Bernard Hureau à son retour en septembre 1960.
© (Photo Bernard Hureau)
ernard Hureau, président de la Fnaca de Vineuil-Mont-Bracieux, a servi en Algérie de janvier à septembre 1960. Suite et fin de son journal de bord après trois épisodes parus dans la NR les dimanches 24, 31 juillet et 14 août.
Longtemps, il ne s’est pas exprimé sur le sujet de la guerre. Avec son ami Daniel Lepage, ils en ont gardé gros sur le cœur. « Quand je suis allé rendre mon uniforme auprès de la gendarmerie après 28 mois, je n’ai pas eu un mot. Le gars s’en foutait alors que je venais de vivre huit mois difficiles », explique Bernard Hureau.
« On est rentrés dans l’indifférence, ajoute Daniel Lepage. Le monde avait continué à tourner sans nous. On était décalés au retour. Le yéyé était arrivé, la page de la guerre d’Algérie a vite été tournée. Nous, on n’était pas fiers de l’avoir faite. Ce n’était pas notre guerre. Les poilus de 1914 ou les résistants de la Seconde Guerre mondiale ont été des héros. Nous, on a fait une sale guerre qui ne nous a pas grandis. » Ils ont préféré taire ce qu’ils avaient vécu. Un ami de Bernard Hureau a assisté un jour au « largage » d’un prisonnier du haut d’un hélicoptère. Il s’en veut de n’avoir pas réagi et en garde une culpabilité qui le ronge.
Bernard Hureau, au retour, a été de longs mois sans véritables envies. « Ma famille me trouvait irritable, hargneux. Ma femme m’a petit à petit sorti de ma léthargie. » Daniel Lepage assure qu’il aurait pu devenir voyou. « J’étais un chien fou », dit-il. Bernard Hureau ajoute : « C’est seulement après une quinzaine d’années que j’ai pris conscience de ce que j’avais vécu avec tant d’autres. J’ai adhéré en 1978 à la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie), parce qu’un jour j’ai rencontré un gars de mon âge qui avait perdu ses deux jambes en Algérie, son camion ayant sauté sur une mine. Pour moi, cela a été un choc terrible. Je témoigne aujourd’hui pour le respect et la défense de tous mes camarades, des 250.000 blessés et la mémoire des 28.000 morts. Je milite pour la paix en disant aux jeunes : “ La guerre change les hommes qui deviennent capables du meilleur comme du pire. La paix est un bien très fragile qui se gagne et se conserve par la solidarité et la justice ”. »
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