Le Proche-Orient s’enfonce dans une guerre à l’effroyable bilan humain, et que fait la communauté internationale ? Au lieu d’appeler à la désescalade, les États-Unis, et de nombreux pays alignés derrière eux, dont la France, assurent Israël de leur solidarité après l’attaque du Hamas. Un message compris comme un blanc-seing pour déchaîner le feu sur la population de Gaza. Chaque roquette tombée sur Israël fournit comme sur un plateau un motif à Netanyahou pour lancer ses troupes à l’assaut de l’enclave palestinienne, et chaque bombe explosant à Gaza sert de prétexte aux chefs islamistes pour mener leur guerre, au mépris des vies israéliennes comme palestiniennes. Il importe avant tout de faire cesser le massacre. Le vainqueur de cette spirale de violence ne sera ni Netanyahou ni le Hamas, mais la haine.
Les attaques de civils sont lâches et injustifiables. Rien, pas même l’horreur vécue dans « la prison à ciel ouvert » de Gaza, ne peut excuser le Hamas de s’en prendre à des familles israéliennes. Et rien, pas même « le droit de se défendre » brandi par Israël, ne peut justifier le déluge de destruction et de mort aux allures de vengeance qui s’abat sur les Gazaouis. Au nom de la lutte contre le terrorisme, de beaux esprits qui prétendent incarner la civilisation contre la barbarie voudraient interdire de rappeler le « contexte », c’est-à-dire l’humiliation quotidienne du peuple palestinien par un État israélien oppressif qui foule aux pieds la légalité internationale.
L’historien israélien Zeev Sternhell avait dénoncé en son temps le jeu malsain de Tel-Aviv pour favoriser le Hamas contre l’OLP, et torpiller ainsi tout accord débouchant sur un État palestinien. S’aligner sur Netanyahou en fermant les yeux sur l’occupation n’aide en rien les Israéliens et les Palestiniens. Au contraire, ces deux poids, deux mesures insupportable est un ferment de l’islamisme. La lutte contre ce dernier passe par la fin du blocus de Gaza et de la colonisation de la Palestine. C’est aussi la condition d’une paix juste et durable avec Israël, seule garante à terme de sa sécurité.
À gauche, même lorsque la condamnation du Hamas est ferme, le terreau sur lequel pourrit ce conflit est mis en avant. Le sénateur communiste Fabien Gay l’a de nouveau souligné dimanche. « L’attaque du Hamas doit être condamnée avec force. La mort de et la prise d’otage de civils israéliens et la mort de civils palestiniens est un drame, écrit-il sur X. Elle s’inscrit dans un cycle de violences continues dans les territoires palestiniens sous blocus et occupés. Une solution politique à deux États, basée sur les résolutions de l’ONU et le respect du droit international reste la seule voie possible pour la paix. Pour cela, la colonisation israélienne et le blocus de Gaza doivent cesser », ajoute le directeur de l’Humanité.
« La France doit prendre l’initiative pour les faire respecter et permettre la coexistence pacifique du peuple israélien et du peuple palestinien », ajoutait également le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, dimanche sur France 3.
Efraim Davidi : « Il n’y a qu’une seule solution, mettre fin à l’occupation »
Membre du comité central du Parti communiste israélien, Efraim Davidi dénonce la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou, qu’il tient pour responsable de la situation, et met en garde contre les actes de vengeance qui pourraient être menés contre les citoyens arabo-palestiniens d’Israël. Il appelle à la reconnaissance du droit des Palestiniens.
Pour Efraim Davidi, membre du parti communiste israélien : « Il n’y a qu’une seule solution : mettre fin à l’occupation et reconnaître les revendications et les droits légitimes du peuple palestinien ».
« En tant que Parti communiste israélien et membre du mouvement Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité), nous estimons le gouvernement fasciste israélien responsable de l’escalade brutale et dangereuse de ces dernières heures, qui a coûté la vie à de nombreux citoyens innocents. Cela s’est produit à la fin d’une semaine choquante au cours de laquelle les colons se sont déchaînés dans les territoires occupés sous les auspices de leur gouvernement, ont profané la mosquée al-Aqsa et ont perpétré un autre pogrom à Huwara (ville palestinienne près de Naplouse déjà attaquée il y a quelques mois par les colons – NDLR). C’est une escalade très grave qui met en danger toute la région dans une guerre que le gouvernement de droite alimente depuis son premier jour.
