La Bataille d’Alger ou la guerre d’Algérie à l’écran Un documentaire de Séverine Liatard réalisé par Séverine Cassar
En 1965, trois ans après l’Indépendance, Gillo Pontecorvo tourne son long métrage dans l’Algérie de Ben Bella. Son scénariste Franco Solinas, s’est inspiré du livre de souvenirs écrit par Yacef Saâdi, ancien chef FLN de la zone autonome, au moment où débarquent dans la capitale les hommes de la 10ème division parachutiste. A travers la figure d’Ali la Pointe, le film retrace la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 entre les militants nationalistes algériens et l’armée française commandé par le général Massu. Le réalisateur italien, proche du Parti Communiste, se base sur des faits réels, visionne des heures d’archives, sollicite d’anciens parachutistes, rencontre la population de la Casbah et d’anciens chefs du FLN et les fait jouer dans son film. Il montre les attentats du FLN et ceux de l’O.A.S. ; les stratégies et les méthodes, comme la torture, employées par l’armée pour dissoudre cette guérilla urbaine ; le rôle joué par les médias et pour terminer la conversion presque totale de la population algérienne à la cause de l’indépendance. Gillo Pontecorvo souhaite réaliser un film militant, anticolonialiste qui traite de la naissance d’une nation.
En 1966, le film remporte le Lion d’or à Venise mais il est mal reçu en France. D’abord censuré, il obtient finalement son visa en 1970 mais sa sortie en salles demeure confidentielle en raison des menaces à l'encontre des exploitants proférées par d’anciens partisans de l’Algérie française, voire d'attentats visant certaines salles. Jugé propagandiste, il n'a pas été diffusé par la télévision française jusqu’en 2004. Entre temps, le film a pourtant connu une carrière internationale : devenu un film culte - voire une version officielle - en Algérie, La Bataille d'Alger a également été salué en Europe et aux Etats-Unis. Il est devenu ici un film symbole du combat des peuples opprimés, là un cours pratique sur les techniques de lutte anti-subversives : dans des écoles de guerre, et jusqu'au Pentagone après les attentats du 11 septembre 2001. Jugé manichéen ou au contraire nuancé, réinterprété au gré de l’actualité qui en modifie les usages comme de l’avancée de la recherche sur l’histoire de la guerre d'Algérie, La Bataille d'Alger est autant un film d'histoire qu'un film qui a fait l'histoire.
Avec les analyses de Malek Bensmaïl, documentariste, Raphaëlle Branche, historienne, spécialiste de la torture pendant la guerre d’Algérie, Patricia Caillé, spécialiste des cinémas du Maghreb, Daho Djerbal, historien, spécialiste du FLN, Jean-Michel Frodon, critique et historien du cinéma, Tramor Quemeneur, historien, spécialiste des appelés en Algérie et Benjamin Stora, historien, spécialiste de la guerre d’Algérie.
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