Les déchets immenses très radioactifs et de longue vie, certains sont enfouis sous terre et d'autres sont laissés à l'air libre.
La France doit «assumer ses responsabilités historiques» à travers la décontamination des sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien et l'indemnisation des personnes souffrant de pathologies conséquentes à ces essais atomiques, a affirmé le chef de service du génie de combat du Commandement des forces terrestres, le général Bouzid Boufrioua.
Le général note que «122 Etats de l'Assemblée générale de l'ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l'interdiction des armes nucléaires ‘‘TIAN'', qui vient s'ajouter aux traités antérieurs».
Dans un entretien à la revue El-Djeïch, le général Bouzid Boufrioua indique que «le principe du ‘‘pollueur-payeur'' y a été d'ailleurs introduit et reconnu officiellement. C'est la première fois que la communauté internationale demande aux puissances nucléaires de rectifier les erreurs du passé». Il a précisé, à ce propos, que le nombre des essais nucléaires effectués par la France, sous prétexte de la recherche scientifique, a atteint «17 explosions (quatre en surface à Reggane et 13 souterraines à In Ekker), en plus d'autres essais complémentaires».
Les essais en surface effectués à Reggane, a-t-il poursuivi, «ont causé la pollution d'une grande partie du Sud algérien». «Leurs effets se sont étendus jusqu'aux pays africains voisins, alors qu'un nombre d'essais souterrains a échappé au contrôle, ce qui a provoqué la propagation des produits de fission due à l'explosion et la pollution de vastes zones», a-t-il ajouté.
Détaillant les conséquences de ces essais, le général Bouzid Boufrioua cite «les déchets immenses très radioactifs et de longue vie, certains sont enfouis sous terre et d'autres sont laissés à l'air libre, sans oublier les radiations répandues sur de vastes surfaces, causant un grand nombre de victimes parmi la population locale et des dégâts à l'environnement qui perdurent hélas, jusqu'à nos jours».
Néanmoins, «au regard de la croissance démographique dans les zones concernées et les risques dus à la pollution radioactive, il a été du devoir de l'Etat, très engagé envers ses citoyens, de sécuriser et de protéger les vieux sites des essais nucléaires français». La mission de «protéger et d'assainir ces sites qui furent le théâtre des essais nucléaires français dans le désert de notre pays» a été confiée à l'Armée nationale populaire (ANP), a-t-il fait savoir, soulignant qu'il a déjà été procédé dans ce contexte au «déploiement d'une formation de sécurisation dans les sites à travers la création de deux unités de l'arme de génie de combat des forces terrestres, une compagnie dans la région de Reggane, dans la 3e Région militaire, et une compagnie à In Ekker, dans la 6e RM, chargées de la sécurisation et de la protection des vieux sites des essais nucléaires».
Il a également été procédé à la «marcation et quadrillage des frontières des sites», «la reconnaissance et surveillance aérienne des zones polluées», «la sécurisation sanitaire des éléments et assistance médicale de la population locale», et le «contrôle et analyse périodique des sources d'eau et fermeture des puits près des zones polluées», a-t-il précisé. «Nous pouvons qualifier ces efforts de satisfaisants, au regard des résultats obtenus sur le terrain à travers l'application des mesures susmentionnées, sachant que ces zones étaient une sorte de décharge à ciel ouvert pour les déchets radioactifs. Maintenant, elles sont désormais sous total contrôle», a-t-il soutenu.
«Nous avons réussi à éradiquer le phénomène lié à l'enlèvement aléatoire des déchets radioactifs et empêché les citoyens de s'approcher des zones polluées, en plus du suivi continu de la situation radioactive», a-t-il encore ajouté.
Le général Bouzid Boufrioua a déploré, à ce titre, «l'absence d'informations techniques sur la nature des explosions nucléaires et le matériel pollué enfoui», qualifiant l'absence de données sur ces essais de «crime majeur commis par la France coloniale».
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