Von der Leyen chez les corrupteurs Aziz Akhannouch et Nasser Bourita. D. R.
Bien que tout ait commencé avec une enquête de corruption liée au Qatar qui a permis à la police belge de saisir plus de 1,5 million d’euros dans une vingtaine de résidences et bureaux, les enquêteurs se sont aperçus que ce qu’on a appelé le Qatargate n’était que le sommet d’un gigantesque iceberg. Le Parquet se focalise à présent sur la partie immergée, c’est-à-dire l’influence tentaculaire du Maroc au sein du Parlement européen. Et de fait, le Marocgate n’en finit pas de faire des vagues au niveau mondial et chaque jour apporte son lot de révélations. C’est un véritable séisme qui secoue les fondements des institutions européennes et l’on comprend que cette affaire de corruption pour laquelle la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, ainsi que son compagnon, l’assistant parlementaire Francesco Giorgi, l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri, et le lobbyiste Niccolo Figa-Talamanca, sont incarcérés, est bien plus vaste que ce que l’on imaginait.
On peut effectivement considérer cette affaire comme le scandale du siècle, car le degré d’implication du régime marocain dans cette affaire de corruption au Parlement européen et à la Commission est bien plus important et bien plus dangereux que ne l’imaginaient les enquêteurs belges qui s’aperçoivent que l’influence marocaine sur des politiciens et fonctionnaires européens remonte à plusieurs années. Nous sommes donc aujourd’hui devant une enquête portant sur des délits de «corruption», «blanchiment d’argent» et «appartenance à une organisation criminelle». Rien de moins ! Et il s’avère que plus on fouille, plus on découvre des cas d’espionnage et de corruption où sont impliqués d’innombrables acteurs dont des personnalités politiques de haut rang. Nous sommes littéralement face à une nébuleuse aux nombreuses ramifications et les institutions européennes, déjà bien fragilisées par les décisions arbitraires d’Ursula von der Leyen dont nous avons déjà évoqué dans un précédent article les nombreux conflits d’intérêt et faits de corruption qui entachent sa carrière, risquent de ne pas s’en remettre. La fonction de politicien en Europe est désormais marquée du sceau de la honte.
Le lobbying, ou plus exactement la corruption, exercé par le Makhzen marocain auprès des institutions et des administrations étrangères n’est pas un sujet nouveau pour nous qui en parlons depuis des années dans de nombreux articles et interviews. Combien de fois n’avons-nous pas écrit à ce sujet ? Il est heureux, qu’enfin, cette corruption endémique soit mise au jour grâce à la Sûreté de l’Etat belge qui a commencé à enquêter en 2021 et qui, face à l’ampleur du phénomène, a fait part de ses découvertes au Parquet fédéral en juillet dernier, lequel a chargé le juge d’instruction financier Michel Claise, bien connu pour être sans pitié avec les criminels financiers influents, de mener l’enquête.
Face à cette énorme affaire de corruption qui touche tous les pays européens, plusieurs parquets d’Europe sont en train d’enquêter à leur tour. Et donc, des soirées rouges et des rendez-vous coquins de Marrakech où ils se livraient aux délices voluptueux de l’exotisme, tous ces délinquants en col blanc ont désormais rendez-vous avec des juges, et, certes, pas pour des rendez-vous galants. Quant à ceux qui ne sont pas encore dans le viseur de la justice mais qui savent bien que celle-ci ne tardera pas à leur demander des comptes, nous imaginons aisément que les fêtes de cette fin d’année n’ont pas été aussi joyeuses qu’ils l’auraient souhaité. Nous soulignons le fait que cette oligarchie composée de corrompus n’a jamais cessé d’attaquer l’Algérie et son armée, comme on l’a vu récemment avec la lettre adressée par des eurodéputés à Von der Leyen et Borrell et qui a fait l’objet d’un article.
Selon les enquêteurs du Parquet fédéral belge, l’ingérence du Makhzen allait bien au-delà de son influence dans les décisions du Parlement européen concernant le Maroc, il pesait même dans les nominations des membres des commissions du Parlement qui traitaient de dossiers sensibles pour le royaume féodal du roi dépravé. Par exemple, on apprend que la commission créée pour enquêter sur l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus, qui a piraté de nombreux téléphones portables, a été infiltrée. Les enquêteurs pensent également que l’élection d’Eva Kaili à la vice-présidence du Parlement européen a été soutenue par Panzeri et son équipe. Et donc, par l’intermédiaire des parlementaires mercenaires du Maroc, le Makhzen a pu peser sur le vote de nombreux textes de résolutions, mais aussi dans différentes déclarations de la délégation pour le Maghreb.
Ainsi, le Makhzen serait intervenu pour la modification du rapport annuel du Parlement sur la politique étrangère et de sécurité commune, et même dans le choix des nominés pour le prix Sakharov pour la liberté d’expression. On constate en effet qu’en 2021, c’est Sultana Khaya, la militante sahraouie des droits humains et pour l’indépendance du Sahara Occidental, qui avait été proposée. Intolérable pour le Makhzen ! Selon certaines sources, tout a commencé en 2013 lorsqu’un plan d’action élaboré par le Makhzen pour influencer le Parlement européen voit le jour. C’est l’ambassadeur de l’époque, Menouar Alem, qui avait eu l’idée de mener une opération dont l’objectif était de promouvoir les intérêts du Maroc au sein du Parlement européen. Ce plan détaillé comprenait la collecte d’informations, la promotion et le lobbying en vue d’influencer les décisions du Parlement européen. Nous sommes en possession d’un document le prouvant daté de 2013, soit près de dix ans avant l’enquête du Parquet belge sur le Marocgate. Les négociations qui déboucheront par la suite sur les accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc débuteront à cette même période, accords permettant au Maroc d’empocher plus de 35 milliards d’euros par an.
