Souffrez que je joigne ma voix, non pas au concert d'invectives déclenché par vos décisions du 28 octobre, mais à la chorale marginale qui s'efforce encore d'en appeler à vos capacités d'analyse, de bienveillance sociale et d'autoprotection. Lorsqu'un ministre de la Santé déboule à l'Assemblée nationale en ordonnant « Sortez d'ici ! » aux députés qui ne partagent pas ses vues, il vous appartient, me semble-t-il, de rétablir les règles du jeu démocratique.
Vous ne serez pas étonné que ma première requête, en tant qu'auteur et lecteur, concerne les librairies, classées « commerces non essentiels » par vos technocrates – lesquels se considèrent sans doute, eux, de première nécessité. Les étagères de livres sont-elles vraiment plus dangereuses pour le consommateur que les rayons fromage et cosmétique ? N'est-il pas « essentiel » de sauver notre culture, sa diversité, le lien social qu'elle assure, le rempart qu'elle constitue contre l'illettrisme et la pensée unique qui font le lit des fanatismes assassins ? Si vous persistez à prohiber la vente des livres en milieu humain, êtes-vous conscient que vous condamnez à mort une grande partie des librairies françaises, sorties exsangues du premier confinement ? Or, comment pourraient survivre, sans leur soutien, les romancières et romanciers débutants, les essayistes dérangeants, et même les grandes plumes n'ayant pas la chance de représenter une valeur marchande pour les plateformes de la distribution en ligne ? Comme vous l'écrit par ailleurs Florence Kammermann, « libraire de garde » à Cannes, où elle a décidé, malgré sa qualification administrative « non essentielle », de résister à l'ordre de fermeture : « En réduisant l'accès à notre culture s'étirera une fissure : la menace de perdre notre précieuse liberté d'expression. Originaire du Liban, j'ai pu mesurer combien les intégristes s'engouffrent dans les failles qu'ils trouvent. »
Monsieur le Président, dans l'intérêt du pays et de la démocratie dont vous êtes le garant, nous vous demandons de faire marche arrière pour mieux aller de l'avant. N'attendez pas qu'il soit trop tard, sinon la « troisième vague » sera un tsunami populaire qui vous emportera. Qu'allez-vous faire face aux très nombreux libraires pris à la gorge qui ont décidé de refuser la prohibition, forts du soutien de leurs maires et des myriades d'auteurs qui, comme moi, sont prêts à aller s'enchaîner aux grilles derrière lesquelles on prétend enfermer la culture jusqu'à ce que mort s'ensuive ? Envoyer l'armée ? Emprisonner les dissidents ? Brûler les livres ?
Vous qui, au début de l'épidémie, avez donné le bon exemple en vous rendant au théâtre pour montrer que la vie culturelle doit continuer coûte que coûte, faites en sorte, à l'heure où les salles de spectacle sont frappées d'interdit, que les lieux vivants de la littérature, librairies et bibliothèques, soient à nouveau accessibles dans l'évident respect des règles sanitaires – même le plus convoité des best-sellers n'a jamais provoqué de bousculade comparable aux soldes des grands magasins.
LAISSEZ-NOUS VIVRE, LAISSEZ RESPIRER LA FRANCE
Rouvrez donc toutes les librairies qui le souhaitent, au lieu de fermer par « souci d'équité » les rayons livres de la Fnac – quelle provocation indigne ! Renoncez à tuer les petits commerçants qui savent mieux que les autres veiller sur la santé de leurs clients, et assouplissez d'urgence ce reconfinement moyenâgeux dont vous rejetiez avec sagesse l'hypothèse funeste, quelques jours avant de nous l'imposer. La colère monte de toutes parts ; sachez l'entendre et y répondre d'urgence, au lieu d'attendre d'être obligé de la réprimer. Pour éviter que les gestes barrières n'en viennent à se résumer aux barrières mobiles des CRS, de grâce, laissez-nous vivre. Laissez respirer la France qui, par principe de précaution, est en train d'étouffer sous son masque. Arrêtez de l'asphyxier à chacune de vos apparitions télévisées, arrêtez d'insuffler, sur un ton de compassion paternaliste, la peur obligatoire et le devoir de soumission. Arrêtez de justifier l'arbitraire par des chiffres abusifs, des statistiques gonflées ou des projections carrément fantaisistes. Non, les personnes positives aux tests PCR ne doivent pas être comptabilisées comme des malades Covid, tous les médecins le répètent : ces tests ne font qu'amplifier les traces de virus, qu'il soit vivant ou pas. Non, les patients qui, par exemple, décèdent de leucémie avec un soupçon de Covid n'ont pas à être classés d'office parmi les défunts du Covid. Et d'où sortent ces « 400 000 morts » que vous nous avez promis le 28 octobre en cas de non-reconfinement ? Est-ce une