Les événements que nous vivons depuis samedi montrent dans quelle direction dangereuse le gouvernement Netanyahou et les colons conduisent toute la région, et soulignent une fois de plus qu’il n’y a aucun moyen de gérer le conflit ou de le résoudre militairement. Il n’y a qu’une seule solution : mettre fin à l’occupation et reconnaître les revendications et les droits légitimes du peuple palestinien. La fin de l’occupation et l’établissement d’une paix juste sont un intérêt distinct et commun des deux peuples de ce pays.
Nous sommes profondément préoccupés par l’utilisation de ces événements par le gouvernement Netanyahou pour mener une attaque vengeresse contre la bande de Gaza. Nous appelons la communauté internationale et les pays de la région à intervenir immédiatement pour faire taire les tambours de la guerre et lancer des initiatives en faveur d’une solution politique. Enfin, nous mettons en garde contre les actes de vengeance qui pourraient être menés contre les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et en particulier les habitants des villes mixtes et des villages non reconnus du Néguev (villages bédouins que le gouvernement ne reconnaît pas comme légaux – NDLR), qui ont déjà payé un prix élevé car l’État ne s’occupe pas d’eux.
Dans cette réalité, il est du devoir des forces saines en Israël, juifs et Arabes, de faire entendre une voix forte et claire contre toute tentative d’incitation à la violence à l’encontre de populations entières et de promouvoir l’aspiration à une vie normale sans occupation, sans discrimination et sans suprématie – une vie de paix, d’égalité et de véritable démocratie pour tous. »
SOURCE : Efraim Davidi : « Il n’y a qu’une seule solution, mettre fin à l’occupation » (humanite.fr)
Ça suffit le concert des nations pro-israélien Résister à un occupant est légitime !
Coordination nationale de l’UJFP 07/10/23Communiqués de l'UJFP | En Israël-Palestine |
Au moment où nous écrivons, sans informations détaillées et vérifiées, nous tenons à préciser ce qui suit.
Un déferlement de commentaires présente comme d’habitude le Hamas et les Palestiniens comme les agresseurs et l’armée israélienne comme ripostant. Quoi que nous puissions penser de là où nous sommes de la stratégie adoptée par le Hamas (et nous n’avons pas forcément un point de vue commun sur le sujet), nous nous devons de rappeler que c’est :
- Israël la puissance colonisatrice,
- Israël qui impose un blocus inhumain à Gaza,
- Israël qui poursuit à marche forcée une colonisation de peuplement sur toute la Palestine historique,
- Israël qui conforte un régime d’apartheid et utilise l’emprisonnement massif comme un moyen de gestion de son occupation,
- Israël dont l’armée dans la dernière période couvre les pogroms opérés par les colons contre les villages palestiniens.
Plus de 200 morts palestiniens depuis le début de l’année, plus de 1000 détenus administratifs (c’est-à-dire sans jugement et sans accès au dossier d’accusation), etc. Et nous rappelons que le droit international, qu’Israël foule au pied, justifie la résistance, y compris armée, à l’occupation et à l’oppression.
Les événements d’aujourd’hui doivent rappeler à toutes et tous, et en particulier à la population israélienne, qu’il n’y aura pas de paix possible pour une communauté juive dans cette région du monde sans que soit reconnu à toutes et tous l’égalité des droits. Nous maintenons notre appel aux autorités françaises à cesser la sempiternelle référence univoque au droit d’Israël à la sécurité et à cesser sa collaboration militaire et économique avec cet État colonial.
Nous soutenons la résistance du peuple palestinien face à l’occupation, à la répression, au déni du droit des Palestiniens.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 7 octobre 2023
SOURCE :
Qui sommes-nous ? - Clip 1/10 de "Paroles juives contre le racisme"
A partir de leur trajectoire personnelle, 35 militants antiracistes de l’UJFP. s’expriment sur le racisme et l’antiracisme d’aujourd’hui.
