S’il importe que la mémoire de la colonisation française et de la guerre d’Algérie soit vraiment connue et regardée avec lucidité de part et d’autre de la Méditerranée, comment approcher au plus près possible une histoire qui soit celle des faits eux-mêmes et qui ne soit pas une histoire idéologisée ou instrumentalisée en permanence ? C’est la mission qu’est appelée à accomplir la Commission mixte algéro-française sur les questions mémorielles de la colonisation récemment mise sur pied. En attendant, voici un bref rappel ci-après de quelques éléments-clés de cette mémoire : Juillet 1962. La France coloniale a perdu la guerre. L'Algérie a gagné son indépendance et recouvré sa souveraineté. Tout était à reconstruire dans un pays dévasté, ruiné par 132 ans de colonisation, et les circonstances historiques après 1945 n'ont pas favorisé le cheminement de l'Algérie vers l'avènement d'un Etat indépendant démocratique. Or tout est à (re)construire à présent car en France, depuis, une autre guerre est en train de sourdre : les émigrés, leurs enfants, leurs petits enfants -deuxième, troisième générations- français pourtant, sont, presque 58 ans après l'indépendance, toujours considérés comme des «indigènes» ; et, en Algérie, les traces sournoises du colonialisme se cristallisent souvent en des violences intestines. «La reconnaissance lucide et juste, de part et d'autre, de ce passé aiderait peut-être à avancer», suggère l'historienne Sylvie Thénaud. Cette reconnaissance mutuelle ne devrait pas poser tant de difficultés car les uns -tel Jules Ferry dans son «Discours sur la colonisation»- et les autres -tel Aimé Césaire, dans son «Discours sur le colonialisme»- décrivent bien les mêmes choses. Et lorsque les choses sont dites, les mémoires peuvent être partagées et l'Histoire écrite. En replongeant dans l'histoire de la colonisation française de l'Algérie, on trouve d'étranges similitudes entre cette conquête et les interventions de l'OTAN, bras armé des Etats-Unis, en pays musulmans. Mission civilisatrice hier, démocratie et droits de l'homme aujourd'hui, crimes et pillages sans fard hier, mainmise arrogante sur des pays stratégiques aujourd'hui, derrière l'épouvantail usé (et ab-usé) de la paix mondiale menacée.
Voici les «bienfaits» de la colonisation !
Pourtant, «quel mal les Musulmans ont-ils fait au monde durant ce temps ?» C'est la question posée par le Dr Jurgen Todenhofer, magistrat et ancien député chrétien-démocrate, lors d'un entretien à la télévision allemande. Sa réponse est cinglante : «Les Musulmans n'ont causé aucun mal à l'humanité et au monde ces deux cents dernières années. Au contraire...». Et son réquisitoire est sans appel : Les Européens de l'Ouest (…) ont brutalement colonisé et massacré des millions de musulmans». «Inutile de commencer par les Croisades», poursuit-il, pour voir «combien, nous, Européens de l'Ouest, sommes beaucoup plus violents que ne l'ont jamais été les Musulmans». «La Première et la Seconde Guerre mondiale ont fait 70 millions de morts. Qui a commis cela ? Pas les Musulmans. Qui a tué 6 millions de juifs ? Pas les musulmans. Le communisme soviétique a tué 30 millions de personnes, le communisme chinois près de 40 millions. Ce ne sont pas des Européens de l'Ouest mais pas non plus les Musulmans.» Le magistrat député analyse alors : la base du conflit avec les Musulmans repose sur le fait que les Européens de l'Ouest voient les Musulmans et particulièrement les Arabes, ainsi que l'écrivait Jean-Paul Sartre, comme des demi-singes : «Nous ne les prenons pas au sérieux. Nous les considérons comme des animaux (...). Et de telles actions ont engendré un grand ressentiment.» Voici les «bienfaits» de la colonisation ! La Franceest le seul Etat dit démocratique et la seule ancienne puissance impériale européenne où des dispositions législatives qualifient de façon positive cette période de l'histoire. Cette colonisation, volonté d'un pouvoir politique et civil, d'une justice aux ordres, et dont l'idéologie dominante -les hommes, les peuples ne sont pas tous égaux- perdure sournoisement. Lors d'un colloque au Sénat français, l’historien Olivier Le cour Grand-maison a conclu son intervention par un appel solennel : «Les nouvelles autorités politiques de la France s'honoreraient à reconnaître que la France, ses autorités, ses militaires, son pouvoir politique, ont commis, justifié et légitimé des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité entre 1830 et 1962.»Les peuples occidentaux condamnent unanimement le colonialisme déclaré. Pour l'Histoire, il va sans dire aussi que les journalistes et les intellectuels de la rive nord de la Méditerranée s'honoreraient assurément à rompre le silence sur la victoire du colonisé et à cesser de maquiller le colonialisme. De la sorte, peut-être parviendra-t-on, de part et d’autre de la Méditerranée, à atteindre cette relative paix des mémoires tant souhaitée ?
Les têtes d’affiches de la bande sont en prison (toutes ?). Il y en a certainement plus dehors que dedans. La contre-révolution «made in bladi» a beau être dispersée aux quatre coins des pénitenciers du pays, cela ne l’empêche pas de mener des actions de concertation avec ses soutiens toujours en liberté. Nous l’avons tous vécu cet été. Pénuries sciemment organisées de liquidités au niveau des PTT, coupures intempestives et lenteurs exaspérantes d’internet, électricité défaillante, gestion hasardeuse de la ressource en eau à usage de consommation humaine sont venus éclairer, à la lumière blafarde des incendies nocturnes à multiples foyers, les arrière-pensées de la bande. L’inspiration est partout identique. Epuiser, comme au Venezuela, les services de l’Etat en charge de ces secteurs sensibles, exaspérer la population afin de la pousser à la révolte aveugle et malheureusement improductive dont espèrent profiter des forces politiques qui se présentent sous la figure du chevalier blanc. Cela nous rappelle furieusement ces protestations nocturnes lors du Hirak, chargées (par qui ?) de mobiliser les policiers la nuit afin de voir s’effondrer la première institution républicaine civile de la nation, le jour. Ils ont échoué hier. Peuvent-ils réussir aujourd’hui ? C’est que le sabotage ne prend pas uniquement la forme d’actions évidentes même pour le plus naïf des citoyens. Il se noue aussi dans la reproduction sophistiquée et incessante des impératifs de court terme tant les puissances qui furent défaites cherchent à organiser une dispersion du potentiel de la haute administration centrale de la réforme féconde, dans des questions secondaires, multipliant les urgences sociales, laissées enfouies à dessein par des dynamiques rentières, comme autant de mines pour empêcher les solutions salvatrices, celles du long terme, de se réaliser. N’est-ce pas là, la méthodologie qui fut employée avec les anciens retraités et handicapés protestataires de l’ANP ? L’objectif est clair. Toute mesure cherchant à restaurer la planification, la réflexion, les effets de long terme est combattue vigoureusement.
La stratégie de la contre-révolution se veut tacticienne escomptant sur une reprise du «Hirak béni» – qui ne reviendra plus à la vigueur première qui était la sienne – pour faire échouer la démarche de réforme constitutionnelle ainsi que celles, mises en œuvre, dans les domaines économiques et sociaux, pour rompre avec la logique des rentiers du système. La rente se préoccupe essentiellement d’une seule chose. La maximisation des profits, celle du commerce du pétrole et du gaz soit directement de manière détournée et la minimisation des dépenses sociales, économiques et culturelles. Aujourd’hui, elle cherche à retarder autant que faire se peut toute entreprise de restructuration décisive qui autorise la consolidation des valeurs ajoutées pour la nation. C’est là son objectif central. Ce dernier peut prendre la forme, comme au Venezuela, d’une tentative de coup d’Etat à blanc adossé à une protestation sociale de grande ampleur s’appuyant sur les classes moyennes en s’habillant des atours d’un mouvement révolutionnaire. C’est ce que préconise en filigrane le PAD (Pacte de l’Alternative Démocratique) dont l’inspiration idéologique la place en candidat privilégié d’une telle option. Mais le «parti de la démocratie» est divisé et mieux encore, les fractions patriotiques en son sein (comme le FFS) refusent, à leur honneur, de se prêter à de telles manipulations. Le candidat de cette mouvance, son paravent en quelque sorte, autour duquel tous se sont ralliés, au pas cadencé, en bons petits soldats «démocrates» est l’ex-général Ali Ghediri, aujourd’hui en prison. Cet ancien officier supérieur, candidat aux élections présidentielles de décembre 2019, en charge des ressources humaines au sein de l’ANP lorsqu’il était encore en fonction (et donc du dossier des retraités de l’ANP et des handicapés de la décennie noire) a-t-il fait preuve de légèreté alors qu’il était aux affaires pour résoudre définitivement un tel dossier ? Ou est-ce sciemment qu’une telle situation fut laissée au pourrissement ? Il est difficile de répondre à une telle question sans une investigation rigoureuse afin de ne jeter la pierre à personne. En tous cas, faisons le constat irréfutable que c’est encore à la Présidence et aux services spécialisés de l’ANP de traiter un dossier rendu inextricable à souhait. On chercherait à occuper les capacités des compétences sincères au sein de notre haute administration aussi bien civile que militaire dans une feinte dilatoire que l’on ne s’y prendrait pas autrement au moment où le temps nous est compté.
