De-l-amiraute-a-tipasa 8
Tipasa, encore et encore des photos 8
La basilique de Sainte-Salsa. Ecoutons donc le Camus du Retour à Tipasa et des Noces à Tipasa.
«
«
(...) Si nous pouvions le nommer, quel silence ! Sur la colline de Sainte-Salsa, à l'est de Tipasa, le soir est habité. Il fait encore clair, à vrai dire, mais, dans la lumière, une défaillance invisible annonce la findu jour. »
« Comme aussi cette basilique sur la colline Est: elle a gardé ses murs et dans un grand rayon autour d'elle s'alignent des sacorphages exhumés, pour la plupart à peine issus de la terre dont ils
« Comme aussi cette basilique sur la colline Est: elle a gardé ses murs et dans un grand rayon autour d'elle s'alignent des sacorphages exhumés, pour la plupart à peine issus de la terre dont ils
participent encore. Ils ont connu des
morts; pour le moment il y pousse des sauges et des ravenelles.
La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais à chaque fois qu'on regarde par une ouverture, c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace. »
Chez la Sainte. Il est bien vrai qu'un grand bonheur se balance dans l'espace.
(...) Et je ne pouvais, en effet, remonter le cours du temps, redonner au monde le visage que j'avais aimé et qui avait disparu en un jour,longtemps auparavant. Le 2
La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais à chaque fois qu'on regarde par une ouverture, c'est la mélodie du monde qui parvient jusqu'à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs à une vingtaine de mètres. La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l'espace. »
Chez la Sainte. Il est bien vrai qu'un grand bonheur se balance dans l'espace.
(...) Et je ne pouvais, en effet, remonter le cours du temps, redonner au monde le visage que j'avais aimé et qui avait disparu en un jour,longtemps auparavant. Le 2
décembre 1939, en effet, je n'étais pas allé en Grèce, comme je le devais. La guerre en revanche était venue jusqu'à nous, puis elle avait recouvert la Grèce elle-même. Cette distance, ces années qui séparaient les ruines chaudes des barbelés, le les retrouvais également en moi, ce jour-là, devant les sarcophages pleins d'eau noire, sous les tamaris détrempés.
"Elevé d'abord dans le spectacle de la beauté qui était ma seule richesse, j'avais commencé par la plénitude. Ensuite étaient venus les barbelés, je veux dire les tyrannies, la guerre, les polices, le temps de la révolte."
Il y pousse de la sauges et des ravenelles.
"Elevé d'abord dans le spectacle de la beauté qui était ma seule richesse, j'avais commencé par la plénitude. Ensuite étaient venus les barbelés, je veux dire les tyrannies, la guerre, les polices, le temps de la révolte."
Il y pousse de la sauges et des ravenelles.
Une carte postale : Ruines de sainte Salsa. Les sacophages. Derrière la basilique.
Ecoutons Paul Valéry . On ne se lasse jamais d'entendre, de lire et de relise encore son célèbre Cimetière marin.
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux.
Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même ...
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.
Albert Camus :
" Heureux celui des vivants sur la terre qui a vu ces choses." Voir, et voir sur cette terre, comment oublier la leçon ? Aux mystères d'Eleusis, il suffisait de contempler. Ici même, je sais que jamais je ne m'approcherai assez du monde.
Eleusis... De la mythologie à la ville où je suis allé.
Au printemps Tipasa est habité par les dieux
Camus :" Ce qu'il faut dire d'abord, c'est qu'il y régnait un grand silence lourd et sans fêlure -quelque chose comme l'équilibre d'une balance."
Quinze ans après, je retrouvais mes ruines, à quelques pas des premières vagues, je suivais les rues de la cité oubliée à travers des champs couverts d'arbres amers, et, sur les coteaux qui dominaient la baie, je caressais encore les colonnes couleur de pain.
Camus :
"J'écoutais en moi un bruit presque oublié, comme si mon cœur, arrêté depuis
longtemps, se remettait doucement à battre.Et maintenant éveillé, je reconnaissais un à un les bruits imperceptibles dont était fait le silence : la basse continue des oiseaux, les soupirs légers et brefs de la mer au pied des rochers, la vibrations des arbres, le chant aveugle des colonnes, les froissements des absinthes, les lézards furtifs."
.
Le chant aveugle des colonnes...
Camus :
"Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et
.
Le chant aveugle des colonnes...
Camus :
"Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et
l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil."
La chapelle judiciaire aux colonnes inégales.Que de fois y suis-je allé pour tout simplement rêver.
La chapelle judiciaire aux colonnes inégales.Que de fois y suis-je allé pour tout simplement rêver.
La stèle gravée par Louis Benisti, ami de Camus.
« Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. »
Voici une citation de Herbert R. Lottman trouvée à la dernière page de son volumineux ouvrage Albert Camus :"En Algérie, des amis de Camus parmi lesquels Pierre-André Emery, Louis Miquel, Edmond Brua, Jean-Pierre Faure et Marcelle Bonnet-Blanchet, assistèrent en avril 1961 à l'inauguration d'un monument en l'honneur de Camus à Tipasa. C'était une antique pierre tombale phénicienne, de la taille d'un homme, que l'on avait trouvée dans les ruines de Tipasa et transportée à Alger pour la donner à graver à Louis Benisti (qui ne pouvait guère travailler sur le site même à cause des échanges de tirs qui s'y produisaient parfois). Le nom de Camus s'est trouvé par la suite mutilé, mais on parvient encore à le déchiffrer (cette pierre gravée y était encore dressée en 1975)."
Noces à Tipasa, page 20.
"Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Etreindre un corps de femme, c'est aussi retenir,contre soi cette joie étrange qui descend vers la mer. Tout à l'heure, quand je me jetterai dans les absinthes pour me faire entrer leur parfum dans le corps, j'aurai conscience, contre tous les préjugés, d'accomplir une vérité qui est celle du soleil et sera aussi celle de ma mort."
Ces deux photos nous sont envoyées par Gérard Stagliano.
« Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. »
Voici une citation de Herbert R. Lottman trouvée à la dernière page de son volumineux ouvrage Albert Camus :"En Algérie, des amis de Camus parmi lesquels Pierre-André Emery, Louis Miquel, Edmond Brua, Jean-Pierre Faure et Marcelle Bonnet-Blanchet, assistèrent en avril 1961 à l'inauguration d'un monument en l'honneur de Camus à Tipasa. C'était une antique pierre tombale phénicienne, de la taille d'un homme, que l'on avait trouvée dans les ruines de Tipasa et transportée à Alger pour la donner à graver à Louis Benisti (qui ne pouvait guère travailler sur le site même à cause des échanges de tirs qui s'y produisaient parfois). Le nom de Camus s'est trouvé par la suite mutilé, mais on parvient encore à le déchiffrer (cette pierre gravée y était encore dressée en 1975)."
Noces à Tipasa, page 20.
"Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Etreindre un corps de femme, c'est aussi retenir,contre soi cette joie étrange qui descend vers la mer. Tout à l'heure, quand je me jetterai dans les absinthes pour me faire entrer leur parfum dans le corps, j'aurai conscience, contre tous les préjugés, d'accomplir une vérité qui est celle du soleil et sera aussi celle de ma mort."
Ces deux photos nous sont envoyées par Gérard Stagliano.
Une série de photos
(...) je suivais les rues de la cité oubliée à travers des champs couverts d'arbres amers (...)
À propos d'arbres amers des ruines de Tipasa, Camus dixit, il en est un, un olivier, qui a été joliment décoré par un sculpteur du cru, le voici, dans toute sa splendeur !
Gérard STAGLIANO
Les vrais paradis sont ceux qu'on a perdus.
Marcel Proust
A la fin août 1977, je recevais une lettre du critique musical d'Alger Gille Tauber qui me disait qu'il avait bien reçu ma carte de Tipasa et ma lettre, toutes les deux pleines de souvenirs, de regrets, de choses qui l'avaient touché « comme s'il y était », et qui lui rappelaient que nous garderons longtemps, peut-être jusqu'à notre fin dernière, une nostalgie que d'aucuns autour de nous trouvent et voudraient nous faire trouver d'un romantisme suranné, et en tout cas irrationnel ! Il voyait que la prose chaleureuse de Camus m'accompagnait.
Gille Tauber lirait, me promettait-il, avec émotion ce que j'écrirai de tout cela. Il me disait une phrase que j'aime rappeler et que je reprends :" les paradis perdus sont pour nous, jusqu'à nouvel ordre, terrestres ! C'est là qu'on sait ce qu'on perd... Recommencer, -c'est le désir de recommencer qui est la vraie nostalgie, et la nostalgie, elle, est sans remède."
Camus :"S'il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu'on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d'inhumain qui m'habite aujourd'hui. Un
Gille Tauber lirait, me promettait-il, avec émotion ce que j'écrirai de tout cela. Il me disait une phrase que j'aime rappeler et que je reprends :" les paradis perdus sont pour nous, jusqu'à nouvel ordre, terrestres ! C'est là qu'on sait ce qu'on perd... Recommencer, -c'est le désir de recommencer qui est la vraie nostalgie, et la nostalgie, elle, est sans remède."