Figure centrale du scandale, l’ancien député européen italien Pier Antonio Panzeri est un socialiste qui aime le luxe comme la plupart des socialistes. Il était au Parlement européen depuis 2004 et a été nommé président de la Sous-Commission des droits de l’Homme du Parlement en 2017. En 2019, comme il n’avait pas été réélu et afin de poursuivre ses activités lucratives en faveur du Maroc et du Qatar, il a fondé à Bruxelles l’ONG Fight Impunity qui visait à «promouvoir la lutte contre l’impunité en cas de violations graves des droits de l’Homme et de crimes contre l’humanité». Son ONG collaborait régulièrement avec des membres du Parlement européen sur des questions liées aux droits de l’Homme en organisant des conférences et des colloques, ce qui est contraire aux règles en vigueur au Parlement européen puisque depuis 2021, toute ONG invitée au sein du Parlement européen doit être inscrite au registre européen de transparence, une base de données qui répertorie les organisations qui font du lobby et dont l’objectif est d’influer sur les politiques de l’Union européenne. Ces organisations sont tenues de déclarer les intérêts qu’elles défendent, le nombre de personnes qui y travaillent et le montant de leur budget. Or, Fight Impunity n’avait jamais été inscrite dans le registre. On notera au passage que créer une ONG qui s’appelle «combattre l’impunité» quand on est un ripou, c’est assez culotté. Selon la Sûreté de l’Etat belge qui a ouvert l’enquête, l’activité de collaboration de Panzeri avec le Maroc remonte à au moins 2014, alors que ses manœuvres en faveur de Doha ont débuté en 2018. Mais selon nos sources, nous pouvons remonter cette collusion avec les services marocains en 2010 déjà.
Pensez-vous que Panzeri entendait défendre les droits du peuple sahraoui opprimé par le Maroc, ou prendre la défense des travailleurs morts dans la construction des stades de football au Qatar ? Non, bien sûr, cela n’entrait pas dans l’optique de son ONG. Et puis, on ne va pas tuer la poule aux œufs d’or, n’est-ce pas ? La composition du conseil d’administration de ce haut lieu de «défense des droits humains» vaut son pesant de cacahuètes. Rien que du beau monde, comme le Français Bernard Cazeneuve, successivement ministre de l’Intérieur et puis Premier ministre PS sous François Hollande, les Italiennes Emma Bonino, ex-commissaire européen et ancienne ministre, Parti radical, et Federica Mogherini, PD, ancienne haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, la Suédoise Cecilia Wikström, libérale, qui, tenez-vous bien, est très engagée dans les questions relatives à la liberté d’expression en Suède comme dans d’autres pays. Cette Cecilia Wikström a fait des études de théologie à l’Université d’Uppsala et a occupé divers postes au sein de l’Eglise de Suède, tels que pasteur paroissial, aumônier de prison et chanoine de la cathédrale d’Uppsala. Mais, malgré un tel parcours et son militantisme pour la liberté d’expression, elle n’a jamais levé le petit doigt pour sortir Julian Assange de prison ou même pour aller le visiter, et l’on sait le rôle de la Suède dans le harcèlement qu’a subi Julian Assange. Autre eurodéputée tout aussi «vertueuse», la Portugaise Isabel Santos, PS, présidente de la délégation pour les relations avec les pays du Machrek, membre de la sous-commission des droits de l’Homme et qui est accusée par les enquêteurs belges d’avoir approuvé le financement de Fight Impunity à l’aide de fonds européens alors que cette ONG n’était pas dans le registre de transparence de l’UE et n’a jamais publié ces comptes annuels, comme l’exige la loi belge sur les associations sans but lucratif (ASBL).
Vient ensuite le Grec Dimitris Avramopuoulos, Nouvelle Démocratie (droite), plusieurs fois ministre, dont la Défense et les Affaires étrangères, et ex-commissaire européen, lequel vient de jeter un pavé dans la mare en reconnaissant avoir perçu une somme de 60 000 euros pour avoir participé à deux conférences et avoir signé un article en un an pour le compte de l’ONG Fight Impunity. Selon sa déclaration, la Commission européenne avait notifié par écrit qu’elle autorisait Avramopuououlos à participer à ces événements au nom de l’ONG (qui n’est pourtant pas inscrite dans le registre de transparence de l’UE). Mieux encore, Avramopuoulos affirme que Von der Leyen est éclaboussée par ce scandale puisqu’elle l’avait autorisé à percevoir une rémunération pour mener des campagnes de sensibilisation, telles que la publication d’articles, la participation à des conférences, le lancement d’événements, accorder des interviews, etc. Recevoir 60 000 euros pour participer à deux conférences et pour écrire un article en un an, on peut dire que c’est bien payé. Quoi qu’il en soit, voilà une histoire bien fâcheuse qui a bien gâché les fêtes de tous ces gens tellement préoccupés par les violations des droits de l’Homme. Car, dès l’annonce de cette affaire de corruption impliquant Panzeri, ces grands philanthropes se sont empressés de démissionner de leur poste du conseil d’administration de l’ONG et se sont faits tout petits. Au même moment, tous les noms des membres de «l’équipe» de Panzeri ont disparu du site web, et la plaque sur la façade de l’immeuble où l’ONG a son siège a mystérieusement disparu.
