Il y a 57 ans, je ne me promenais pas au Bitcherland, mais j’étais en Algérie avec 400 000 autres appelés pour combattre les Fellagas et l’OAS. C’était pour le maintien de l’ordre, mais en réalité c’était une guerre qui a duré de 1954 à 1962. Elle a opposé l'armée française à des insurgés nationalistes algériens regroupés dans l'ALN (Armée de libération nationale) encadrée par le FLN (Front de libération nationale).
En Algérie, quatre départements français, les indigènes n’avaient pas les mêmes droits que les Européens. Comme l’injustice mène toujours à la révolte, la première commença à Sétif et à Souk-Arhas le 8 mai 1945, et le 1er novembre 1954, tous les opposants créent le FLN et commencent à commettre des attentats. En février 1956, les appelés partent pour l’Algérie pour le maintien de l’ordre. Le 19 mars 1962 à midi, c’est le cessez le feu, le 3 juillet 1962, c’est l’indépendance suite au référendum. Et le service militaire est à nouveau ramené à 18 mois, et c’est le rapatriement d’une partie de l’armée française. Durant cette guerre d’Algérie plus de 25 000 militaires ont été tués et 65 000 furent blessés, le nombre de disparus n'est pas connu. Après le cessez-le-feu de nombreux militaires ont été enlevés et ont été portés disparus. Du côté algérien, les morts furent également nombreux.
Appelé
Le 1 er septembre 1961, je suis appelé sous les drapeaux à Verdun au 164 R.I. pour 27 mois, et non mobilisé. Grâce à la fin de la guerre en 1962, je suis libéré au bout de 18 mois. Mon père a été mobilisé à la guerre de 14/18, et mon frère en 1944 dans l'armée allemande. Il faut rappeler que la Moselle a été années par l'Allemagne de 1871 à 1918 et de 1940 à 1945. Tous les deux ont été faits prisonniers par les Anglais.
Arrivée à la caserne
Arrivée à la caserne
Le premier jour, chacun passe chez le coiffeur qui coupe les cheveux comme s’il tondait un mouton, cela ne dure que trois minutes. Chacun touche son paquetage, des habits qui ne sont pas tous à notre taille, les chaussures sont des brodequins cloutés et des guêtres comme en 1939/1940.
Dans ma section au 16/4 à Verdun, on porte des brodequins et des guêtres en toile.
Durant les classes, j'ai fait le CA1. Pendant ces 4 mois j'ai découvert les champs de bataille où mon père a combattu en tant que Malgré nous lors de la première guerre mondiale. Les combats y étaient rudes, de plus avec une nourriture insuffisante, il a beaucoup souffert de la faim, du froid, de la vie dans les tranchées…
Un bivouac près du fort de Douaumont en décembre 1962
Un bivouac près du fort de Douaumont en décembre 1962
Désigné d’office
Le 20 décembre 1961, je me retrouve sur la liste de ceux qui doivent rejoindre l’Algérie. Etaient dispensés d’y aller:
- ceux qui n’ont pas supporté les piqûres,
- ceux dont un membre de la famille était mort à la guerre
- ceux qui sont indispensables pour l’entretien des casernes
- certains, suite à des combines louches ou des interventions diverses auprès des autorités militaires
En somme, la très grande majorité des appelés du contingent était destinée à participer à la guerre d’Algérie. Quand je rentre en permission de détente, j’en informe mes parents et mes frères et sœurs, tout le monde pleure, et particulièrement ma mère, pour qui c’est la quatrième guerre.
- Mon père, né en 1896, est mobilisé dans l’armée allemande en 1916. Après ses classes, il est de suite affecté à Sedan, puis à Verdun, en 1918, il est fait prisonnier par les Anglais qui ne sont pas très tendres avec les Allemands. En captivité, il est tombé malade, c’est une pneumonie qui a été mal soignée. Il en portera les séquelles durant toute sa vie.
