Composée de quatre épisodes d’une heure chacun, la série va être diffusée dans le monde à partir du 11 mai sur Disney+. Quatre épisodes à la scénographie soignée pour documenter le destin de cet étudiant Français d’origine algérienne de 22 ans, battu à mort par des policiers il y a plus de 35 ans.
Pour cette première adaptation audiovisuelle — avant celle de Rachid Bouchareb (Indigènes) qui sera présentée à Cannes à la fin du mois —, Antoine Chevrollier, né en 1982, assume un parti pris: celui de sortir le nom de ce jeune, aujourd’hui indissociable du combat contre les violences policières, de la case des faits divers.
«Malik Oussekine n’est pas un fait divers. C’est un fait de société majeur qui doit être considéré comme tel», dit-il dans un entretien à l’AFP. Une histoire qu’il rencontre à l’adolescence avec une chanson de rap du groupe Assassin: L’État assassine, un exemple Malik Oussekine.
Autodidacte
Mais ce n’est que quelques années plus tard que le nom d’Oussekine va résonner plus fort en lui, pour ne plus jamais «(l)e» quitter».
«À cette époque, je venais d’arriver à Paris et trainais beaucoup avec des jeunes de quartier qui me parlaient sans cesse d’Oussekine. En tant que provincial prolo, j’ai eu le sentiment qu’on se retrouvait dans l’endroit de l’“invisibilisation”, de l’exclusion et de la non représentation. C’est là que je me suis dit “OK faisons un film”», se remémore-t-il.
Entre temps, cet autodidacte originaire d’un petit village d’Anjou acquiert une certaine notoriété en réalisant plusieurs épisodes des séries à succès Le bureau des légendes et Baron noir. Deux séries qui questionnent, à leur façon, la démocratie française.
C’est là qu’il comprend que le format sériel est plus adapté à son projet sur Malik Oussekine. «En grattant, je me suis rendu compte qu’on pouvait raconter pleins de choses comme la guerre d’Algérie (1954-1962), la situation politique de la France qui vivait une cohabitation, le contexte social... et que seule une série me permettrait de déployer toutes ces histoires», soutient-il.
La façon d’y parvenir? Découper le récit en trois strates distinctes, puis les faire cohabiter.
«Apaiser les tensions»
D’abord le temps présent, qui suit le combat de la famille de Malik jusqu’au procès des deux policiers, puis une autre se concentrant sur les dernières heures du jeune homme. Enfin, la dernière strate inscrit l’histoire individuelle de la famille Oussekine dans celle de la France, comme cette reconstitution poignante du massacre d’Octobre 1961 où des manifestants algériens sont jetés dans la Seine par des policiers.
Pour cela, Antoine Chevrollier s’est entouré de quatre scénaristes: l’autrice Faïza Guène, connue pour ses livres qui explorent l’identité des Français issus de l’immigration maghrébine, le réalisateur franco-burkinabé Cédric Ido, le scénariste Julien Lilti et la jeune réalisatrice Lina Soualem.
Mais surtout, il a pu bénéficier du soutien et des conseils des deux frères et d’une des sœurs de Malik Oussekine. «Pour moi, il était inconcevable de ne pas les associer au projet», rapporte-t-il.
Une série politique? «Ce qui m’intéresse ce sont les injustices. Que ce soit à l’endroit des enfants d’immigrés ou des prolétaires de province... D’ailleurs, je pense que c’est la même. Quoi qu’il en soit, ça y est, le temps est venu pour nous de raconter nos histoires et dépoussiérer le roman national» explique-t-il.
Et de conclure: «J’espère que la série permettra d’apaiser les tensions qui agitent le pays. Il est temps qu’on commence en France à soigner ces métastases de l’histoire.»
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