L'idée de départ était à la fois simple et profonde : « écrire les mémoires de la guerre d'Algérie avant qu'elles ne disparaissent ». Elle a commencé, il y a deux ans, par une collecte de témoignages et a abouti à un livre illustré qui sort ce 25 novembre en librairie.
À l'origine de l'initiative, dont le but principal est la transmission des mémoires sur la Guerre d'Algérie, une jeune juriste de 25 ans du nom de Farah Khodja. Il y a deux ans de cela, elle a entrepris de collecter des témoignages et le résultat n'est aucunement dédaignable. En effet, une histoire des plus passionnantes est couchée sur les pages du livre à parâtre très prochainement. Ce sont deux destins tragiques entremêlés et – surtout – deux versions opposées des faits.
Le journal L'Obs en a fait un résumé poignant : « d'un côté, il y a la famille Boucif. De l'autre, la famille Vallat. Mokhtar Boucif était directeur d'une école à Thiersville, petit village à l'ouest de l'Algérie, près de Mascara. Félix Vallat en était le maire. Le premier avait été accusé d'avoir organisé l'embuscade qui avait coûté la vie au second : le 8 avril 1958, en pleine guerre d'Algérie (1954-1962), le maire et sa femme avaient été tués, près de leur ferme, sous les yeux de leurs enfants. Quelques jours après, le directeur d'école avait été brutalement arrêté, détenu dans une caserne et n'avait plus donné signe de vie. L'affaire avait fait grand bruit avant d'être enfouie, transmise seulement dans la sphère étroite des mémoires familiales ».
Récits d'Algérie : une histoire sur fond d'une quête
Aux enfants et petits-enfants de Mokhtar Boucif, on a raconté l'histoire d'un homme brillant, instituteur à 17 ans, en 1937, une époque où très peu d'Algériens accédaient à un emploi qualifié. Et aux enfants et petits-enfants de Félix Vallat, on a raconté l'histoire d'un grand humaniste. Aux petits-enfants Boucif, on a dit que, sur la base de soupçons d'accointances avec le FLN, Mokhtar avait été arrêté à son domicile… Une histoire pleine de rebondissements sur fond de quête de vérité qui se poursuit jusqu'à présent.
Petite-fille d'un militant du FLN dont le frère avait disparu dans une embuscade des soldats français, Farah Khodja ne prend conscience de son lien personnel avec la guerre d'Algérie qu'à 19 ans, lors d'une conversation avec sa mère. Comme pour beaucoup de personnes en France ayant un lien avec ce passé, cette mémoire était voilée par un silence épais dans son enfance. Elle se met alors en quête de témoins pour comprendre le vécu de cet aïeul taiseux, sans jamais vraiment en trouver dans les livres et dans les textes des chercheurs, malgré les milliers de documents publiés sur la colonisation et la Guerre d'Algérie. « J'ai alors décidé de faire un appel à témoignage. J'ai reçu tant de récits que ma démarche, au départ personnelle, a abouti à la création d'un site internet en février 2020. Qui à son tour, au gré des rencontres, a donné naissance à cet ouvrage », confie Farah Khodja.
Le livre Récits d'Algérie - Témoignages de nos aînés, de la colonisation à l'indépendance (EAN 9791094926109) de Farah Khodja est disponible en ligne et en librairie à partir du 25 novembre 2022.
https://observalgerie.com/2022/11/21/societe/guerre-algerie-livre-temoignages/
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