Les enquêteurs ayant placé Panzeri sur écoute l’ont entendu plaisanter avec ses complices sur le fait qu’ils étaient pareils aux protagonistes du film Ocean’s Eleven de Soderbergh qui retrace les aventures d’une bande de voleurs préparant le cambriolage d’un casino de Las Vegas. En effet, planquer 600 000 euros en petites coupures dans des valises dans les placards de la maison, ça en jette, et les enquêteurs qui ont perquisitionné le domicile privé des Panzeri en sont restés médusés. Si Panzeri se voit en héros du cinéma hollywoodien du type Braquage à l’italienne, nous le placerions plutôt dans le néoréalisme italien, style «L’argent de la vieille». C’est que tout ce petit monde s’amusait bien à l’hôtel de la Mamounia en faisant sauter les bouchons de champagne en famille et avec les amis ! Car l’épouse de Panzeri, Maria Dolores Colleoni, et sa fille Silvia Panzeri, étaient pleinement au courant des activités du mari et père et participaient joyeusement au transport des «cadeaux». Les écoutes ont montré que des chamailleries éclataient souvent au sein de la famille concernant l’argent, comme le montre la remarque acerbe de Madame Panzeri : «Tâche de ne pas dépenser 100 000 euros comme la dernière fois.»
Cela nous entraîne directement dans une autre œuvre cinématographique, celle d’Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola. Madame Panzeri se demandait où elle allait passer ses vacances de Noël. La question est résolue, elle est chez elle avec un bracelet électronique avec sa fille, en attendant d’être extradées toutes deux dans une prison belge, en séjour familial VIP, accusées de corruption, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. Il y a encore de la place dans la section femmes de la prison de Haren, à Bruxelles, où est écrouée Eva Kaili depuis le 9 décembre. Pour l’anecdote, citons le dialogue qui a eu lieu entre les époux le 4 juin 2022. Panzeri a contacté sa femme et sa fille alors qu’elles étaient en voyage au Maroc : «Tout s’est bien passé, on nous a fait passer comme des VIP’s, on a été chez Atmoun pour boire un café…», déclare Maria Colleoni. Panzeri demande : «Est-ce que vous avez vu les boîtes ?» «Oui, on les a vues ! Parce qu’après, il a lancé quelques produits dans les sacs avant de partir ! Hihihi !» Et tout le monde s’esclaffe. Ensuite, fin juillet 2022, Maria Colleoni s’inquiète de ce que l’on pourrait trouver dans son domicile en Italie : «Il faut espérer qu’on ne rentre pas ici, on trouverait tout et n’importe quoi !» De fait, lors d’une perquisition, les enquêteurs italiens ont découvert 17 000 euros en liquide dans cette maison.
Acculé, Panzeri a décidé de collaborer avec le juge d’instruction. Il faut dire qu’il n’a pas vraiment le choix puisqu’il a été pris la main dans le sac, si l’on peut dire. Nous allons en apprendre de belles au fil du temps, car son carnet d’adresses est bien rempli. Selon ses propos, l’accord avec ses généreux donateurs stipulait que lui et ses complices – la bande d’Ocean Eleven – travailleraient pour influencer le Parlement européen afin de bloquer des résolutions contre le Maroc et qu’en échange ils recevraient à chaque fois 50 000 euros. C’était Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc en Pologne dont parle Maria Colleoni ci-dessus, qui jouait les Père Noël et distribuait les enveloppes et les cadeaux. D’ailleurs, certaines enveloppes étaient décorées à l’effigie du Père Noël. Quelle délicate attention !
Francesco Giorgi, ex-assistant parlementaire de Panzeri, responsable dans l’ONG Fight Impunity et compagnon d’Eva Kaili, est passé aux aveux et a commencé à balancer tout le monde, sauf sa petite amie qu’il déclare innocente, alors que l’ex-présidente a avoué elle-même avoir demandé à son père de venir chercher les valises pleines d’argent chez elle et de les cacher en lieu sûr. Celui-ci a d’ailleurs été interpellé le jour de l’opération anticorruption avec une valise remplie d’argent liquide, alors qu’il se réfugiait au Sofitel d’Etterbeek. Giorgi, l’amoureux transi, a reconnu avoir fait partie d’une organisation utilisée à la fois par le Maroc et par le Qatar dans le but d’influencer la politique européenne en faveur de ces pays. C’était lui qui était chargé de gérer l’argent liquide, le «trésorier» en quelque sorte. Selon lui, l’eurodéputé socialiste italien Andrea Cozzolino, président de la délégation Maghreb au Parlement européen dont il est l’assistant parlementaire, et le député belge Marc Tarabella, PS, ont reçu de l’argent. Quand on sait qu’Andrea Cozzolino, président de la délégation Maghreb au sein du Parlement, siégeait aussi dans la commission chargée du dossier Pegasus, on peut comprendre pourquoi il n’y a pas eu de suites à cette affaire d’espionnage pourtant très grave. Il a été suspendu de ses fonctions. Très proche de Pier Antonio Panzeri, il avait récupéré son assistant Francesco Giorgi, le «trésorier», en 2019.
Il est prouvé qu’Antonio Panzeri, Andrea Cozzolino et Francesco Giorgi étaient en contact avec la DGED (services de renseignement extérieurs marocains) de Yassine Mansouri et aussi avec Abderrahim Atmoun. Outre Atmoun, deux agents de la DGED sont cités dans l’enquête, dont Mohamed Belharche, nom de code M118, qui dirige le réseau et est impliqué dans des faits de corruption, des opérations terroristes et le blanchiment d’argent. Il apparaît dans une autre affaire de corruption en France liée à l’infiltration d’organisations représentatives de la communauté islamique, dont le Conseil français du culte islamique (CFCM) dirigé par son compatriote Mohamed Moussaoui. Déjà en 2010, il a supervisé la création de centres culturels islamiques destinés à l’espionnage et au recrutement d’imams à la solde du Makhzen.