- Fin août 1939, il est à nouveau mobilisé à Dieuze. A Noël 1939, il est renvoyé dans ses foyers, car il est père de cinq enfants
- ceux qui n’ont pas supporté les piqûres,
- ceux dont un membre de la famille était mort à la guerre
- ceux qui sont indispensables pour l’entretien des casernes
- certains, suite à des combines louches ou des interventions diverses auprès des autorités militaires
En somme, la très grande majorité des appelés du contingent était destinée à participer à la guerre d’Algérie. Quand je rentre en permission de détente, j’en informe mes parents et mes frères et sœurs, tout le monde pleure, et particulièrement ma mère, pour qui c’est la quatrième guerre.
- Mon père, né en 1896, est mobilisé dans l’armée allemande en 1916. Après ses classes, il est de suite affecté à Sedan, puis à Verdun, en 1918, il est fait prisonnier par les Anglais qui ne sont pas très tendres avec les Allemands. En captivité, il est tombé malade, c’est une pneumonie qui a été mal soignée. Il en portera les séquelles durant toute sa vie.
- Fin août 1939, il est à nouveau mobilisé à Dieuze. A Noël 1939, il est renvoyé dans ses foyers, car il est père de cinq enfants
- En février 1944, durant notre expulsion à Manhoué, mon frère René, âgé de 17 ans, malgré nous, est incorporé de force par les Allemands, il est affecté dans la marine en Norvège. De juillet 1944 jusqu’au 1er octobre 1945, les parents n’ont eu aucune nouvelle de lui jusqu’au jour où il se présente chez ses parents à Dieuze.
Le père et le fils aîné sont revenus des guerres, et voilà que le plus jeune fils doit de nouveau partir à la guerre.
Comme pour les deux premiers, il faudra aller faire une photo chez le photographe, avant de rejoindre l’Algérie au cas où...
Départ pour l’Algérie
Je partais vraiment à contre coeur en Algérie. Je dois accomplir mon devoir en participant à une guerre « sans nom »... J’avais lu à l’école normale « Les cahiers de Témoignage chrétien » où Jean Muller révèle aux Français dans ses lettres l’usage de la torture en Algérie. Cela m’a rappelé les tortures subies par deux cousins au Fort de Queleu à Metz par les Allemands, car ils avaient fait passer en zone non occupée des prisonniers de guerre français. Heureusement durant mon séjour, il n’y a pas eu de tortures pratiquées dans ma compagnie.
Pour l’Etat, c’était pour le maintien de l’ordre, alors que tout le monde parlait de guerre. On ne fait pas la guerre contre les habitants indigènes d’un pays. La France a déjà dû capituler en Indochine.
Après une permission de détente de 15 jours, je rejoins Verdun le 5 janvier 1962, d’où nous prenons le train le 6 janvier dans des wagons de troisième classe avec des banquettes en bois et après 24 h de train, nous arrivons à la gare Saint-Charles de Marseille.
Nous passons trois jours dans le camp de transit Sainte-Marthe qui en fait était un centre d’accueil. Ce sont des baraquements avec deux rangées de lits à trois étages.
Nous en profitons pour découvrir Marseille et bien sûr la fameuse rue des maisons closes. Certains s’y aventurent.
Le départ pour l’Algérie
Le 10 janvier 1962, nous embarquons dans le paquebot El Djezaïr. A peine sorti du port, une tempête se lève, tout le monde doit quitter le pont pour la cale. Nous avons voyagé comme du temps des esclaves, à fond de cale sur des chaises longues. Comme la mer a été déchaînée durant toute la traversée, presque tout le monde a été malade, les vomissures ont rendu le sol glissant. Comme le bateau tangue nous glissons sur nos chaises longues à gauche et à droite, en avant et en arrière. Grâce au Schnaps que mon père m’a donné, mes trois camarades et moi restons en pleine forme. Après 19 h de traversée par une mer déchaînée, nous débarquons à Bône.