La «venezuelisation» de l’Algérie ? Prenons une seconde hypothèse de travail pour bien comprendre la mentalité de notre adversaire rentier. Il n’a échappé à aucun Algérien que le président de la République Si Abdelmadjid Tebboune n’a pas hésité, après enquête, à démettre des responsables de la distribution de l’eau, des télécommunications, du service postal, des walis et des secrétaires généraux de wilaya défaillants dans leurs engagements au service du citoyen. Peu ont prêté une attention suffisante aux limogeages dans l’armée, du Général Rachid Chouaki, grand partisan de la coopération militaire avec… les Emirats Arabes Unis et du Général Abdelkader Lachekham, chargé de la guerre électronique et, par ricochet, ayant la haute main sur les fréquences radios indispensables à l’amélioration de la qualité du service de téléphonie mobile. Les faits sont têtus et il serait difficile de mettre sur le compte du hasard le limogeage de l’un juste avant la libération des fréquences enfin souverainement décidée par le ministre des PTT. In fine c’est la mise en œuvre d’une numérisation, levier de la réforme multiforme demandant de grandes capacités de bandes passantes qui était visée. Le Président propose mais c’est son administration aussi bien civile que militaire (la rente ne fait aucune distinction entre les uns et les autres) qui semble vouloir disposer. Lorsque des intérêts ou tout simplement des positions de pouvoir sont en jeux alors l’attitude rentière prend le pas sur la libération des énergies salvatrices. Il en va ainsi dans tous les domaines de la nation, des plus grandes affaires aux plus petites choses. Mais cela est sans compter sur la légitimité de l’action présidentielle qui n’est pas non plus dénuée de toute adresse. Si nous jugeons peu probable un scénario à la vénézuélienne, l’accumulation de situations laissées en jachères en toutes intentions pour mieux cultiver la subversion antiétatique et imposer des directions antipopulaires procède d’une technique de guérilla qui ne veut pas dire son nom. Elle n’est pas nouvelle en Algérie. Il suffit de se remémorer les agitations sociales en Kabylie ou en pays mozabite, systématiquement instrumentalisées dans un passé récent par les fractions rentières désormais neutralisées pour saisir le mode opératoire de ces procédés subversifs. Ils préfèrent au coup de poing, la diffusion sournoise, cherchant systématiquement à construire un rapport social protestataire. C’est la marque d’esprits habitués à frapper sans se dévoiler, à contraindre sans ordonner, privilégiant les embuscades, évitant les affrontements de rase campagne. C’est précisément ce fonctionnement que de longues années d’abondance financière ont érigé en système de gouvernance. On achetait la paix sociale comme on s’offrait les patrons, à grands recours d’enveloppes inefficaces de dinars pour la première, à coups de généreux abreuvements en devises pour les seconds. On préférait l’ingénierie de l’esquive sociale aux réponses franches et populaires de revendications légitimes, porteuses de développements. Quant aux véritables réformes, elles furent indéfiniment rejetées aux calendes grecques avec le résultat que nous connaissons aujourd’hui, au détriment de tous et au profit d’une infime minorité cherchant à imposer l’agenda de ses intérêts étroits, hier par la ruse, aujourd’hui par la force du harcèlement des couches les plus paupérisées ou les plus fragiles sur les plans identitaires.
Il faut innover ! L’activisme urgentiste – un œil sur le compteur de la dépréciation de nos ressources financières en banque centrale, l’autre fixé sur le cours de la bourse pétrolière pendue aux décisions américaines, saoudiennes ou russes – a fini par convaincre ceux qui louchent au sein de notre administration que rien ne peut se faire sans injections massives de capitaux alors qu’en réalité tout peut s’établir à partir de l’exploitation efficiente et intelligemment accompagnée de nos propres ressources présentes en abondance : la jeunesse éduquée, le soleil, l’eau, l’énergie et l’économie de la connaissances en toutes filières. Il nous a toujours manqué un volontarisme politique, marque de fabrique du Président Houari Boumediene, assimilé bien hâtivement à un collectivisme contre nature par les milieux réactionnaires. C’est ce désintéressement qui anime à nouveau l’instance exécutive à son plus haut niveau et qui soulève un véritable espoir dans le pays profond. La mise en branle du développement des «zones d’ombre», présentes aussi dans les cités, en est le carburant électoral essentiel et sain. Cependant, cette vigueur enfin retrouvée ne doit pas confondre activisme et activités fécondes. La première est de nature rentière, improductive, répétitive. La seconde se plait dans les ruptures fécondes comme celle par exemple, audacieuse pour son époque, de la Camel, transformant notre méthane en gaz liquéfié pour inventer l’avenir. Nous avons en réalité un besoin impératif d’idées neuves, de nouvelles manières d’envisager nos déploiements économiques que cela soit dans le secteur primaire agricole, que secondaire industriel ou tertiaire des services dans une vision d’intégration globalisante entre les différents niveaux d’activités. C’est ainsi que nous pourrons le plus sûrement déjouer les embuscades des mercenaires de l’argent surfacturé, subventionné, qui multiplient les coups de mains dans l’espoir de voir tomber l’exécutif issu des élections les plus démocratiquement organisées dans notre pays depuis 1962. Pour cela, il est nécessaire de sortir au plus vite des visions court termistes, piège tendu par les rentiers, de s’atteler à la promotion des projets structurants (pétrochimie, barrage vert, finance islamique, réforme bancaire pour la réorientation des conditions du crédit favorisant l’émergence de classes moyennes laborieuses et industrieuses, soutien des productions agricoles et des industries agro-alimentaires, transparence des marchés publics, numérisation administrative etc.) en s’appuyant sur deux facteurs de force de l’Algerie nouvelle : l’ANP en étaiement de l’Etat National, le pacifisme en consolidation irrépressible de la judiciarisation de l’ensemble des rapports sociaux qui s’expriment dans la société. Pour cela, le processus de réforme politique doit impérativement être mené à son terme, à marche forcée si nécessaire. Les cinq ans du mandat présidentiel de Si Abdelmadjid Tebboune sont cruciaux. Ils doivent poser les fondations solides de dynamiques qu’il sera difficile et long de remettre en cause. Autant il est nécessaire de se méfier du court terme dans l’activité gouvernementale d’animation et d’orientation du programme présidentiel, autant il est impératif pour l’agenda politique de s’appliquer en concentrations pragmatiques afin de progresser, étape après étape, de manière prosaïque, comme des sapeurs en charge de frayer un chemin à la démocratie véritable, celle de la majorité populaire, pour réussir chantier après chantier, la réforme constitutionnelle, celle du code électoral, puis les législatives et enfin les municipales, le tout dans l’agenda le plus resserré possible. La rénovation de la scène médiatique qui ne peut se résumer à celle de l’ANEP ou à la numérisation de ses supports doit faire l’objet de mesures spécifiques, à l’image du soutien dont elle bénéficie dans les grandes démocraties occidentales, mais loin du populisme démagogique et intéressé se fixant comme critère qualitatif le nombre de revues là où il est nécessaire de promouvoir le professionnalisme dans l’art d’informer. C’est ainsi en bout du compte que nous tiendrons à distance les ennemis du peuple, par l’organisation partout où cela est possible de constructions favorisant les rapports sociaux populaires pour isoler les contrebandiers de la République.
Il y a 50 ans, les accords d’Evian devaient mettre fin à la guerre d’Algérie...
Un sous-lieutenant appelé se souvient...
Le 50ème anniversaire des accords d’Evian va probablement relancer la polémique sur la date à retenir pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie et rendre hommage aux victimes de cette tragédie.
Laissant aux Algériens le soin de célébrer leur victoire chèrement payée par leur peuple et les combattants de l’intérieur, plus que par les dirigeants rescapés de l’extérieur qui ont rapidement pris les rênes du nouvel état, Jacques Langard, sous-lieutenant du Contingent jeté dans le chaudron de cette guerre qu’il n’avait pas voulue, témoigne de ce que fut le sort de bien des jeunes appelés français contraints de « crapahuter » sur une terre hostile et de combattre en regardant « la mort en face », comme on le chante dans l’hymne de l’Infanterie de Marine.
Son ouvrage est en même temps un hommage aux près de deux millions de garçons qu’une république imprévoyante a impliqués dans un combat douteux pour une cause perdue, dans ce qu’on considérait alors comme un ensemble de départements français, et particulièrement aux 15 000 d’entre eux qu’un sort tragique conduisit à la mort. Une mort que Jacques Langard, jeune sous-Lieutenant appelé de 21 ans, sorti en 1958 de l’EMI de Cherchell, après huit mois comme instructeur en Allemagne a tutoyé dans son régiment d’Infanterie de Marine, des bois de l’Ouarsenis aux confins algéro-marocains, de piton en piton, dans les taillis ou parmi les touffes d’alfa, dans le vent glacé ou sous le soleil accablant, chasseur chassé sous la menace de l’invisible fellagha... sans pour autant se livrer aux exactions qu’on a pu reprocher à certains éléments de l’armée française alors chargée du « maintien de l’ordre ».
Ce livre vient à point rappeler ou apprendre aux jeunes générations ce que fut la condition de leurs pères ou grand pères dans ce combat qui n’était pas le leur mais auquel ils n’avaient pu échapper. Ses récits, ses anecdotes, ses portraits, ses réflexions ont un accent de vérité que souligne un style familier à l’image du langage des hommes du terrain. En dépit de la dureté du vécu quotidien, l’auteur ne se départit pas d’une certaine distanciation allant jusqu’à l’humour, pour en sourire de peur d’avoir à en pleurer.
Jacques Langard : « Nous regardions la mort en face ! 1959-1960 Un sous-lieutenant appelé dans la guerre d’Algérie » BoD-Le Scorpion ; 168 pages illustrées ; 10,90 € ; ISBN n° 978-2-8106-2455-3
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Ce texte est tiré de la communication d’Yves Montenay La Kabylie : la terre, l’histoire et la langue, International Conference L1T, Sudbury, Ontario, Canada, septembre 2010, présentant la Kabylie à un public local qui en ignorait tout. Il a été mis à jour en août 2020.