resucée des 500 000 décès que prédisait à la France, lors de la « première vague », le modèle mathématique de l'Imperial College de Londres, sur la foi duquel tant de gouvernants ont condamné leurs sujets à des mois de réclusion à domicile ? L'auteur de cette prophétie, l'épidémiologiste extralucide Neil Ferguson, passera à la postérité pour avoir garanti, d'ici à juin 2020, 100 000 morts à la Suède si elle persistait dans son refus de confiner – elle en est, le 30 octobre, à 5 938. C'est déjà trop, pas besoin d'en rajouter. Depuis, le Nostradamus de la statistique a dû démissionner de ses fonctions – moins à cause de ses prédictions bidon que pour avoir violé le confinement dont il était l'inspirateur, en faisant venir chez lui sa maîtresse à plusieurs reprises. Passons. « 400 000 morts, bondit l'anesthésiste réanimateur Louis Fouché, ça ne correspond à rien, à aucune étude scientifique ! » Rien ne semble justifier ce chiffre démentiel, si ce n'est une erreur de prompteur ou la nécessité de paniquer les foules pour qu'elles acceptent de renoncer à leurs libertés.
DONNEZ-NOUS SIMPLEMENT LA PERMISSION DE NOUS SOIGNER
S'exprimant au nom du collectif « Médecins et soignants pour une politique sanitaire juste, éclairée et proportionnée », le Dr Fouché renchérit : « Les Français n'ont pas besoin d'être punis, ni surveillés, ni reconfinés, ni rééduqués. » Il aurait pu dire également : « ni incriminés ». Monsieur le Président, par pitié, n'ajoutez plus à l'horreur du terrorisme islamiste la menace d'un terrorisme invisible tapi en chacun de nous. Ne nous laissez pas devenir à nos yeux les victimes résignées ni les coupables en puissance d'un Covid Akbar qui, détruisant notre organisme, jaillirait de nos postillons pour attenter à la vie d'autrui. Et, au lieu de nous faire remplir ad vitam aeternam des autorisations de déplacement dérogatoire, donnez-nous simplement la permission de nous soigne
Car le remède existe. Le traitement mis au point par le Pr Raoult (hydroxychloroquine / azithromycine) a déjà sauvé tant de personnes – je sais de quoi je parle. Même si, se conformant à la « médecine de guerre » que vous aviez implicitement ordonnée, l'infectiologue marseillais s'est contenté de traiter tous les malades, au lieu de donner à certains un placebo pour démontrer, selon les normes administratives, l'efficacité d'un remède qui, visiblement, était flagrante. Seulement, le 27 mai 2020, votre ministre de la Santé a interdit qu'il soit employé pour soigner la Covid. À cause de ses effets secondaires en cas de pathologie cardiaque, que les médecins connaissent et savent très bien gérer depuis soixante-dix ans ? Ou bien parce que ce remède était trop ancien, trop peu coûteux et faisait de l'ombre aux laboratoires pharmaceutiques ? Peut-être convenait-il de laisser le champ libre aux milliards que promettait de rapporter l'élaboration d'un nouveau médicament américain, le remdesivir. Alors, par des études frauduleuses comme celle du Lancet – retirée après coup par le directeur de cette grande revue scientifique, avec ses plus plates excuses –, on a tenté de faire croire que l'hydroxychloroquine était dangereuse et inefficace contre le virus Covid-19.
Aujourd'hui, de vastes méta-analyses « randomisées », comme celles de l'université Yale (Pr Harvey Risch) ou de l'École de médecine de Californie, ont confirmé son efficacité au premier stade de la maladie. Quant à sa non-toxicité, elle est établie dans les conditions de dosage et de durée du protocole Raoult. C'est le remdesivir, en revanche, qui apparaît désormais dénué d'effet thérapeutique et susceptible de provoquer, notamment, de lourdes insuffisances rénales. Sauf que la France en avait déjà acheté 500 000 doses. Alors, le 14 octobre 2020, le ministère de la Santé adresse au personnel hospitalier un Mars. Il ne s'agit pas d'une prime sous forme de spécialité chocolatière, mais d'un message d'alerte rapide sanitaire : les médecins sont invités à écouler gracieusement le stock de remdesivir, c'est-à-dire à administrer un médicament inefficace et dangereux dont, précise la circulaire, « l'autorisation de mise sur le marché pour le traitement de la maladie Covid-19 sera interrompue par l'Agence nationale de sécurité du médicament à compter du 23 octobre. » C'est le motif de la plainte pour mise en danger de la vie d'autrui déposée au pénal par le Pr Raoult à l'encontre de l'ANSM, qui venait de lui refuser une autorisation temporaire d'utilisation pour l'hydroxychloroquine. En résumé : la France interdit l'usage d'un remède efficace sans toxicité, et recommande dans le même temps d'administrer le contraire en connaissance de cause.