Un autre Italien, Niccolo Figa-Talamanca, secrétaire général de l’ONG No Peace Without Justice (nous espérons que vous appréciez les dénominations de ces ONG) est aussi sous les verrous. Son ONG, fondée en 1993 par l’ancienne commissaire européenne Emma Bonino, que nous avons citée plus haut comme faisant partie du CA de Fight Impunity, partageait des bureaux et de nombreuses activités avec Fight Impunity. Le syndicaliste italien Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale, détenu puis relâché au bout de 48 heures, a avoué avoir reçu une enveloppe de 50 000 euros de Panzeri. Il a déclaré l’avoir acceptée «en raison de la qualité du donateur et de son caractère non lucratif». Les déclarations de Visentini sont d’une stupidité absolue et pourraient même prêter à sourire : «Ce don n’était pas lié à une quelconque tentative de corruption, ni pour influencer ma position syndicale sur le Qatar ou sur toute autre question, il ne visait pas non plus à interférer avec l’autonomie et l’indépendance de moi-même et/ou de la CSI.» Donc, on lui file une enveloppe de 50 000 euros et il accepte ? Comme ça ? Parce qu’elle provient d’un type sympa ? Un cadeau du Père Noël peut-être ?
Le juge Michel Claise est assisté par le procureur italien Fabio de Pasquale, qui dirige le département «affaires internationales» du parquet de Milan. C’est celui-ci qui a ordonné la perquisition du domicile de Panzeri à Calusco D’Adda, où sa femme et sa fille sont assignées à résidence en attendant d’être extradées en Belgique. Les Panzeri possèdent un patrimoine important composé de plusieurs comptes courants communs et de biens immobiliers qui ne peuvent pas se justifier avec des revenus liés au mandat parlementaire européen de Panzeri. Les enquêtes du procureur De Pasquale devraient permettre d’en apprendre davantage sur des sommes d’argent en provenance du Maroc et du Qatar. D’autre part, le juge des enquêtes préliminaires d’Aoste a rendu un arrêté de saisie préventive d’un appartement à Breuil-Cervinia, dans la Vallée d’Aoste, dans le cadre de l’enquête. L’appartement avait été acheté en avril dernier pour 215 000 euros par Nakaz Development SPRL, une société dirigée par Niccolo Figa-Talamanca. Selon le juge Claise, qui a demandé à ses collègues italiens de rendre l’ordonnance, l’achat de l’immeuble pourrait dissimuler un blanchiment d’argent. On le voit, la justice ne chôme pas ces temps-ci en Europe.
On peut se demander aussi comment Brice Hortefeux, ex-ministre de l’Intérieur de Sarkozy, et actuellement eurodéputé, a été récompensé par le Makhzen pour avoir alerté la Commission européenne sur de «possibles liens» entre le Front Polisario et des groupes terroristes. Il s’est inquiété des montants importants que l’Union européenne accorde au Front Polisario pour l’aide humanitaire qui, selon lui, pourraient être détournés par le Front Polisario. On aimerait qu’il nous parle des dizaines de milliers d’euros cash qui ont été découverts par la police lors d’une perquisition du domicile de son épouse en 2017 et qu’il nous parle aussi du financement de la campagne électorale 2007 de Sarkozy par les fonds libyens, où des enveloppes bien garnies étaient distribuées aux membres de l’équipe de Sarkozy. Quand on a été soupçonné de «financement illégal de campagne électorale» et d’«association de malfaiteurs» et mis en examen, on évite de parler gros sous.
La liste des eurodéputés corrompus par le Makhzen est longue. D. R.
Parlons maintenant d’une autre députée européenne que les Algériens connaissent bien pour ses nombreuses attaques contre l’Algérie. Marie Arena, ancienne ministre belge et eurodéputée socialiste, présidente de la sous-commission des droits de l’Homme au Parlement, est très proche de Panzeri, puisque c’est elle qui lui a succédé à la sous-commission. Entre 2020 et 2022, elle a collaboré plus d’une dizaine de fois avec Fight Impunity de Panzeri au cours de colloques et de conférences basés sur les droits humains dans le monde, ce qui a sans doute motivé la perquisition du bureau de son assistante. Par deux fois, Marie Arena a auditionné des représentants de Fight Impunity dans le cadre de sa fonction alors que cette ONG, nous le rappelons encore, n’est pas enregistrée. De plus, lors de ses diverses collaborations avec Fight Impunity, elle était en contact avec les trois inculpés : Panzeri, Francesco Giorgi et Niccolo Finga-Talamanca. Elle a préféré se retirer en attendant les suites de l’enquête. Ça nous fera des vacances.
Frédérique Ries, ancienne speakerine de la télévision RTL en Belgique et députée européenne MR (Renew Europe, libéraux) est vice-présidente du Goupe d’amitié Union européenne-Maroc et membre de la délégation du Parlement européen pour les relations avec Israël. Elle est l’épouse de l’industriel et promoteur immobilier Olivier Goldberg (Motown Thines, Aero Belgium, Motown Project Holding, Motown Development, etc.). Les réseaux sociaux sont décidément une mine d’informations car les gens y étalent tout de leur vie privée et de leurs opinions. Ainsi, le compte Twitter de l’époux de Madame Ries, inactif depuis 2014, nous apprend que le sieur Goldberg est un sioniste convaincu et ardent défenseur d’Israël, de son armée et de Netanyahou, qui nie les crimes perpétrés par l’entité sioniste d’Israël à l’encontre de la population gazaouie. Il est aussi très admiratif envers BHL et Finkielkraut, les «grands philosophes» à la solde d’Israël. Mais revenons à son épouse, l’eurodéputée Ries, qui se dit offusquée par ce scandale de corruption qui éclabousse tout le Parlement européen. Elle a déclaré à la presse avoir décliné plusieurs demandes du Qatar, mais il semble qu’elle ait été moins regardante en ce qui concerne les deux entités criminelles que sont le Maroc et Israël.
