En cette période où le sujet brûlant des retraites mobilise l’opinion publique et les médias, une femme hors du commun est célébrée à Orléans. L’association Solidarité Loiret Algérie (ASLA) organise jusqu’au 18 mars un hommage à Gisèle Halimi et propose quatre événements autour de l’action de cette militante de « La Cause des femmes ».
Le chef de l’État a profité de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars pour rendre hommage à Gisèle Halimi. Cette femme est la fondatrice avec Simone de Beauvoir, en 1971, du mouvement de lutte pour la dépénalisation de l’avortement : « Choisir la cause des femmes ». Cette association était « destinée à défendre gratuitement toute personne poursuivie pour avortement. Et au-delà de ça, exiger la suppression de la loi répressive de 1920 en même temps que l’accès à l’éducation sexuelle et à la contraception », rappelle Gisèle Halimi dans « Une farouche liberté », livre coécrit avec Annick Cojean (page 83 – Edition Grasset 2020)
Une possible instrumentalisation politique
Même si dans son discours, consacré à la grande avocate féministe, le Président Macron a annoncé que dans les prochains mois un projet de loi inscrirait l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, l’association « Choisir la cause des femmes » n’a pas voulu être associée à cette célébration. Dans sa lettre, adressée le 2 mars 2023, au président de la République (affichée à la Maison des Associations, rue Sainte-Catherine à Orléans), la présidente actuelle de « Choisir la cause des femmes », Violaine Lucas, estime que « le choix que vous opérez, en organisant en dernière minute cet hommage national à la féministe Gisèle Halimi, ce 8 mars 2023, nous semble relever d’une instrumentalisation politique ». Un des deux frères survivants de Gisèle Halimi a tenu le même raisonnement et était absent lors de cet éloge présidentiel.
Un engagement constant
Les combats de l’avocate Gisèle Halimi ont été multiples et risqués. En pleine guerre d’Algérie elle a dénoncé les tortures et défendu des militants du FLN se battant pour l’indépendance de leur pays. Elle a participé à la mise au grand jour des atrocités perpétrées au Vietnam par l’armée américaine. C’est pourquoi son engagement constant contre toutes les violences est aujourd’hui justement associé à celui des femmes iraniennes qui manifestent contre le régime théocratique qui sévit en Iran. Les manifestations, suite au décès d’une jeune femme de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour quelques mèches de cheveux dépassant de son voile, se poursuivent malgré la brutale répression qui a déjà fait de nombreux morts. En soutien au peuple iranien, des artistes, en particulier des graphistes, illustrent ce mouvement révolutionnaire (œuvres téléchargeables ICI).
La 7ème femme au Panthéon
Gisèle Halimi, défenseuse passionnée de la cause des femmes, ouvrière acharnée de l’éveil des consciences, activiste irréductible contre toutes les injustices, figure d’opposition à la guerre d’Algérie est décédée le 28 juillet 2020. Elle mériterait d’être la 7e femme au Panthéon et y rejoindre Joséphine Baker, Simone Veil, Marie Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Sophie Berthelot. C’est d’ailleurs une des recommandations de l’historien Benjamin Stora dans son rapport de 2021 sur la colonisation et la guerre d’Algérie commandé par le président de la République.
Par Jean-Paul Briand
jeudi, 16 mars 2023
https://www.magcentre.fr/255192-hommage-a-gisele-halimi/
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