Une foule nombreuse accompagne Bouregaa à sa dernière demeure
Lakhdar Bouregaâ, vétéran très respecté de la Guerre d'indépendance contre la France et figure du soulèvement populaire du «Hirak», est décédé à l'âge de 87 ans, a annoncé mercredi 4 novembre au soir son fils sur sa page Facebook. «Lakhdar Bouregaâ est sous la protection d'Allah», a sobrement écrit Hani Bouregaâ, avant d'ajouter une formule religieuse consacrée. Sa famille avait annoncé le 21 octobre qu'il était atteint du coronavirus. Sa femme a également été hospitalisée.
Il sera inhumé jeudi dans le carré des martyrs de la Révolution algérienne au cimetière El Alia à Alger, le plus grand du pays, où reposent l'émir Abdelkader, héros de la première résistance anti-française, les grandes figures de la guerre de libération (1954-1962) et les anciens chefs d'Etat.
A l'annonce de son décès, les hommages se sont multipliés sur les réseaux sociaux. «Bouragaa nous a quittés. Il a donné sa vie pour sa Patrie. Honorons le en continuant son combat, en nous battant pour la liberté et pour une Algérie meilleure!», a écrit Ahmed sur Twitter. «Lakhdar_Bouregaa n'est plus. L'on retiendra de lui sa volonté à aller de l'avant, à transmettre le flambeau aux jeunes. Ils sont rares à être héros de l'indépendance et citoyens de l'Algérie moderne sans être figés dans le passé», a renchéri Ouamrane sur le même réseau.
Haut responsable militaire de l'Armée de libération nationale (ALN), le commandant Bouregaâ avait été le chef de la zone 2 de la wilaya IV, couvrant l'algérois (nord), pendant le sanglant conflit contre la puissance coloniale française. Après l'indépendance, opposant politique au Front de libération national (FLN), parti unique, il avait été torturé et emprisonné de 1967 à 1975 sous la présidence de Houari Boumediene. Lakhdar Bouregaâ fut l'un des membres fondateurs du Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d'opposition d'Algérie, en 1963.
Il avait été à nouveau jeté en prison du 30 juin 2019 au 2 janvier 2020 après s'être engagé aux côtés du «Hirak». Lakhdar Bouregaâ avait été alors inculpé d'«outrage à corps constitué» et «de participation à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale». Son arrestation puis son placement en détention préventive avaient suscité une vive indignation en Algérie, notamment sur les réseaux sociaux. Il participait régulièrement aux marches hebdomadaires du «Hirak».
Né d'un immense ras-le-bol des Algériens, mouvement inédit, pacifique et sans véritable leadership, le «Hirak» réclame depuis février 2019 un profond changement du «système» en place depuis l'indépendance en 1962.
En vain jusqu'à présent, même s'il a poussé en avril 2019 à la démission Abdelaziz Bouteflika après vingt ans de règne.
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