Depuis le 1er février, le projet de loi visant prétendument à «conforter le respect des principes de la République » est débattu à l’Assemblée nationale. Ce texte de loi a, dès le premier jour, été dénoncé par l’opposition insoumise comme un texte de diversion et de division visant à stigmatiser les musulmans pour servir l’électoralisme des macronistes lancés dans une course à l’imitation de Marine Le Pen. C’est notamment ce qu’avait expliqué Jean-Luc Mélenchon dans son discours parlant d’un texte « inutile et dangereux », expliquant que les débats à l’Assemblée ne manqueraient pas de cibler sans arrêt la même religion et les mêmes croyants : l’islam et les musulmans.
10 jours après le début des débats, c’est maintenant la députée LREM du Vaucluse, Souad Zitouni, qui a exprimé un sentiment similaire en répondant au député LR Éric Ciotti. Ce dernier proposait l’interdiction du voile à l’université et pour les accompagnatrices scolaires. La députée de la majorité a dénoncé un : « tribunal contre l’islam et les musulmans » dans lequel « les accusés ne peuvent pas se défendre ». Des mots forts qui font écho à ceux qu’avaient eus Jean-Luc Mélenchon quelques jours auparavant. Voici la retranscription de l’intervention de Souad Zitouni :
« J’ai l’impression d’être depuis tout à l’heure devant un tribunal, le tribunal contre l’islam et les musulmans. Et malheureusement, les accusés ne peuvent pas se défendre. Il faut arrêter de penser que toutes les femmes voilées sont des femmes soumises. Non seulement ce ne sont pas des majeurs incapables comme on tend à le faire croire puisqu’en réalité elles le font de plein gré. Moi, je suis avocate et je les défends. Il y en a même qui divorce parce qu’elles veulent porter le voile et que leurs maris le refusent. C’est elles-mêmes qui veulent le porter parce qu’elles considèrent que c’est un chemin de spiritualité et que dans ce cadre elles besoin et envie de porter le voile. Je crois qu’il faut arrêter de simplifier le débat en disant que c’est une soumission et qu’elles n’ont pas conscience de ce qu’elles font. Ce sont des majeurs, capables, qui font des études. J’en ai prise en stage qui étaient de brillantes étudiantes et malheureusement, elles pensaient en France que le principe liberté, égalité, fraternité, la République, leur permettrait de vivre leur foi et leur religion.
En faisant ce que vous faites, en leur limitant l’accès dans l’université, dans les transports ou l’espace public, vous enfreignez même ces principes de liberté, égalité, fraternité. Vous ne leur laissez même pas le choix de choisir. C’est cela qui est difficile et incompréhensible. Le vivre-ensemble ça ne veut pas dire le vivre-pareil. On peut être différent et vivre-ensemble, c’est cela le pluralisme. Interdire le chemin de l’école des mères qui sont voilées, c’est interdire l’accès de l’enfant à son intérêt supérieur car il peut à ce moment connaître une autre religion que la sienne. En faisant blocage, que vont-elles devenir ?
Est-ce que vous pensez à leurs blessures ? Est-ce que vous pensez à leurs enfants, comment ils vont le vivre ? C’est assez incroyable de pouvoir légiférer sur une liberté fondamentale, celle de croire et de ne pas croire. La République est laïque, on doit la protéger et elle s’applique à tout le monde. Il y a des femmes non voilées plus soumises que des femmes voilées. Cela aussi c’est un problème. Elles sont sous l’emprise aussi de leurs maris. Ne ramenons pas le débat à un débat sur le tissu mais revenons sur des choses plus essentielles. Cette loi est une loi contre la radicalisation, cette loi n’est pas une éradication du fait religieux. Attention à ce qu’on fait. »
Les commentaires récents