Camus :"S'il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu'on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d'inhumain qui m'habite aujourd'hui. Un
émigrant revient dans sa patrie. Et moi, je me souviens."
Fernad Sintes dit Nandet se promenait dans les arènes, caressait les vieilles pierres, écrasait des feuilles d'absinthe, jouait à Camus.
Fernad Sintes dit Nandet se promenait dans les arènes, caressait les vieilles pierres, écrasait des feuilles d'absinthe, jouait à Camus.
Fernand Sintes. Il portait le même nom d'origine minorquine (Minorque deuxième île des Baléares) que madame Camus mère.
Pour Nandet aussi la brise était fraîche et le ciel bleu. Cette phrase appartient à Camus donc on ne parle pas de cliché.
Oui, il s'appelle Fernand Sintes, Sintes était le nom de jeune fille de madame Camus mère. François était persuadé qu'il était un lointain cousin d'Albert Camus.
Pour Nandet aussi la brise était fraîche et le ciel bleu. Cette phrase appartient à Camus donc on ne parle pas de cliché.
Oui, il s'appelle Fernand Sintes, Sintes était le nom de jeune fille de madame Camus mère. François était persuadé qu'il était un lointain cousin d'Albert Camus.
Fernand se trouvait dans les arènes, ici.
La marée du temps
" La marée du temps, en se retirant, laisse un sel d'éternité dans nos âmes."
(Gustave Thibon)
La grande basilique que l'on aperçoit en haut, tout à fait à gauche.
Sur cette photo, la grande basilique semble très loin comme si les ruines couvraient une très grande surface. J'ai envie de parler d'une illusion d'optique. Que de fois ai-je pris ces petits chemins qui menaient à la mer ? Ah, le bonheur, pensais-je, était humain ! Je marchais vite, la gorge sèche. Je voulais, souvent en vain, faire partager mon bonheur à tous ceux qui m'accompagnaient.
nnnnn
En urbanisme de la Rome antique, un decumanus est une voie orientée d'est en ouest,dans un camps, une ville ou une colonie romaine.
Splendide photo.
Camus :"C'était là qu'il allait vivre. Sans doute la beauté de ces lieux touchait son cœur. C'était pour eux (Catherine et lui Mersault) qu'aussi bien il avait acheté cette maison.
Mais le délassement qu'il avait espéré trouver l'effrayait maintenant. Et cette solitude qu'il avait recherchée avec tant de lucidité lui paraissait plus inquiétante maintenant qu'il en connaissait le décor.
Les soirs de juin, pensa Mersault, le vent devait porter vers le Chenoua à travers la mer le parfum dont se délivraient les absinthes gorgées de soleil."
Le temple.
Je n'ai pas le courage de rapetisser la magnifique photo ci-dessus. Mais soit, elle prend beaucoup place.
"Un petit sentier descendait de la route vers la mer."
Un petit sentier descendait de la route vers la mer. Au moment de le prendre, il s'aperçut pour la
première fois qu'on apercevait de l'autre côté
de la mer la petite pointe de Tipasa. Sur l'extrémité de cette pointe, se découpaient les colonnes dorées du temple et tout autour d'elles les ruines usées parmi les absinthes qui formaient à distance un pelage gris et laineu
Camus nous dit qu'à Tipasa, je vois équivaut à je crois, et je ne m'obstine pas à nier ce que ma main peut toucher et mes lèvres caresser.
Je n'éprouve pas le besoin d'en faire une œuvre d'art, mais de raconter ce qui est
différent. Tipasa m'apparaît comme ces personnages qu'on décrit pour signifier indirectement un point de vue sur le monde.
Je n'éprouve pas le besoin d'en faire une œuvre d'art, mais de raconter ce qui est
différent. Tipasa m'apparaît comme ces personnages qu'on décrit pour signifier indirectement un point de vue sur le monde.
Vivre Tipasa, témoigner et l'œuvre d'art viendra ensuite. Il y a là une liberté.
La Nymphée :Ah, y ai-je passé des moments délicieux. Une de mes amies me disait qu'elle avait connu la mélancolie face à la Nymphée et elle avait même ajouté : une sorte de mélancolie poisseuse. Quant à moi, la mélancolie poisseuse, c'est aujourd'hui que je la vis lorsque je manipule les photos de Tipasa.
La Nymphée :Ah, y ai-je passé des moments délicieux. Une de mes amies me disait qu'elle avait connu la mélancolie face à la Nymphée et elle avait même ajouté : une sorte de mélancolie poisseuse. Quant à moi, la mélancolie poisseuse, c'est aujourd'hui que je la vis lorsque je manipule les photos de Tipasa.
https://de-l-amiraute-a-tipasa.skyrock.com/8.html
.
Les commentaires récents