction à Ghaza. Il s'agit désormais d'une obligation juridique contraignante », affirme encore Riyadh Maliki dans sa déclaration. Et de conclure que la Palestine « continuera à travailler avec ses alliés pour garantir la fin du génocide, et pour obliger Israël de rendre des comptes pour ses crimes atroces ». Netanyahu: «L'arrêt de la CIJ est une honte» Tout en ordonnant aux membres de son gouvernement de ne pas commenter la décision de la Cour internationale de Justice, le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu, a déclaré que la volonté de la CIJ à discuter des « allégations de génocide contre Israël est « une honte qui ne sera pas effacée, génération après génération ». Dans un déni total de la réalité, Netanyahu affirme que l'entité d'occupation mène une « guerre juste comme aucune autre » et que son « engagement envers le droit international » est « inébranlable ». Et malgré que les bilans quotidiens des bombardements de son armée qui font état de plusieurs dizaines de martyrs et autant de blessés, Netanhayu affirme que l'entité sioniste « continuera à faciliter l'aide humanitaire et fera de son mieux pour mettre les civils hors de danger ». « Nous poursuivrons la guerre jusqu'à la victoire complète et le retour de tous les détenus », affirme encore Netanyahu, ajoutant à l'adresse de la Cour : « Israël a le droit de se défendre et que la Cour internationale l'en a privé ». De son côté, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a accusé la CIJ d'être « antisémite », considérant que sa décision prouvait qu'elle « ne cherchait pas la justice ». Pour le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, dont les propos appelant au génocide ont été cités dans l'arrêt de la CIJ, a déclaré sur la plateforme X (ex-Twitter), qu'Israël n'avait pas besoin de « leçons de moralité » de la par de Cour internationale de Justice la qualifiant lui aussi d'«antisémite », et annonçant la poursuite des « opérations militaires » dans la bande de Ghaza. |
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