LE DROIT DE NOUS SOIGNER AUTREMENT QU'AVEC DU PARACÉTAMOL
C'est grave, Monsieur le Président, et je suppose que la distanciation sociale a empêché que ces faits soient portés à votre connaissance, sans quoi vous en auriez informé le pays durant votre allocution. Et vous auriez apporté enfin une bonne nouvelle : le rétablissement de la liberté pour les médecins de prescrire un médicament qui, dès les premiers symptômes, permet de diminuer la charge virale, d'éviter la contagion et la dramatique saturation de nos hôpitaux. C'est-à-dire, à terme, de pouvoir s'affranchir de ce confinement à répétition, uniquement justifiable par le manque de lits en réanimation et l'épuisement des soignants. Ce confinement qui, comme vient de le marteler Gerd Müller, ministre allemand de la Coopération économique, causera bien plus de décès par suicide, faillite, effondrement psychologique et social que les contaminations virales qu'il est supposé empêcher.
Nous attendons avec espoir et impatience, Monsieur le Président, votre prochaine intervention qui ne manquera pas de nous accorder, enfin, le droit de nous soigner autrement qu'avec du paracétamol (1). Sinon, que devrons-nous conclure ? Que nous resterons enfermés jusqu'à l'été, où vous nous avez promis la divine apparition d'un vaccin miracle ? Toutes options, je suppose : le pack mercure, nano-puce et GPS intégré.
MONTREZ-NOUS QUE VOUS ÊTES TOUJOURS L'HOMME DU RENOUVEAU
Lorsqu'il vous entendit décréter voilà sept mois l'ordre de confinement général, le sans-abri héros de mon roman L'Inconnue du 17 mars vous qualifia de « robot ménager » – expression que les médias se sont empressés de monter en épingle. Faites mentir mon personnage, Monsieur le Président. Prouvez que les complotistes ont tort de vous croire manœuvré par des puissances industrielles, pharmaceutiques et autres, qui feraient de vous un mixeur de diktats anxiogènes au service de leurs intérêts. Prouvez-leur qu'un président digne de ce nom est au-dessus des lobbys, comme il est censé être au-dessus des partis. Dissipez, s'il y a lieu, les vilains soupçons de conflits d'intérêts qui pèsent sur certains de vos conseillers scientifiques, depuis les révélations du Pr Perronne (2). Difficile d'y voir clair, dans ces empoignades de médecins qui se crêpent le caducée à longueur de talk-shows… Faites la lumière, Monsieur le Président. Ou faites sauter les fusibles, comme s'y emploient généralement les locataires de l'Élysée. En tout cas, dans notre intérêt comme dans le vôtre, changez radicalement de stratégie face à l'ennemi. Votre conseil scientifique ne vous a pas dit que la peur et le stress, il n'y a rien de tel pour affaiblir les défenses immunitaires qui nous protègent des agressions virales ?
Allez, Monsieur le Président, vous qu'on accuse de gouverner désormais en monarque absolu, face à un Parlement vidé par les jauges sanitaires, montrez-nous que vous êtes toujours l'homme du renouveau, du défi en marche et des solutions audacieuses, l'homme pour lequel jadis nous avons voté. Fort de vos vertus jupitériennes, employez-vous à foudroyer non pas le peuple, mais les puissances financières qui osent s'enrichir des conséquences d'une pandémie lucrative. Nous avons cru en vous, si fort. Nous ne voulons pas que vous laissiez dans l'Histoire l'image injuste que vous collent d'ores et déjà tant de Français broyés, égarés par la détresse et la révolte : celle d'un maréchal Pétain soumis à l'envahisseur Big Pharma. Inspirez-vous au contraire, pour de bon, de ce héros de la France libre dont vous avez pris la pose gaullienne, le jour où vous avez déclaré la guerre au virus. Soyez celui qui délivrera la France du joug de la peur mortifère, de l'impuissance répressive, du fatalisme assassin – bref, de la dictature sanitaire. Il est encore temps. Sinon, d'autres le feront à votre place.
Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à l'expression de ma considération encore vive.
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