Pendant la période du Covid, elle a visé directement l’Algérie en prétendant que le camp de Tindouf était particulièrement touché par la pandémie et que l’Algérie ne faisait rien pour soigner les Sahraouis. Elle a même interpellé la Commission afin d’attirer son attention sur «la situation sanitaire déplorable» à Tindouf et que «les malades étaient confinés dans des chambres d’isolement dans un état catastrophique». On comprend mieux sa hargne contre l’Algérie quand on sait que Frédérique Ries siège également au conseil d’administration de la Fondation EuroMedA dont nous allons parler juste ci-dessous. Cumuler la fonction de vice-présidente du Groupe d’amitié UE-Maroc et faire partie du CA d’EuroMedA, c’est proclamer haut et fort son amour pour le royaume de Bousbir, mais n’y aurait-il pas là matière à réflexion quant à son impartialité et sa probité en tant que députée européenne ?
Venons-en au Français Gilles Pargneaux, LREM, député européen, président du Groupe d’amitié UE-Maroc, vice-président de la délégation pour les relations avec les pays du Machreq et membre de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et l’Union du Maghreb arabe. C’est beaucoup pour un seul homme mais ce n’est pas tout, car son amour pour le Maroc est incommensurable. L’ancien maire d’Hellemmes est marié à une Marocaine. Partisan de la politique marocaine de colonisation du Sahara Occidental, il refuse le principe du référendum d’autodétermination. Le torchon marocain Le Desk fait son panégyrique en mai 2017 en louant l’engagement total de Gilles Pargneaux pour le Maroc : «Sahara, Maroc-UE, Union Africaine, droits de l’Homme, Gdim Izik…, il n’y a pas un sujet pour lequel l’eurodéputé ne mouille pas la chemise pour défendre haut et fort les thèses de Rabat.» Il a été nommé en 2016 à la tête du conseil d’administration de la société marocaine British International School Private. Il est aussi le cofondateur et président de la Fondation EuroMedA, une vitrine du lobby marocain, dont les bureaux sont installés à Bruxelles dans les locaux du cabinet de conseils en communication et affaires publiques Hill + Knowlton Strategies, dont le directeur exécutif stratégique est l’autre cofondateur d’EuroMedA, Alain Berger, ancien président du Groupe Alstom en Chine et siégeant dans 17 conseils d’administration (rien que ça !). Le principal client du cabinet de lobbying Hill + Knowlton Strategies n’est autre que l’entité voyou du Maroc.
Dans le CA de la Fondation EuroMedA, on retrouve, outre l’eurodéputée Frédérique Ries, Pierre-Emmanuel Quirin, président du Forum de Crans-Montana, et qui déclarait déjà en 2016 que la ville de Dakhla est devenue «le laboratoire de l’Afrique de demain». Précisons que ce Forum de Crans-Montana se déroule régulièrement à Dakhla, dans le territoire sahraoui occupé. Il s’y est tenu les mois de mars 2017, 2018, 2019 et 2020. Mais continuons à piocher dans le conseil d’administration de cette Fondation EuroMedA où siègent d’anciens ministres de Mohammed VI, puisqu’elle a été fondée par Mohamed Cheikh Biadillah, ancien ministre marocain, et a été coprésidée par Salaheddine Mezouar, ex-ministre marocain des Affaires étrangères. Nous y trouvons la Franco-algérienne Debah-Khiari Bariza, sénatrice française de LREM et membre du Groupe sénatorial d’amitié France-Maroc ; Christophe di Pompeo, député français (de 2017 à 2022) du parti de Macron ; l’eurodéputée roumaine et ancienne ministre Ramona Manescu qui siège au CA tout en étant vice-présidente de la délégation pour les Relations avec les pays du Machreq ; l’eurodéputé socialiste allemand Jo Leinen qui siège au Parlement depuis 1999 ; l’eurodéputé PPE autrichien Paul Rübig qui siège au Parlement européen depuis 1996 ; Patricia Lalonde, épouse de Brice Lévy, alias Lalonde, lequel est le cousin germain de John Kerry par sa mère qui appartient à la richissime famille Forbes, a été eurodéputée jusqu’en 2019, membre de l’Union des démocrates et indépendants (UDI). Elle avait déjà fait parler d’elle en 2018 pour sa partialité en faveur du Maroc. En effet, elle a, elle aussi, fait partie du CA de la Fondation EuroMedA tout en étant en même temps rapporteur du Parlement européen sur la proposition d’étendre l’accord commercial UE-Maroc au Sahara Occidental occupé. Enfin, la Fondation EuroMedA était à Dakhla, en territoire occupé, les 21 et 22 décembre dernier pour participer au premier Forum africain sur la migration, avec, bien sûr, Gilles Pargneaux en grande forme pour haranguer les foules.
Revenons un instant sur ce Forum de Crans-Montana fondé en 1989 par, notamment, Jean-Paul Carteron, actuel ambassadeur des Iles Salomon auprès de l’Unesco et de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et creusons un peu pour en savoir plus sur ce quarteron. Il a été conseiller spécial de la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay, fille du conseiller du roi du Maroc, André Azoulay. Il a reçu de nombreuses décorations en récompense de services rendus, parmi lesquelles le prestigieux Wissam Al-Alaoui du royaume marocain. Il déclarait en novembre 2016 que «le choix de Dakhla (ndlr : pour y tenir le forum) permet de faire face à l’enfumage (sic !) sur la question des territoires du Sud et de montrer qu’il n’y a pas de problèmes au sud du Maroc», ajoutant que «tous ceux qui s’opposent à l’exercice démocratique appartiennent à la même famille que la Corée du Nord», cette dernière remarque étant bien sûr une pique à peine déguisée adressée à l’Algérie. Nous répondrons à ce larbin d’Israël et du Maroc qu’il devrait appliquer pour lui-même le titre de son livre La Fin des arrogances et qu’il se contente de compter les enveloppes qu’il reçoit du Makhzen au lieu de parler de l’Algérie et de la Corée du Nord.