L’Algérie est actuellement submergée par de très graves problèmes, mais elle continue quand même à cultiver « le problème kabyle », ce qui me paraît vraiment contre-productif.
Les Kabyles, « peuple premier »
Dans le monde entier on se soucie maintenant des « peuples premiers », par exemple de ces Indiens des Amérique du Nord et du Sud qui étaient là avant l’arrivée des Français, des Espagnols et des Anglais et méritent donc un respect particulier.
On pense plus rarement aux Kabyles, qui étaient pourtant là avant les Carthaginois, les Romains, les Vandales, plusieurs vagues Arabes, les Turcs et les Français !
Mais ce « respect particulier » que mériteraient les Kabyles est loin d’être l’avis de tous les Algériens : je me souviens encore de la phrase des années 1960 : « tout Berbère est un séparatiste, tout francophone est un traître et les Kabyles sont les deux ».
Remarquons que comme bien d’autres « peuples premiers », leur alphabétisation a été et est toujours en langues étrangères et la politique a été et reste omniprésente dans leur destin.
L’identité kabyle est illustrée par l’image ci-dessous :
Les couleurs sont celles du drapeau berbère, la forme celle de la carte de la Kabylie.
Mais où sont les Kabyles ?
Pardon amis Kabyles, une partie de mes lecteurs habitent au fin fond des campagnes françaises, belges et canadiennes et ne sont pas toujours très forts en géographie.
L’Algérie est en Afrique (en blanc sur la carte), et la Kabylie (la tache rouge) en Algérie.
Plus précisément, voici où se trouve la Kabylie en Algérie, au nord du pays, sur la côte méditerranéenne et immédiatement à l’est d’Alger.
Poursuivons notre zoom. Voici maintenant une vue plus détaillée de la Kabylie, avec ses deux villes principales Tizi Ouzou et Béjaïa(« Bougie » en français, ville qui m’a laissé un très bon souvenir, et dans laquelle je reviendrai certainement), le nom des principales chaînes de montagnes et encore une fois la proximité d’Alger, qui explique d’une part les inquiétudes politiques du gouvernement central, et d’autre part le rôle d’exutoire de la capitale pour une partie de l’émigration kabyle.
Rapprochons-nous encore davantage. Nous avons maintenant une photo du village d’Ait Abdellalli.
Nous remarquons tout d’abord que les montagnes sont hautes et escarpées, ce qui illustre à la fois l’isolement et le caractère de refuge de la région.
Nous remarquons aussi qu’elles sont enneigées donc que le village est déjà à une altitude élevée, ce qui renforce notre propos.
Ces caractéristiques se retrouvent dans d’autres régions ayant une histoire analogue, par exemple le mont Liban et sa population arabe chrétienne maronite.
Enfin cette photo nous rappelle que l’agriculture n’est pas celle des plaines, ce qui est une des sources de la pauvreté séculaire des Kabyles, une autre raison de cette pauvreté étant les difficultés de communication, toujours à cause de l’altitude et des routes montagneuses, difficultés qui excluent l’installation d’entreprises importantes.
La population kabyle et ses langues
La Kabylie a environ 4 millions d’habitants, dont 3,5 de berbérophones de langue maternelle : ces chiffres sont arrondis, car sa définition territoriale est floue, et il n’y a pas de recensement linguistique.
Le kabyle – taqbaylit – est le principal dialecte berbère d’Algérie avec environ les deux tiers des locuteurs, les autres zones berbères, parfois très étendues, étant beaucoup moins denses (données de l’INALCO en 2007).
On distingue habituellement la Grande Kabylie, à l’ouest, autour de Tizi Ouzou, et la Petite Kabylie à l’est, moins rude et ouverte sur la mer à Bejaia (Bougie).
Les différentes variétés de kabyle sont d’usage général dans la vie quotidienne, en ville comme à la campagne, par les jeunes comme par les vieux.
L’arabe standard, dit souvent « classique », seule langue officielle de l’Algérie jusqu’en 2016, a son emploi cantonné à l’enseignement, à la religion et aux administrations de l’État central.
Pour le reste, en Kabylie, c’est plutôt le français qui est employé pour les usages écrits et, de façon presque exclusive, dans le commerce et la publicité. L’usage oral du français est également fréquent. dans les conversations, et pas seulement avec « les cousins » venant de France chaque année. Et les conversations familières sont émaillées de termes français.
La diaspora kabyle comprend notamment les 2 millions de Kabyles à Alger, les 1 million établis en France, mais aussi au Québec et ailleurs.
L’histoire de la Kabylie : Invasions et résistances
A l’arrivée des Carthaginois en 814 avant JC, puis des Romains en 146 avant JC, les Berbères peuplent probablement toute l’Afrique du Nord à l’ouest du Nil, donc, en plus du Maghreb et du Sahara, une bonne partie de l’Égypte et de la Libye. Des groupes minoritaires subsistent dans ces derniers pays.
Rappelons que le mot que le mot « berbère » est considéré à tort comme péjoratif (du fait de sa parenté avec le mot français « barbare »), car il veut simplement dire : « ne parlant ni latin ni grec ». Les Berbères utilisent le terme « homme libre » ( ) pour se nommer.
Après la chute de Carthage, les Romains, qui s’étaient momentanément appuyés sur les Berbères vont peu à peu contrôler l’essentiel de cette région, sauf le Sahara. L’histoire a notamment retenu la résistance de Jugurtha (160-104 avant JC), roi de Numidie (centre et est du Maghreb) contre Rome.
Les Romains développent et christianisent le pays, puis sont chassés 5 siècles plus tard par les Vandales.
Les Berbères à l’intérieur et les Byzantins sur la côte reprennent peu à peu le contrôle du Maghreb, puis ces derniers se font chasser par les Arabes (670-698), qui se retrouvent donc face aux Berbères. La conquête arabe est longue et difficile, un moment illustrée par la résistance de la reine berbère Kahina (tuée en 701). Ces diverses invasions, auxquelles s’ajoutera plus tard celle des nomades arabes hillaliens (défaite berbère de 1058, mais surtout destruction de l’agriculture pendant des générations), ruinent l’ancien grenier à blé qu’était l’Afrique romaine, et feront disparaître en quelques siècles l’importante chrétienté maghrébine.
Ces invasions ont laissé une certaine animosité entre Arabes et Berbères, quoi que certains Arabes dénient le mot « invasion ». Il faut également préciser, ce qui n’est pas ressenti par tout le monde, que la masse de la population algérienne est probablement d’origine berbère qu’elle ait gardé sa langue, ou qu’elle l’ait abandonnée pour la « darija », la langue locale majoritaire souvent appelée « arabe dialectal ».
La conversion à l’islam des Berbères a déclenché chez certains Français catholiques le fantasme d’un retour des Berbères à leur « ancienne religion ». Cela n’a pas grand sens car ils ont été maintenant plus longtemps musulmans que chrétiens et la foi musulmane est aujourd’hui aussi profonde dans les zones berbères que dans les zones arabes.
Cette période « arabe » va durer jusqu’à l’arrivée des Français en 1830. Elle verra de nombreuses dynasties arabes ou berbères régner sur telle ou telle partie du Maghreb, puis l’arrivée des Turcs. Seules une partie des régions montagneuses de l’Algérie resteront berbérophones, dont la Kabylie. Ses tribus garderont autonomie ou indépendance, moyennant tribut aux Turcs à certains moments.
C’est dans ce contexte qu’arrivent les Français.
Une période française ambivalente
Les Français débarquent en 1830 dans la future Algérie à la fin du règne de Charles X, qui souhaitait « occuper loin de Paris » une armée restée bonapartiste. La régence turque (très nominalement ottomane) étant balayée et le bonapartisme réhabilité avec l’arrivée de Louis-Philippe, la France hésite à conquérir le pays.
Ce n’est qu’en 1850 qu’aura lieu l’offensive visant à occuper la Kabylie. Elle durera sept ans ! Et dans les années 1870 il y aura de nouveau des révoltes.
Cette résistance et ces révoltes seront mythifiées par des récits épiques qui renforceront l’identité locale, même si les archives françaises font une analyse plus classique de la campagne, et insistent sur le fractionnement tribal et sur les ralliements traditionnels « au vainqueur désigné par Dieu ». Parallèlement, une géographie plus propice aux révoltes qu’à l’exploitation agricole européenne explique la très faible installation des Pieds-Noirs dans la région kabyle, surtout en Grande Kabylie.
Napoléon III voulait « un royaume franco-arabe » et avait déclaré aux colons qu’ils ne pourraient rester « qu’avec l’accord de la majorité de la population ». Mais après son départ, le cadre juridique devint, sous la pression des Pieds-noirs, celui de « l’Algérie française » et donc bénéficia des crédits « Jules Ferry » destinés à la scolarisation des musulmans.
Hélas ces crédits furent détournés par les Pieds-noirs et attribué à des travaux d’infrastructures « plus urgents », sauf en Kabylie, où il y avait beaucoup moins de Pieds noirs, qui fut ainsi la région d’Algérie où la scolarisation des musulmans fut la plus forte, 15 % , selon Yves Lacoste dans son étude « Géopolitique de la langue française » (revue Hérodote n° 126, septembre 2007, pages 17 à 35).
D’où une assez bonne diffusion du français dans cette région, et des possibilités corrélatives d’emploi à Alger et en France pour ses habitants.
Plus généralement, ce sont plutôt les « Français de France », terme à connotation positive, qui ont joué un grand rôle en Kabylie, alors qu’ailleurs en Algérie dominaient les futurs « Pieds noirs », chrétiens d‘Espagne et des îles méditerranéennes (Corse, Sicile, Malte …), bien plus communautaristes, c’est-à-dire marquant davantage la différence avec les musulmans que les Français « continentaux ».
