La proposition d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza pour raisons humanitaires présentée au Conseil de sécurité s’est heurtée au veto américain. Treize autres membres ont voté pour et la Grande-Bretagne s’est abstenue. Le soutien inconditionnel américain au gouvernement israélien est critiqué de toutes parts.
La décision du gouvernement américain de mettre son veto à la proposition de cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza présentée à l’ONU le 8 décembre par les Émirats arabes unis est vivement critiquée par les organisations humanitaires. Amnesty International estime que la position des États-Unis est « moralement indéfendable ». Sur X (anciennement Twitter), le directeur général de l’organisation aux États-Unis, Paul O’Brien, accuse le gouvernement américain « de tourner le dos aux souffrances des civils [...] et à la catastrophe sans précédent à Gaza ».
De son côté, l’ONG Human Rights Watch met en garde l’administration Biden, affirmant que les États-Unis risquent d’être accusés « de complicité de crimes de guerre » en continuant de fournir des armes à Israël et en le couvrant diplomatiquement. Médecins sans frontières (MSF) a ajouté que l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend « complice du massacre » dans la bande de Gaza.
La résolution de l’ONU demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza au nom des principes humanitaires avait été lancée par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Il avait invoqué l’article 99 de la Charte des Nations unis. Un article utilisé quatre fois dans l’histoire de l’ONU. Présenté par les Émirats arabes unis, le texte avait le soutien de 100 pays. Sur les quinze membres du Conseil de sécurité, 13 ont voté pour le texte, les États-Unis ont mis leur veto et la Grande-Bretagne s’est abstenue.
Le gouvernement américain avait indiqué par avance qu’il allait mettre son veto sur le texte, estimant que celui-ci était trop déséquilibré : il ne faisait aucune mention au massacre terroriste commis par le Hamas le 7 octobre. L’ambassadeur américain à l’ONU, Robert Wood, a ajouté lors de la discussion que tout arrêt de la guerre risquait de renforcer les positions du Hamas. En même temps qu’elle mettait son veto, l’administration Biden a demandé au Congrès d’approuver la vente de 45 000 munitions pour les tanks Merkava utilisés par l’armée israélienne dans sa guerre contre le Hamas.
L’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, Gilad Erdan, a remercié les États-Unis et Joe Biden pour avoir mis son veto à la proposition de résolution présentée au Conseil de sécurité. Sur les réseaux sociaux, il a salué le président américain pour « rester ferme aux côtés » d’Israël et montrer « son leadership et ses valeurs ».
Alors que le Hamas accuse les États-Unis de « participer directement au massacre des Palestiniens », l’ambassadeur palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, a de son côté condamné la décision américaine, estimant que son veto marquait « un tournant dans l’histoire ». Dans un discours devant le Conseil de sécurité après le vote, il a estimé que ce scrutin était « désastreux », mettant en garde contre une prolongation du conflit à Gaza, impliquant « la poursuite des atrocités, la perte de plus de vies innocentes, et plus de destruction ».
Son point de vue est largement partagé par les pays arabes et plus largement du Sud, qui y voient la confirmation « du double standard » utilisé par l’Occident. L’Iran a mis en garde, samedi, contre « la possibilité » d’« une explosion incontrôlable » au Moyen-Orient si les États-Unis continuaient de soutenir Israël contre le Hamas à Gaza. « Tant que l’Amérique soutiendra les crimes du régime sioniste et la poursuite de la guerre, il y a la possibilité d’une explosion incontrôlable de la situation dans la région », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, lors d’une conversation téléphonique avec le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies.
Le comité ministériel arabo-islamique a rencontré le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Washington et lui a demandé que les États-Unis utilisent toute leur influence pour obtenir le plus rapidement possible un cessez-le-feu à Gaza. Sur place, un des responsables de l’aide humanitaire pour l’ONU parle « d’une situation cauchemardesque ».
La rédaction de Mediapart
9 décembre 2023 à 13h25
https://www.mediapart.fr/journal/international/091223/le-veto-americain-l-onu-condamne-de-toutes-parts
Ghaza : la communauté internationale dénonce le véto américain
Le véto américain opposé à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Ghaza qui subit une agression sioniste sans précédent, a suscité samedi de vives condamnations de la part de la communauté internationale.
Le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas réussi vendredi, pour la deuxième fois, à voter une résolution en faveur d’un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza, après que les Etats-Unis ont utilisé leur droit de veto. Le texte a recueilli 13 voix en faveur, une contre et une abstention.