Cartographie Hugues Piolet
Après le débarquement, nous passons une demi-journée à la Tabacoop, puis en train nous rejoignons Guelma. Il roule à environ trente à l’heure. Je suis affecté à la 4 ème compagnie du 151 RIM, stationnée à Kellermann. La compagnie est composée de cinq sections d’appelés et une section de harkis. Elle est commandée par le capitaine ORSA (Officier de réserve en situation d’activité) Jean Mouchot. Il a habité dans une villa avec son épouse et ses deux filles. Il est très apprécié par ses hommes. Une section occupait un poste à la Mahouna et une autre près d’un regroupement où un militaire faisait classe sous une tente. Bien qu’en guerre, la solde mensuelle de l’appelé deuxième classe n’est que de 9 NF, après 18 mois, 55,20 NF et après 24 mois, 96 NF. Cela devait servir pour acheter le savon et le dentifrice. Alors qu’en France, l’appelé était nourri et blanchi, en Algérie, il était seulement nourri. Il fallait faire soi-même la lessive et la vaisselle. Avec la solde reçue, l’appelé a été pauvre et sans ressources, surtout quand les parents ne lui envoyaient pas de mandats.
Kellermann
Ce qui me choquait en arrivant, c’était la différence de vie et d’habitat entre les Européens et les Algériens.
L'école et l'église de Kellermann
L'école et l'église de Kellermann
En 1962, sur 10 millions d’habitants, 2 millions sont regroupés au tour d’un poste de l’armée. 9 millions sont des Algériens de souche et un million d’Européens.
Kellerman est un village à une rue, une école, une église, une mairie, une petite épicerie et un camp
Un poteau téléphonique à côté des mechtas
de regroupement de mechtas dans lesquels
Une Algérienne avec ses enfants devant sa mechta
habitaient les familles algériennes indigènes. Ces gourbis étaient construits avec des branchages et de la paille. Les trous étaient colmatés avec de la terre ou avec de la bouse de vache.
Le regroupement de Kellermann
Elles étaient recouvertes de chaumes. La fumée du feu traversait le toit en hiver, car il n’y avait pas de cheminée. Ils avaient très peu de meubles. La nuit, ils couchaient à terre sur des tapis. Les femmes cuisinaient et chauffaient leurs plats sur un trépied rempli de charbon de bois. Certains Algériens plus fortunés ainsi que les harkis habitaient dans des maisons.
Les hommes regardent l'incendie et attendent les sapeurs-pompiers. Une vingtaine de mechtas ont brûlé
Pendant mon séjour, tout un quartier a brûlé. Quand les pompiers de Guelma sont arrivés, tout un quartier avait brûlé. Dès que le feu s’est déclaré tout le monde a déposé le peu de meubles et les tapis dans la rue.
Après l'incendie
Un poteau téléphonique à côté des mechtas
de regroupement de mechtas dans lesquels
Une Algérienne avec ses enfants devant sa mechta
habitaient les familles algériennes indigènes. Ces gourbis étaient construits avec des branchages et de la paille. Les trous étaient colmatés avec de la terre ou avec de la bouse de vache.
Le regroupement de Kellermann
Elles étaient recouvertes de chaumes. La fumée du feu traversait le toit en hiver, car il n’y avait pas de cheminée. Ils avaient très peu de meubles. La nuit, ils couchaient à terre sur des tapis. Les femmes cuisinaient et chauffaient leurs plats sur un trépied rempli de charbon de bois. Certains Algériens plus fortunés ainsi que les harkis habitaient dans des maisons.
Pendant mon séjour, tout un quartier a brûlé. Quand les pompiers de Guelma sont arrivés, tout un quartier avait brûlé. Dès que le feu s’est déclaré tout le monde a déposé le peu de meubles et les tapis dans la rue.
Activités des habitants
Un puits qui sert à irriguer les champs. La pompe est actionnée par un animal qui tourne autour du puits en poussant le grand bras.
Beaucoup ont travaillé chez les Européens, d’autres sont paysans. Les outils des paysans ont été très rudimentaires. On y bat encore le blé sur une aire où l’on fait marcher les vaches sur les gerbes ouvertes. On herse avec des branches. Les Européens habitent des maisons et cultivent de la vigne, du blé et des orangeraies.
