Ce qui s’est passé cette fin de semaine à Alger est un événement religieux qui aurait dû être rentable pour Bouteflika afin de faire son cinquième mandat en toute quiétude, mais la révolution citoyenne l’a empêché de s'exalter.
Il aurait pu l'être aussi pour Tebboune qui souhaite rétablir la confiance avec les citoyens en leur offrant la troisième mosquée au monde, mais il est allé en Allemagne pour se soigner en urgence.
Y a-t-il un mauvais sort jeté sur ce grand ouvrage religieux qui a coûté l'équivalent de 4 mégas hospitalo-universitaires ? En effet, les autorités ont offert un lieu de culte au lieu d'un lieu de soin, une décision qui sera remise en cause à chaque fois qu'un Algérien tombe malade sans qu'il soit pris en charge par faute de moyens médicaux. Cela dit, c'est une contradiction voulue qui vire vers la bêtise.
Bien sûr cette bêtise humaine n'atteindra jamais Bouteflika, les généraux et Abdelmadjid Tebboune qui disait « que nous avons les meilleurs hôpitaux de l'Afrique ». Il n'a pas tort sur son exemple de référence, pour le respect des Africains qui souffrent des mêmes problèmes que nous, en évitant d'évoquer ceux de l'Allemagne ou de la France.
Dans les faits, le système de santé algérien est délibérément géré en deux collèges : le premier ceux qui se soignent à l'étranger, et le deuxième ceux qui se soignent à l'intérieur. C'est pour ceux-là d'ailleurs que la mosquée fut construite pour prier afin de ne pas tomber malade, pour reprendre la phrase ironique indiquée dans la fameuse caricature d’Ali Dilem.
Pour critiquer la forte affluence des fidèles venus assister l’inauguration de cette mosquée peut paraître blasphématoire, mais de laisser à cette occasion la pandémie se propager dans un pays où les moyens de santé sont dérisoires, c’est de l’inconscience que ni la prière, ni la foi ne pourront faire face à un virus qui fait des millions de morts à travers la planète.
Si on revient aux coûts de construction de cette mosquée, lieu de prédilection des fidèles, qui avoisine les 6 milliards de dollars, il y a de quoi se poser des questions sur son financement. Se permettre une telle dépense inutile dans un pays qui souffre d'infrastructures utiles pour le bien être du citoyen est un paradoxe que l'Histoire gardera en mémoire pour longtemps.
Mais cette mauvaise conscience bien développée au sommet de l'État, et aussi développée au niveau local, à l'échelle des quartiers, villages et des douars. Les mosquées qui naissent comme des champignons sont un véritable danger sociétal. De surcroît, des écoles, universités et entreprises sont envahies par une islamisation galopante qui empêchent l'élève de s'instruire, l'étudiant de réfléchir et le travailleur de s'émanciper en dehors des règles idéologiques et dogmatiques imposées.
Nous constatons que les institutions publiques et étatiques sont en train de devenir des mosquées, elles échappent aux règles institutionnelles et administratives. C'est une lame de fond qui menace l’existence de la nation algérienne.
Dénoncer et se démarquer de ses entreprises islamistes qui sont créées ou encouragées par le pouvoir pour contrôler la morale de la société à des fins politiques est un impératif. On doit cesser d'être des contempteurs, et réagir avec acuité et en solidarité face à ces absurdités.
C'est un rôle qui va être assuré inévitablement par les courants démocrates républicains, les intellectuels, les artistes, les écrivains et même les religieux, car ces derniers ont des arguments solides pour juguler cet envahissement, et expliquer à la société que l'islamisme est un danger et non une religion de paix.
Ce qui s'est passé en France avec l'assassinat du professeur Samuel Paty pour des caricatures du prophète des musulmans, en nombre, est un acte infiniment petit par rapport aux massacres commis en Algérie au nom de la religion. Peu importe la lecture politique qu'on peut lui attribuer, mais ce qui a poussé le jeune à commettre ce crime a interpellé la société française dans son ensemble, car l'intégrisme menace et tue.
La laïcité, qui est une valeur intrinsèque pour la France républicaine, n'a pas réussi à déjouer toutes les intrusions islamistes qui déstabilisent l'équilibre de vivre ensemble entre français. Et la Turquie qui est pourtant constitutionnellement un pays laïque, pour des raisons de géostratégie, a encouragé le phénomène en finançant la majorité des associations et écoles islamistes de France.
Pour revenir en Algérie, la révolution citoyenne a quand même permis aux Algériens de débattre la place de la religion au sein de la société, en revanche c’est loin d’être assez pour endiguer le danger.
La tragédie de la décennie noire est un souvenir qui hante encore, l'islam politique est un virus mortel et anxiogène, là il où sévit la vie n'est pas agréable.
Jeudi 12 novembre 2020
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