Son existence fut relativement éphémère, du début des années 50 à la fin des années 60. Il n’empêche. L’hélicoptère Vertol H-21, baptisé affectueusement « Banane volante » en raison de sa forme équivoque, est entré dans la légende. Pourquoi ? « Parce qu’il devient opérationnel au moment de la guerre d’Algérie au cœur d’une nouvelle stratégie militaire, il est en première ligne sur tous les fronts. Il a véritablement changé la donne, explique Yves Le Bec. Jusqu’alors, les hélicoptères étaient avant tout utilisés comme des moyens de transport de matériel ou d’observation ». Après avoir publié « La Véritable histoire de l’hélicoptère » en 2005, le Pont-l’Abbiste met un coup de projecteur sur l’histoire de la « Banane volante ». L’ancien combattant, pilote d’avion pendant la guerre d’Algérie, consacre un livre entier à cet engin si singulier.
« Une histoire pleine d’anecdotes pittoresques »
Ce nouvel ouvrage de 125 pages représente environ deux ans de travail. Il est unique à plus d’un titre. D’abord parce qu’il rassemble une iconographie abondante, photos et dessins personnels de l’auteur, mais aussi des témoignages inédits. Une douzaine d’acteurs de cette épopée, pilotes ou mécaniciens, racontent les moments forts qu’ils ont vécu. « C’est une histoire pleine de d’anecdotes pittoresques », confie Yves Le Bec. À commencer par la naissance de l’appareil par le génial inventeur polonais, Frank Piasecki.
« Au départ, dès 1953, il est destiné à des missions de recherche et sauvetage en Alaska », explique l’auteur. Puis, « la Banane volante », sera engagée durant la guerre d’Algérie de juin 1955 à avril 1960 par l’Alat (Aviation légère de l’Armée de Terre) et par la Marine nationale avant d’être utilisée par les Américains au Vietnam. Changement radical de climat. « Pour une heure de vol, il fallait lui consacrer deux heures de mécanique à terre », se souvient le Loctudiste Yves Gélébart, ancien mécanicien mobilisé à la base GH2 d’Aïn Arnat.
Ce dernier a mené de nombreuses opérations de maintenance. Des interventions périlleuses d’une extrême précision. « Dans certaines régions, le moteur absorbait beaucoup de sable et s’arrêtait progressivement en plein vol », ajoute Claude Marx qui a piloté le H-21 durant le conflit Algérien. Ce dernier se souvient d’une machine « au rendement exceptionnel » mais délicate à manœuvrer. « Leur témoignage participe au fameux devoir de mémoire », souligne Yves Le Bec. En tout, 700 exemplaires seront construits, une centaine sera présente sur les djebels (montagnes). Signes extérieurs de reconnaissance : ses deux rotors en tandem et son train d’atterrissage fixe avec deux roues à l’arrière et une à l’avant. Après l’Algérie, la « Banane volante » participera aux essais nucléaires puis aux premiers tests d’Ariane dans le Sahara. Son héritage est conséquent. La conception des hélicoptères lourds actuels type « Caïman » découle de l’expérience du H-21 en Algérie.
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