Une femme porte un seau d'eau et une charge sur le dos
On a vu surtout les femmes algériennes qui ont travaillé, qui ont ramené sur le dos le bois mort pendant que les hommes ont palabré sur la place du village. Beaucoup se sont ravitaillés dans les poubelles des militaires.
Une femme porte un seau d'eau et une charge sur le dos
On a vu surtout les femmes algériennes qui ont travaillé, qui ont ramené sur le dos le bois mort pendant que les hommes ont palabré sur la place du village. Beaucoup se sont ravitaillés dans les poubelles des militaires.
Une fois par semaine, les habitants allaient à Guelma.
Les brêles restaient sur place sans être attachées
Alors que les hommes allaient au marché les femmes avaient d'autres occupations. Habillées de noir, elles montaient un âne de petite taille que tout le monde appelait brêle. Quand elles venaient au bureau de la compagnie, le visage était recouvert d’une dentelle. Une fois à l’intérieur, elles enlevaient la dentelle et montraient leur visage. Seules les femmes étaient toujours habillées en noir, alors que les aînées avaient des robes et des coiffes de couleurs. Les enfants marchaient pieds nus même dans la neige en hiver.
Les brêles restaient sur place sans être attachées
Alors que les hommes allaient au marché les femmes avaient d'autres occupations. Habillées de noir, elles montaient un âne de petite taille que tout le monde appelait brêle. Quand elles venaient au bureau de la compagnie, le visage était recouvert d’une dentelle. Une fois à l’intérieur, elles enlevaient la dentelle et montraient leur visage. Seules les femmes étaient toujours habillées en noir, alors que les aînées avaient des robes et des coiffes de couleurs. Les enfants marchaient pieds nus même dans la neige en hiver.
Joseph Sprunck sur une brêle
Vie journalière
J’ai travaillé au secrétariat du capitaine Jean Mouchot (ORSA)avec Daniel Goichon et Henri Brizais.
C'est l'abreuvoir devant notre étable-dortoir, où l'on faisait la toilette, laver le linge et la vaisselle
Le dortoir est installé dans une étable, il n’y avait pas de vaches, mais des punaises de lit. On ne les voyait pas durant la journée, mais la nuit. Il suffisait d’allumer la lumière et on en voyait une multitude sur le sol. Nous dormions dans un lit gigogne avec un sac de couchage, réalisé avec un drap. Ce n’est pas agréable de coucher dans un sac de couchage quand il fait trop chaud. Pour dormir, il fallait mettre une ceinture de flanelle pour que le ventre n’ait pas froid le matin, car les écarts de température étaient très grands en été entre le coucher et le lever du soleil. Sinon, on avait des problèmes digestifs le matin. La toilette se faisait en plein air à l’abreuvoir.
La vie de soldat
Daniel Goichon et l'auteur devant une oliveraie.
Le deuxième jour de mon arrivée, j’ai participé à une opération dans le djebel avec toute la compagnie. Comme nous étions nombreux, je n’avais pas peur. C’était la mise en condition.
En tant que 2ème classe, je devais monter toutes les nuits la garde pendant 2 h dans une tour munie
C'était dans cette tour que j'ai monté la garde
d’un projecteur, et comme arme, j’avais un fusil de chasse, et 5 cartouches enfermées dans un sac cousu.
Il n’ y a pas de douche, alors qu’il fait chaud. Il y en a une, uniquement réservée aux gradés qui la prennent dans une cabine surmontée d’un fût de 200 l.
L’eau est chauffée grâce à l’essence versée dans un casque lourd. Lequel sert à faire la lessive, des frites, et à se protéger la tête. Chacun porte deux casques, un léger , recouvert d’un casque lourd en métal.
C'était dans cette tour que j'ai monté la garde
d’un projecteur, et comme arme, j’avais un fusil de chasse, et 5 cartouches enfermées dans un sac cousu.
Il n’ y a pas de douche, alors qu’il fait chaud. Il y en a une, uniquement réservée aux gradés qui la prennent dans une cabine surmontée d’un fût de 200 l.