L’eurodéputée espagnole Inès Ayala Sender, membre du PSOE et coprésidente de la Commission parlementaire mixte (CPM) Union européenne-Maroc, est aussi une grande amie du Maroc. Au cours d’un déplacement à Rabat en février 2018 pour entériner les accords de pêche et agricole entre l’UE et le Maroc, elle a déclaré que «le royaume jouit d’un statut de pionnier en matière de promotion de l’islam du juste milieu et ce, aussi bien dans le monde arabe que chez les communautés musulmanes en Europe». Quand on sait que le Makhzen infiltre toutes les mosquées européennes et ce que l’on doit à cet «islam du juste milieu» marocain en matière d’attentats, on ne peut qu’apprécier la clairvoyance de cette députée espagnole. Sa visite de «travail» s’est effectuée en présence d’Abderrahim Atmoun qui a bien certainement récompensé généreusement la délégation des parlementaires européens pour services rendus au Maroc en distribuant quelques «produits».
Il n’y a pas que le Parlement européen qui est infiltré par les agents de la DGED de Mansouri. Toutes les institutions européennes, et même mondiales, car nous avons des exemples en Amérique latine, sont infiltrées par une 5e colonne qui travaille au profit du Maroc. C’est que l’argent issu du trafic de drogue est une manne inépuisable pour le régime marocain qui peut distribuer des enveloppes en veux-tu, en voilà. Ainsi, souvenons-nous de Philippe Moureaux, le bourgmestre PS de Molenbeek qui avait épousé une Belgo-marocaine et qui était complètement soumis au Makhzen. Nous lui avions consacré un article en 2014 déjà, intitulé «Comment le Makhzen contrôle l’immigration marocaine et infiltre les institutions».
Latifa Aït-Baala, Belgo-marocaine, est députée bruxelloise MR (libéraux) dans la commune de Schaerbeek et, en tant que parlementaire bruxelloise, elle est rémunérée de 130 501,16 euros par an (2021), ce qui lui fait un salaire brut de 10 875 euros par mois. Cela ne l’empêche pas de faire des heures supplémentaires pour Yassine Mansouri en étant très active au niveau des institutions belges, européennes et internationales pour faire de la propagande en faveur de la «marocanité du Sahara». Elle est porte-parole depuis 2006 de la Coordination belgo-marocaine pour le Sahara marocain et secrétaire nationale de l’Alliance mondiale des Marocains de l’étranger (AMOME), organisation qui prône la thèse du «Sahara marocain» et qui organise les commémorations annuelles de la «marche verte».
N’oublions pas Hugues Bayet, ex-eurodéputé belge et actuellement député fédéral PS et par ailleurs «président du Comité belge de soutien au Sahara marocain» auquel nous avons consacré un article. Il apparaît qu’il a été chef de cabinet adjoint du député européen Marc Tarabella, aujourd’hui impliqué dans l’affaire de corruption du Qatar et du Marocgate, lequel va bientôt perdre son immunité parlementaire en même temps que Cozzolino.
Francis Delpérée, ex-CDH, sénateur belge, président de l’association Les amis du Maroc, fondée en 2019 et qui rassemble quelque 150 personnalités belges et belgo-marocaines du monde de la politique, de la culture, des affaires et des médias, soutient l’initiative marocaine de son plan d’autonomie, comme tout le gouvernement belge actuel. Pour lui, cette nouvelle politique belge à l’égard du Maroc correspond à «un réveil de la Belgique»(*). Ce Francis Delpérée, réputé pour être un éminent constitutionaliste et récipiendaire de récompenses honorifiques, et qui, par ailleurs, a été anobli par le roi, semble très enthousiaste concernant le plan d’autonomie ou plutôt le plan d’annexion du Sahara Occidental, car il étale son interview par 360.ma et vante les mérites de la proposition marocaine sur sa page Facebook. Lors de la soirée d’inauguration de l’ASBL (association sans but lucratif) Les amis du Maroc, il a déclaré que le Maroc retenait l’attention des membres de son association «à trois points de vue». Nous citons : la dimension du «Maroc politique» qui «ne peut nous laisser indifférent tant il apparaît comme un havre de paix dans le Maghreb et, plus généralement, en Afrique». Et puis «le Maroc économique» avec l’évolution du PIB et sur la croissance du commerce extérieur, notamment vis-à-vis de l’Europe et, spécialement, de la Belgique. Et enfin le «Maroc culturel». «Les collègues belges qui enseignent dans les grandes universités du royaume du Maroc peuvent témoigner des efforts qui sont accomplis en matière éducative. Les artistes qui œuvrent ici et là-bas au service de cultures millénaires sont là pour nous inciter à mieux nous connaître et à tirer profit de cette double expérience», a-t-il conclu. Les enveloppes ont dû pleuvoir devant ces louanges.
