Livres
«D'audace et de liberté» renoue avec un héros ignoré et rendu à un pays qui se reconstruit. Lecteur de «Combat», admirateur de Danton, il tire peu à peu les leçons du passé tout en dirigeant, en compagnie (jusqu'à l'intime) d'Elvire, la fille, de confession juive, du propriétaire (non revenu des camps nazis) d'une tannerie dont il a hérité à Gentilly.
Ce deuxième volet de la fresque épouse, petit à petit, les contours d'un monde colonisé impatient, prêt à faire craquer les anciennes coutures. Puis, patatras, le père d'Elvire réapparait... en Palestine où les rescapés des camps nazis - rejoint par Elvire - commencent leur occupation alors qu'à Paris une communauté d'Algériens exilés affrontant le mépris d'un pays qui, pourtant, s'appuie sur leur force de travail pour renaître, commencent à parler et à rêver d'indépendance de l'Algérie.
Parallèlement, la re-découverte du pays et des origines est accéléré par la venue à Paris d'un autre Adam... un jeune homme, dont le «père» (le Caïd, époux de la bien-aimée Zina) a été tué par des révoltés. Après les aventures du guerrier, après celles de l'amant, c'est le temps du papa qui commence. Pour Adam senior, la vie est ainsi faite. A l'image d'une représentation de pièce de théâtre «On y arrive quinze minutes après le début et on s'en va quinze minutes avant la fin sans connaître la fin».
L'Auteur : Né en 1954 à Paris. Auteur de onze romans (et d'un essai à succès : «Qui n'est pas raciste, ici ?», Lattès 2019) dont trois adaptés à la télévision : «Les ANI du Tassili», «Le Porteur de cartable» et «Il était une fois peut-être pas» .Plusieurs livres à succès, dont «Le Porteur de cartable», «La meilleure façon de s'aimer» e... «La Reine du tango» (2006) qui a reçu le Prix Nice Baie des Anges. Ses romans sont traduits dans de nombreux pays. Sa bio-express indique qu' «il poursuit son exploration des liens entre la France et l'Algérie pour mieux tisser notre histoire commune».
Extraits : «Nous ne fuirons pas. Nous ne leur devons rien. Nous avons versé tant de sang pour abreuver leurs sillons, laissé nos frères sur leurs champs de guerre pour défendre leur liberté dont ils nous privent encore aujourd'hui» (p45), «Après la guerre, nous n'avons eu ni remerciements ni reconnaissance, pas même une petite breloque, pour dire... À la vérité, nous n'attendions rien et nous n'avons pas été déçus. Aux yeux des Français, nous sommes restés ce que nous n'avons jamais cessé d'être : des colonisés corvéables à merci. Mais là n'est pas le principal, ce qui nous rapproche et nous unit, c'est cette soif de justice et de liberté» (p123)
Avis: Un auteur facile à lire et à comprendre grâce à sa maîtrise de l'écriture et au rythme du récit. Cela va vite, très vite, mais pas trop. Peut-être un peu trop tendre à l'endroit des autres... de ceux, il le sait, qui ne nous aiment pas. En attendant, assurément, la suite... certainement la guerre de libération nationale en France même ou... en Algérie. Le troisième volet de la fresque. Une petite remarque : durant la colonisation, il n'existait pas de faculté à Bône (Annaba aujourd'hui). Il n'y avait qu'une seule université, celle d'Alger (Voir p 208).
Citations : «Les souvenirs, ça vient, c'est comme les vagues de l'océan, parfois elles vous bercent d'images heureuses, parfois elles vous rejettent des pensées amères que l'on croyait noyées à jamais» (p21), «Sans utopie, il n'y a pas d'avenir possible» (p 101), «Si l'ennui était une matière exportable, l'Algérie serait riche à milliards» (p167), «On n'a qu'un seul grand amour dans sa vie ; tous ceux qui suivent sont des amours de passage» (p173), «Se venger des morts sur leurs enfants, c'est de la lâcheté» (p177), «La liberté, c'est refuser ce qu'on ne veut pas faire» (p 198).