L’eau est chauffée grâce à l’essence versée dans un casque lourd. Lequel sert à faire la lessive, des frites, et à se protéger la tête. Chacun porte deux casques, un léger , recouvert d’un casque lourd en métal.
Il faut prendre tous les jours de la nivaquine contre le paludisme. J’ai eu très souvent la diarrhée, car l’eau potable était infectée de bacilles et de têtards. J’ai encore maintenant des bacilles dans mes intestins, d’où l’interdiction de retourner en Afrique.
Missions dangereuses
Quand le major, l’intendant de la compagnie a eu la jaunisse, il est rapatrié. C’est moi qui l’ai remplacé pour m’occuper du ravitaillement du foyer, de la comptabilité et du secrétariat etc… Je ne suis jamais allé en opération, mais j’ai dû souvent aller à Bône et à Guelma pour ravitailler la compagnie. Par contre, quand nous faisions les 60 km pour aller au ravitaillement à Bône, nous ne sommes qu’à deux dans le GMC, le chauffeur et moi, nous ne sommes pas rassurés. Si nous tombions dans une embuscade, nous aurions été cuits. Il en était de même pour Guelma distant d’une dizaine de kilomètres. Quand un Halftrack était libre, nous l’avons utilisé pour y aller .
Pour divertir la troupe, j’ai souvent passé des films 16 mm à la compagnie et aux habitants. Une fois par semaine, un camion transportait certains militaires à Guelma, afin qu’ils puissent fréquenter une maison close.
Chaque semaine, j’ai écrit à mes parents, et c’est ma mère qui me répondait. Les lettres la rassuraient, car elle n’a pas oublié la période où elle était sans nouvelles de son fils René pendant plus d’un an.
Cessez le feu
Le premier mars 1962, je suis nommé caporal, et à partir de ce jour, je n’ai plus eu besoin de monter la garde en tant que secrétaire. C’était très appréciable. Le 18 mars une section est encore aller en embuscade durant la nuit alors que le matin du 19 mars, les radios nous apprennent que le cessez-le feu est fixé à 12 h. Tous les appelés font ouf. Huit jours après le cessez-le feu, la compagnie est dotée d'un fusil à infra-rouge. J'ai été envoyé à Constantine pour suivre un jour de stage et pour connaître son fonctionnement exact, alors qu'on n'avait plus le droit de s'en servir. Il était particulièrement conseillé pour les embuscades de nuit aux entrées des regroupement. Comme le cessez-le feu a été décidé, on ne s'en est pas servi. En avril, toute une compagnie formée de soldats algériens déserte avec tout le matériel et les armes. On ne bouge pas. Ce qui est plus grave, les appelés ont maintenant à craindre l’OAS. Les appelés ne comprennent pas pourquoi, les Européens les attaquent. Le 22 mars l’OAS a tué six appelés et blessé plus de dix. En répression, lors de la fusillade de la rue d’Isly il y eu 46 morts et 150 blessés. A partir de cette date le départ des pieds-noirs vers la métropole s’accélère. A Kellermann, tous les Européens partent sauf un retraité qui vit seul dans sa maison. Il n'a plus envie de quitter sa maison natale.
Des harkis, qui formaient une section désertent avec des armes. Au courant du mois d’avril, les harkis sont licenciés. Abandonnés par les autorités française, des Algériens ont commis des exactions dont les harkis sont particulièrement la cible.
Des régiments commencent à être dissous, nous quittons Kellermann.
Joseph Sprunck avec un cigogne blessée.
Avant de rejoindre la ferme Medgez Amar, il faut brûler le superflu dans le magasin d’habillement. Quel gâchis! A cette ferme j’y rencontre Joseph Bach d’Achen et Nicolas Meyer de Volmunster.
De là, nous sommes partis pour Penthièvre, puis Mondovi sur la frontière tunisienne. Nous sommes chargés de la surveillance des lignes électrifiées Morice et Challe. A chaque déménagement, nous nous débarrassons du superflu.
