Une manifestation en appui au FLN à Alger devant des soldats français.PHOTO : Getty Images / Keystone
Le 1er novembre 1954 commençait la guerre d'Algérie. À son issue, les Algériens ont obtenu leur indépendance après 132 ans de présence coloniale française en Afrique du Nord. L'historien Éric Dussault explique les sources et les débuts de ce conflit meurtrier.
À partir de 1830, l’Algérie est une colonie française de peuplement qui est intégrée au territoire français. Une ségrégation entre les Européens et les Algériens se met en place, menant au mécontentement et à des frustrations pour ces derniers.
L’escalade
Le 8 mai 1945 a lieu le massacre de Sétif. Des Algériens musulmans manifestent leur opposition à la présence française. Des policiers tirent sur les manifestants, qui ripostent. Plus d’une centaine de morts sont rapportées des deux côtés.
« De 10 000 à 15 000 personnes vont trouver la mort dans la semaine suivante. Les Algériens parlent même de jusqu’à 45 000 victimes de la part des autorités françaises, qui vont vraiment mettre en place une guerre de représailles. »
Le 1er novembre 1954, de 30 à 70 attentats ont lieu au même moment sur le territoire algérien. Cette journée historique, appellée la Toussaint rouge, cause un électrochoc chez les Français. « On découvre aussi la création d’une armée de libération nationale », ajoute Éric Dussault.
« La France ne comprend pas les revendications algériennes, et elle ne peut pas s’imaginer perdre ce territoire. »
La France envoie de 35 0000 à 40 0000 soldats sur les lieux. Ne comprenant pas le territoire et confrontés aux techniques de guérillas du Front de libération nationale, ils adoptent des mesures musclées : « La gégène, la torture à l’électricité choque autant en France qu’en Algérie. Cela alimente le ressentiment des Algériens à l’égard de la France », explique Éric Dussault.
En 1958, le général Charles de Gaulle est appelé en renfort. Dans un célèbre discours livré à Alger, il affirme : « Je vous ai compris ». Ce discours comporte toutefois son lot d’ambiguïtés.
Le 7 septembre 1959, le général de Gaulle, devenu président de la France, lance le mot « autodétermination ». L'indépendance de l'Algérie n'est pas pour demain, mais il l'évoque pour une première fois. Pendant ce temps, le conflit s'enlise. L'historien Éric Dussault raconte comment la guerre d'Algérie a pris fin.
Après cinq ans de guerre, le président propose un référendum sur l’autodétermination de l’Algérie auprès de la population française et algérienne. Les taux de participation sont importants : 75 % de Français et 60 % d’Algériens votent oui.
Cependant, des groupes sont en désaccord avec ce référendum. L’Organisation de l’armée secrète (OAS) voit donc le jour. Ce regroupement veut le maintien de l’Algérie française à tout prix.
Après plusieurs attentats, l’OAS finit par manquer de soutien et le président de Gaulle la réprime sévèrement. Les accords d’Évian, en mars 1962, marquent le début du processus de la fin de la guerre, mais des violences persistent même après la signature de l’entente.
En juillet 1962, l’Algérie obtient son indépendance et garantit la sécurité des pieds-noirs, dont un million d'entre eux se trouvent sur son territoire. Malheureusement, une fusillade éclate à Oran et fait près de 100 morts parmi eux. Les pieds-noirs quittent l’Algérie en catastrophe. « Ils s’en vont en grande majorité dans le sud de la France, mais il faut comprendre que pour eux, c’est un réel déracinement, car 80 % d’entre eux sont nés sur le sol algérien », explique Éric Dussault.
La guerre d’Algérie a causé 500 000 morts et 1,5 million de jeunes soldats français en sont revenus traumatisés. Le mot guerre a été prononcé pour la première fois à l’Assemblée nationale française seulement en 1999. « On retient une forme d’oubli qui a caractérisé les deux populations et qui, jusqu’à aujourd’hui, est vraiment une épine dans le pied, autant pour les Algériens que [pour] la France. La réconciliation est encore à faire », affirme Éric Dussault.
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