AU PROCHE-ORIENT, ICI ET PARTOUT VIVRE ENSEMBLE DANS L’EGALITE ET LA JUSTICE
Née en 1994 de la volonté d’une paix juste au Proche-Orient, l’UJFP est une association juive laïque rassemblant des adhérents aux histoires et aux parcours divers et fermement attachés au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Conscients d’appartenir à une histoire plurielle qui a produit aussi bien des résistants antinazis, des combattants anticolonialistes que d’autres grandes figures universalistes dont les expériences marquent nos mémoires, nous portons la parole dont nous sommes héritiers : agir pour « créer un monde meilleur ».
L’UJFP regroupe des membres, Juifs ou non, qui œuvrent ensemble pour que le « vivre ensemble » dans l’égalité et la justice en France comme au Proche Orient, devienne réalité et pour que des voix juives laïques et progressistes se fassent entendre.
C’est pourquoi elle est partie prenante des combats contre le racisme sous toutes ses formes et contre toutes les discriminations.
LE PROCHE-ORIENT
Le sionisme a abouti à la création d’un Etat, Israël, qui prétend se définir comme « Etat juif » et au nom de cette judéïté justifie et légitime aussi bien « la Naqba » (pour les Palestiniens, la catastrophe de 1947-48) que sa politique d’occupation et de discriminations légales niant le peuple palestinien et ses droits. Le gouvernement actuel amplifie et accélère la politique de dépossession et d’épuration ethnique contre le peuple palestinien poursuivie depuis 1948.
Nous faisons nôtres les conclusions des trois premières sessions du Tribunal Russell sur la Palestine, et notamment la qualification de la politique d’Israël comme coupable du crime d’apartheid contre le peuple palestinien.
Nous combattons énergiquement l’odieux chantage à l’antisémitisme et la sinistre équation « Juifs = Sionistes = Israël », qui vise à embrigader tous les Juifs dans une politique criminelle – comme l’ont encore montré le rapport Goldstone sur les bombardements de la population de Gaza en décembre 2008/janvier 2009 ou l’arraisonnement meurtrier de la flottille Free Gaza le 30 mai 2010- et suicidaire, car cette stratégie d’une guerre sans fin, au nom de tous les Juifs du monde, interdit toute perspective de vie pacifique pour une minorité juive israélienne au Proche Orient, et mobilise dans le monde les rancœurs contre «les Juifs».
Nous jugeons désastreux à cet égard le rôle joué par les institutions communautaires juives de France, qui agissent à travers le CRIF comme une annexe de la propagande sioniste dans ce pays – alors même que nous savons que ces institutions ne représentent qu’elles mêmes, c’est à dire un groupe d’associations juives sionistes, et sont loin de porter la voix de l’ensemble des Juifs français. Nous rejetons de la même manière les politiques européenne et française de laisser faire et d’impunité pour toutes les violations du droit international, et des droits humains commises par Israël.
Tant que l’Etat d’Israël ne sera pas comptable de sa politique illégale d’occupation, des violations du droit international et des nombreux crimes de guerre, une paix fondée sur l’égalité des droits sera impossible.
L’UJFP considère que le respect des droits du peuple palestinien, tous ses droits, y compris le droit au retour des réfugiés, et la réparation des torts causés à ce peuple, sont des conditions indispensables pour une solution réellement pacifique et durable au Proche Orient. L’UJFP soutient l’aspiration à la démocratie et à l’égalité qui se traduit par les soulèvements en cours dans les pays du Printemps Arabe.
Membre du CRID, l’UJFP milite au sein du Collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, de la Plateforme des ONG pour la Palestine. Elle participe activement à la campagne internationale « stoppons le KKL-FNJ », le Fonds national Juif étant depuis plus d’un siècle l’instrument de la dépossession du peuple palestinien de ses terres. Un exemple de ses conséquences catastrophiques en est donné par la politique de colonisation du Neguev et les amendements continus des lois foncières qui prétendent légitimer la dépossession de tous les Palestiniens de leurs biens immobiliers.
