Un documentaire qui dépoussière un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale.
« Juifs d’Algérie, la résistance oubliée » (© KUIV 2022)
« De l’Algérie sous Pétain, ni ma grand-mère ni mon père ne m’ont jamais parlé : ils ont échappé à la Shoah, un motif suffisant pour se taire. L’omerta familiale résonne avec la chape d’oubli qui s’est abattue sur cette période peu glorieuse pour la France. Pourtant, elle constitue un moment clé où d’autres destins semblaient possibles pour l’Algérie. » Par le biais du journal intime d’un personnage fictif (Maurice, 19 ans en 1940) constitué à partir de faits historiques et de souvenirs recueillis auprès de sa propre famille, la documentariste Stéphanie Monsénégo revient sur le contexte anti sémite de l’Algérie coloniale et détaille l’action méconnue du mouvement de résistance Géo-Gras, en soutien au débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942.
Une « égalité par le bas »
Au gré des événements qui défilent jusqu’en 1962, elle énumère aussi les occasions manquées qui auraient pu, en modifiant le statut des musulmans, changer le cours de l’histoire. Lorsque Pétain abroge le décret Crémieux le 7 octobre 1940, c’est un séisme pour les juifs, citoyens français depuis quatre générations, et une nouvelle preuve de racisme aux yeux des élites musulmanes clairvoyantes. Par la voix de Ferhat Abbas ou de Messali Hadj, elles dénoncent une « égalité par le bas » qui prive les juifs de leurs droits sans en accorder plus aux musulmans, maintenus dans le statut d’indigènes. Désormais exclus de l’école, de l’université, de la fonction publique, les juifs sont également spoliés de leurs biens, comme la famille de Maurice l’est de sa propriété agricole.
Afin de se défendre contre les groupuscules fascistes qui font régner la terreur dans les rues d’Alger, plusieurs centaines d’étudiants, en majorité juifs, se préparent secrètement à la Résistance. Le groupe Géo-Gras, dont d’anciens membres témoignent dans le film, s’alliera à d’autres réseaux clandestins pour permettre le succès de l’opération Torch. Mais leur action capitale ne les mettra pas pour autant à l’abri des soubresauts de l’histoire. Il leur faudra attendre le 20 octobre 1943, soit un an plus tard, pour recouvrer enfin leur pleine citoyenneté.
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·Publié le
https://www.nouvelobs.com/teleobs/20221106.OBS65582/juifs-d-algerie-la-resistance-oubliee-histoire-d-un-tabou-francais.html
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