Mon Pays Natal
« Mon Algérie», co-écrit avec mon cousin Jean-Pierre Stora, est un hommage à nos parents arrachés du jour au lendemain à leur terre natale… C’était pour eux quelque chose de si douloureux qu’ils refusaient d’en parler et c’est un peu grâce à ce livre que j’ai compris ce qui s’était passé pour eux.
Je suis née moi aussi en Algérie mais j’ai quitté ce pays si tôt que j’ai toujours eu l’impression d’avoir raté un train, celui du bonheur. Mes parents y ont été si heureux !… Pour ma part, l’Algérie a juste eu le temps de m’inoculer le virus du rêve.
Dans « Mon Algérie« , nous avons recueilli les témoignages de 65 personnalités.
Tour à tour passionnés, rageurs, poétiques, évocateurs ou bouleversants, les témoignages de ces personnalités – célèbres ou anonymes – dressent le bilan sentimental et idéologique de ce que fut pour eux l’Algérie « d’avant », puis l’exil. Aux récits des aînés vient s’ajouter la parole des plus jeunes qui n’ont connu l’Algérie qu’à travers la culture familiale et les silences. On est surpris de la curiosité qui les anime.
Une palette d’émotions, d’opinions et d’expériences qui contribue à éclairer avec pertinence cette page de l’Histoire brutalement tournée en 1962.
Parmi les personnalités qui s’expriment dans ce livre, citons : Karin Albou, Jean-Luc Allouche, Alexandre Arcady, Roland Bacri, Patrick Bruel, Jean-Claude Brialy, Marie Cardinal, Robert Castel, Edmond Charlot, Hélène Cixous, Jean Daniel, Jean-Pierre Elkabbach, Jacques Fieschi, Nicole Garcia, Louis Gardel, Guy Gilles, Edmond Jouhaud, Pierre Laffont, Enrico Macias, Daniel Mesguich, Jean-Noël Pancrazi, Jules Roy, Jacques Soustelle, Morgan Sportès, Geneviève de Ternant, Marthe Villalonga, Alain Vircondelet… et bien d’autres encore…
L’extrait :
« Pendant bien des années, je pensais avoir oublié l’Algérie.. Mais elle agissait en moi de manière souterraine… Le chagrin, je l’ai eu beaucoup plus tard, en héritage. C’était celui de mon père qui a tant souffert de quitter cette terre. Il avait un petit commerce, une droguerie. Il aimait l’Algérie et les Algériens, mon père. Il voulait rester à Oran et y finir ses jours. Il disait : « On mettra des babouches mais on restera là ! » Mais mes parents n’ont pu s’y maintenir que deux ans après l’Indépendance : la vie devenait impossible… Moi, j’ai pris le bateau toute seule, à 15 ans, en Avril 1962 (…)
C’est pendant la preparation de mon film “Le balcon sur la mer” que j’ai découvert à la première personne ce chagrin dont je vous parlais. Longtemps, je m’étais dit que c’était seulement celui de mon père..
J’ai tenté de communiquer à Jean Dujardin ma propre émotion
pour qu’il puisse jouer le rôle. Je lui ai dit : voilà, c’est indéfinissable. C’est comme une déflagration, comme une enfance perdue qui vous revient. Ce n’est pas du chagrin et pourtant ce sont des larmes… On retrouve ce qui était perdu. Ca reste perdu, on le retrouve quand même, c’est ce paradoxe-là qui donne ce vertige, et je pense, les larmes… »
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