Ces « Français de France » furent notamment les Pères Blancs« . Leur impact fut limité en matière de conversion au christianisme , mais ils contribuèrent à la relative scolarisation et francisation, tandis que leurs archives fournissent d’excellentes études sur la société kabyle et sa langue.
L’action de ces Européens cultivés combinée à celles de Kabyles de formation française, tels, parmi bien d’autres, Mouloud Mammeri (1917–1989) et Jean-El Mouloud Amrouche (chrétien, 1906-1962), dont j’ai recueilli le témoignage familial, à la fois écrivains francophones et promoteurs du kabyle, explique pourquoi cette langue kabyle a été si bien étudiée, et pourquoi sa transcription s’en est faite spontanément en caractères latins et non en caractères arabes, comme on peut le vérifier par les graffitis et sur les multiples sites Internet kabyles.
De tout cela, les populations arabophones retiennent, elles, « des manœuvres coloniales destinées à diviser les populations algériennes« , ce qui nourrit toujours aujourd’hui la méfiance des autorités envers le particularisme kabyle, et, en retour, renforce ce dernier dans l’attachement à son identité.
La problématique kabyle actuelle
Une Algérie « arabo-musulmane »
L’indépendance algérienne a été précédée d’une guerre qui a officiellement duré de novembre 1954 à mars 1962, avec des activités militaires concentrées sur la période 1956-1961.
L’histoire officielle algérienne insiste sur l’importance de l’engagement kabyle pour l’indépendance.
Les témoignages de terrain, très documentés, font apparaître une réalité beaucoup plus complexe et très noire, avec des violences terribles et leurs représailles dans les nombreux camps en présence, alors que l’histoire officielle algérienne n’en retient que deux, l’armée française et le Front de libération nationale (FLN).
L’indépendance se traduira par la prise du pouvoir par les militaires du camp « arabo-musulman » (donc niant la berbérité) et le massacre ou l’exode vers France des Kabyles ayant combattu côté français ou réputés avoir eu des sympathies « collaborationnistes », ce qui laissait une énorme marge d’appréciation après un siècle de contacts. En particulier, une partie des chrétiens et des harkis vivent maintenant en France.
Une bonne part des chefs kabyles du FLN seront exécutés ou s’exileront. Le plus célèbre d’entre eux, Krim Belcacem, sera assassiné en Allemagne en 1970 par les services secrets algériens.
Le nouveau pouvoir comprendra de nombreux berbères (deux présidents algériens, Houari Boumediene et Lamine Zéroual sont des Chaouis de la zone berbérophone du sud-est algérien comprenant le massif des Aurès), mais relativement peu de Kabyles.
Méfiance et hostilité réciproque entre la Kabylie et le pouvoir central algérien
Dans ce contexte, la Kabylie et le pouvoir central entretiendront une méfiance réciproque qui se traduira par de nombreuses contestations pacifiques ou violentes.
Dès 1963, le Front des Forces Socialistes de Hocine Aït Ahmed conteste l’autorité d’Alger. Avec le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), ce sont deux partis « berbéristes » et « laïques », ce qui n’est pas toujours bien vu, qui représentent un temps les Kabyles, plus tard relayés par les Arouch, assemblées locales traditionnelles non officiellement reconnues.
En 1980, la région et les universités algéroises connaissent plusieurs mois de manifestations, et de répression, réclamant l’officialisation du kabyle : c’est le « Printemps berbère ». Le réveil culturel est ensuite entretenu par le durcissement de l’arabisation.
En 1994-1995, c’est « la grève du cartable» avec boycott de l’école officielle arabophone.
En 1998, la région s’embrase à nouveau à l’occasion d’un nouveau durcissement de l’arabisation et après l’assassinat du chanteur berbérophone Lounès Matoub, devenu opposant depuis le remplacement du français par l’arabe à l’école en 1968 (de 1962 à 1968, des enseignants français assuraient « la coopération » avec l’Algérie).
À partir d’avril 2001, ce sont les émeutes du « printemps noir », dont la répression fera des milliers de victimes.
Tout cela s’ajoutant à l’échec économique du gouvernement algérien et au surpeuplement rural alimentera une émigration continue vers la France et le reste du monde.
Cela est également probablement la cause d’un certain retour vers le christianisme, avec une composante évangélique cette fois (phénomène mondial), dont l’importance est vraisemblablement limitée, mais qui est violemment dénoncée par le pouvoir.
Sur le plan politique, cette méfiance se traduit par des réflexions sur l’autonomie, dont celles du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, le MAK ou l’indépendance, mais qui s’expriment surtout dans la diaspora.
Sur place l’importance de ce courant est difficile à évaluer, et est limitée par la conscience de la faiblesse économique de la région et par celle que l’argent du pétrole, quasi unique ressource algérienne, passe par le gouvernement central.
Les revendications sont donc d’abord linguistiques.
30 ans de négation du français et du kabyle
Jusque vers l’an 2.000, les langues berbères, dont le kabyle, ainsi que le français, seront officiellement ignorées, voire niées, mais continueront à être pratiquées.
On assiste même à un début de circulation de textes écrits en kabyle. Le mouvement commencé dès le début du XXe siècle s’est accéléré depuis 1970 en réaction à l’arabisation.
On dispose maintenant de traductions et d’adaptations d’œuvres littéraires internationales, françaises ou maghrébines. Pour ces dernières il s’agit souvent de traduction en kabyle d’œuvres rédigées en français par des enfants du pays comme Feraoun ou Mammeri.
On dispose également des versions écrites des œuvres jusqu’à présent orales : contes, poèmes, chants… Citons Taos Amrouche, la sœur de Jean, chrétienne elle aussi (ce qui est souvent ignoré des Algériens) qui a popularisé les chants kabyles en Algérie et au-delà.
Une reconnaissance récente très partielle
Depuis quelques années, la tendance est plutôt à l’apaisement, tant vis-à-vis du français que du kabyle, ces deux langues étant liées aux yeux de la population locale.
Le français a été ponctuellement utilisé par le président Bouteflika, au pouvoir jusqu’en 2019, qui l’a toujours parfaitement maîtrisé et l’étude du berbère comme spécialité universitaire a été réintroduite.
En 2002 le berbère a été proclamé « langue nationale », l’arabe restant la seule langue officielle jusqu’en 2016.
Mais qu’est-ce que « le berbère » alors que ce terme regroupe plusieurs langues ? Certains en appellent à une standardisation de ces langues, ce qui retarderait encore leur enseignement. Et une langue « standardisée » n’est plus la langue parlée. C’est clair pour le breton en France et bien d’autres langues locales.
Et la pression pour l’arabe subsiste avec une loi sur la non-valeur juridique des documents rédigés en français en 1999, et en 2005 l’alignement autoritaire des écoles privées francophones sur l’enseignement officiel arabophone (avec possibilité d’horaires supplémentaires en français).
Si l’enseignement du kabyle et en kabyle dans le secondaire, voire le primaire, est maintenant autorisé. Il est impossible de savoir dans quelle mesure cet enseignement du kabyle est effectif.
Outre les problèmes prévisibles (enseignants non formés, absence de manuels etc.), s’est posé le problème de la transcription. Si celle de la langue kabyle en caractères latins est d’usage général, elle n’est pas politiquement correcte. Celle en alphabet arabe le serait, mais ne serait probablement pas acceptée.
Finalement, comme au Maroc, on a choisi la transcription en tifinagh, alphabet totalement oublié des Berbères, sauf -théoriquement- de quelques nomades sahariens :
Les enfants kabyles sont donc confrontés à quatre langues (arabe officiel langue de l’enseignement, arabe algérien parlé, kabyle et français) et à trois alphabets !
Des témoignages oraux, dont la représentativité est invérifiable, font état d’une désertion des cours de kabyle par les élèves, ce qui était peut-être le but recherché.
Pour compliquer encore, on assiste à une offensive en faveur de l’anglais, venant d’une part des islamistes, d’autre part des Anglo-américains, pour diffuser cette « langue de la mondialisation qui a l’avantage d’être neutre » (comprendre : non seulement le français est la langue coloniale, mais surtout il véhicule la laïcité).
Un enterrement sous les fleurs ?
Tout cela fait suspecter « un enterrement sous les fleurs » des langues berbères, c’est-à-dire des satisfactions d’amour-propre pour désamorcer le militantisme kabyle : « votre langue est objet d’études universitaires et promue au rang de langue officielle avec « son » alphabet propre », l’essentiel des structures de l’arabisation restant en place.
L’enseignement en kabyle dès la première année du primaire et en caractères latins serait une condition nécessaire, mais probablement insuffisante, pour la survie de la langue, avec adossement au français, qui est déjà la langue principale de la diaspora outre-mer et d’une bonne part de celle d’Alger.
Ce lien assez étroit avec le français est spécifique aux Kabyles, et n’existe pas pour les autres groupes berbères, algériens comme marocains.
Ceux qui connaissent la susceptibilité, réelle ou affichée, des responsables algériens vis-à-vis de la permanence du français mesurent « la complication » de ce fait du « problème kabyle ».
La situation bien plus détendue au Maroc tant vis-à-vis du français que du berbère montre pourtant que tout cela pourrait être beaucoup moins dramatisé.
Pourquoi entretenir ce problème ?
Pour toutes ces raisons, « l’Algérie a mal à la Kabylie ». Le grand soulèvement populaire (le hirak) qui a obtenu l’abandon du président Bouteflika, mais qui butte aujourd’hui sur la nouvelle présidence mise en place par les militaires, comprend de nombreux Kabyles, qui se proclament tels en brandissant leur drapeau. Mais nombres d’entre eux ont été arrêtés pour cela.
L’Algérie a beaucoup de problèmes : nature du pouvoir, ruine économique, éducation nationale dramatiquement insuffisante… Pourquoi y rajouter « un problème kabyle » ?
