Le 30 juin, deux policiers de cette unité d’élite, déployée pour contenir les émeutes, ont tiré au LBD sur un homme de 22 ans, qui a perdu l’usage de son œil gauche. À l’issue de leur garde à vue, ils ont été laissés libres, sans contrôle judiciaire.
Àl’issue de leur garde à vue, deux agents du Raid ont été mis en examen par un juge d’instruction marseillais pour des « violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique », a indiqué le parquet de Marseille à Mediapart et à Libération, jeudi 16 novembre.
Ces policiers, laissés libres sans être soumis à un contrôle judiciaire, sont soupçonnés d’avoir éborgné Abdelkarim Y., un jeune Algérien de 22 ans, qui a reçu une munition de LBD en plein visage le 30 juin. Son nez a été cassé et il a perdu l’usage de son œil gauche, malgré trois opérations chirurgicales.
Une information judiciaire, ouverte le 12 août, vise à faire la lumière sur ces faits. Une expertise sur les images de vidéosurveillance disponibles remise aux juges mi-octobre indique que deux policiers du Raid ont tiré à la même seconde, alors qu’ils se trouvaient à 53 mètres de la victime.
L’expert constate que « les images ne permettent pas de déterminer lequel des deux tirs est susceptible d’avoir atteint » Abdelkarim Y., puisqu’ils ne sont séparés que de 320 millièmes de seconde. Même en faisant défiler la scène image par image, « les projectiles ne sont pas visibles sur les enregistrements ». Abdelkarim Y., habillé en noir, était en train de courir lorsqu’il a été touché, sans qu’aucune image ne le montre en train de commettre une infraction.
Le lendemain des faits, le cousin germain d’Abdelkarim Y., Mohamed Bendriss, est mort d’une crise cardiaque, toujours en centre-ville de Marseille, après avoir reçu un impact de LBD en pleine poitrine alors qu’il circulait à scooter. Dans cette affaire, trois policiers du Raid ont été mis en examen pour « coups mortels » le 10 août.
Le Raid, spécialisé dans les prises d’otages et autres interventions particulièrement sensibles, n’a pas été conçu pour assurer des missions de maintien de l’ordre. Il a été déployé en centre-ville de Marseille sur décision de Gérald Darmanin, pour contenir les émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk, à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Camille Polloni
16 novembre 2023 à 17h14
https://www.mediapart.fr/journal/france/161123/marseille-deux-policiers-du-raid-mis-en-examen-pour-l-eborgnement-d-abdelkarim-y
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