Joseph Sprunck avec un cigogne blessée.
Avant de rejoindre la ferme Medgez Amar, il faut brûler le superflu dans le magasin d’habillement. Quel gâchis! A cette ferme j’y rencontre Joseph Bach d’Achen et Nicolas Meyer de Volmunster.
Un village de maisons construites, à côté de la ferme Medgez Amar pour abriter les habitants qui vivaient dans des mechtas. Elles sont toutes vides, car les Algériens refusent d'y habiter.
Indépendance
Au moment du référendum le 3 juillet, le soir cela a été la fête et des manifestations des Algériens à travers les rues.
Le soir du 3 juillet 1962, les Algériens défilent à Penthièvre
On entendait les youyous de l’indépendance pendant toute la soirée. Nous n’avions pas le droit de sortir.
Les pieds noirs continuent à quitter le pays et des familles de harkis se font massacrer. Quand on nous a signalé des familles en détresse, les militaires sont allés les récupérer avec des GMC bâchés et les ont emmenés à Bône afin qu’ils puissent rejoindre en paquebot la France.
Le soir du 3 juillet 1962, les Algériens défilent à Penthièvre
On entendait les youyous de l’indépendance pendant toute la soirée. Nous n’avions pas le droit de sortir.
Les pieds noirs continuent à quitter le pays et des familles de harkis se font massacrer. Quand on nous a signalé des familles en détresse, les militaires sont allés les récupérer avec des GMC bâchés et les ont emmenés à Bône afin qu’ils puissent rejoindre en paquebot la France.
Carte postale
La mairie de Bône avant l'incendie
Le samedi 18 juin, je suis allé au ravitaillement à Bône, je constate que de nombreux mariages attendent devant la mairie de Bône. Au foyer du soldat, on m’apprend que l’OAS avait envisagé d’y mettre le feu. Effectivement, le mercredi 22 juin à 17 h la mairie de Bône brûle... Deux charges de plastic ont mis le feu et détruit ce bel édifice. Plus de toit, de plafonds, de vitres, d'archives. Il ne reste plus que les murs et le rez-de-chaussée. Depuis la ville a rénové la mairie, mais avec un toit plat.
Affecté au PC Colonel
Le 5 juillet 1962 j’ai eu l’unique permission de 23 jours. Quand je suis rentré, j’ai aidé mes parents à terminer la fenaison. Quand je suis revenu au 15/1, la 4 ème compagnie est déjà dissoute, je suis affecté au PC Colonel comme secrétaire général. J’ai surtout travaillé avec le Colonel Guy et le commandant Hedan. Comme la caserne de Guelma a été livrée à l’armée algérienne, le PC du 15/1 occupe désormais, la ferme Cheymol où se trouve également le stationnement des hélicoptères bananes.
La ferme Cheymol
La ferme Cheymol
Alors que jusqu’à présent, nous avons logé dans des bâtiments, ce ne sera plus le cas à la ferme Cheymol.
Le dortoir à la ferme Cheymol et un Halftrack. On voit la tente sous le tunnel en tôle.
Des lits de camp sans matelas sont installés dans des tentes militaires sous un tunnel en fer où la chaleur est suffocante.
Le dortoir à la ferme Cheymol et un Halftrack. On voit la tente sous le tunnel en tôle.
Des lits de camp sans matelas sont installés dans des tentes militaires sous un tunnel en fer où la chaleur est suffocante.
Comme il y fait chaud, beaucoup ont eu la jaunisse et ont été rapatriés. Heureusement que le bureau a été installé dans un bâtiment où il faisait moins chaud. Nous y sommes restés jusqu’au rapatriement du régiment.
Rapatriement
Au mois de septembre, par un courrier ultra secret, que j’ai remis aussitôt au colonel, j’ai appris que le Régiment devait rejoindre la métropole avant la fin de l’année.
Un élément précurseur a rejoint la caserne Serret à Châtel-Saint-Germain en Moselle pour préparer notre venue et préparer les bâtiments avec de jeunes appelés.