On a vu plus haut que le Makhzen suit de près et tente d’influencer les décisions du Parlement européen. Le vote d’approbation du protocole entre le Maroc et l’Union européenne sur les accords de pêche de 2013 nous permet de voir qu’il n’y a pas que les socialistes qui ont succombé au chant des sirènes. C’est que les poulpes de Dakhla ont bien des attraits. En effet, l’ambassadeur marocain de l’époque avait adressé une lettre à certains interlocuteurs qu’il jugeait pertinents, c’est-à-dire malléables, comme les membres du groupe Alde (Parti de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe). La mission diplomatique s’est appuyée fortement sur le rôle prépondérant de ce qu’ils appellent «nos deux amis» au sein de l’Alde, les Belges Annemie Neyts, ancienne ministre Open VLD (libéraux flamands) et Louis Michel, ancien ministre des Affaires étrangères du parti MR. Ce dernier est le père de l’actuel président du Conseil européen Charles Michel. Parmi les amis du Maroc, nous pouvons citer Joseph Daul (président du PPE) et l’Allemand Elmar Brock (CDU) qui a présidé la commission des Affaires étrangères pendant la législature 1999-2004. Tous ont joué un rôle décisif dans l’accord de pêche UE Maroc, ainsi que l’Espagnol Ignacio Salafranca (PPE), et la Belge Frédérique Ries (Alde) déjà évoquée plus haut. Plus récemment, soit le 2 mai 2021, Louis Michel et Jacques Brotchi, ancien président du Sénat belge, MR, ont tous deux cosigné une tribune dans EUBriefs demandant à l’Europe de suivre l’administration Biden et de reconnaître la marocanité du Sahara Occidental, prétendant que «la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique par le Front Polisario en 1976, soutenue par une Algérie en perte de vitesse, n’a pas eu l’écho espéré» et «nous nous acheminons lentement mais sûrement vers la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, et ce, pour des raisons géographiques, politiques et géostratégiques» (https://eubriefs.com/?p=5485).
On le voit, les tentacules du Makhzen marocain s’introduisent partout où les failles d’honnêteté et de probité des politiciens et fonctionnaires se manifestent. Quand on ne peut appâter quelqu’un avec de l’argent, on essaie les pressions et le chantage, grâce au logiciel d’espionnage Pegasus. L’exemple le plus frappant est le revirement soudain de la politique de Pedro Sanchez dont le téléphone portable avait été piraté, en même temps que celui de sa ministre de la Défense. Et quand il n’y a pas matière à faire chanter, on a recours à des agents féminins, des barbouzes féminines qui n’ont rien de James Bond’s Girls mais qui arrivent tout de même à leurs fins. Il est utile de rappeler que tout ressortissant immigré marocain conserve sa nationalité marocaine même s’il acquiert la nationalité de son pays d’accueil, et il est tenu de faire allégeance au roi du Maroc. Il en va de même pour les enfants d’immigrés marocains.
Née de père marocain et de mère italienne, l’avocate Francesca Chaouqui a rejoint la commission des finances du Vatican en 2013 à la demande du pape François. Censée conseiller le pape et procéder à un lifting complet du service financier pour contrer les allégations de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale au sein du Vatican, elle a surtout fait beaucoup parler d’elle en s’affichant sur les réseaux sociaux dans des poses assez suggestives et sans grand-chose sur elle, ce qui n’est pas tout à fait dans les habitudes vaticanesques. C’est sa proximité avec l’ancien président de la banque du Vatican, Ettore Gotti Tedeschi, qui serait à l’origine de sa nomination. Quand on sait que Tedeschi a été mêlé à des intrigues sulfureuses dans l’histoire récente du Vatican, où les intérêts de la Cosa Nostra, la mafia sicilienne, croisaient ceux de la loge maçonnique italienne P2 et d’une série d’affairistes corrompus, et qu’il a été au cœur de l’un des plus gros scandales financiers de l’histoire du Vatican, on ne sera pas surpris d’apprendre que Francesca Chaouqui a fini sa carrière de conseillère papale… devant un juge d’instruction pour vol de documents confidentiels avec son complice, le prélat espagnol Angel Vallejo Balda proche de l’Opus Dei. Et l’ombre de Giulio Andreotti, l’ancien président du Conseil qui l’avait introduite dans l’un des plus importants cabinets d’avocats romains, a sans doute encore pesé dans la clémence de sa condamnation à 10 mois de prison avec sursis en 2016 pour «délit de divulgation de nouvelles et de documents confidentiels «concernant le Vatican, ce que l’on a appelé le Vatileaks 2.»
Le prélat inculpé a déclaré qu’il avait subi des pressions et un chantage de la «belle» qui l’auraient fait craquer pour qu’il donne les mots de passe permettant de voler les documents confidentiels.
Karima Moual, journaliste marocaine originaire de Casablanca, est l’épouse depuis 2013 du député et ancien secrétaire d’Etat italien aux Affaires européennes Vincenzo Amendola, membre éminent du Parti démocrate. Elle est éditorialiste à La Stampa et à La Republica, des journaux italiens connus, et présente des émissions politiques à la télévision italienne. Elle a réussi à infiltrer le monde de la presse italienne et celui de la politique grâce à son mariage avec Amendola. Moual est une journaliste formée aux Etats-Unis par le programme Edward R. Murrow pour les journalistes, financé par le département d’Etat américain (US Department of State’s Edward R. Murrow Program for Journalists).
Dans les années 2010, elle a collaboré avec l’ambassade américaine et avec le département d’Etat américain, et est depuis 2014 ouvertement à la solde de la monarchie de Bousbir en gérant le portail d’information en italien pour le très controversé Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, ou CCME. Ce CCME est une institution directement gérée par le Makhzen pour superviser la communauté marocaine à l’étranger. Sa mission est d’émettre des avis en vue de veiller à la défense des intérêts de la diaspora marocaine et de renforcer leur contribution au développement du pays. Cet organisme a créé la polémique en Belgique, en France et aux Pays-Bas en raison de la présence parmi ses membres de parlementaires ou de membres de gouvernements accusés de «double allégeance». Parmi ceux-ci, citons Yamila Idrissi, députée belge flamande PS, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre française sous François Hollande et actuellement élue locale PS, et Khadija Arib, députée du Parti travailliste néerlandais.