Laissez les intéressés s’organiser comme ils le souhaitent, notamment sur le plan de l’enseignement !
Yves Montenay
Sources et références
Ce texte n’est pas fondé sur des écrits antérieurs, mais sur la collecte de témoignages souvent informels et rassemblés depuis des dizaines d’années, les discussions avec des auteur kabyles lors de la présentation de leurs ouvrages, notamment au « Maghreb des livres » qui se tient régulièrement à Paris, et la direction d’études que j’ai exercé jusqu’en 2015 pour les mémoires des étudiants de l’ESCP dans le département des sciences sociales et humaines. Je me suis notamment appuyé sur la synthèse des écrits de Jean Amrouche effectuée par sa petite fille Constance Amrouche, dans son mémoire (primé) de juin 2008, et des mémoires d’autres étudiants de l’ESCP depuis 1994 traitant directement ou indirectement des événements en Kabylie.
Les témoignages écrits viennent également de chroniques de la guerre d’Algérie, principalement pour les remarques ethnologiques et sociologiques d’officiers SAS ayant vécu avec la population locale, puis du suivi de la presse algérienne contemporaine et des forums de discussion entre Algériens
Je me suis également appuyé sur Salem Chaker, professeur de berbère à l’INALCO (PARIS) et Saïd Doumane, économiste, chargé de cours à l’INALCO « La Kabylie et la question berbère », Les cahiers de l’Orient n°84, décembre 2006.
Le Sahara, c’est une accumulation de mythes. Mais aujourd’hui c’est devenu le bonheur des trafiquants et des djihadistes.
un grand voyage dans le temps. Le Sahara, c’est une accumulation de mythes. Mais aujourd’hui c’est devenu le bonheur des trafiquants et des djihadistes.
UN SAHARA LÉGENDAIRE ET MYTHIQUE : LÉON L’AFRICAIN ET RENÉ CAILLÉ
Rassurez-vous, je ne vais pas remonter à l’époque où le Sahara était verdoyant et peuplé de grands animaux, comme on le voit sur les peintures rupestres.
Je me contenterai de commencer par Léon l’Africain, nom chrétien de Hassan El Wazzan, ce géographe arabe qui semble avoir été un des premiers à atteindre Tombouctou, ville mythique dont on n’était pas certain de l’existence
Mon analyse sur la guerre française au Sahel m’a fait retrouver le Sahara et du coup m’a fait faire un grand voyage dans le temps. Le Sahara, c’est une accumulation de mythes. Mais aujourd’hui c’est devenu le bonheur des trafiquants et des djihadistes.
UN SAHARA LÉGENDAIRE ET MYTHIQUE : LÉON L’AFRICAIN ET RENÉ CAILLÉ
Rassurez-vous, je ne vais pas remonter à l’époque où le Sahara était verdoyant et peuplé de grands animaux, comme on le voit sur les peintures rupestres.
Je me contenterai de commencer par Léon l’Africain, nom chrétien de Hassan El Wazzan, ce géographe arabe qui semble avoir été un des premiers à atteindre Tombouctou, ville mythique dont on n’était pas certain de l’existence.
Si Léon l’Africain porte un prénom chrétien, du moins quand on parle de lui au Nord, c’est parce qu’il a été adopté par la famille alors papale des Médicis et baptisé sous le nom de Jean-Léon de Médicis. Il avait été adopté après un enlèvement par les Chevaliers de Malte pour enseigner en Italie l’arabe et la géographie de l’Afrique, la chrétienté ayant pris conscience de son ignorance de ce qu’étaient réellement ses ennemis du Sud. À l’époque il valait mieux prendre la religion de son lieu de résidence, sauf mission commerciale ou diplomatique.
J’avais beau être jeune, disons de 11 à 14 ans, ces noms de Tombouctou et de Léon l’Africain m’avaient frappé, et j’appris plus tard qu’il avait été l’inspirateur de nombreux voyageurs, dont celui de René Caillé, donc j’ai fini par acheter la biographie. Le professeur d’histoire avait associé ce nom de René Caillé à celui de Tombouctou, et j’avais dressé l’oreille.
J’appris plus tard qu’il avait trouvé en 1828 cette ville en ruines, très loin des récits magnifiés des trafiquants d’esclaves et des missionnaires musulmans. Mais pour ces derniers la richesse de la ville était surtout spirituelle et matérialisée par ses bibliothèques de manuscrits religieux.
Mon valeureux professeur d’histoire a réussi à faire passer en quelques mots une version épique de la découverte de Tombouctou par un Occidental : ville interdite aux chrétiens, donc un long apprentissage sur le terrain par René Caillé des langues et mœurs musulmanes de la région.
C’était certes du « roman national », mais à mon avis c’était du bon ! Ce n’est que plus tard que j’appris peu à peu au prix de quelles péripéties pénibles cet homme sans moyens avait réussi ce défi.
Cette aventure de René Caillé m’est revenue lors de la prise de Tombouctou par les islamistes en 2012, j’ai du coup acheté la dernière édition de sa biographie. Comme à Palmyre et ailleurs les islamistes ont beaucoup détruit : ici les tombes des saints locaux et ceux des fameux manuscrits qui n’avaient pas pu être sauvés à temps, tout cela étant trop éloigné de l’islam d’inspiration et peut-être de financement wahhabite.
La ville a été reprise par l’armée française en janvier 2013, à la demande du gouvernement malien et avec l’aval de l’ONU.
Mais n’anticipons pas, et passons à la période coloniale française.
LES FRANÇAIS AMOUREUX DU SAHARA
À la fin du XIXe siècle, les Français prolongent l’Algérie vers le sud et le futur Mali vers le Nord, à l’appel des populations de Tombouctou demandant à l’armée française d’arrêter les razzias. Mais cette dernière doit faire face à la résistance touarègue.
La paix française permet aux récits sur le Sahara de se multiplier, avec leurs échos dans la littérature jeunesse. Les valeureux lieutenants français à la tête de leur méhara arabe ou berbère traquent la tribu opposée qui s’obstine dans les trafics. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour pacifier la mer de sable, et les lieutenants deviennent amoureux du pays.
Ils sont rejoints par de nombreux voyageurs dans cette passion des grands espaces. Les œuvres de Frison-Roche font rêver : La piste oubliée, La montagne aux écritures … Et sur ses traces le premier film en couleur sur le Sahara par Éric Millet en 1950. Cette passion française du Sahara avait encore des échos en 1980 avec l’épopée lyrique de Fort Saganne, puis le film qui en est issu.
Et il n’y a pas que le père de Foucauld qui est tombé amoureux du désert et a y terminé sa vie. Il y a également l’exploratrice et écrivain Isabelle Eberhardt, qui s’est noyée en 1904 dans une de ces vallées sèches brusquement en crue lorsqu’il a plu en amont.
LE PÉTROLE ET LA FIN DU RÊVE SAHARIEN
À partir des années 1950, les nouvelles qui me parviennent du Sahara sont moins romantiques : les premiers essais nucléaires français, la découverte du pétrole (1956) et la guerre d’Algérie (1954–62), dont une grande partie du Sahara fait administrativement partie, mais qui n’aura pas trop d’impact dans les dunes, les populations tant arabes que berbères (les Touaregs) n’ayant rien d’algérien.
Pour cette raison, Georges Pompidou, Premier ministre pratique et sérieux, veut garder le Sahara, son pétrole et le contrôle géopolitique de la région. Le conflit avec De Gaulle devient aigu, car ce dernier veut se débarrasser des problèmes arabes et musulmans qui paralysent la diplomatie française en la faisant taxer de coloniale. Pompidou s’incline, et, en 1962, l’Algérie vogue vers son destin dans ses frontières dessinées et très largement étendues par les Français. Bizarrement, depuis, ce pays défend « le respect des frontières coloniales ».
Cette souveraineté algérienne sur le milieu du Sahara a des conséquences géopolitiques multiples de la Libye au Maroc en passant par le Sahel comme nous verrons ci-après. Mais restons pour l’instant au XXe siècle
Les promesses algériennes de respecter les compagnies françaises qui ont découvert et exploité le pétrole ne tiennent pas, et pour « compléter sa souveraineté » le pays en prend le contrôle par la société nationale Sonatrach.
Personnellement, je ne vois pas ce que la souveraineté algérienne y a gagné, mais c’était alors la mode des sociétés pétrolières nationales qui se sont révélées des désastres comme au Mexique ou au Venezuela… l’Algérie a multiplié ces Sociétés nationales dans d’autres domaines avec d’aussi mauvais résultats.
En effet une part importante des recettes pétrolières a été détournée par la nomenklatura, une autre est allée à la consommation courante du pays, et il n’en est pas resté assez pour faire le travail normal de l’entreprise, c’est-à-dire les investissements de maintien de la production.
Il a fallu finalement s’associer avec des compagnies étrangères, notamment américaines. Les Américains ne concevant pas que l’on s’adresse à eux autrement qu’en anglais, on constate une certaine anglophonie saharienne, qui contraste avec la relative francophonie du reste de l’Algérie et de ses voisins du Sud.
Finalement cette gestion directe se traduit par une baisse de la production faute d’investissements, au moment où la consommation augmente, diminuant les quantités exportables donc les ressources du pays. Et les Algériens ont fini par se révolter contre un régime organisé pour le détournement de ces recettes.
UN RETOUR À L’ANARCHIE PRÉCOLONIALE ?
Les frontières du sud algérien s’enfoncent profondément dans le Sahara (cliquez ici pour voir la carte), et c’est donc dans le désert que l’Algérie a ses plus longues frontières. Cette donnée géographique s’ajoute à la puissance politique de l’armée algérienne qui est à l’abri du contrôle par la société civile et garde donc certaines de ses « habitudes » comme la corruption et les trafics.
