Né à Toulouse (France) le 12 avril 1935.
A partir de 1960, les évènements d'Algérie et son refus de participer à la guerre coloniale (désertion) vont contraindre Jacques Pous à partager son temps entre activités professionnelles, académiques et militantes.
Domaines de recherche :
- Histoire de la colonisation (en particulier, Algérie et Palestine).
Jacques Pous, militant anti colonialiste, a été professeur de français bénévole durant 3 mois à Bethléem. Réfractaire de l'armée française durant la guerre d'Algérie, resté fidèle à ses engagements de fraternité et de solidarité avec les peuples opprimés, il livre dans ce récit, le drame quotidien du peuple palestinien.
On a beau dire ce que l'on voit, ce que l'on voit ne loge jamais dans ce que l'on dit." Michel Foucault.
10 décembre 2005 : après trois mois passés à Bethléem je reviens de Palestine.
En France, une question fait alors la une des médias ; elle concerne le caractère supposé positif de la colonisation : un de ces débats comme les adorent les Français lorsqu'ils veulent occulter la réalité. Pourtant, si l'on veut apprécier à sa juste valeur ce qu'est et donc ce qu'a été le colonialisme il n'est pas nécessaire de se pencher sur les livres d'histoire, il suffit de regarder ce qui se passe en Palestine occupée ; mais encore faudrait-il n'être ni aveugle, ni sourd, ni autiste.
Le colonialisme sioniste, comme tous ceux qui l'ont précédé, ne peut en effet prospérer qu'en s'enracinant dans le mensonge, la fiction ou le déni. Mensonge des mots que les médias utilisent ; ainsi, là où il y a un mur de 8 à 10 mètres de haut qui balafre et enlaidit le paysage, la quasi totalité de la corporation journalistique ne voit qu'une barrière dite "de sécurité" (définition de barrière dans le Petit Robert : assemblage de pièces de bois, de métal qui ferme un passage, sert de clôture. Voir clôture, haie, palissade !). Pourquoi ne parle-t-on pas plutôt de "haie de sécurité" ? Ce serait quand même plus champêtre et plus agréable à vivre pour les Palestiniens ! Là où il y a des résistants, les mêmes ne voient que des terroristes.
Pour désigner les bantoustans où des centaines de milliers de Palestiniens subissent une occupation qui, par sa violence et son inflexibilité, a peu d'équivalent dans l'histoire des colonisations, les médias respectueux ne parlent que de territoires alors qu'il s'agit, bien entendu, de territoires occupés.
Par ailleurs, on nous demande d'admettre comme allant de soi qu'il devrait exister, pour des occupants qui spolient jour après jour les terres et les biens des autres, un quelconque droit à la sécurité ; on nous demande aussi de trouver légitime que des Russes, des Américains, des Français, des Éthiopiens, etc…, quelle que soit leur appartenance religieuse, puissent revendiquer, au nom de mythes vieux de plus de 2000 ans, un droit de propriété exclusif sur une terre peuplée depuis des siècles par d'autres ; on nous somme enfin d'admirer le modèle démocratique d'un pays qui, depuis sa naissance, a élu démocratiquement un quarteron de dirigeants ( Ben Gourion, Begin, Shamir, Sharon ) qui auraient dû, s'il n'existait pas "deux poids, deux mesures", être jugés comme de vulgaires criminels de guerre.