Vincenzo Amendola a occupé d’importantes fonctions au sein de l’Etat italien, notamment son poste au ministère des Affaires étrangères. Le fait qu’il gérait des dossiers d’immigration et de terrorisme, sans parler de ses relations avec les Nations unies et l’Union européenne, ainsi que sa proximité avec des questions sensibles de sécurité en faisaient une cible de choix pour les services marocains. Au cours de son mandat, il a souvent accompagné le président de la République, Sergio Mattarella, lors de visites d’Etat internationales. Il fait partie du conseil d’administration de l’Istituto Affari Internazionali (IAI : Institut des affaires internationales), un think tank italien classé parmi les 20 meilleurs think tanks mondiaux dans les catégories «Politique étrangère et relations internationales», «Défense et sécurité nationales» et «Europe de l’Ouest». Le hic, c’est qu’Amendola est très proche de Pier Antonio Panzeri.
Le Policy Center for the New South est un groupe de réflexion marocain fondé en 2014 par le groupe OCP (anciennement Office chérifien des phosphates) appartenant à la famille royale marocaine, visant à «contribuer à l’amélioration des politiques publiques économiques et sociales qui interpellent le Maroc et le reste de l’Afrique en tant que parties intégrantes du Sud global». Le PCNS réunit des chercheurs, publie leurs travaux et compte tout un réseau de partenaires de renom, issus de différentes régions du monde. Le PCNS accueille tout au long de l’année une série de rassemblements, dont les plus importants sont les conférences internationales annuelles «The Atlantic Dialogues» et «African Peace and Security Annual Conference» (APSACO). Le think tank entretient aussi une communauté de jeunes leaders à travers le programme Atlantic Dialogues Emerging Leaders (ADEL). Diverses personnalités politiques sont invitées à des conférences organisées dans le lieu de prédilection du Makhzen, l’hôtel Mamounia à Marrakech. Cette tactique bien connue est appelée «la diplomatie de la Mamounia». Ainsi, on y a vu, entre autres, Madeleine Albright, l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, mais aussi la ministre portugaise de la Défense, Helena Carreiras, et Vincenzo Amendola, cité ci-dessus et époux de Karima Moual.
Nadia Jalfi est l’épouse de Gustavo de Arístegui, homme politique espagnol du Parti populaire et diplomate. Il a dû démissionner de son poste d’ambassadeur en Inde pour corruption. Il a en outre aidé les services secrets marocains. Quelque 150 courriels ont été envoyés à la DGED entre 2008 et 2011 par l’épouse de Arístegui. Ces emails traitaient de sujets tels que l’image du conflit du Sahara dans la presse. Son contact était le chef de cabinet de la DGED, Mourad El Ghoul. Nadia Jalfi a travaillé pour l’agence Mena Media Consulting appartenant à Fouad Ali El Himma, ami intime et conseiller très influent de Mohammed VI. En collaboration avec Open Gate Italia, la société de consulting et lobbying a travaillé pour le Maroc. Une partie de l’activité professionnelle de Nadia Jalfi a été consacrée à essayer de faire connaître les aspects positifs du Maroc, en proposant, par exemple, aux radios espagnoles de diffuser leurs programmes vedettes en direct de Rabat.
En faisant des recherches sur tous les députés mêlés de près ou de loin à ce scandale, on constate que l’on a affaire à une véritable caste de gens qui ne servent strictement à rien, gonflés d’une importance qu’ils n’ont pas, imbus de leurs prérogatives et des avantages qu’ils y trouvent, arrogants vis-à-vis des nations qui ne suivent pas leurs diktat, prêts à tout pour s’enrichir et prolonger leur statut de privilégiés, et tout cela avec l’argent des contribuables européens que l’incompétence et la soumission de ces élus à un système moribond et à différents lobbies très puissants précipitent dans la ruine et la récession. Car ne nous y trompons pas, ce scandale qui fait trembler le Parlement européen est révélateur d’un pourrissement avancé annonciateur d’une mort imminente. Il faut les voir sur les photos qu’ils postent sur les réseaux sociaux, complètement catastrophés, hébétés, le visage décomposé et maculé par leur bulle de privilégiés qui leur a éclaté en pleine figure. Certains posent même dans leur berline de fonction luxueuse avec chauffeur, c’est dire s’ils sont déconnectés de la réalité. Eh oui, Mesdames et Messieurs les carriéristes opportunistes de la politique, le temps est venu de payer la facture de toutes vos malversations. Et comptez sur nous, nous ne vous lâcherons pas. La justice non plus.
Pour terminer, nous donnons la parole à Vincent Van Quickenborne, ministre belge de la Justice, Open VLD (libéraux), pas par sympathie particulière mais parce qu’il résume bien la situation. Menacé d’enlèvement, il déclare alors qu’il est sous haute protection policière avec sa famille pour avoir voulu s’attaquer aux narcotrafiquants de la Mocro mafia marocaine dont nous avons déjà parlé dans un précédent article : «Un Etat mafieux commence quand des parlementaires, des élus du peuple, sont corrompus contre de l’argent pour tenir un discours et adopter un comportement de vote déterminé. C’est la fin de l’Etat de droit.» Nous ajoutons qu’il serait grand temps que tous ces Etats mafieux cessent une bonne fois pour toutes de se poser en donneurs de leçons à la planète entière, et notamment à l’Algérie et à son armée, et balaient devant leur porte pour éliminer tous les parasites qui infestent leurs institutions.
Une enquête de Mohsen Abdelmoumen
janvier 4, 2023 -
https://www.algeriepatriotique.com/2023/01/04/enquete-marocgate-les-liaisons-dangereuses-entre-lue-et-le-makhzen-ii/
.
.
Les commentaires récents