Un séisme de magnitude 6,3 a frappé la ville de Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan samedi 7 octobre. Un bilan provisoire fait état de 2 000 morts, et de milliers de blessés, dans un pays déjà gravement touché par la crise humanitaire et économique.
Les recherches sous les décombres sont toujours en cours, et le bilan provisoire est déjà terrifiant. Plus de 2 000 personnes, selon les autorités talibanes, seraient décédées après le tremblement de terre de magnitude 6,3 qui a frappé la province de Herat dans l’ouest de l’Afghanistan, samedi aux alentours de 10 h 30 du matin. L’épicentre du séisme se situe à une quarantaine de kilomètres de Herat.
S’en sont suivies quatre fortes répliques de magnitude 5,5, 4,7, 6,3 et 5, selon l’Institut américain des géosciences. C’est sans doute le tremblement de terre le plus meurtrier depuis vingt-cinq ans, alors que le pays est en proie à une grave crise humanitaire, encore aggravée par la réduction des aides internationales.
« C’était extrêmement fort quand ça a commencé. Les gens étaient sonnés, hallucinés. Quelques minutes après, tout le monde a commencé à sortir de sa maison, à courir. Je suis moi-même toujours sous le choc », raconte Jawad Rasouly, 24 ans, depuis le centre-ville de Herat, où il vit. Le jeune homme décrit des scènes de panique dans les rues. « Personne ne veut rentrer chez soi, les habitations sont dangereuses, elles peuvent s’effondrer. Alors les gens restent sur les boulevards, dans les rues. »
« Nous avons peur de nouvelles secousses »
Les villages des districts alentour sont les plus touchés, en particulier celui de Sarboland à Zanda Jan, même si aucun bilan n’est officialisé pour le moment. Sur les réseaux sociaux et médias locaux circulent des images montrant, à côté des tas de gravats, des dizaines de personnes allongées sous d’épaisses couvertures, devenues leurs abris de fortune.
L’électricité et Internet fonctionnent mal, les routes sont quasi inaccessibles. Selon le gouvernement, au moins 1 300 maisons ont été détruites.
Nematullah, 25 ans, professeur d’anglais, raconte avoir passé la nuit dans la rue, à l’extérieur de Herat : « Nous avons peur de nouvelles secousses, nous avons dormi dans la rue avec nos tentes. La ville n’était pas sûre hier soir. » L’enseignant donnait un cours lors des premières secousses. « Je suis profondément déprimé, sidéré, j’ai perdu certains membres de ma famille. Je n’arrive à penser à rien, mon cerveau et mon esprit sont trop endommagés. » L’Organisation mondiale de la santé indique qu’au moins 4 200 personnes sont concernées directement ou non par le séisme.
Manque criant de services hospitaliers
Les structures de santé font cruellement défaut. Les services pédiatriques de l’hôpital régional de Herat, d’une capacité de 60 lits, doivent prendre en charge 140 enfants. Dimanche matin, au moins 2 000 blessés s’étaient présentés à l’hôpital. « Les hôpitaux sont dysfonctionnels. Heureusement, nous collaborons efficacement avec les cliniques privées, nous avons installé des tentes de 80 lits », observe Sarah Chateau, responsable des opérations en Afghanistan pour Médecins sans frontières (MSF).
L’ONU estime que 28,8 millions d’Afghans ont besoin d’une assistance immédiate en 2023, et 90 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. « Il y a un autre facteur aggravant : le début de l’hiver. Les températures oscillent déjà entre 0 et 5 °C la nuit », poursuit Sarah Chateau. La population demeure traumatisée, à l’instar de Jawad Rasouly : « Je n’ai que 24 ans, et je crois que c’est la pire expérience de ma vie. Priez pour nous, pour que tous ces morts aillent au paradis. »
.
Les commentaires récents