Elle répond à l’appel de plus de 170 organisations de la société civile palestinienne en adhérant à la Campagne BDS France (pour le Boycott, le Désinvestissement, et des Sanctions contre le régime israélien). Cette campagne, qui vise toutes les institutions israéliennes impliquées dans la politique d’Apartheid et d’occupation, remporte de nombreuses victoires dans le monde, et montre que les sociétés – à travers leurs syndicats, leurs milieux associatifs, parfois leurs églises et leurs gouvernements – refusent le non droit imposé par la force (campagne BDS France : www.bdsfrance.org).
Cette intervention directe des citoyens est cruciale pour isoler Israël, à l’image de la campagne qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, et obtenir de nos gouvernants qu’ils mettent fin à l’impunité de cet Etat comme ils en ont le pouvoir, au lieu de lui maintenir un soutien inconditionnel.
Ainsi, nous demandons la suspension immédiate de l’accord d’association entre Israël et l’Union Européenne ; les responsables des crimes de guerre doivent être traduits devant les juridictions internationales compétentes.
Nous attendons du nouveau gouvernement français qu’il rompe effectivement avec le soutien inconditionnel à Israël, avec le soutien de la prétention du CRIF de représenter tous les Juifs, avec le déni de la liberté d’expression que représentent les poursuites contre les militants de la campagne BDS.
L’UJFP est membre de la Fédération des Juifs européens pour une Paix Juste (EJJP).
JUSTICE ET EGALITE ICI AUSSI
Dans le contexte de crise qui se poursuit, nous nous inquiétons des diverses remises en cause des libertés publiques en France et se mobilise contre toutes les discriminations.Elle participe aux mobilisations pour la régularisation des sans-papiers, pour le droit d’asile, pour un« vivre ensemble » dans l’égalité et la justice. Nombre de nos adhérents sont pleinement investis dans le Réseau Education Sans Frontières, que nous soutenons.
L’UJFP est sensible à l’antisémitisme comme à toutes les formes du racisme elle participe au collectif « d’ailleurs nous sommes d’ici », combat l’islamophobie et le racisme anti-arabe, produits d’un passé colonial non assumé et de l’idéologie du « choc des civilisations ». l’UJFP est présente dans le collectif « mamans toutes égales » Nous attendons avec ces associations et réseaux du nouveau gouvernement qu’il rompe effectivement avec la politique xénophobe et raciste de l’Etat lui-même.
L’UJFP SE BAT CONTRE LES MURS
ET CONSTRUIT DES PONTS
Nous luttons avec tous ceux qui s’opposent au « Mur de séparation », instrument d’une expropriation de terres supplémentaire au plus profond de la Cisjordanie et de l’Apartheid entre les populations juives et palestiniennes.
Nous sommes partie prenante des « flottilles de la liberté » pour briser le blocus de Gaza (un membre de notre Bureau national était sur le « Louise Michel » en juin 2011).
Pour le « vivre ensemble » dans l’égalité et la justice, ici comme là-bas, l’UJFP a développé un partenariat privilégié avec l’Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF). Nos deux associations ont porté en commun le message de refus des replis communautaires et du nécessaire respect des droits pour vivre ensemble dans la 9e mission civile en Palestine/Israël de février 2002 et dans la 166° en octobre 2010, élargie à la Fédération Tunisienne des Citoyens des Deux Rives (FTCR) et au groupe Immigration Développement Démocratie (IDD), à l’occasion du Forum mondial de l’Education. Elles y ont affirmé dans les Territoires Occupés Palestiniens comme en Israël que la ligne de démarcation ne passait pas entre Juifs et Arabes, mais entre respect et déni du droit.
NOS ACTIVITES
Outre la participation aux mobilisations déjà évoquées en solidarité avec le peuple palestinien ou pour le respect des libertés démocratiques dans notre propre pays, des réunions publiques, organisées le plus souvent en partenariat pour faire connaître par exemple la situation des prisonniers palestiniens, celle des Palestiniens de 48, sur le sionisme, sur les solutions pour parvenir à une paix juste,… pour donner la parole à des auteurs et des militants, Palestiniens comme Israéliens engagés dans la lutte contre le colonialisme.