A ceux qui ne savent pas ce qu'est le colonialisme, je conseille de venir vivre quelques mois en Palestine ; ils verront que le colonialisme c'est la destruction de la société autochtone, de ses structures économiques et politiques, le cantonnement, comme en Algérie, des populations colonisées dans les zones les moins fertiles, l'accaparement de l'eau et des terres (comme le fait Israël, depuis 1967, dans la vallée du Jourdain et partout ailleurs). Le colonialisme, c'est aussi le déni de la souffrance de l'Autre (si Israël reconnaissait au moins sa part de responsabilité dans ce que les Palestiniens subissent, beaucoup y verraient sûrement un geste de bonne volonté et la possibilité d'entamer un dialogue); le colonialisme, c'est le déni de la culture et de la religion de l'Autre : c'est, par exemple, à Jérusalem, le musée archéologique de Palestine, rebaptisé musée Rockefeller, dépouillé, depuis 1967, de ses plus belles pièces et laissé à l'abandon ; ce sont les mosquées détruites, ce sont les mosquées profanées comme celle de Césarée, reconvertie en café - restaurant (le Charlie's bar) ou celle de Tibériade transformée, après que la ville ait été vidée de sa population palestinienne, en simple décor touristique. Le colonialisme, ce sont encore les chrétiens de Bethléem qui ne peuvent que très difficilement se rendre à Nazareth (l'obtention d'un éventuel permis d'une journée exige en effet de longues heures de démarches humiliantes), ce sont les musulmans de Bethléem qui ne peuvent aller prier, à quelques kilomètres de chez eux, à Jérusalem, au Haram esh-Sharif (l'esplanade des mosquées), le troisième Lieu Saint de l'Islam. Mais, nous dira-t-on, et c'est ce qu'ont dit les députés français au sujet de la colonisation en Afrique, le colonialisme construit des routes, des barrages, des adductions d'eau, il fait fleurir le désert, il développe l'agriculture, l'industrie et le commerce ; il favorise la libre circulation des biens et des personnes… Il y a, en effet, en Palestine occupée, de magnifiques routes de contournement (by pass roads) qui mènent aux colonies mais sont interdites aux Palestiniens ! Mais pourquoi se plaindre puisqu'on peut, comme cela m'est arrivé, faire un aller-retour Bethléem - Naplouse en seize heures au lieu de deux, emprunter les belles routes palestiniennes qui vous obligent à contourner les colonies, à faire en plus d'une heure ce que l'on pourrait faire en dix minutes, à passer sous des routes interdites où circulent aussi facilement que chez nous des voitures qui ont le privilège, elles, d'avoir les plaques minéralogiques israéliennes. Enfin, dans un système colonial, ce sont surtout les plus faibles qui souffrent, les enfants en particulier ; j'ai pu malheureusement le constater au cours des nombreuses visites que j'ai faites auprès des enfants qu'en collaboration avec Inash al-Usra nous parrainons ; c'est, à Bethléem, Ibrahim dont le père, bloqué à un check-point, est décédé faute de soins ; à El Janiya, c'est Amir, le benjamin de 6 enfants, dont le père souffre de troubles mentaux à la suite des coups reçus de la part des Israéliens ; c'est Ahmad, dans une famille de 10 enfants dont le fils aîné a fait 16 mois de prison, qui végète dans le camp de Al-Aroop ; c'est, dans le camp de Talouza, Ameer, ses parents, ses 5 frères et ses 2 sœurs qui, après plus de 50 ans, rêvent encore du jour où ils pourront retourner dans leur ville de Haïfa ; c'est enfin, à Al Qatanna, Nadia (13 ans) dont le père a été emprisonné à vie quand elle avait deux mois et auquel elle ne peut rendre visite que tous les deux ou trois ans, selon le bon vouloir des autorités d'occupation.
Ainsi en va-t-il du quotidien des Palestiniens, fait de souffrance, de frustration, d'humiliation et de résistance. Aucun discours sur l'antisionisme, l'antisémitisme ou la diabolisation supposée d'Israël ne pourra occulter cette réalité ; les faits sont têtus ; il s'agit seulement de les faire connaître. Quant à notre Occident, il serait temps qu'il en finisse avec ses ingérences. Durant des siècles, nous n'avons eu de cesse d'apporter à l'Autre d'abord la vraie religion, puis la civilisation et la modernité et enfin les Droits humains et la démocratie ; il serait temps que cela cesse. Les Palestiniens ne veulent plus qu'on leur dise pour qui ils auraient ou non le droit de voter ; ils ne veulent plus que l'on accorde le droit du retour à ceux qui ne sont jamais partis et qu'on le refuse à ceux qui ont été chassés de leurs maisons et de leurs terres ; ils ne veulent plus de faits accomplis qui créeraient le Droit ; ils pensent que tout peuple a le droit de vivre libre et c'est pourquoi ils affirment que la lutte contre toute forme de colonialisme a été et sera toujours légitime.
Jacques Pous
Algérie-Palestine : Hier et aujourd’hui le même combat contre le colonialisme 19 juillet 2014
Comme aux Algériens hier, on refuse aux Palestiniens le droit à la liberté, on leur dénie leur existence même en tant que peuple, on emprisonne, on torture, on massacre. OUI ! On massacre des innocents et beaucoup d'enfants. A la date d'aujourd'hui 19 juillet 2014 sur 337 victimes palestiniennes on dénombre plus de 80 % de civils comparés aux 6 victimes israéliennes. Comme hier en France, des forces au sein même de la société israélienne proclament leur refus de cette situation.