Les liens des tribus du Sahara algérien avec leurs sœurs maliennes par-dessus la frontière, par exemple avec les berbères de Kidal (Mali), favorisent les trafics de drogue, de migrants et parfois d’or (il y a une multitude de petites mines artisanales au Mali). Et le déferlement du fanatisme musulman appuyée par l’Arabie donne à certains une légitimité religieuse. Les trafics et particularismes sahariens sont devenus des prétextes à djihad.
Or l’armée algérienne ne coopère pas avec ses voisins, et empêche toute opération de poursuite sur son territoire, ce qui permet aux djihadistes du Sahel de se réfugier en Algérie. C’est un gros handicap pour les armées nationales du Sahel et leurs alliés français qui font le gros du travail.
Une autre frontière saharienne de l’Algérie est celle de l’Ouest, avec le Maroc prolongé par l’ancien Rio de Oro espagnol. Le Maroc s’appuie sur sa longue histoire saharienne (il a notamment contrôlé un temps Tombouctou) pour annexer les anciennes colonies espagnoles. L’Algérie n’a pas les mêmes arguments puisqu’elle n’existait pas, mais soutient ou « invente » certaines tribus qui refusent cette annexion et se battent contre l’armée marocaine qui, jusqu’à présent, les contient.
À cette « guerre des sables » s’ajoute à l’est de l’Algérie le désordre libyen, où l’on retrouve les tribus berbères à cheval sur les deux pays, avec les trafics d’armes à destination du Sahel, et ceux des migrants vers la Méditerranée.
Bref on retrouve en bien pire l’anarchie pré coloniale du Sahara.
LA RÉSURRECTION DU TIFINAGH
Terminons sur une note culturelle : les Touaregs ont écrit sur quelques rochers des indications étranges. Elles se sont révélées être des indications topographiques (« le puits est dans telle direction ») dans un alphabet disparu, sauf justement ces inscriptions : le tifinagh.
Or jusqu’à présent les textes berbères étaient transcrits en caractères latins suite à l’action des pères blancs en Kabylie, ou en caractères arabes pour quelques textes plus anciens comme des traités locaux au Maroc. Bref, pour les Arabes, cette absence d’écriture était une illustration du retard des Berbères.
Les autorités arabophones du Maroc et de l’Algérie étant enfin en phase d’accepter le « fait berbère » ont proposé cet alphabet, le tifinagh, à leur population, ce qui à mon avis revient à enterrer les langues berbères « sous les fleurs », comme je l’explique à la fin de mon article sur ce sujet.
Bref, mon rêve saharien partagé par tant d’aventuriers et de voyageurs en chambre s’est transformé en une catastrophe cauchemardesque sanglante.
Malgré la persistance de l’épidémie de Covid-19, l’activité de l’édition a repris à Paris après plus de deux mois de fermeture des librairies et d’absence des éditeurs. Deux livres et une revue paraissent simultanément sur l’Algérie et proposent des regards pluriels sur son histoire contemporaine et le Hirak, le mouvement populaire en cours depuis début 2019 interrompu en mars pour des raisons sanitaires.
Alger, place des Martyrs, 22 février 2019
(D’après une photo de) Kritli Hichem/Wikimedia Commons
Mathieu Rigouste, chercheur indépendant en sciences sociales, spécialiste de la contre-insurrection et des sociétés sécuritaires, revient sur un épisode qui divise toujours les spécialistes soixante ans après les faits : qui a organisé les manifestations populaires dans les grandes villes algériennes en décembre 1960 ? Jusqu’ici, deux thèses s’affrontaient. S’agit-il d’un coup monté par les officines de l’armée française à l’occasion du dernier voyage sur place du président de la République Charles de Gaulle, désireux de voir triompher une hypothétique « troisième voie » contre la thèse de l’Algérie française ou celle de l’indépendance ? Ou du résultat de l’action des maigres réseaux du FLN qui subsistaient, notamment à Alger après l’écrasement de la zone autonome par les paras du général Massu lors d’une terrible répression en 1957 et qui voulait aider les maquis en grande difficulté suite aux lourdes opérations du général Challe ?
L’auteur y voit plutôt l’initiative du « prolétariat organisé » désireux de s‘émanciper simultanément des consignes militaires françaises et de l’encadrement du nidham (organisation) FLN, tant redoutée de la rébellion. La thèse, séduisante, ne manque pas d’arguments ; elle aurait gagné à reposer sur plus de sources éprouvées et moins sur des témoignages incertains et des mémoires d’enfants recueillis bien plus tard à l’âge adulte. De même, l’opposition entre les « colons » et les « coloniaux » semble une summa divisio un peu schématique et réductrice pour rendre compte de la sociologie des anciens département français d’Algérie où les colons proprement dits n’étaient pas plus de 20 000 — même si leur influence politique dépassait, et de loin, leur poids démographique — ou celle des 80 % de salariés européens plus mal payés en moyenne que les métropolitains. Dans une synthèse réussie, Mouloud Feraoun, le grand intellectuel kabyle, a sans doute bien résumé l’imbroglio de cette sanglante affaire ou l’on ne compta pas les victimes :
Pour que les musulmans des bidonvilles sortent, il a fallu que les Sections administratives urbaines (SAU) donnent le feu vert. Mais voilà, une fois dans la rue, on se sent libre, on se défoule aussi. Alors pendant que les ultras crient ‟Algérie française”, on répond ‟Algérie algérienne” et ‟Vive de Gaulle”. Ça, c’est permis. Puis c’est ‟Algérie musulmane” et ‟Vive le FLN”. D’abord on peut brandir le drapeau tricolore mais après on peut y glisser le drapeau vert [du FLN]. Journal 1955-62
Mathieu Rigouste, Un seul héros le peuple. La contre-insurrection mise en échec par les soulèvements algériens de décembre 1960, Premiers matins de novembre éditions, 2020. — 388 pages ; 24 euros.
Jean-Pierre Peyroulou, professeur agrégé et docteur en histoire, auteur d’ouvrages sur l’Algérie et la décolonisation, retrace en 125 pages trois décennies algériennes dans les conditions qu’ont connues tous ceux qui ont voulu écrire sur l’après-1962, date de l’indépendance, l’inaccessibilité aux archives jalousement gardées par un pouvoir qui, par ailleurs, réclame sans vergogne le rapatriement de celles conservées en France, mais surtout pas leur ouverture aux chercheurs d’où qu’ils viennent. Comprenne qui pourra à cette schizophrénie permanente ! Grâce à des journalistes, aux défenseurs des droits humains et à des historiens courageux, l’auteur a gardé le « cap intellectuel » et rédigé un livre d’histoire qui, à la différence des précédents ouvrages de ce type, commence en 1988 et non en 1962. Après la mévente des hydrocarbures, la seule exportation du pays, au milieu des années 1980, une grave crise économique et financière se développe, qui divise les responsables et aboutit à une explosion sociale réprimée sans ménagement par l’armée, puis à l’épuration politique des « durs » hostiles à toute libéralisation du régime. Il est mis fin au régime du parti unique, le FLN, au profit d’un multipartisme « rationnalisé ». Le Front islamique du salut (FIS) en profite et gagne dans un premier temps les élections municipales et le premier tour des législatives avant d’être privé d’un second tour et d’une victoire certaine. Il est bientôt interdit et le FLN, secondé par son clône, le Rassemblement national démocratrique (RND), retrouve un rôle majeur. L’année 1988 a-t-elle changé quelque chose au fonctionnement du régime ? On peut en douter, tant le bilan du bilatéralisme après trente ans de fonctionnement sous la houlette des services de sécurité est plus que modeste, en trompe-l’œil, reconnait l’auteur. Le Hirak ne s’y est pas trompé : il rejette le système mis en place avant même la fin de la guerre d’Algérie sans trop s’arrêter à l’épisode « démocratique ».
Jean-Pierre Peyroulou, Histoire de l’Algérie depuis 1988, La Découverte, 2020. – 125 pages, 10 euros.
La revue quadriennale Mouvements, « résolument ancrée à gauche depuis 1998 », publie dans son deuxième numéro de l’année sous le titre « Hirak, Algérie en révolutions (s) » un dossier consacré au mouvement populaire qui a démarré en février 2019 et obtenu le départ du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika et de sa clique. Écrit pour l’essentiel au printemps 2020, il prend en compte l’arrêt pour cause de coronavirus mais les contributeurs, dans leur grande majorité, s’attendent ou espèrent sa reprise après la fin de l’épidémie.
Militants, journalistes, cinéastes, sociologues ou anthropologues, chercheurs, professeurs, vivant en Algérie ou à l’extérieur, ils relient l’actualité au passé, notamment à la guerre d’indépendance et à ses héros, et isolent bien les éléments nouveaux que recèlent les événements intervenus depuis 2019 dans les pratiques de la contestation, l’occupation des rues et places des grandes villes et d’abord d’Alger, la ville phare du mouvement. Une jeune femme, Saadia Gacem, cinéaste et émigrée revenue en Algérie établit un contraste saisissant entre la capitale et la ville d’où est originaire sa famille, Bordj Bou Arreridj, une cité industrielle en pleine expansion située au sud de la Petite Kabylie. D’un côté, une force assurée, de l’autre au fil des semaines un certain découragement et des oppositions violentes entre partisans et adversaires du Hirak « Pas de coup. Mais la violence est là, verbale. Des groupes se forment, ils ne discutent pas mais se disputent. Ils ne débattent pas mais s’insultent… »
Après l’élection du nouveau président de la République, le 27 décembre, les « hirakistes » ont disparus de Bordj, chassés par les amis du pouvoir et des grandes familles qui dominent la ville. Ce témoignage, rare et original, montre une évolution contrastée à mille lieux des clichés unanimistes et qui explique, en partie, l’arrivée d’Abdelmajid Tebboune à la présidence de la République.