Deux cargos sont chargés du matériel militaire et de nos valises, et nous embarquons dans un paquebot uniquement avec notre sac marin et une arme.
Le jour du départ de la ferme Cheymol pour la France, une trentaine de soldats algériens s'étaient postés autour de la ferme. C'était impressionnant et inquiétant.
Le jour du départ de la ferme Cheymol pour la France, une trentaine de soldats algériens s'étaient postés autour de la ferme. C'était impressionnant et inquiétant.
La traversée se fait par une mer calme. Avec un camarde Henri Brizais, j’ai loué une cabine de matelot, et nous avons dormi tête-bêche dans le lit de 80 cm de large
Nous avons débarqué à Marseille où un froid glacial nous a attendus. Quand nous sommes arrivés à Metz, il a fait - 15 °, le sol de la cour recouvert de neige est gelé, la caserne est froide, il n’y a pas de chauffage central.
Le capitaine Crevon de la compagnie de services me reproche pour avoir fait marcher les hommes de la section sans cadence sur le verglas, alors qu'on devait marcher au pas. Comme, il n'osait pas me punir pour cette raison, il fait une révision de chambre et me donne 10 jours de consigne pour les anciennes bosses dans le tuyau du poêle.
Le capitaine Crevon de la compagnie de services me reproche pour avoir fait marcher les hommes de la section sans cadence sur le verglas, alors qu'on devait marcher au pas. Comme, il n'osait pas me punir pour cette raison, il fait une révision de chambre et me donne 10 jours de consigne pour les anciennes bosses dans le tuyau du poêle.
Je suis libéré à 18 mois, le 27 février 1963, et le 1er mars j’ai rejoint l’école à Volmunster où 33 garçons de 6 à 14 ans m'attendaient. Il fallait préparer l'entrée en sixième et le certificat d'études. A la fin de l'année, tous les élèves présentés aux examens ont réussi.
Ancien combattant
On m’attribué la carte d’ancien combattant le 5 janvier 1982 pour le maintien de l'ordre. En réalité, est-ce logique qu'on attribue une carte de combattant pour le maintien de l'ordre? Par contre la Loi n° 99-882 du 18 octobre 1999 relative à la substitution, à l'expression " aux opérations effectuées en Afrique du Nord ", de l'expression " à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc "devrait y donner droit. Hélas le bénéfice de la campagne double au titre des services militaires a été refusé, car il n’y avait que 10 jours de combats. Ce refus a été voté par des élus qui n'ont jamais porté de treillis et qui n'ont jamais vécu la guerre. Beaucoup de militaires appelés se sont faits tuer sans combat et ont disparu sans combat. Nous vivions en danger de la mort pendant toute notre séjour en Algérie. Ceux qui y étaient le savent, et ceux qui n'y étaient pas le contestent. Le bénéfice de la campagne n'est pas un privilège, mais un droit pour ceux qui ont fait leur service militaire durant la guerre en Algérie.
Ancien combattant
On m’attribué la carte d’ancien combattant le 5 janvier 1982 pour le maintien de l'ordre. En réalité, est-ce logique qu'on attribue une carte de combattant pour le maintien de l'ordre? Par contre la Loi n° 99-882 du 18 octobre 1999 relative à la substitution, à l'expression " aux opérations effectuées en Afrique du Nord ", de l'expression " à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc "devrait y donner droit. Hélas le bénéfice de la campagne double au titre des services militaires a été refusé, car il n’y avait que 10 jours de combats. Ce refus a été voté par des élus qui n'ont jamais porté de treillis et qui n'ont jamais vécu la guerre. Beaucoup de militaires appelés se sont faits tuer sans combat et ont disparu sans combat. Nous vivions en danger de la mort pendant toute notre séjour en Algérie. Ceux qui y étaient le savent, et ceux qui n'y étaient pas le contestent. Le bénéfice de la campagne n'est pas un privilège, mais un droit pour ceux qui ont fait leur service militaire durant la guerre en Algérie.
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