– il circule actuellement une exposition sur la situation des Bédouins du Néguev réalisée avec le concours d’Amnesty International, de l’AFPS et du Forum pour la coexistence et l’égalité de droits dans le Néguev (NCF).
– nous sommes présents sur la toile : www.ujfp.org
– nous publions un bulletin, téléchargeable du site, des brochures et la revue « De l’Autre Côté ».
En Palestine : « Nous avons le droit de
résister contre la colonisation, l’occupation
Pour de nombreux Palestiniens, et malgré la mort de centaines de civils à Gaza et en Israël, l’attaque du Hamas s’explique par les pratiques brutales du gouvernement de Nétanyahou et par la colonisation qui n’a fait que s’étendre. Témoignage de Rula Shadeed, responsable dans une ONG.
Tôt samedi matin, les Palestiniens ont appris le lancement par le Hamas d’une opération armée inédite par son ampleur contre Israël depuis la bande de Gaza, qui a causé environ 600 morts israéliens, civils pour la plupart. Quelques heures plus tard, ils ont enduré la réplique rapide de l’État hébreu, dont les frappes aériennes intenses ont causé plus de 300 morts, dont là aussi un nombre indéterminé de civils. Comment la population de Palestine a-t-elle vécu ce 7 octobre 2023, dont on ignore les conséquences à moyen et long terme, mais dont on sait déjà qu’il restera comme une date marquante du conflit israélo-palestinien ?
Mediapart a donné la parole à des experts sur place, dont des universitaires, comme Mkhaimar Abusada, professeur de sciences politiques à l’université Al-Aqsa de Gaza, qui voit dans l’attaque surprise du Hamas une conséquence à la politique de ce qu’il décrit comme un « gouvernement israélien d’extrême droite fasciste », en rappelant que certains de ses ministres « pensent que le temps est venu d’expulser les Palestiniens et d’annexer plus de la moitié de la Cisjordanie ».
Après une frappe israélienne à Gaza, le 7 octobre. © Photo Majdi Fathi / NurPhoto via AFP
D’autres voix de la société civile palestinienne s’expriment, et développent un discours similaire. C’est le cas de Rula Shadeed, qui travaille depuis des années dans diverses organisations non gouvernementales depuis Ramallah, en Cisjordanie. Aujourd’hui responsable de programme pour le Palestine Institute for Public Diplomacy, elle a œuvré longtemps à l’association Al-Haq, fondée en 1979 pour documenter les violations des droits humains commises dans le cadre du conflit. Al-Haq fait partie des six ONG que le gouvernement israélien a tenté d’interdire en 2021, au prétexte qu’elles aurait des liens avec le terrorisme palestinien, sans convaincre les Occidentaux.
Lorsque Mediapart joint Rula Shadeed, le 7 octobre dans la journée, la militante est en mission à Amman, en Jordanie, et ne peut rentrer à Ramallah, car Israël a bloqué les frontières. Face aux événements, et aux images choc de la journée, elle assume son soutien à l’attaque du Hamas. Soutien qu’elle estime largement partagé : « Je ne peux évidemment pas parler pour tout le monde, mais de ce que je comprends, nous sommes tous d’accord pour dire que nous avons le droit de résister contre la colonisation, l’occupation et l’apartheid, et de nous protéger », explique-t-elle.
Si elle exprime sa « surprise » face à « l’ampleur de cette opération », elle souligne toutefois que, comme nombre de Palestiniens, elle savait « que quelque chose allait se passer ». « Nous nous attendions à une forme de réponse, raconte-t-elle, parce que les différents partis incluant le Hamas avaient tous appelé à ce que le gouvernement israélien stoppe ses agressions, les attaques contre des civils et contre les lieux et édifices religieux comme la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. »
Elle évoque aussi des humiliations contre « les croyants en train de prier près des églises et des mosquées ». Les images toutes récentes de juifs ultraorthodoxes crachant sur des pèlerins chrétiens dans la vieille ville de Jérusalem ont notamment tourné en boucle à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Le souvenir noir de 1948
Rula Shadeed dénonce également le « nombre insensé de violations et de brutalités » commises par « le gouvernement fasciste israélien, qui ne se soucie d’aucune manière des résolutions de l’ONU, des lois de l’Union européenne, des droits humains, du droit des Palestiniens à simplement vivre ».
