En ce début d’octobre, mois funèbre dans la mémoire des Algériens, Le Monde et La Revue dessinée ont dévoilé un court-métrage d’animation éclairant un pan encore tabou de l’Histoire française.
Le viol comme instrument de torture
Louisette Ighilahriz est algérienne. Elle est âgée de 86 ans.
À la veille de l’indépendance de l’Alégérie en 1962, elle avait rejoint le maquis, participant à la lutte armée afin de résister aux soldats français. Capturée par ces derniers, Louisette Ighilahriz a enduré leur violence, et notamment des viols récurrents.
En mettant en lumière le témoignage de cette ancienne combattante indépendantiste, le film éclaire un pan de l’histoire française passé sous silence. Le court-métrage le dit bien : dans le rapport Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie rédigé en 2020 et remis à Emmanuel Macron, les viols commis par l’armée française ne sont évoqués qu’une seule fois.
Ainsi, à travers l’histoire de madame Ighilahriz, le film fait état des crimes silenciés de nombreuses victimes et montre que les viols étaient employés comme moyens de torture.
Un témoignage historique majeur
En juin 2000, un article publié en Une du Monde ranimait la mémoire de la guerre d’Algérie. L’article était signé par la journaliste Florence Beaugé et mettait en lumière le témoignage de Louisette Ighilahriz. Cette dernière révélait avoir été torturée et violée à maintes reprises à Alger quarante ans plus tôt, dans les locaux de la 10e division parachutiste du général Massu.
L’article avait provoqué un effet retentissant en France, incitant certains responsables à prendre la parole. Le général Massu avait même exprimé des regrets. Une première dans un contexte où le silence règne. Il avait alors déclaré : « Quand je repense à l’Algérie, cela me désole. La torture, on pourrait très bien s’en passer. Elle faisait partie d’une certaine ambiance. On aurait pu faire les choses différemment. »
Vingt-deux ans plus tard, Le Monde et La Revue dessinée se sont associés pour replacer au centre des mémoires ce témoignage majeur à travers un film d’animation. Écrit par la journaliste Florence Beaugé, réalisé et dessiné par Aurel et incarné par Françoise Fabian et Bruno Solo, Louisette est disponible sur le site du Monde.
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Crédit de l’image à la Une : © capture d’écran Le Monde
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