D'amour et de guerre. Roman de Akli Tadjer. Casbah Éditions, Alger 2021, 331 pages, 1.200 dinars (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel. Extraits. Fiche de lecture complète inwww.almanach-dz.com/société/bibliothèque d'almanach)
Les années 30 en grande Kabylie. Une belle histoire d'amour qui pousse et fleurit à l'ombre des innocences et des espérances. L'histoire de Zina - la fille de Hadj Moussa, un soumis au Caïd El Hachemi, un véritable salaud - et de Adam. Zina est la plus belle fille de Bousoulem et le deuxième fils du Caïd la convoitait. Adam, lui, est un orphelin de père - un ancien combattant de la première guerre mondiale, revenu avec une jambe en moins et l'ingratitude de l'armée française en plus - et de mère (gangrène pour l'un et typhus pour l'autre) alors en pleine enfance est élevé par une tante passant son temps à pleurnicher mais tout de même très affectueuse. Heureusement, la masure héritée a «été transformée en un petit palais «digne d'accueillir Zina», sa princesse Un véritable nid d'amour : «La Clef» ! Et, il a appris, grâce à un instituteur compréhensif, et sans aller à l'école (réservée aux enfants des colons et des notables du coin) à lire et à écrire.
Hélas, pour lui, et la demande en mariage ayant tardé, appelé sous les drapeaux pour aller défendre la France en guerre contre l'Allemagne, il prend la fuite avec sa belle. L'aventure ne durera qu'un court instant, traversée par un mariage religieux à la va-vite (grâce à un imam bandit d'honneur) et une nuit de noces en plein maquis.
Ils seront assez vite capturés par la gendarmerie.
Adam, enrégimenté avec tout un groupe de «déserteurs» (dont son ami du maquis, Arezki, l'apprenti-imam, un européen, fils de colon, mais anticolonialiste et ne rêvant que de Paris et de mannequinat et un juif, fils du Rabbin du village et qui ne rêve que d'y retourner) va se retrouver plongé en pleins combats de la seconde guerre mondiale et Zina retrouvera sa famille. La suite est connue (...) Mais toujours, toujours sans oublier Zina. Aucune infidélité bien que les «occasions» ne manquèrent pas. C'est donc le retour au pays avec l'espoir de faire enfin sa vie dans son palais de Bousoulem avec Zina. Une autre histoire va commencer !
L'Auteur : Voir plus haut
Extraits : (...), «Les responsables de l'intendance (de l'Armée française durant la 2ème guerre mondiale) ont distribué des mitraillettes, des fusils d'assaut et des bandoulières de cartouches aux soldats français. Nous, on devait se satisfaire de nos vieux Lebel et d'une poignée de balles. C'était les ordres. Il n'y avait pas à discuter» (p120), «Nous étions (prisonniers dans un camp allemand nazi, affecté spécialement aux Noirs, Arabes, Kabyles, Juifs, Jaunes, Blancs cassés ) moins que des Pas Grand-Chose. Nous étions de la pisse, la merde et la vomissure de cette guerre» (p151)
Avis: La guerre, mais aussi l'Histoire de la mentalité coloniale du racisme de l'antisémitisme et de la collaboration française durant l'occupation nazie. Et, surtout apprendre à survivre par Amour.
Citations : «Les Français n'ont que les mots paix, amour, fraternité à la bouche, mais leur vraie nature, c'est la guerre. On est bien placés pour le savoir Ils ont le baroud dans le sang. C'est leur race qui est comme ça» (p15), (...). «Je disais : «Qui ne risque rien n'a rien», et toi tu disais : «Qui ne risque rien n'est rien» (p 285)(...)
PS : Toutes mes excuses pour les deux «coquilles» enregistrées involontairement dans la dernière chronique «Médiatic» du jeudi 3 août. Lire pour le roman «Youmma ou les incertitudes de la vie de Ahmed Saifi Benziane»... 1/ «et, aussi celle de certaines parties de notre «élite»... et non «élite.juive»... et lire 2/ «le drame de ces grands amours (plus grands que celui de Roméo et Juliette) était qu'elles devaient rester cachés tant les a-priori religieux et communautaires (ajoutez-y à l'époque ceux politiques), malgré les relations souvent très amicales, empêchaient tout «écart».
Jeudi 10 aout 2023
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5323056
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