Elle fait de l’extrémisme du gouvernement mené par Benyamin Nétanyahou et qui compte parmi ses ministres clés Itamar Ben Gvir, suprémaciste juif, raciste et homophobe, et Bezalel Smotrich, qui se revendique fièrement partisan du Grand Israël, de la Méditerranée au fleuve Jourdain, « l’un des moteurs qui font que le Hamas, mais aussi d’autres partis se sont décidés » [à attaquer – ndlr].
Comme une grande partie des Palestiniens, l’activiste raconte son inquiétude croissante devant « les villages brûlés » et « le transfert des populations auquel on assiste ces derniers mois » pour permettre aux colons israéliens de s’installer sur les territoires palestiniens, avec la bénédiction du gouvernement et de l’armée. « Tous ces événements ont constitué une sorte de signal d’alarme pour tous les Palestiniens, un signe que la menace devenait de plus en plus proche », décrit Rula Shadeed, pour qui ils sont « très similaires à ce qu[’ils ont] connu en 1948 » : la Nakba, l’exode forcé de plusieurs centaines de milliers de Palestiniens, expulsés au cours de la guerre qui a institué l’État d’Israël.
Pour autant, elle tient à préciser que si « ce gouvernement est le plus brutal », portant « une vision suprémaciste et raciste » assumée, cela « ne veut pas dire que le précédent ne poursuivait pas le même projet d’occupation de la Palestine ». Pour elle, la politique israélienne vis-à-vis de son pays depuis de nombreuses années se résume en quelques mots : « Un régime d’apartheid tout entier tourné vers un but ultime, celui de déplacer les Palestiniens pour les remplacer par le peuple juif. »
Les hôpitaux, le système d’eau potable, l’alimentation, les médicaments... Rien ne permet de faire face à une attaque massive.
Rula Shadeed, Palestine Institute for Public Diplomacy
Et lorsqu’on l’interroge sur le nombre élevé de morts israéliens et sur la journée de panique vécue dans les localités proches de la bande de Gaza, mais aussi à Tel-Aviv (lire notre reportage au cœur de cette journée de cauchemar pour les Israéliens), l’analyse de Rula Shadeed ne dévie pas. Sa colère non plus.
« Dans toute situation de colonisation et d’oppression, la violence est le résultat de la brutalité de l’oppresseur. Il ne faut jamais faire porter la responsabilité d’une escalade sur le colonisé, qui est confronté à de grandes injustices depuis des décennies », lance-t-elle.
La militante ne se fait guère d’illusions sur la suite. « Bien sûr, nous anticipons une augmentation des victimes, et en particulier à Gaza », dit-elle, rappelant que sur ce petit territoire de 350 kilomètres carrés et de 2,2 millions d’habitants, enserré de très près par l’armée israélienne, « il n’y a pas d’abris », et que la situation humanitaire y est notoirement déplorable : « Les hôpitaux, le système d’eau potable, l’alimentation, les médicaments... Rien ne fonctionne correctement à Gaza. Rien ne permet de faire face à une attaque massive. »
Elle appelle encore « la communauté internationale à regarder ce qu’il se passe le plus attentivement possible », car à ses yeux, « à chaque fois que les Israéliens ont attaqué Gaza, ils l’ont fait dans l’impunité, et sans jamais devoir répondre de leurs actes et de leurs crimes ».
« Nous savons que les États-Unis et l’Union européenne sont les meilleurs alliés du régime colonial d’Israël et cela ne va pas changer maintenant », s’insurge-t-elle. Lorsqu’en Ukraine, « des civils ont pris les armes pour se battre contre l’agression russe, pour se protéger, ils ont été bénis par les États-Unis, encouragés par l’Europe », souligne-t-elle, amère. « Ici, même quand les gens sont brûlés dans leurs propres maisons, ce n’est jamais le bon moment pour soutenir les Palestiniens », lance-t-elle.