Il y a soixante ans commençait la guerre d’Algérie, la guerre d’un peuple pour reconquérir sa liberté. Face à l'une des premières puissances militaires du monde, la cause de la justice et du droit a fini par triompher. Ce succès, le peuple algérien le doit d’abord à son courage. Il le doit aussi au très large mouvement d’opinion en France et dans le monde qui a fini par exprimer son refus de la guerre et de son cortège de tortures et de massacres, de haine et de mort.
Des Français ont dit « non » à cette guerre. Beaucoup ont payé cette attitude d’une longue privation de liberté. Notamment des réfractaires qui ont refusé de faire cette sale guerre. Ces Français ont accepté de vivre la marginalisation au sein de leur propre société pour défendre des principes universels de solidarité entre les peuples, de liberté, de droit des peuples à leur indépendance.
En 1948 était créé l’Etat d’Israël. Cet événement a jeté sur les routes de l’exode des centaines de milliers de Palestiniens. Il s’est accompagné de massacres, de destructions de villages au fil de l’expansion israélienne qui a conduit à l‘établissement de cet Etat sur 78 % de la Palestine historique. Les 22 % restants ont été occupés après la « guerre des six jours », en juin 1967. Les Palestiniens ont pris leur parti de l’existence d’Israël et réclament de pouvoir édifier leur Etat sur ces 22 % de territoire, reconnaissant ainsi la souveraineté israélienne sur le reste de la Palestine pour toujours. C’est ce qu’Israël refuse aujourd’hui.
Par-delà les différences de situation et de contexte, une même logique coloniale est à l’œuvre ! Comme aux Algériens hier, on refuse aux Palestiniens le droit à la liberté, on leur dénie leur existence même en tant que peuple, on emprisonne, on torture, on massacre.
Comme hier en France, des forces au sein même de la société israélienne proclament leur refus de cette situation. Comme leurs « aînés » réfractaires de la guerre d’Algérie, des Israéliens ou des associations juives refusent cette sale guerre que mène leur pays dans les territoires occupés.
Il ne peut y avoir de discussions de paix sérieuses et crédibles dans un tel contexte. Le peuple palestinien ne capitulera pas. Le droit international et l’opinion publique mondiale sont de son côté.
Le rapport de forces sur place est tellement disproportionné que, le peuple palestinien a besoin de l’aide internationale. Comme hier, la solidarité internationale doit s’exprimer.
Il est urgent que partout se lèvent les forces nécessaires pour imposer une paix juste au Proche-Orient. Cela est possible. Cela dépend de nous aussi, en France et partout dans le monde.
VU DE PALESTINE : Gaza l'héroïsme des gens ordinaires 27 Juillet 2014
Un homme se tient devant les ruines d'un bâtiment détruit par l'armée israélienne à Gaza, le 25 juillet 2014 - AFP/Marco Longari
Hommage à 1,7 million d'êtres humains assiégés à Gaza pour qui chaque jour paraît une éternité. Et rien ne sert de disserter sur le silence du monde, écrit cet éditorialiste palestinien.
Quelque 1,7 million d'êtres humains dans la bande de Gaza. Garçons et filles, maris et femmes, pères et mères, enfants, adolescents, vieux, malades, bien portants, riches et pauvres : tous sont exposés à une mort qui frappe à l'aveugle. Personne ne sait quand il va mourir, mais les explosions qui retentissent tantôt au loin tantôt tout près, rendent la mort une hypothèse plus que probable.
Il n'y a pas d'héroïsme dans la guerre, ni dans la mort. Le pire n'est pas la mort ; c'est de l'attendre. Le véritable héroïsme est ce que font 1,7 million d'êtres humains pendant sept jours par semaine, vingt-quatre heures par jour, soixante minutes par heure, soixante secondes par minute, afin de rester en vie, de ne pas devenir fou et de ne pas franchir la frontière ténue qui sépare l'humain de l'animal.
A Gaza, il n'y a pas d'abris où se réfugier, ni de sirènes pour alerter les gens à l'approche d'un avion de chasse, ni de "dôme de fer" [nom du bouclier antimissile israélien], ni de défense antiaérienne, ni de médecins disposant d'équipements médicaux de pointe, ni de toutes sortes d'autres moyens permettant de sauver des vies.
