Le destin a voulu qu’il soit encore élève. Quel symbole ! Dans les quatre dernières promotions sur les huit tués cinq étaient élèves-officiers
André Esprit, le symbole : étudiant, 2ème classe parachutiste, il avait 23 ans lorsqu'il a été tué le 8 mars 1962 à Cherchell en protégeant ses camarades. C'est en son honneur que Pierre Regottaz s'est battu. "Depuis des années, on insiste pour que tous les appelés et rappelés soient reconnus par la Nation
C’est à Grenoble que naquit André Esprit le 16 mars 1938.Très jeune il entre au pensionnat du Rondeau Montfleury où brillant élève, il obtient avec facilité son baccalauréat de philosophie. Aime de ses camarades pour son dynamisme et sa bonté, on devine en lui déjà un esprit droit et juste. À 18 ans, il suit les cours de la faculté des lettres de Grenoble, tout en étant surveillant à l’externat Notre-Dame. Il passe ses vacances à la colonie de Currières, auprès du directeur, M. l’abbé Paillassou où il acquiert les qualités d’un chef.
A 22 ans, il obtient avec brio la licence d’histoire et géographie, avec d’autant plus de mérite qu’il est obligé d’assurer la charge de ses études et qu’il montre auprès de sa famille un dévouement constant et un amour qui n’a d’égal que la bonté de son cœur.
Elément dynamique et infatigable, il est déjà un meneur d’hommes, sachant s’imposer à ses camarades par sa simplicité, son sens de la justice et une volonté à toute épreuve. Il allie à ses facultés intellectuelles de grandes capacités physiques. Il décide de s’inscrire au Judo-Club grenoblois où il fait preuve encore d’une très grande valeur, puisqu’au bout de sa deuxième année, étant ceinture marron, il décide et envisage le passage de la ceinture noire.
Lorsqu’il a terminé ses études, il enseigne à l’externat Notre-Dame comme professeur d’histoire et géographie, où il retrouve ce climat qui lui est cher. Se dévouant entièrement pour ses élèves, il assume aussi la tâche de moniteur d’éducation physique. Il se donne pleinement à son idéal et, malgré les responsabilités de ces fonctions, il prépare et organise la colonie de Currières, étant devenu moniteur en chef.
Autour de lui rayonne la joie, car il sait se donner sans compter avec une foi et un dévouement remarquables.
Au mois de septembre 1961, il est incorporé au 1er R.P.I.Ma, à Mont-de-Marsan. Il suit le peloton préparatoire aux élèves-officiers de réserve d’où il sort major. Il entre à Cherchell le 3 janvier 1962...
Georges Decottignies
André Esprit Obsèques d'André Esprit
Chevènement à Cherchell
« L’élève officier Chevènement est prêt pour l’embarquement.Alger-la-Blanche n’est plus très loin. Printemps 1961. Quatre cents hommes s’entassent sur les quais de Port-Vendres qui regorgent de « bérets rouges des paras, calots bleus de l’infanterie, grands bérets cassés des chasseurs, calots rouges des spahis, mélange d’écussons et d’insignes, 1er de zouaves, 35e d’infanterie, parachutes de métal accrochés au revers du blouson marquant la provenance, les grands sacs marins bourrés jusqu’à la gueule. Destination Cherchell. »
Fini l’humidité des casernes de l’est de la France. Place à la chaleur. Cherchell est installée sur la côte méditerranéenne, à l’ouest d’Alger. L’école d’officiers de réserve d’infanterie est confortable. L’entraînement est dur et les accrochages toujours possibles. Il y en a quelques uns. C’est la guerre. La vraie. On y risque sa peau. Et puis il y a les accidents. « Les hommes qui sautaient sur nos propres mines comme cet instituteur bourguignon atrocement déchiqueté à cent mètres de moi. » …
Les semaines et les mois s’écoulent sous le soleil, dans la poussière et la rocaille. L’Algérie, comme ses camarades, il la découvre d’abord dans les jambes, dans l’effort physique pour lequel il n’avait jusqu’alors qu’un goût très modéré : « Nous faisions entre 40 et 45 kilomètres par jour, en portant un sac de 20 kilos sur le dos et un fusil-mitrailleur. Nous partions avec 5 litres d’eau et nous revenions avec le treillis complètement blanchi par le sel la transpiration. »Dur d’être soldat. Bien plus que d’être un étudiant brillant. Pourtant Jean-Pierre Chevènement garde de cet épisode un souvenir profond. Il apprend la vie au grand air. Il découvre et repousse à la fois ses limites physiques. L’adolescent prolongé devient un homme…
http://www.emicherchell.com/documentation/temoin.html
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