8 Mars .....ou crève.
Gardez votre demie journée de permission de sortie de prison , vos fleurs aussi plastiques que vos intentions , vos gâteaux aussi rassis que vos arguments , vos tarifs de promotion , vos cadeaux de consolation et vos crooners démodés que vous dépoussiérez pour l'occasion.
J'ai passé l'âge de me faire taire avec un bonbon.
Si cette journée est celle de la femme c'est que je n'en suis pas une vraie , je refuse d'être un corps qu'on instrumentalise pour endoctriner , je ne porterai pas de tenue traditionnelle dans la rue pour folkloriser mon identité , je ne balancerai pas mes hanches pour faire croire à ma liberté , je ne marcherai pas une fleur à la main pour donner l'illusion d'exister.... l'espace d'une demie journée .
Je ne suis pas un bien de la communauté qu'on cache ou qu'on exhibe , habille ou déshabille au grès des convictions , qu'on brandit comme étendard politique ou de religion , qu'on utilise comme chair à pâté pour déchaîner les passions et détourner l'attention sur les véritables tares de la nation .
Ne me souhaitez pas bonne fête , ce n'est pas une fête pour moi ; c'est la journée commémorant la lutte pour mes droits . Vous vouliez que je fasse entendre ma voix ? Prenez garde , ce que j'ai à dire vous ne l'aimerez pas : JE VEUX TOUS MES DROITS .
Je ne suis pas une femme selon vos critères de féminité , je suis un être humain entier sans aucune infériorité ; je suis la moitié de la société qui enfante l'autre moitié , on ne me célèbre pas une demie journée pour me mépriser le reste de l'année.
Le 8 Mars comme tous les jours , je vais travailler et continuer à lutter.
Taous Ait Mesghat , à Alger
TERRORISME
Petite on lui a appris à craindre Dieu , à faire et ne pas faire des choses pour éviter le courroux de son créateur et son infernal châtiment .
On lui a aussi appris à craindre son père , son frère , les gardiens de sa vertu , à faire et ne pas faire des choses pour éviter de les décevoir et risquer une correction.
Ensuite on lui a appris à craindre ses enseignants , à faire et ne pas faire des choses pour éviter leurs blâmes et leurs sanctions.
Comme on lui a appris à craindre tous les hommes , à faire et ne pas faire des choses pour éviter d'éveiller leurs instincts et risquer une agression.
Plus tard on lui a appris que pour être une femme bien il fallait qu'elle craigne son mari , à faire et ne pas faire des choses pour le contenter et éviter sa colère et une "légitime" punition.
Elle vivra ainsi prisonnière de la peur de son créateur , de la famille , du mari , des on-dits ; pour être une femme bien dans une société qui apprend à terroriser jusqu'à la mort plutôt que d'apprendre le respect et l'amour de Dieu , de l'homme et de la vie .
Triste et dommage , Dieu dans sa grandeur n'est pas un tortionnaire et l'homme n'est pas un maître mais un partenaire .
On ne gagne jamais un coeur qui a peur .
Bonsoir le monde , bonsoir l'humanité !
Taous Ait Mesgaht. à Alger
Puisque dévoiler mes jambes cause des tremblements de terre et mes cheveux cyclones et vents froids.
Puisque un bout de ma gorge fait monter la mer et des terrains glissent au son de ma voix.
Puisque mon sein qui allaite provoque famine et misère et que mes bras nus réchauffent le climat.
Puisque mon sourire déstabilise l'univers et réveille tous les instincts bas.
Puisque je suis derrière toutes les catastrophes naturelles, alors crains-moi.
Car force divine je suis et le misérable mortel c'est toi.
Taous Ait Mesghat, à Alger
C'est la vie .....
La vie t'apprendra que les assassins des âmes d'enfants sont souvent pour les leurs de bons parents.
Que la mûre bienveillance d'un proche censée te guider est parfois celle d'un prédateur avide d'innocents.
Que la main qui se tend pour te sortir d'un gouffre peut être cette même main qui pousse vers le fond.