À noter une partie intéressante sur les « mécanismes du pouvoir » qui traite de l’armée, de l’économie et de l’autoritarisme constitutionnel. Sur ce dernier point, l’auteur souligne l’inapplicabilité des articles 7 et 8 de la Constitution de 1976 qui donne la souveraineté au peuple, mais le prive des moyens de l’exercer concrètement.
Lors du 60e anniversaire de sa sœur, la seule pour laquelle il a encore de l’estime, Bernard, ancien combattant de la guerre d’Algérie et alcoolique notoire, a une altercation raciste avec un invité. L’incident fait remonter toute la douleur des 28 mois qu’il a passés en Algérie et n’a jamais pu oublier. “Des hommes” du réalisateur belge Lucas Belvaux, estampillé du label Festival de Cannes, était présenté hier au Brussels International Film Festival. Dans le rôle principal, homme blessé et perpétuellement en colère, Gérard Depardieu, est à sa place. Sa présence dans le film était “une évidence” pour Lucas Belvaux. Rencontre.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette histoire-là? C’est un film qui a failli exister il y a quelques années: Patrick Chéreau a tenté d’adapter le roman “Des hommes” de Laurent Mauvigner...
Tout. C’est la différence avec Patrick Chéreau qui ne s’intéressait qu’à une partie du film. Il était très intéressé par la période algérienne et assez peu par la partie française. Moi, tout m’intéressait: comment fonctionne la mémoire, comment on vit après avoir fait la guerre, ce que ça laisse comme traces sur les individus et sur une société, les non-dits...
Ce qui est intéressant c’est que tout explose à une réunion de famille. Et les non-dits, c’est propre aux familles...
C’est Benjamin Staura, grand historien de la guerre d’Algérie, qui dit que la guerre d’Algérie, c’était le secret de famille de la France. C’était l’idée de Laurent Mauvigner, auteur du livre “Des hommes” dont le film est tiré, de mêler secrets de famille et guerre d’Algérie. Le fait que ça explose dans une réunion de famille, c’est une espèce de métaphore. La guerre d’Algérie est une guerre spécifique: ce sont des gens qui vivaient côte à côte depuis des générations.
Il y a une scène très visuelle à la fin, sanglante. Vous vous êtes demandé jusqu’où vous pouviez aller?
Il faut montrer les choses parce qu’on parle de traumatisme. On ne peut pas toujours cacher. Je ne montre pas le pire. Le pire est raconté ou suggéré. Mais oui, un massacre, c’est un massacre. Sinon, tout est théorique. C’est comme dans Rapt, je montre qu’on lui coupe le doigt, je fais un gros plan sur le doigt. Il ne faut pas mettre le spectateur en position de voyeur. Il y a une pornographie de la violence au cinéma. Je ne veux pas de ça. Il faut que ça soit un échange. Le spectateur ne vient pas pour être violenté. Mais il faut pouvoir montrer certaines choses pour comprendre.
Gérard Depardieu est dans son élément dans ce film. Il est fâché, il s’énerve, il bouscule. On le sent très à l’aise dans le rôle de Bernard. Parlez-moi de votre travail avec lui sur ce film...
C’est un sujet qui le passionne. Il connaît l’histoire de l’Algérie, il a des attaches là-bas, il y a plein de copains. Il m’a appris plein de choses. C’est pour ça qu’il a fait le film. Moi, je n’imaginais pas un autre acteur jouer ce personnage-là. On n’a pas d’autres acteurs capables de jouer cette brutalité potentielle, ce corps, cette façon de s’imposer, de faire que tout le monde se taise par sa seule présence. J’aurais été embêté s’il n’avait pas accepté. Catherine Frot, aussi, ça m’a aussi semblé évident. Il n’y avait qu’elle pour jouer la gardienne de l’humanité du personnage joué par Gérard Depardien. Elle rappelle qu’il n’est pas un monstre, que c’est un être humain. Et Radu, joué par Daroussin, ce n’est pas un personnage actif: il regarde et il commente. C’est difficile d’exister avec ce genre de rôle. L’essentiel de ce qu’il a à dire est en voix off. Et pourtant, il existe vraiment très fort.
Vous le dites: quand Gérard Depardieu arrive quelque part, tout le monde se tait. Comment fait-on pour diriger un acteur de cette trempe?
C’est comme les cornacs avec les éléphants: c’est un rapport de confiance, une légitimité. Diriger n’est pas le mot exact quand on parle de Gérard Depardieu: je ne le dirige que s’il veut bien. D’une manière générale, avec tous les acteurs, c’est ça. Avec lui, c’est le stade ultime.
Et c’est facile de trouver sa place en tant que réalisateur quand Gérard Depardieu est sur un plateau ?
Il faut être persuadé de sa propre légitimité. Je ne me demande pas si je suis ou non à ma place parce que pour moi, c’est une évidence. Quand je suis sur un plateau, je suis à ma place. Je sais ce que je fais. Et si je demande quelque chose aux acteurs, je suis en droit de leur demander.
lusieurs personnalités nées en Algérie sont devenues célèbres en France. Acteurs, écrivains, humoristes, journalistes, hommes d’affaires ou stylistes, ObservAlgérie a choisi pour vous une liste de quelques personnalités françaises qui occupent le devant de la scène en France et même en dehors et qui ont toutes la particularité d’être nées en Algérie.
De nombreuses célébrités nées en Algérie ont réussi à percer en France dans différents domaines. On vous a fait une sélection de certaines personnalités françaises ayant vécu leur enfance en Algérie et qui sont devenues des célébrités mondiales.
Yves Saint Laurent
Yves Saint Laurent: Le célèbre couturier français, connu dans le monde entier, est né le 1er août 1936 à Oran. Il a passé sa jeunesse dans cette région de l’ouest algérien avant de partir à Paris, en France, où il se lance dans une grande carrière de couturier. Yves Saint Laurent est mort le 1er juin 2008 à Paris.
Alain Afflelou
Alain Afflelou: Né le 1er janvier 1948 à Mascara, dans l’ouest de l’Algérie, Alain Afflelou est un grand homme d’affaires très connu en France et ailleurs. Il est le fondateur et patron de la chaîne de magasins d’optique qui porte son nom. Sa société constitue aujourd’hui un réseau de plus de 1 400 implantations présentes dans treize pays.
Bernard-Henri Lévy
Bernard-Henri Lévy: Il est né le 5 novembre 1948 à Beni Saf, ville algérienne relevant la wilaya de Aïn Témouchent. En France, il est connu en tant qu’écrivain, philosophe, cinéaste, homme d’affaires et chroniqueur.
Kad Merad
Kad Merad: De son vrai nom Kaddour Merad, Kad Merad est né le 27 mars 1964 à Sidi Bel Abbes, dans l’ouest algérien. De père algérien et de mère française, Kad Merad est un acteur, humoriste, réalisateur et scénariste. En 2010, il avait déclaré qu’il n’avait jamais oublié ses origines. « Algérie ? Je dis : souvenirs, souvenirs. De beaux souvenirs de vacances, joyeux, lorsqu’on allait là-bas l’été », avait-il confié.
Patrick Bruel
Patrick Bruel: Le chanteur français est né le 14 mai 1959 à Tlemcen en Algérie. Il est également acteur, producteur et joueur de poker. En 2018, Bruel avait déclaré qu’il souhaitait pouvoir se produire en Algérie. « J’aimerais tellement animer un concert à Tlemcen », avait-il confié à la chaîne française France 2.
Alain Chabat
Alain Chabat: Acteur, réalisateur, scénariste, humoriste, producteur de cinéma et animateur de télévision français, Alain Chabat est lui aussi né en Algérie : le 24 novembre 1958 dans la wilaya d’Oran.
Patrick Timsit
Patrick Timsit: À la fois acteur, réalisateur, humoriste et scénariste, Patrick Timsit est né à Alger le 15 juillet 1959. Il a raconté qu’un attentat qui a eu lieu en Algérie a précipité le départ de sa famille pour la France. « J’y pense plus maintenant que jeune. Jeune, je ne pense pas qu’on puisse réaliser l’idée qu’on puisse tout abandonner en une heure. Et c’est possible », a-t-il confié.
Jean Benguigui
Jean Benguigui : L’acteur français est né le 8 avril 1944 à Oran en Algérie. De confession juive, le Français avait décidé de quitter l’Algérie au moment où l’armée française voulait le recruter.
Etienne Daho
Etienne Daho : Le chanteur français est né en 1956 à Oran, en Algérie. Auteur-compositeur-interprète et producteur, Etienne Daho a vécu une partie de son enfance en Algérie avant de la quitter à la fin de la guerre.
Quelques personnalités françaises aux origines algériennes :
Eux ne sont pas nés en Algérie, mais ont des origines algériennes de par leur parents.
Isabelle Adjani
Isabelle Adjani : L’actrice française est née le 27 juin 1955 à Paris mais a des origines algériennes. Son père, Mohammed Chérif Adjani, est en effet Algérien. Il est né en 1923, à Constantine.
Dany Boon : De son vrai nom Daniel Faïd Hamidou, Dany Boon est un acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur français. Dany Boon a des origines algériennes de par son père, originaire de Kabylie.
Kev Adams : Humoriste et acteur français, Kev Adams, de son vrai nom Kevin Smadja, est né le 1ᵉʳ juillet 1991 à Paris. Les origines de Kev Adams sont juives algériennes par son père et juives tunisiennes par sa mère.
