Les écrits sur Albert Camus abondent. Du vivant de l’auteur, des ouvrages s’intéressaient à son œuvre, déjà très connue, et à l’auteur lui-même. Biographies, essais critiques, correspondances, bandes dessinées sont périodiquement publiés. Mais quand c’est un natif du pays, le sien, qui s’y intéresse, on cherche à lire. A compulser.
L’auteur de L’Etranger n’a jamais laissé indifférent de ce côté-ci de la Mméditerranée : il y a eu des thèses universitaires, des essais sur son œuvre, Christiane Chaulet-Achour reste l’une de ses meilleures spécialistes.
Des romanciers ne manquent pas non plus de regarder de près l’œuvre de Camus, à l’instar de Kamel Daoud, Salah Guemriche, Salim Bachi.
Au début du mois, Mohammed Aïssaoui, chroniqueur au Figaro littéraire, a publié, dans la célèbre collection de Plon, un Dictionnaire amoureux de Camus (524 p). Il reconnaît une proximité avec l’auteur et son œuvre. «J’ai longtemps pensé que j’étais le seul au monde à connaître Albert Camus, à le comprendre, et qu’il n’écrivait que pour moi. Camus, c’est mon père, mon frère, mon professeur, mon ami. Il me console des chagrins de l’existence», note l’auteur de L’Affaire de l’esclave Furcy. Natif comme lui d’Algérie, ayant connu les mêmes privations, l’ascension sociale, la consécration, beaucoup de choses font que Aïssaoui se sent proche de l’auteur du Premier homme :
«Avec lui, je ne me sens jamais seul. Je le comprends mieux que quiconque. Nul n’avait vécu ce que lui et moi avions vécu : la pauvreté, le vertigineux écart social entre notre milieu d’origine et celui auquel nous avons accédé, la mère analphabète qui ne lira jamais les livres que nous avons écrits, la honte, la condescendance. Mais également le douloureux écartèlement entre deux pays, deux mondes : la France et l’Algérie. Je croyais qu’il avait pris sa plume pour me dire : “Tu vois, tu n’es pas seul.” Plus tard, j’ai compris que Camus n’était pas qu’à moi ! Nous sommes des milliers, des millions même, à l’aimer.»
L’auteur a rencontré la fille de Camus, Catherine, qui perpétue l’œuvre de son père. Grâce à elle, il a pu accéder à des archives personnelles de ce dernier. «Dans ma vie de journaliste, le moment le plus décisif a été la rencontre avec sa fille, Catherine, à Lourmarin, dans le Luberon. Elle m’a ouvert à l’écrivain mais aussi et surtout à l’homme qui était son père. Je la considère comme ma sœur.
Alors, ce Dictionnaire amoureux, je ne pouvais pas le faire sans elle, sans sa complicité (…).» Le Dictionnaire consacré à Camus nous ouvre, par ses différentes entrées, les voies de l’œuvre camusienne. Qui ne laisse décidément guère indifférent. Admirateurs comme détracteurs.
Mohammed Aïssaoui,
Dictionnaire amoureux d’Albert Camus, Plon
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