comme le mouton Ouled Djellal, le cheval Barbe est une race originaire d’Algérie, qui est aujourd’hui menacé de disparition.
Lors de sa résistance à l’occupation française, l’Émir Abdelkader avait demandé de ne pas céder de chevaux aux troupes ennemies.
C’est dire les qualités de ce cheval que la jumenterie de Tiaret a pour mission de sauvegarder. Une jumenterie aujourd’hui en quasi faillite.
Le Barbe, seul cheval résilient dans le contexte nord-africain
Lors de la conquête de l’Algérie, les troupes françaises ont vite remarqué les qualités exceptionnelles du cheval Barbe.
Comme le note en 2017 l’historienne Blandine Husser : « Inadaptés aux difficiles conditions naturelles du Maghreb, les chevaux français du corps expéditionnaire ne survivent pas au-delà de quelques mois ». La troupe se tourne vers les chevaux locaux.
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Les vétérans des armées napoléoniennes alors présents en Algérie, retrouvent cette même adaptation du Barbe à son environnement. Chose qu’ils avaient déjà vus avec les petits chevaux polonais et russes. Aussi pour les colonnes de Bugeaud, le cheval algérien sera le « seul cheval de guerre résilient et exploitable dans le contexte nord-africain ».
Ne vendez pas vos chevaux
Les historiens de l’époque témoignent de l’attachement des tribus à ce cheval : « Pendant de longues années, les Arabes ont eu grand soin de garder leurs meilleurs chevaux et de ne vendre que ceux de qualité inférieure. Il y eut même un moment où ils voulurent nous empêcher de remonter nos régiments de cavalerie ».
Face à la difficulté de s’approvisionner en montures locales, il sera fait appel à d’autres chevaux. Eugène Perret témoigne alors : « Le 2e régiment de chasseurs d’Afrique à Oran, au plus fort de la guerre contre Abdelkader, vers 1841, dut être monté en chevaux tunisiens qui sont loin de valoir ceux de l’ouest ».
Il poursuit : « Dans les combats en Algérie, nos colonnes furent sans cesse harcelées par des milliers de cavaliers. C’est que pour les Arabes le cheval est l’instrument de guerre par excellence ».
Véritable âge d’or du cheval Barbe
Les blessures occasionnées lors de la résistance à la conquête de l’Algérie et la maladie seront fatales pour de nombreux chevaux. « Des lignées entières disparaissent ainsi, causant un appauvrissement génétique » poursuit Blandine Husser.
À partir de 1847 l’armée française met en place un réseau de haras et de jumenteries pour sélectionner et faire se reproduire des étalons sur la base de critères militaires que recherche la cavalerie légère. « Le bilan est néanmoins mitigé faute d’adhésion des éleveurs des tribus et d’une politique d’élevage claire », note l’historienne.
Le Barbe présent lors de la guerre de Crimée
Le Barbe sera utilisé sur différents champs de bataille par l’armée française. En 1855, des témoignages d’officiers de la guerre de Crimée font état de « l’adaptabilité et les capacités de résistance du cheval Barbe ».
Le Barbe devient le cheval attitré de la cavalerie d’Afrique. Celle-ci envoyée successivement en Chine et au Mexique sera à chaque fois accompagnée de ce cheval.
De petite taille et calme par nature, le Barbe supporte les transports par bateau. Aussi, c’est tout naturellement qu’on le retrouvera jusqu’au Japon où l’armée française d’Afrique sera chargée d’aider à la réorganisation de la cavalerie nippone.
Face à cette renommée mondiale, on comprend que depuis 1988 puisse exister une Organisation mondiale du cheval Barbe (OMCB) dont le secrétariat général a été confié au Dr Rachid Benaïssa, ancien ministre de l’Agriculture.
Lors de leur venue en Algérie, les chefs d’État français se virent offrir un cheval Barbe. Cependant, en 1978, un attaché de l’ambassade française qui avait acquis un superbe étalon à la robe blanche et aux crins argentés ne fut pas autorisé à emmener avec lui le cheval lors de son retour en France. Le Barbe appartenant à une race protégée. Dans un livre, il rapportera l’incident : « C’était fâché que j’avais quitté l’Algérie ».
Déclin du Haras national algérien
En 2018, la situation de la jumenterie de Tiaret a fait les titres de la presse étrangère et algérienne. Une dépêche de l’Agence France Presse (AFP), titrait alors sur : « L’inexorable déclin du Haras national algérien ».
À cette date, le centre n’abritait plus que 208 chevaux. Ne recevant plus de subventions, il s’autofinance grâce à la vente d’animaux ainsi que de fourrage de céréales. Saïd Benabdelmoumen, le directeur des lieux avait alors confié : « Avoir maintenu l’élevage de chevaux relève du miracle ». Le haras souffrirait « de la concurrence d’éleveurs privés et du goût récent pour des races importées ».
Pour Ahmed Bouakkaz de l’Office national de développement équin et camelin, en cas de perte du haras, le risque serait de « perdre la souche algérienne ».
La jumenterie passée de 1246 à 14 têtes équines en 5 décennies
Jeudi, lors d’une séance plénière consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni a eu l’occasion d’aborder la situation de la jumenterie de Tiaret.
Selon la Radio algérienne : « Il répondait à une question sur les fonctionnaires qui n’ont pas perçu leurs salaires depuis 38 mois. Le ministre a imputé cela aux difficultés financières que traverse le centre depuis 6 ans ».
Le ministre a rappelé la situation de ce centre qui « comptait, dans les années 1970, un total de 1.246 têtes équines et 600 fonctionnaires, et qui ne compte actuellement que 14 têtes équines ».
Par:
https://www.tsa-algerie.com/menace-sur-le-cheval-barbe-algerien/
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