La vie t'apprendra aussi que le bien n'a pas de couleur précise et qu'on a vu le mal s'habiller en blanc.
Que celui qui fait le serment de soigner tes maux douloureusement inoculera un létal poison.
Que certains ne complimentent ton sourire que pour couvrir de tristesse plus tard ton visage rayonnant.
La vie t'apprendra ainsi qu'il n'y a pas de vérité absolue et que les anges flirtent avec les démons.
Que les apparences sont souvent trompeuses et que nul ne doit juger à sa couverture un roman.
Qu'on peut tout ignorer d'une personne tout en partageant son lit pendant plus de vingt ans.
La vie t'apprendra qu'avec de l'argent tu construits de hauts murs et qu'avec de l'amour tu bâtis des ponts.
Que plus les murs vieillissent plus ta somptueuse demeure devient ta personnelle prison.
Que tout s'achète et se vend dans ce monde mais sans prix restent les purs sentiments.
La vie t'apprendra pareillement que pour quelques plaisirs éphémères on piétinera ton cœur aimant.
Que ceux dont tu feras la première de tes priorités ne feront de toi que la dernière de leurs options
Que les liens que tu tisseras patiemment avec tendresse peuvent devenir la corde de ta pendaison.
La vie t'apprendra également que tu peux tout donner à un être et que ton tout ne soit pas suffisant.
Que celui qui est habitué à toujours prendre ne peut pas comprendre la signification du don.
Que plus tu te montreras indulgent moins on estimera nécessaire de demander ton pardon.
La vie t'apprendra bien-sûr que les paroles ne sont que littérature si elles ne sont pas suivies d'actions.
Que les beaux parleurs d'auditorium ne sont pas forcément détenteurs de véritables arguments.
Qu'on écoute parfois religieusement des silences plus éloquents que mille dissertations.
La vie t'apprendra finalement que plus tu apprends d'elle et moins tu comprends les gens.
Que ce qui ne te tue pas blesse, écorche, saigne, te détruit et ne te rend pas plus fort forcément.
Mais que rien ne sert de répondre au mal par le mal si c'est pour ressembler aux méchants.
La vie t'apprendra beaucoup de choses mais jamais tu ne retiendras ses leçons.
Bonsoir le monde, bonsoir l'humanité !
Taous Ait Mesghat. à Alger
FEMMES EN MOUVEMENTS - L ' Algérie en démocratie
Des images d'archives pour ne pas oublier... Au lendemain des émeutes d'octobre 1988, armé d'une petite caméra vidéo (une des premières prêtée par un ami) j'ai filmé au quotidien l'émergen...
Des images d’archives pour ne pas oublier… Au lendemain des émeutes d’octobre 1988, armé d’une petite caméra vidéo (une des premières prêtée par un ami) j’ai filmé au quotidien l’émergence soudaine de la société civile (intellectuels, artistes, journalistes, etc) et son intervention dans la vie politique de l’Algérie encore sous parti unique. Ces documents réunis et montés sous le titre L’APRES OCTOBRE" furent diffusés principalement à la Cinémathèque algérienne et au sein des associations de l’époque. En 1989, j’ai poursuivi ce travail personnel et artisanal en promenant ma caméra dans le milieu des nouvelles associations féminines. Grâce à la collaboration active de la romancière Assia Djebar, ainsi que d’autres amies et amis, j’ai réalisé ce deuxième volet intitulé FEMMES EN MOUVEMENT. J’ai perdu la trace de ce document pendant des années. Je l’ai heureusement retrouvé dernièrement et numérisé. La qualité de l’image et du son est médiocre, mais ce que je nommais à l’époque "un documentaire d’intervention" donne aujourd’hui une idée de l’effervescence politique qui régnait à Alger avant le basculement dans la violence. Vous reconnaitrez des visages de femmes, dont certaines sont malheureusement disparues. C’est à elles que je dédie ce petit morceau de mémoire d’une époque qui ne fût qu’une courte parenthèse.
https://www.poesielavie.com/2017/03/une-grande-dame-taous-ait-mesghat-a-alger.html
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Merzak Allouache
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