Le président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, a qualifié la position américaine d' »agressive » et d' »immorale », et dénoncé « une violation flagrante de toutes les valeurs et principes humains », tenant les Etats-Unis « pour responsables de l’effusion de sang des enfants, des femmes et des personnes âgées palestiniens dans la bande de Ghaza aux mains des forces d’occupation ».
Il a affirmé que cette politique américaine « témoigne que les Etats-Unis sont un partenaire du crime de génocide, du nettoyage ethnique et des crimes de guerre commis par les forces d’occupation (sionistes) contre les Palestiniens dans la bande de Ghaza, la Cisjordanie et à El-Qods occupées », y voyant aussi « une menace pour la sécurité et la paix internationales ».
Pour le président Abbas, le véto américain opposé à la résolution du Conseil de sécurité « donnerait un feu vert supplémentaire à l’occupation pour poursuivre son agression contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza ».
De son côté, le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh a fustigé « l’échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution visant à mettre fin à l’agression contre notre peuple dans la bande de Ghaza en raison de l’utilisation par les Etats-Unis de leur droit de véto », qu’il a qualifié de « honte » .
Selon lui, l’utilisation du véto montre le « mensonge » des Etats-Unis lorsqu’ils disent se préoccuper des pertes civiles.
Condamnations internationales
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré dans un message sur les réseaux sociaux : « Le Conseil de sécurité a malheureusement été empêché de prendre une position politique et morale correcte pour mettre fin à cette agression insensée ».
Aboul Gheit a, par ailleurs, exprimé sa gratitude aux 99 pays qui ont co-parrainé le projet de résolution appelant à un cessez-le-feu à Ghaza, ainsi qu’aux 13 membres du Conseil de sécurité « qui croient au respect du droit international ».
Le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Hussein Ibrahim Taha, a quant à lui estimé que cet échec « a des répercussions négatives sur le rôle du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la protection des civils innocents et l’arrêt de cette catastrophe humanitaire qui s’aggrave, suite à l’agression brutale et continue des forces sionistes contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza ».
Il a averti que l’échec du Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités à ce stade critique « donne à l’occupation une opportunité de poursuivre et d’intensifier son agression contre le peuple palestinien ».
De même, l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Dmitri Polianskiï, a affirmé: « Nous n’exagérerons pas si nous disons qu’aujourd’hui est l’un des jours les plus sombres de l’histoire du Moyen-Orient. Une fois de plus, les Etats-Unis font obstacle au processus visant à parvenir à un cessez-le-feu (à Ghaza), condamnant à mort des dizaines de milliers de civils en Palestine ».
Il a déploré que « les Etats-Unis interdisent au Conseil de sécurité d’intervenir pour résoudre la crise à Ghaza et les résultats de cette diplomatie sont un cimetière pour les enfants palestiniens à Ghaza », ajoutant qu’ « il ne nous reste plus qu’à redoubler d’efforts au Conseil de sécurité pour parvenir à une décision qui allégera les souffrances des civils ».
Pour sa part, l’Iran a indiqué que « tant que l’Amérique soutiendra les crimes du régime sioniste et la poursuite de la guerre (…) il y aura un risque d’explosion incontrôlable de la situation dans la région ».
En outre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a affirmé que « chaque jour la Déclaration des droits humains est violée » en Palestine, soulignant que « depuis le 7 octobre, le Conseil de sécurité est devenu un conseil de protection et de défense » de l’entité sioniste.
« Est-ce ça, la justice? » a lancé M. Erdogan qui a répété une nouvelle fois que « le monde est plus grand que cinq », en référence aux membres permanents du Conseil de sécurité.
Le blocage américain vendredi soir à l’ONU a également été condamné par des ONG, notamment Médecins sans frontières (MSF), qui juge qu’il rend les Etats-Unis « complices du carnage à Ghaza ».
Dans ce contexte, l’entité sioniste maintenait samedi son agression contre la bande de Ghaza, ses bombardements ayant fait 17.487 martyrs, pour plus des deux tiers des femmes et des enfants.
Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations de Ghaza ont été détruites ou endommagées par l’agression sioniste, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont quitté leurs foyers.
https://www.algerie-eco.com/2023/12/09/ghaza-la-communaute-internationale-denonce-le-veto-americain/
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