2020 est une année que l’on peut qualifier ” d’année de Gaulle “. En effet, nous célébrons cette année les 130 ans de la naissance du Général, les 80 ans de l’appel du 18 Juin et les 50 ans de sa mort. C’est donc dans ce contexte que nous avons visité le village de Colombey-les-Deux-Églises qu’il a rendu célèbre.
Comment visiter le village du général de Gaulle ?
Colombey-les-Deux-Églises est un village situé en Haute-Marne, à la limite de l’Aube, dans la région Grand Est, à 3 heures en voiture de Paris. La ville la plus proche est Bar-sur-Aube. Afin d’en apprendre davantage sur l’histoire de Charles de Gaulle, vous pouvez passer la journée sur place. Voici donc une présentation des différents lieux touristiques à visiter. Libre à vous de les suivre dans l’ordre qui va suivre ou non
Le Mémorial de Gaulle
Le Mémorial Charles de Gaulle a été inauguré en 2008 par le couple franco-allemand Merkel-Sarkozy, 50 ans après la venue du chancelier Konrad Adenauer à la Boisserie. Ce Mémorial se divise en 3 parties distinctes. Vous y trouverez également un café, ainsi qu’une boutique
Charles de Gaulle avant d’être Général
Tout d’abord, vous découvrirez la vie de Charles de Gaulle, né le 22 novembre 1890 à Lille, son enfance, sa vie en tant que père de famille mais aussi son expérience militaire. En effet, avant d’être l’un des généraux les plus célèbres de l’histoire de France, De Gaulle a participé à la Première Guerre Mondiale, où il n’était alors ” que ” lieutenant, puis capitaine. Il a passé la moitié de la guerre emprisonné en Allemagne. Il ne fut libéré qu’après l’armistice en novembre 1918.
Ordre de mobilisation générale pour la Première Guerre Mondiale
Reconstitution d’une tranchée où se trouve des informations sur le soldat de Gaulle lors de la guerre 14-18
Le leader de la France Libre et le créateur de la Ve République
La partie la plus importante du Mémorial est bien évidemment celle consacrée à la Seconde Guerre Mondiale. L’appel du 18 Juin, les opérations militaires en Afrique ou encore la Libération de Paris et de la France sont au programme. Vous découvrirez également le rôle qu’ont joué les autres membres de la famille de Gaulle au sein de la Résistance.
Pour finir, la dernière partie du Mémorial est consacrée à l’homme politique. En effet, le Général de Gaulle a été le premier président de la Ve République, de 1959 à 1969. Cette partie du Mémorial vous fera revivre les grands tournants de sa carrière politique. A savoir, la Guerre d’Algérie, l’amitié franco-allemande, mai 68, mais également le référendum l’ayant pousser à démissionner.
D’autres sujets sont également abordés : sa relation avec Colombey, sa foi, ses mémoires, son enterrement, et d’autres encore. Tous les ans, il y a au Mémorial des expositions temporaires. Celle au programme cette année est ” 1940, il est devenu de Gaulle “ , dans laquelle vous comprendrez qui était Charles de Gaulle au début de la Seconde Guerre Mondiale et comment il est venu à mener la Résistance.
Appel du 18 juin
De Gaulle à la Libération
Reconstitution des années 1960
Les voitures du Général
Ne vous attendez pas à voir énormément d’objets ayant appartenu à Charles de Gaulle. En effet, à sa mort, sa femme Yvonne a décidé de brûler quasiment l’intégralité de ses vêtements de ses lettres, probablement afin de protéger leur vie privée qu’ils protégeaient déjà de leur vivant. Néanmoins, vous pourrez contempler au Mémorial trois de ses voitures. Parmi elles, la plus célèbre d’entre elles, la DS 19, voiture dans laquelle Charles et Yvonne de Gaulle ont été victimes de l‘attentat du Petit Clamart en 1962. Des croix blanches indiquent l’emplacement des impacts des balles qui auraient pu tuer le couple présidentiel. La DS est une reproduction, tandis que la Citroën Traction et la Renault Rambler sont originales.
Reproduction de la DS 19, dans laquelle se trouvait Charles et Yvonne de Gaulle le 22 août 1962
Toutes les photos ci-dessus ont été prises au Mémorial Charles de Gaulle
La Croix de Lorraine
Elle est le symbole choisi par le Général de Gaulle pour différencier la France Libre de la France de Vichy. Du haut de ses 44,60 mètres, elle surplombe désormais le village de Colombey et est visible à des kilomètres à la ronde. Pour l’admirer de plus près, vous devez impérativement vous rendre au Mémorial. Puis, un ascenseur vous emmènera à hauteur de la croix. Rassurez-vous, vous n’aurez à faire que quelques pas.
En effet, le Mémorial a été construit en-dessous de la Croix de Lorraine. Celle-ci a été construite en 1972, soit deux ans après la mort du Général. 67 pays ont participé à son financement. Yvonne de Gaulle, a quant à elle exigé qu’elle soit orientée de façon à ce qu’elle voit visible de face lorsque l’on vient de Chaumont ou de Bar-sur-Aube, les deux villes les plus proches de Colombey.
La Boisserie
Son historique
La Boisserie est la demeure familiale des de Gaulle. Elle est située à l’extrémité du village. Charles et Yvonne en ont fait l’acquisition en 1934, en viager. Le couple s’est installé à Colombey car le village était un point stratégique. En effet, il est situé à mi-chemin entre l’Alsace et Paris. Charles de Gaulle était alors colonel en garnison dans l’Est, avant que la guerre n’éclate quelques années plus tard. Durant celle-ci, la Boisserie a été pillée et incendiée.
Anne de Gaulle, dernier enfant de la famille et née trisomique, a également beaucoup compté dans le choix de s’installer ici. En effet, ses parents voulaient qu’elle puisse grandir dans un endroit calme et suffisamment grand, en raison de son handicap. C’est entre ces murs qu’elle est décédée à l’âge de 20 ans, le 6 février 1948, tout comme son père alors qu’il était en train de jouer aux cartes, le 9 novembre 1970, soit quelques jours avant son 80ème anniversaire.
Entrée de la Boisserie
La visite
Bien que l’on puisse la visiter partiellement, la Boisserie reste toujours un domaine privé. En effet, elle est la propriété de l’Amiral Philippe de Gaulle, enfant aîné et seul encore en vie de la fratrie. C’est pourquoi vous ne pourrez visiter que quelques pièces, mais qui sont restées telles qu’Yvonne de Gaulle les a laissées. Tous les cadeaux que vous verrez ont été offerts à Charles et Yvonne de Gaulle en personne, et non pas au chef de l’État et à la première Dame de France. Vous pouvez également vous promener dans le très grand parc (2,5 Ha), dont le Général de Gaulle” a fait mille fois le tour.” Il y a également un parcours de mini-golf, un terrain de tennis, que le couple de Gaulle a fait construire pour ses petits-enfants.
Entrée de la Boisserie depuis Colombey
La Boisserie vue de derrière
Mini-golf de la Boisserie
Tour hexagonale dans laquelle se trouve le bureau du Général de Gaulle
Anecdote amusante : en 1944, le conseil municipal de Colombey-les-Deux-Églises a décidé de renommer la rue principale (qui portait ce nom) dans laquelle se trouvait la Boisserie, rue du Général de Gaulle. Par conséquent, Charles de Gaulle a habité rue du Général de Gaulle. A noter également que la Boisserie se trouve donc désormais au 1 Rue du Général de Gaulle. En effet, la numérotation commence à la Boisserie et non pas vers l’église ou la mairie comme c’est habituellement le cas.
Toutes les photos ci-dessus ont été prises à la Boisserie
Le cimetière et l’église
Charles de Gaulle voulait être enterré à Colombey-les-Deux-Églises, dans une cérémonie très simple. C’est donc conformément à ses dernières volontés qu’il fut inhumé dans le cimetière de Colombey, aux côtés de sa fille Anne, décédée 22 ans plus tôt. Yvonne de Gaulle, décédée 9 ans après son mari est également enterrée à leurs côtés. Élisabeth, première fille de Gaulle, a été elle aussi inhumée à Colombey-les-Deux-Églises, en 2013. Sa tombe repose à côté de celle de ses parents et de sa petite sœur. Vous pouvez naturellement vous y recueillir.
Au sein de l’église de Colombey, vous remarquerez un banc avec une croix de Lorraine. C’était celui attitré de la Boisserie, sur lequel la famille de Gaulle venait assister à la messe. Il est situé sur la rangée centre-droite et plutôt vers la fin. Vous ne pourrez pas le louper, c’est le seul banc possédant ce petit cadre.
Église et cimetière de Colombey-les-Deux-Églises
Le banc de la famille de Gaulle à l’église de Colombey. Le petit cadre que vous voyez contient une croix de Lorraine.
Pour plus d’informations
Bien évidemment l’idéal serait de venir à Colombey pour visiter ces lieux et en apprendre davantage sur l’histoire de Charles de Gaulle en cette année de triple anniversaire gaullien. Vous rejoindrez ainsi les 100 000 visiteurs qui arpentent ces rues chaque année.
Un grand merci au Mémorial Charles de Gaulle ainsi qu’à la Boisserie pour leur accueil chaleureux et leur bienveillance. Rendez-vous sur leur site, en cliquant sur leur nom ci-dessus, pour plus d’informations concernant les horaires et tarifs. Leur contact et adresse :
Mémorial Charles de Gaulle, 52330 Colombey-les-Deux-Églises Téléphone : 03-25-30-90-80 Mail : [email protected]
La Boisserie, 1 Rue du Général de Gaulle, 52330 Colombey-les-Deux-Églises Téléphone : 03-25-01-52-52 Mail : [email protected]
Statue représentant le Général de Gaulle, située à l’entrée du Mémorial
4 septembre 2020 https://vl-media.fr/une-journee-a-colombey-les-deux-eglises-village-du-general-de-gaulle/
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