Rien de neuf
Si une maison s'effondre sur ses habitants, le problème est réglé. Mais si les habitants en réchappent, le problème reste entier. Car ils subissent alors de nouvelles affres : dénués, nus, condamnés à chercher un autre endroit pour s'abriter.
1,7 million d'êtres humains sous un ciel de plomb, sur une terre brûlante. Rien ne sert de disserter sur l'impuissance arabe. Cela fait longtemps qu'on l'a constatée. Rien ne sert de dénoncer le silence du monde et l'absence de conscience internationale. Cela fait longtemps qu'on l'a fait. Rien ne sert de parler des crimes de guerre de l'Etat d'Israël à l'encontre de civils. Cela fait longtemps qu'on l'a dit.
Tous ces mots font partie d'un univers familier auquel le journaliste a recours quand il se voit contraint d'écrire sur ce sujet à propos duquel il a déjà développé toutes les analyses, interprétations et commentaires imaginables et inimaginables. Rien de neuf. Pourquoi la guerre actuelle serait-elle différente des précédentes et surtout de celles à venir dans un an ou deux ?
Vivre en enfer
Tout cela n'a aucun intérêt pour 1,7 million d'êtres humains pour qui chaque jour paraît une éternité puisque rien au monde ne peut leur garantir que ce ne sera pas le dernier, mais qui n'attendent pas la nuit pour autant puisque rien ne leur permet d'être sûrs qu'ils se réveilleront le lendemain.
Les gens ne savent la réalité des affres qu'ils traversent qu'une fois qu'ils peuvent souffler à nouveau. C'est seulement à ce moment-là qu'ils peuvent expliquer ce que cela signifie de vivre en enfer. C'est seulement à ce moment-là qu'ils comprennent l'héroïsme de la vie quotidienne avec tout ce qu'elle comporte de banalité, de routine, de choses insignifiantes.
L'héroïsme de se comporter normalement, malgré la mort qui rôde, entre une mère et ses enfants. L'héroïsme des pères qui ne peuvent sauver leurs enfants de la mort tout en cherchant à garder quelque chose du rôle paternel.
En attendant la prochaine guerre
Nous tous, à divers degrés, sommes tombés dans le travers des récits héroïques qui mettent des gens ordinaires au service d'une cause et qui veulent à tout prix en faire des figures exemplaires. Nous ne comprenions pas qu'en ce faisant, nous les privions de leur droit à être reconnus pour leur héroïsme ordinaire.
Il y en aura encore qui mourront, ou qui vivront, au gré des hasards. Puis tout ce fracas finira par cesser. Alors, les commentateurs oublieront ce qui s'est passé et les écrans de télévision seront occupés par d'autres scènes, d'autres morts à d'autres endroits. Les envoyés spéciaux, les photographes et les journalistes des agences de presse partiront pour laisser au chômage technique les porte-parole et autres spécialistes ès déclarations à la presse.
Là-dessus, 1,7 million d'êtres humains sortiront la tête des nuages de fumée, de poussière et de poudre, après avoir réchappé à la mort qui frappe à l'aveugle. En attendant la prochaine guerre.
Pour conclure par une note optimisme : Tous les colonialismes du Monde ont été vaincus, nous en savons quelque chose nous, Français, avec la guerre d’Algérie… Il en sera de même en Palestine.
12 octobre 2023
Les frappes militaires disproportionnées de Tsahal contre des civils ne font que renforcer la volonté des Palestiniens de défendre leurs droits…
Olivia Zemor, fondatrice d'EuroPalestine et militante depuis plus de vingt ans pour la libération du peuple palestinien, revient sur l'occupation de la Palestine, le blocus de Gaza et la résistance palestinienne alors que les forces armées d'Israël bombardent sans relâche la zone et se préparent à l'invasion terrestre. Cette vidéo était originellement destinée à médiatiser un appel à rejoindre la manifestation en soutien au peuple palestinien ce jeudi 12 octobre, mais après son interdiction par la préfecture de police et les risques de dissolution encourus, nous avons décidé conjointement avec EuroPalestine de ne pas intégrer l'appel dans la vidéo.
Manifestation interdite en soutien à la Palestine à Paris hier soir
Cette manifestation interdite a quand même duré 2 h 12 mn 37’’ malgré plusieurs charges VIOLENTES de la Police :
Par micheldandelot1 dans Accueil le 13 Octobre 2023 à 11:38
http://www.micheldandelot1.com/palestine-un-voyage-une-prison-temoignage-bouleversant-d-un-militant-e-a214886699
.
Les commentaires récents