Elle fait ici référence à l’incendie de plusieurs maisons par des colons israéliens en Cisjordanie en juin 2023, ou à cet enfant, brûlé vif dans l’incendie de son foyer, en 2015. « Nous n’attendons aucun soutien. Tout ce qu’il reste aux gens, c’est de sortir de chez eux et de se défendre eux-mêmes. »
Quant à la situation politique en Israël, elle ignore à quel point le premier ministre Benyamin Nétannyahou va être fragilisé, et si ce 7 octobre marquera le début de sa chute définitive : « Je ne sais pas comment cela va affecter son image, ni comment la société civile israélienne va réagir. » « Elle va peut-être condamner son premier ministre, considère Rula Shadeed. Ou bien faire bloc jusqu’à la fin de cet épisode. C’est un cycle sans fin : il y aura beaucoup de morts, et Nétanyahou pourra utiliser cette extrême brutalité pour trouver des soutiens. »
Mathilde Goanec
8 octobre 2023
SOURCE : https://www.mediapart.fr/journal/international/081023/en-palestine-nous-avons-le-droit-de-resister-contre-la-colonisation-l-occupation-et-l-
"Je ne veux pas me taire"
Appel. Gisèle Halimi est engagée depuis toujours pour la cause anticolonialiste et les droits de l’homme.
Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire. Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Malgré le désert estival, je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?
Gisèle Halimi
Ce cri prend toute sa force aujourd'hui !!!
Jérusalem - 25 juillet 2019
Israël détruit des maisons palestiniennes lors de la plus grande campagne de démolition depuis 1967
22.07.2019 – Des bulldozers israéliens rejoints par des centaines de soldats et de policiers ont démoli lundi des maisons palestiniennes à la périphérie de Jérusalem-Est, malgré les protestations locales et les critiques internationales.
Les forces israéliennes se sont rendues tôt le matin dans le village palestinien de Sur Bahir pour démolir 11 bâtiments, dont des dizaines de maisons, dans le quartier de Wadi Hummus, près de la clôture d’annexion qui sépare la Cisjordanie de Jérusalem.
En fin d'après-midi, au moins un résident avait été arrêté et 10 bâtiments rasés, a rapporté le correspondant de MEE.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a déclaré lundi lors d'une réunion de ministres que les démolitions constituaient une violation du droit international, tandis que d'autres responsables palestiniens ont demandé à la Cour pénale internationale de mener une enquête.
Les responsables de l'ONU ont déclaré qu'ils étaient prêts à fournir une assistance aux personnes déplacées, mais a ajouté qu'aucune aide humanitaire ne pourrait remplacer la perte des propriétaires, dont certains avaient investi les économies de toute une vie.
« Parmi les personnes déplacées de force ou autrement touchées figurent des réfugiés de Palestine, dont certains sont aujourd'hui confrontés à la réalité d'un deuxième déplacement, de mémoire d’homme », a déclaré un communiqué de l'ONU.
Des habitants ont déclaré que les forces israéliennes ont traversé une section du mur d’annexion en le coupant à Sur Bahir [à cet endroit, le mur est constitué de barbelés électrifiés, ndt] en profitant de l'obscurité, vers 2 heures du matin lundi, et ont commencé à évacuer les gens avant d’installer des explosifs pour commencer les démolitions.
Des activistes palestiniens, israéliens et internationaux qui s'étaient mobilisés pour tenter d'arrêter l'activité ont filmé et pris des photos de l’opération. (1)
L'armée israélienne a déclaré la zone fermée pendant trois jours, interdisant aux gens d'entrer ou de rester dans le quartier. Elle a interdit aux Palestiniens de récupérer leurs biens ou d’ériger des tentes dans le secteur.
C'est quoi la Palestine aujourd'hui
" Un jour peut-être... Mais nous serons mort mon frère "
Par micheldandelot1 dans Accueil le 9 Octobre 2023 à 09:27
http://www.micheldandelot1.com/l-editorial-de-sebastien-crepel-l-urgence-de-cesser-le-massacre-a214871511
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Petite fille dans les gravas d'une habitation palestinienne détruite. © ICAHD
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